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13/05/2013

Le démon

 " - Que Dieu te garde, Jack!
Il faut bien que quelq'un s'en charge."

ken bruen

à Ken Bruen je peux tout pardonner: les énumérations notées de façon verticale, qui reviennent régulièrement et qui sentent un peu trop l'écrivain paresseux tenant à obtenir le compte de pages dû à son éditeur, les intrigues à la fin télescopée,  les flopées de cadavres que Jack Taylor provoque bien malgré lui. Et même dans cet opus l'intervention d'un démon au crâne tantôt lisse tantôt à la chevelure abondante. le Mal existe nous rappelle Bruen à longueur d'auto-citations. Oui, je peux tout lui pardonner car il a un style bien à lui et une manière de toujours reconstituer la bibliothèque de Jack Taylor régulièrement dévastée (et de nous fourguer par la même occasion toute une liste d'auteurs à découvrir). Mine de rien, même avec ses intrigues allégées , Bruen parvient à redonner le goût de lire, à nous remettre en selle quand tous les livres nous tombent des mains. Comment fait-il ? Mystère.
Mais là où le bât blesse c'est quand on nous change de traducteur, pire quand on nous en inflige deux. je n'ai en effet pas retrouvé la voix de Jack Taylor dans cet opus où alterne argot désuet et parler djeun's dans un mélange cacophonique. Pourquoi aussi nous traduire "une boutique genre Emmaüs"ce qui à l'origine devait être "Oxfam"? Un parti pris dérangeant ... Rendez-nous Pierre Bondil !

Déniché à la médiathèque.

11/05/2013

Les oranges ne sont pas les seuls fruits...en poche

L'incertitude était pour moi ce que l'aardvark* est pour les autres gens."

Paru pour la première fois en 1985 (et adapté pour la Télévision britannique en feuilleton), Les oranges ne sont pas les seuls fruits est la version romanesque de Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?**jeanette winterson
Ce roman insiste davantage sur la dimension religieuse du personnage de madame Winterson (si obnubilée par ses pratiques religieuses qu'elle ne se rend pas compte que sa fille adoptive est devenue sourde !) et n'hésitant pas à organiser un exorciste quand elle se rend compte de l'homosexualité de cette dernière.
J'ai nettement préfé l'autobiographie de Jeanette Winterson, qui revient davantage sur sa "libération" grâce à la littérature et relate sa recherche de sa mère biologique.

*petit fourmilier d'Afrique.

**qui vient d'obtenir le prix Marie-Claire.

10/05/2013

De Iron man...

à Two days in New-York en passant par La vie est belle !

Seul le mauvais temps et un ado enthousiaste peuvent expliquer que je me suis retrouvée dans une salle de ciné dont les spectateurs étaient aux trois quarts des adulescents,mâles,venus en bandes , ruminant ou picorant des maïs.iron-man-3-13h.jpg
Le pitch ? Parce qu'il a préféré une aventure d'un soir avec une botaniste qui a réussi à mettre au point des plantes qui se régénèrent toutes seules comme des grandes (je veux les mêmes) à un entretien sur le toit (?!) avec un blondinet binoclard fadasse au catogan étique, Iron man va devoir réintégrer sa carapace pour affronter un terroriste à chignon. Mine de rien, le budget coiffeur a dû atteindre celui des explosifs . Commence alors deux heures d'explosions, de rougeoiements en tous genres, pimenté par quelques ruses éculées et blagues lourdaudes, voire scatologiques.Iron man va même jusqu'à confier un objet permettant d'infliger une décharge électrique à un gamin bien peigné de douze ans pour qu'il se débarrasse de son harceleur (que fait le CSA ?).Le bruit et les images assemblées par un épileptique m'ont empêchée de dormir et je suis restée de marbre, regrettant juste au passage l'Homme de fer, feuilleton plus tranquillou des années 70.L'ado a aimé , bien sûr.

Pour me remettre de mon absence d'émotions, je me suis préparé un thé Rose, c'est la vie , ai visionné LE film cité dans toutes les listes remonte-moral ( accessoirement aussi dans celle du BTS de l'an prochain, thème: le rêve ) : La vie est belle de F. Capra. Là, système inverse, un ange (sans ailes, le pôvre) montre à James Stewart ayant pété les plombs et qui, ruiné, plutôt que de se tirer en train comme il en rêve depuis toujours coincé qu'il est dans sa petite ville et dans sa petite vie, envisage de se suicider, ce qui se serait passé si James Stewart n'était pas né. Un vrai cauchemar, bien sûr ! Du coup, il se rend compte que , malgré tout ,La vie est belle et comme ses enfants ont prié, l'ange est venu l'aider et comme sa femme est maline, elle a ameuté tous les amis de Stewart qui viennent lui apporter des sous, mieux que les rois mages. Argh, trop de guimauve tue les bons sentiments (il ya même un tumblr_loz4zkZo801qjhsvyo1_500.gifécureuil qui vient consoler le tonton qui a paumé les 8000 dollars, on se croirait dans Blanche-neige ou Bambi !) et les sous-titres , tapés par un analphabète qui n'a jamais trouvé la touche ù , ont fini de m'exaspérer. Mais au moins les flocons  restent sur les vêtements de Stewart alors que le tee-shirt d'Iron man reste vierge en pleine tempête de neige. Le réchauffement climatique est passé par là.

Le soir, c'est donc un peu par hasard que j'ai regardé Two days in New-york, de et avec Julie Delpy et je me suis ré-ga-lée ! Plus de héros corseté dans leur amure et leur patriotisme, plus de grand dadais empêtré dans un Oedipe mal réglé (James Stewart embrasse sa mère sur la bouche !), qui réfrène ses envies pour mieux se trouver coincé dans ce que lui dicte son devoir ! Ici les personnages , parce qu'is parlent une autre langue ?, parce qu'ils sont à l'étranger ? ,se déboutonnent, se lâchent, disent tout ce qui leur passe par la tête et quand les mots ne sont plus suffisants, ils en viennent aux mains ! Plus de Surmoi ! On est dans la jubilation car tout ceci n'est pas grave: l'amour et l'affection circulent quand même ! Un film rafraîchissant !25618.jpg

Un cheminement pour le moins étrange, n'est-ce pas ?

Ps :la prochaine fois  qu'on me demandera d'épeler mon nom au téléphone je ne sais pour quelle version j'opterai :celle façon obsédée sexuelle, à l'instar de Julie Delpy ou l' angélique à laquelle le puritanisme américain la contraint ensuite...

09/05/2013

"Oh..."

"La réalité se charge de vous remettre à votre place."

Trente jours hivernaux dans la vie d'une femme de cinquante ans pour qui tout doit être sous contrôle. Un récit qui commence juste après le viol dont elle vient dêtre victime et dont elle se remet avec une volonté implacable  .philippe djian
Il lui faut d'ailleurs faire face à beaucoup de problème familiaux ,  amicaux et assurer sa vie et celle de son petit monde d'un point de vue économique, laissant sous le tapis un passé douloureux qui explique  son attitude rigide.
Une telle accumulation de problèmes, en commençant par un viol, avait vraiment tout pour me déplaire mais le rythme effréné qu'imprime Djian à son roman a emporté mon adhésion. Si j'ai aimé la manière dont l'auteur analyse la relation mère/fils, je suis restée plus dubitative quant à la façon dont cette femme réagit face à son violeur...237 pages qui cavalent à toute allure et brossent un portrait de femme à découvrir absolument.

 

"Oh...", Philippe Djian, Gallimard 2012, Prix interallié.

 

Déniché à la médiathèque.

07/05/2013

Là est la danse

"Allongée là, seule,  nuit après nuit, , il est possible qu'elle n'ait eu envie d'avoir seulement un mari, pas un héros."

Entre Emily, la toute fraîche épouse sacrifiée d'un explorateur du Pôle Nord du début du siècle et une  jeune femme de sa famille, Julia ,va se tisser ,soixante ans plus tard, un lien ténu mais solide: les lettres retrouvées sur le cadavre de l'époux d'Emily.amy sackville
Se plongeant a posteriori dans cette relation amoureuse marquée par le briéveté et la solitude, Julia va éclairer d'un autre jour son propre couple et découvrir bien malgré elle un secret familial.
Opposant le froid glacial du Pôle et la canicule anglaise contemporaine, les corps figés du début du siècle et celui, libre de Julia, Amy Sackville nous livre un roman sensuel et poétique, célèbrant la liberté des femmes qui peut prendre bien des formes. Quelques longueurs pour l'univers polaire , mais des personnages lumineux et décrits de manière extrêmement vivante, attachée autant aux variations de l'âme qu' aux détails du quotidien  (le jardin, le chat, les insectes, la préparation d'un repas...). Un petit régal à s'offrir en poche.

Là est la danse, Amy Sackville, traduit de l'anglais par Isabelle Chapman, 10/18 2013, 402 pages envoûtantes.

06/05/2013

Cassandra au mariage

"Nous en avions eu cinq cents fois la preuve: nous ne sommes pas des esclaves qu'on peut vendre séparément, à droite et à gauche , et envoyer vivre leur petit bout de vie dans des lieux différents. "

Le jour du mariage est par excellence un temps où s'exacerbent les tensions familiales. Il l'est d'autant plus pour Cassandra, l'exaltée,  qui avait envisagé un tout autre avenir pour sa jumelle, Judith.
Revenant précipitamment à la maison, Cassandra va mettre en place bien des stratégies pour empêcher le mariage de sa soeur.dorothy baker,soeurs jumelles
Ce pourrait être une comédie, mais Cassandra au mariage  possède une tonalité plus mélancolique, plus sombre. On glisse d'un non-dit à un autre, d'un moment à un autre avec beaucoup de délicatesse, au lecteur de compléter ce qui est suggéré de manière délicate. Un roman publié en 1962 qui n'a rien perdu de son acuité psychologique sur les liens ambigus qui peuvent unir les soeurs, jumelles de surcroît.

Cassandra au mariage, traduit de l'anglais (E-U) par Elisabeth Janvier, Robert Laffont, pavillons poche 2013, 326 pages de tensions sourdes.

04/05/2013

L'écume des jours


J'ai découvert avec exaltation tout récemment l'univers de Michel Gondry, ayant eu un coup de foudre pour son film Eternal Sunshine of the spotless mind.* Et pourtant ce n'était pas gagné d'avance ! Je n'avais en effet aucune affinité ni avec Kate Winslet (les films en corset, pas mon truc) pas plus qu'avec Jim Carrey, le grimacier. Et là, la poésie, le côté foutraque et le contre-emploi des acteurs , l'humour, l'histoire d'amour, sans compter les sublimes images de plage enneigée, les piroeuttes du scénario,  m 'avaient emportée !
C'est donc avec un a prirori positif que je suis allée voir L'écume des jours, adaptation du roman de Boris Vian que j'avais lu à l'adolescence (et dont il ne me restait que l'histoire d'amour tragique dans un univers loufoque et poétique). J'avais oublié le côté grand guignol et iconoclaste de Vian qui s'en prend de manière un peu brute à la religion par exemple, dans la seconde partie du roman, beaucoup plus sombre.
Gondry, avec son inventivité habituelle, sans effets spéciaux à l'américaine, se coule avec bonheur dans l'univers de Vian, aussi bien le côté enjoué et lumineux, plein d'inventivité (mention particulière à la souris, si émouvante), que dans son côté pessimiste et tragique. L'espace se raréfie, les couleurs disparaissent et le spectateur retrouve la lumière un peu sonné. Les acteurs sont très justes, Romain Duris a un petit côté Bébel jeune des plus plaisants et certaiens scènes fonctionnent un peu en écho visuellement de Eternal Sunshine, mais la tonalité finale est beaucoup plus sombre, ce qui risque de dérouter le spectateur au vu de la promo du film qui insiste surtout sur le côté enjoué.

 

 

 

 

 

 

* ne pas rater dans le DVD le commentaire de Michel Gondry et du scénariste Charli Kaufman qui nous font découvrir plein de détails que nous avions loupés!

03/05/2013

Les débutantes...en poche

"Avec les Smithies , c'était différent. Il était parfois difficile de savoir où l'une commençait et où les autres s'arrêtaient."

Le "pays des filles entre elles" c'est l'université féminine de Smith, haut lieu de la culture féministe américain.Quatre jeunes filles, très différentes à bien des égards, s'y rencontrent en première année et vont tisser une amitié intense, avec ses hauts et ses bas, ses alliances variables , ses déceptions et ses enthousiasmes.51tTLCoPqKL._SL500_AA300_.jpg
Quelques années plus tard, nous retrouverons Bree, Celia April et Sally ayant pris un nouveau départ: celui de leur vie adulte, ce qui ne va pas toujours sans mal. Face aux épreuves de la vie les Smithies pourront tester la fiabilité de leur amitié.
On plonge dans ce bon gros roman avec délices ! On suit avec bonheur les amours, les relations familiales, l'évolution de ces filles tour à tour sainte Nitouche et délurées qui , ô miracle, ne jettent pas leur amitié aux orties une fois qu'elles ont rencontré l'amouuuur ! J. courtney Sullivan , à défaut d'être une grande styliste, sait peindre avec vivacité et humour ces jeunes femmes en pleine évolution. Elle les considère avec tendresse et bienveillance et on passe un fabuleux moment en leur compagnie. J'aurais juste aimé un peu plus de vraisemblance dans les derniers chapitres, ce qui a quelque peu gâché mon plaisir.

02/05/2013

Un été sans les hommes...en poche

"Le temps est une question de pourcentages et de convictions."

Abandonnée par son mari, Mia, poétesse rousse aux cheveux frisés a "pété les plombs" s'est retrouvé un court moment en hôpital psychiatrique . L'été venu, la quinquagénaire part se réfugier auprès de sa mère qui réside dans une maison de retraite du Minnesota.siri hustvedt
Là, au contact de la vieille dame et de ses amies qui profitent de la vie avec une réjouissante férocité, Mia va se reconstruire peu à peu, au fil de ses rencontres avec des femmes de tous âges.
Un été sans les hommes est un roman qu'il faut prendre le temps de savourer, tant pour ses réflexions sur le temps, la vie des femmes et ce quel que soit leur âge, les différents rôles que la vie leur fait endosser mais aussi pour la très grande énergie et la compassion qu'il dégage.
Il faut absolument faire la connaissance d'Abigail ,nonagénaire brodeuse rebelle, qui "maintient qu'à force de pétiner ses désirs on les déforme." et assister aux cours de poésie que donnent Mia à de pas si charmantes adolescentes que cela.
Les mots et leur pouvoir tiennent en effet un grand rôle dans ce texte , envolées féministes mettant à bas des préjugés sexistes , mots chuchotés pour distiller un pernicieux venin mais aussi citations poétiques qui sont autant de balises par temps agité...

01/05/2013

Maine

"Elle n'avait rencontré aucune famille aussi éprise de sa mythologie."

Alice,( la matriarche imperméable aux sentiments, une femme comme on n'aimerait pas en rencontrer pour de vrai), Kathleen, la fille, (ancienne alcoolique reconvertie dans l'élevage des vers de terre), Maggie (la petite fille trop accommodante) et Ann Marie , la belle-fille parfaite, sont réunies pour quelques jours dans la maison de vacances du Maine.j.courtney sullivan,le roman de l'été
Si la situation géographique est idéale, la configuration familale , elle, est pour le moins explosive ! On pouvait craindre le pire, clichés à gogo, situations convenues, mais, roman polyphonique, Maine alterne à chaque chapitre les  points de vue et éclaire sous des angles différents les personnages. Nuancés, ils deviennent tour à tour attachants ou exaspérants , mais diablement humains. Notre opinion varie et nous éloigne de toute forme de caricature.
L'exploration psychologique est passionnante, les révélations se succédent sans que le rythme fléchisse et l'on ne peut que se demander comment une "gamine" de trenet ans peut avoir unr telle expérience humaine ! Si ce roman , impossible à lâcher, ne devient pas LE roman de l'été, c'est à n'y rien comprendre !

Maine, J. Courtney Sullivan, traduit de l'anglais (E-U) par Camille Lavacourt, Editions Fromentin 2013, 450 pages addictives.

 

L'avis tout aussi enthousiaste de Cuné !

Absolument génial pour Clara !

Lu et apprécié par Brize.

Du même auteur sortira bientôt en poche ce roman (clic)