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07/03/2013

Le tueur hypocondriaque

"Je suis une espèce de miracle de la médecine comme l'autopsie de mon corps le montrera  aux yeux stupéfaits du public dans un futur proche."

Affligé des maux les plus improbables, Le tueur hypocondriaque rate systématiquement sa cible. Il est vrai que loucher ne lui facilite pas la tâche. Pas plus d'ailleurs que d'autres infirmités qui se révèlent à l'improviste dans les circonstances les plus fâcheuses.juan jacinto munoz rengel
En effet, à ces divers maux s'ajoute une poisse tenace qui n'entraîne que de cuisants échecs. à deux doigts de mourir notre héros parviendra-t-il à accomplir sa dernière mission ?
J'avoue, si j'ai commencé cette lecture avec le sourire, je craignais un peu le comique de répétition, dont je ne suis pas friande. Mais l'auteur a su se jouer de cet obstacle en réservant bien des surprises à son lecteur . On passe donc un excellent moment, à la fois touchant et plein d'humour avec ce tueur dont nous partageons, il faut bien l'avouer quelques travers.
Un roman, qui, une fois commencé, ne peut être que dévoré !

 L'avis enthousiaste aussi de Clara !

Le tueur hypocondriaque, Juan Jacinto Munoe Rengel, traduit de l'espagnol par Catalina Salazar, Les escales 2013, 321 pages revigorantes !

05/03/2013

California dream

"Mais pour ceux qui, comme nous, se sont forgés dans le chaos, il n'y pas de retour possible. Pas d'échappatoire. Pour nous le chaos est une forme de normalité. Et la normalité- la vraie-se révèle éphémère et artificielle."

La nécessité de l'exil semble faire partie intégrante de la famille Prcic, puisque Ismet est le troisième à fuir un pays qui a changé plusieurs fois de nom au gré des aléas de l'Histoire: "Irfan avait fui le royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes; Irfan avait fui la République socialiste fédérative de Yougoslavie; et moi, je fuyais le jeune État de Bosnie-Herzégovie."ismet prcic,guerre,bosnie,californie,exil
Jouant avec la chronologie, la mise en abyme (le narrateur, clairement donné comme un double de l'auteur rédige  en outre des textes de fiction qui présentent une autre vision de la réalité), California Dream est un roman qui se donne les apparences du chaos . En fait, il reflète surtout l'histoire d'une famille dont les déplacements ne sont pas toujours explicités et dont les émotions reflètent les bouleversements d'un pays. Pas de descriptions de combats ou de massacres, non, le récit d'une tourmente dans laquelle sont pris des gens ordinaires dont la vie quotidiennes est chamboulée et qui tentent de s'en sortir au quotidien.
Quant à Ismet, son exil ne sera pas forcément un rêve californien. Un roman dans lequel il faut accepter de se perdre parfois pour mieux en savourer l'intensité.

California dream, Idmet Prcic, traduit de l'anglais (E-U) par Karine Reignier-Guerre, Les Escales, 2013, 421 pages.

04/03/2013

Je trouverai ce que tu aimes

"Jusqu'à présent, la mort de Betty avait masqué la façon dont c'était arrivé."


Betty, 9 ans  a été renversée par un chauffard. La narratrice, sa mère, revient sur les faits et, émergeant peu à peu de la douleur, en vient à envisager l'idée de vengeance . D'où le titre Je trouverai ce que tu aimes ,complété par Et je te l'enlèverai.louise doughty,schtroumpf grognon le retour
L'aspect psychologique m'intéressait mais j'aurais dû faire attention au bandeau intégré à la couverture: "Une romancière rare, à découvrir absolument" signé Douglas Kennedy. Danger aurait dû clignoter en rouge dans mon esprit !!!
En effet, la narratrice avant de se pencher sur le cas du chauffard, dont le statut du point de vue judiciaire est peu clair, revient sur son divorce qui a eu lieu juste avant l'accident , et ce dans les moindres détails. Une autre intrigue apparaît ensuite en filigrane, bien sordide. Du coup, elle m'a perdue en route. Quelques sondages plus avant ont confirmé l'atmosphère de plus en plus glauque et un enchaînement de péripéties  morbides et bourrées de clichés jusqu'à la gueule... La conclusion s'imposait : inutile de perdre davantage son temps: Louise Doughty n'a pas trouvé ce que j'aimais.

03/03/2013

Le dernier amour de George Sand...en poche

"La soumission lui est étrangère."

Que connaît-on des amours de George Sand ? Principalement ses liaisons passionnées avec Musset et Chopin. Mais face à ces deux grands artistes le graveur Alexandre Manceau pourrait faire piètre figure. Il n'en reste pas moins que cet homme jeune -il  a trente-deux ans, George, quarante-cinq- va devenir le chevalier-servant de cette femme extra-ordinaire qui, par nature, rejette le conformisme car "simplement, la contrainte extérieure n'a pas de prise sur elle. "evelyne bloch-dano
Dans Le dernier amour de George Sand, Evelyne Bloch-Dano bat en brèche les clichés qu'on attache systématiquemenyt à l'auteure de La petite Fadette : "La bonne dame de Nohant"! ces mots respirent la condescendance et ensevelissent l'artiste sous les oripeaux de la dame patronnesse" ; quant à son âge avancé -pour l'époque! - et à son prétendu manque de créativité: "La femme de quarante-six ans qui a pris ses quartiers d'automne à Nohant est un écrivain fécond, une femme pleine de vitalité !"
Nous avons donc ici une biographie passionnante, pleine d'émotion,  qui se dévore comme un roman car le texte est riche d'informations , d'empathie et d'enthousiasme et possède un style chatoyant qui emporte l'adhésion du lecteur. Ni hagiographie, l'auteure ne cache rien des difficultés qui ont opposé l'écrivaine à sa fille et les analyse avec finesse, ni tentative de "moderniser" à tout prix cette femme hors du commun , puisant avec bonheur dans la correspondance de George Sand , Evelyne Bloch-Dano rédige une somme qui fera date.

02/03/2013

Comme je ne refuse rien à Sylvie...

....cheveux gris ou pas ? Quel est votre point de vue, les filles sur cette question existentielle ?

(Texte extrait de Pause, qui ne cause pas que d 'internet et de médias informatiques ! )

Des infos à la fois psychologiques et pratiques ici !

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01/03/2013

La singulière tristesse du gâteau au citron

"Je ne parlais pas à table parce que je me consacrais entièrement à survivre au repas."

Imaginez que vous puissiez détecter les émotions de la personne qui a concocté un plat rien qu'en le dégustant. Voilà qui pourrait être très troublant...Cette étrange capacité, Rosa Edlstein la découvre le jour  de ses neuf ans en dégustant le gâteau au citron préparé par sa mère. à partir de ce jour, sa perception des autres en général et de sa famille, en particulier, va être bouleversée car cette sensibilité extrême peut être fort embarrassante.aimee bender
Portrait tout en délicatesse d'une famille en apparence banale (ne lisez surtout pas la 4 ème de couv' bien trop prolixe), La singulière tristesse du gâteau au citron est un petit chef d'oeuvre , tant du point de vue de la construction que du style, à la fois poétique et imagé.
Aimee Bender a le chic pour créer des atmosphères en demi-teintes où le fantastique apparaît par touches très discrètes et peut être envisagé comme une sensibilité portée à l'extrême. Un roman à découvrir absolument ! et zou sur l'étagère des indispensables où il rejoint les précédents textes de cette auteure !

La singulière tristesse du gâteau au citron, traduit avec talent de l'anglais (E-U) par Céline Leroy, Editions de l'Olivier 2013, 343 pages piquetées de marque-page, bien sûr !

28/02/2013

Pause:comment trois ados hyperconnectés et leur mère (qui dormait avec un smartphone) ont survécu à six mois sans le moindre média électronique

 "N'ayez jamais rien chez vous dont l'utilité ne soit avérée, ou que vous ne jugiez beau, écrivit-il" []

Partant du constat qu'il y a une grande différence entre communiquer et échanger, Susan Mauschart va décider de se passer de tout média électronique durant six mois( j'en vois déjà qui blémissent devant leur écran ! ).susan maushart
Dans la foulée,  elle soudoie ses trois enfants - de pur natifs numériques, comme elle les appelle -pour les entraîner dans cette expérience et observe, avec beaucoup d'humour et d'acuité leurs réactions et... les siennes !
Docteure en sociologie des médias et journaliste, Susan Mauschart ne s'encombre pas de jargon ni de théories. Son ton est enlevé, tonique et on a l'impression de lire le journal de bord d'une bonne copine qui aurait eu une idée un peu saugrenue mais qui va s'avérer porteuse de changements profonds. L'évolution des "cobayes" est en effet flagrante et les études qu'elle cite sur les effets nocifs des medias électroniques fait parfois frémir...

Un livre à dévorer d'une traite, 364 pages qui n'hésitent pas à réhabiliter l'ennui, mais qui ne le suscite jamais !

Merci à Sylvie d'avoir joué les tentatrices, en tout bien, tout honneur, bien sûr !

25/02/2013

Je tue les enfants français dans les jardins

"Je me lève le matin pour aller passer quelques heures sous les crachats et puis je rentre."

"N'essayez même pas de faire cours, Mademoiselle. Sauvez votre peau.", tel est le conseil que son inspecteur a prodigué à Julia Genovesi, jeune prof d'italien dans un collège marseillais. Voilà qui est bien loin des attentes de la jeune femme et qui ne lui sera pas d'une grande utilité. Le jour où un des semi-délinquants qui "chauffent" les places de sa classe ira trop loin, Julia ne pourra s'appuyer ni sur ses collègues "ratatinés" ni sur sa hiérarchie, débordée, et ne voulant surtout pas faire de vagues. Elle ne pourra compter que sur elle-même et sur la haine qui l'habite, sentiment qui lui fait horreur.
Roman noir, très noir, Je tue les enfants français dans les jardins analyse de l'intérieur ce formidable gâchis qui est en train de se dérouler dans certains collèges.marie neuser
La narratrice réfute avec vigueur les thèses généralement avancées et balance par dessus bord bons sentiments et langue de bois. Le style est vif, acéré et sensible à la fois. Un premier roman comme un coup de poing.

Déniché à la médiathèque.

Je tue les enfants français dans les jardins, Marie Neuser, L'Ecailler 2011, 164 pages dérangeantes et c'est tant mieux!

22/02/2013

Cette main qui a pris la mienne...en poche

"Vous autres, les jeunes, vous êtes obsédés par la vérité. C'est une chose qu'on surestime souvent."

Alexandra, rebaptisée Lexie par celui qui va lui mettre le pied à l'étrier et lui ouvrir les portes de l'univers londonien de l'art , a réalisé son rêve : devenir journaliste et mener sa vie professionnelle et amoureuse avec indépendance et insolence. Elle évolue avec aisance dans ce swinging London mais , comme nous en prévient bientôt l'auteure , Lexie ne vivra pas bien vieille...maggie o'farrell
Quarante ans plus tard, la naissance du bébé d'Elina et Ted vient perturber le bel ajustement de leur vie. Tandis que la jeune femme se remet difficilement d'un accouchement qui a failli lui coûter la vie et semble avoir perdu des pans entiers de sa mémoire récente, son mari, au contraire, recouvre  sous forme de flashs des moments de son passé qui ne semblent pas correspondre à ce qui lui a été raconté par sa mère. Bientôt, il découvrira en quoi les non dits ont pesé sur sa vie.
Assez rapidement, on pressent de quelle manière les destins d'Elina et Lexie sont liés mais tout l'art de Maggie O'Farrell est de parvenir néanmoins à surprendre son lecteur et à le plonger dans un profond malaise.
Il est question ici de filiation et O'Farrell analyse avec une sensibilité extrême la manière dont à quarante ans de distance deux femmes se laissent bouleverser par l'arrivée de leur premier enfant, ce qui nous vaut de très belles pages, n'occultant pas l'aspect à la fois sauvage et exclusif de cette relation. Elle fait également la part belle au nouveau père qui se trouve quelque peu démuni devant cet enfant qui restera longtemps sans prénom...
Un roman plein de vigueur, d'énergie et de sensibilité qu'une fois commencé on ne peut lâcher et dont on prolonge à loisir la lecture pour en profiter un peu plus encore...

Ps: il faut passer outre le titre très harlequinesque et se régaler !

21/02/2013

L'art difficile de rester assise sur une balançoire

"Trop de béatitude appelle la baffe ; c'est peut être bien fait pour moi. "

Vlan ! Pauline qui menait une vie parfaite entre mari idéal et enfants modèles se prend un grand coup de réalité en pleine figure quand son époux la quitte . Pour sa meilleure amie, tant qu'à faire. Du cliché banal et douloureux (mais la vie ressemble souvent à ce type de tautologies) qui va la laisser sonnée.
Seul conseil donné par sa mère, psychiatre renommée : une stratégie d'évitement qu'elle va mener de manière jusqu'au boutiste, allant jusqu'à prétendre que son ex-mari est mort. Mais ce dernier s'évanouit dans la nature pour de vrai...emmanuelle urien,divorce
Dévoré d'une seule traite ce roman très fluide et agréable à lire (car on y retrouve l'écriture inventive et imagée d'Emmanuelle Urien) m'a pourtant laissée une impression mitigée.
Je n'ai en effet éprouvé pas beaucoup de compassion ni de sympathie pour celle qui se définit elle-même comme " une petite-bourgeoise désoeuvrée repliée sur l'échec de son couple  ", peut être parce qu'autour de moi je connais beaucoup de femmes qui, à la douleur d'être quittée, doivent ajouter en outre de graves problèmes économiques.
Par ailleurs, le récit ne cède pas à la tentation d'un virage vers une version plus noire qui aurait été, à mon avis, nettement plus intéressante, car plus radicale. Il n'en reste pas moins que j'ai apprécié  l'analyse fouillée des sentiments de cette femme et le récit de son évolution vers une possible renaissance.

Le billet de Françoise Guérin : clic !

L'art difficile de rester assise sur une balançoire, Emmanuelle Urien, Denoël 2013, 217 pages piquetées de marque-pages.