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16/02/2013

Un bonheur insoupçonnable...en poche

”...il n'y a rien de plus précieux que d'être l'ami d'un ami.”

Il  est des livres qui tombent au bon moment : vous errez dans une  librairie, ne trouvant aucun des livres  figurant dans votre  carnet et soudain, vous ne voyez que lui. Une couverture* joliment désuète, rose églantine, mettant en scène des tableaux gentiment décalés. Intrigué, vous lisez la  quatrième de couv' et aussitôt une question vous saute aux yeux : "Comment aider un enfant plongé dans le chagrin ? " suit la  promesse  d'un  roman fourre-tout comme vous les aimez . Vous feuilletez le livre en question et là, surprise, vous découvre  en images la recette du gâteau sans-peur et constatez avec amusement  que des  traces  de pattes de chien se sont glissées par-ci , qu'on aperçoit par là la queue du même canidé  et vous commencez  sérieusemnt à  douter de la classification du roman de Gila Lustiger Un bonheur  insoupçonnable.gila  lustiger
Peu importe, vous glissez le livre sous votre bras et vous dirigez vers la caisse...
Bien vous en a pris  car ce  roman philosophique est un vrai bonheur. Un de ceux que l'on lit  le sourire aux lèvres et qu'on ouvre au hasard pour la plaisir  de retrouver une phrase ou une  illustration de  Emma Tissier.  De quoi s'agit-il ?   D'un homme plus tout jeune qui,  comme dans la chanson de Joe  Dassin, "les p'tits pains au chocolat" ne  se rend  pas compte que l'amour est tout près de lui, d'un homme  -le même- qui ne prend  pas le temps de regarder vraiment les enfants qui vivent  autour  de lui, d'une chienne qui  ne  se pose  pas de questions , sauf celle de l 'heure de son repas,  d'un livre  de questions justement, mais pas de réponses.  Il est aussi question  d'une grand-mère qui triche avec aplomb , enfin qui trichait , car elle est morte et Paul ne peut pas supporter d'être heureux sans  elle. On apprend  dans  ce  livre  que  "Les cailloux  ont  droit eux aussi à une  belle vue. que l'oncle Hubert vivait chez lui à l'étranger. Que les mères remarquent  toujours que quelque chose  cloche justement quand on est pressé  de sortir. Et qu'il ya des gens qui ne sont  pas faits pour comprendre l'écriture  fractionnaire."
Doté de  titres de chapitres hétéroclites, de notes en pagaille , défiant toute logique car "dans  ce roman, c'est le  coeur qui décide",Un bonheur insoupçonnable est un roman enjoué et hirsute dont on sort le  sourire aux lèvres qui soulève  mine de rien des problèmes auxquels sont  confrontés grands et petits. Réconfortant  !

*la couverture en poche a changé !:(((

15/02/2013

Pulsations

Pourquoi le cacher ? C'est dans un premier temps la couverture excentrique et so british qui a d'abord attiré mon attention . La quatrième de couverture a fait le reste : "Nous avions parlé de bonus, de banquiers et des problèmes persistants d'Obama, avant de passer à un autre sujet : le nouveau plan de travail en érable de Joanna . Devait-elle l'huiler souvent ?
- Une fois par jour pendant une semaine, une fois par semaine pendant un mois, une fois par mois pendant un an et ensuite quand on en a envie.
On dirait une formule pour le sexe conjugal".

Le ton , tranquillement caustique, était donné .
Mais au fil des nouvelles, mettant en scène des Anglais appartenant à la classe moyenne qui pratiquent la marche, un peu pour le sport, beaucoup pour draguer, jardinent et règlent leurs conflits par bacs de fleurs et/ou arrachages de buissons interposés, l'émotions affleure, contrebalancée par un humour discret mais ô combien savoureux.julian barnes,couples,séparations
Julian Barnes n'hésite pas non plus à user d'ellipses, voire à sembler traiter de sujets décousus mais ce n'est que pour mieux renouer le fil de son récit et entraîner son lecteur dans son analyse si fine des relations humaines. Un mélange subtil d'émotions et d'humour et quelques textes poignants tout en retenue. Un bon cru.

14/02/2013

C'est jeudi, c'est citation ! ( Spéciale dédicace pour la saint Valentin)

XXII

" Je suis un loup-garou de film américain. je te préviens  chéri, cette nuit, je risque de changer un petit peu, des canines me viendront ainsi que des poils et j 'aurai comme une envie de t'égorger, mais n'aie pas peur, ce sera toujours moi, enferme-moi dans la salle de bain, mets le verrou et ne l'ouvre sous aucun prétexte, tu m'entends aucun prétexte, même si je pousse des cris à te retourner le ventre, promets-le moi. Demain matin tout ira bien. On boira une tasse de café chaud et on continuera la vie.
  Quoi faire de la colère ? "

Amandine Dhée, Et puis c'est bête d'être triste en maillot de bains

Editions de la Contre Allée, 2013

06:00 Publié dans Extraits | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : amandine dhée

13/02/2013

Dernières nouvelles du front sexuel

Où en avais-je entendu parler ? Mystère . Mais, au vu du titre et de la couverture, ce recueil de nouvelles allait me permettre de sacrifier au nouveau rite en vigueur: la lecture de textes érotiques.
Pour éviter de le chercher dans les cinq étages de la librairie où il était disponible (et  faire preuve d'une discrétion de bon aloi), je le réservai le matin.
L'après-midi, déception, il ne m'attendait pas à l'accueil. " C'est quel genre d'ouvrage ?
Pour éviter les regards libidineux du client suivant qui se collait déjà contre moi au comptoir, je soupirai intérieurement et lâchement lançai :" Je sais pas, c'est pas pour moi." Ben tiens !
"Alors allez voir mes collègues, là-bas en littérature." Dont acte.
Un vendeur évidemment. Et tout à côté de moi un autre client .
Bon cette fois, je n'allais pas tourner autour du pot. "Il s'agit de nouvelles érotiques, claironnai-je."
Et de me rendre avec le vendeur dans le rayon adéquat où je fus instantanément jaugée par une femme pomponnée et un homme tout de noir vêtu. Mes cinq épaisseurs de vêtements n'ont pas dû leur plaire. Sans regrets.ariane bois
Finalement, après avoir mis en émoi tout un bataillon de vendeurs, le fameux recueil fut déniché au rayon... sexualité. Pour la discrétion, je repasserai .
Tout ceci pour vous dire, qu'une fois en main, Dernières nouvelles du front sexuel se révéla encore plus surprenant. En effet, si les textes sont réalistes, ils n'ont en aucun cas l'ambition de rebooster nos libidos engourdies par l'hiver. Non, Ariane Bois s'amuse , sous formes de textes très courts (au maximum trois pages), à passer en revue, pour mieux les égratigner avec beaucoup d'humour, tous les diktats actuels en matière de sexualité, de relations , bref de tout ce qui tourne autour de nos corps et de nos sentiments.
Epilation, sex toys, sexe bio, mais aussi échangisme (avec un texte particulièrement hilarant !), tatouage, entre autres ,sont passés au crible et l'auteure en souligne les inconvénients avec un malin plaisir et beaucoup de bon sens. J'ai aussi tout particulièrement aimé la nouvelle mettant en scène un ado pris par sa mère à regarder des scènes de sexe sur internet. Un texte qui remet les pendules à l'heure avec énergie et efficacité ! L'émotion est aussi parfois au rendez-vous mais c e qui se dégage de la majorité de ces textes, c'est la volonté d'envoyer au diable tout ce qu'on se croit obligé de faire pour être dans l'air du temps et ça fait un bien fou !

Dernières nouvelles du front sexuel, Ariane Bois, L'Editeur.

12/02/2013

Etranges rivages

"...on trouve les choses les plus incroyables dans la tanière d'un renard."

Revoilà enfin Erlendur ! Toujours hanté par la disparition de son petit frère lors d'une tempête, il est retourné sur les terres de son enfance. Et comme "Il éprouv[e] un besoin constant de découvrir  les choses cachées, de retrouver ce qui était perdu." , il va s'intéresser au cas d'une jeune femme disparue en 1942, dans des circonstances rappelant celle de son frère.
La culpabilité est au centre de cet opus qui prend son temps pour démarrer mais qui va réserver bien des surprises au lecteur. arnaldur indridason
L'émotion est au rendez-vous et, même si j'avais deviné l'explication d'une des disparitions, Indridason a su me surprendre avec un rebondissement particulièrement cruel et inattendu.  Des personnages bien campés, une intrigue prenante , une atmosphère hypnotique et un fin poignante font ce roman une réussite !

Etranges rivages, Arnaldur Indridason, traduit de l'islandais par Eric Boury Métaillié 2013, 300 pages à savourer !

11/02/2013

Et puis ça fait bête d'être triste en maillot de bain

"Seuls les propres seront sauvés."

 La forme courte et fragmentaire sied parfaitement à ce texte qui revient sur l'itinéraire d'une jeune femme ayant encore du mal à se dire auteure. Dès sa naissance," ...Elle est laide un peu sommaire", aurait dit sa grand-mère, Amandine Dhée constate que "...les mots manquent souvent pour dire ce qui pèse sur le ventre." Mais elle, elle les trouve et nous les llivre avec pudeur et sensibilité.
Si elle explore ses failles intimes , ce n'est jamais avec complaisance ou dolorisme mais avec un humour imparable, qu'elle exerce souvent à ses dépends, forgeant des néologismes qui ne heurtent jamais ni les yeux ni les oreilles. "La camoufle est impossible.", on sent parfaitement qu'Amandine Dhée aime lire ses textes en public !amandine dhée
La famille , "Chez nous, on aime les livres et on se méfie des institutions, [...] ça se boussole pas si mal", mais aussi l'aspect économique de l'écriture "Oui, j'en vis. J'en vis de pouvoir dire. Quelque part, une salle d'attente avec tous ces mots désirant être prononcés.", la maternité qui semble difficilement compatible avec la création, les maladresses en société : "Tenter de séduire et parvenir en une phrase à vexer l'ensemble du service.", mais aussi le décalage entre  les injonctions de la société et nos capacités, tels sont quelques-uns des thèmes qui sont ici envisagés avec  une tonailté très juste. C'est au bel itinéraire d'une chic fille que nous convie Amandine Dhée !

Merci à Libfly et aux Editions de la Contre Allée pour l'envoi !amandine dhée

Et puis ça fait bête d'être triste en maillot de bain, Amandine Dhée, Editions de la Contre Allée, 82 pages piquetées de marque-pages ! Un vrai coup de coeur !

Pour entendre l'auteure parler de son texte et ne lire plusieurs fragments c'est ici !

J'avais aussi beaucoup aimé Du bulgom et des hommes.

et ça nous apprendra à naître dans le Nord (reclic!)

Amandine Dhée sera au bateau Livres à Lille le 7 mars et au salon du Livre de Paris .

Ps: tiens, ça m'a donné envie de faire, pour de vrai, le concours de la plus moche tasse (bon on est plus mug, nous ! )au boulot !

Et un de plus pour le challenge de Lystig ! amandine dhée

09/02/2013

Rien ne s'oppose à la nuit...en poche

"L'écriture ne peut rien. Tout au plus permet-elle de poser les questions et d'interroger la mémoire."

Plus que l'histoire de cette femme, très belle dès l'enfance, mais qui n'a jamais su s'ancrer dans l'existence car elle était bipolaire, c'est le rapport à l'écriture qui se donne à lire dans ce texte ouvertement autobiographique qui m'a intéressée.419yRqhSsYL._SL500_AA300_.jpg
L'écriture ici est un combat qui malmène physiquement Delphine de Vigan, ce n'est pas une entreprise de lissage qui prétend éclairer toutes les zones d'ombre, révéler la Vérité sur sa mère. Non, dans ce work in progress qui s'intercale avec le récit , l'auteure nous  précise bien qu'il y a différentes versions, qu'il a fallu choisir, elle nous livre ses scrupules vis à vis des membres encore vivants de cette tribu hors-normes dont elle est issue.
Des pans entiers de l'histoire de l'auteure seront passés sous silence et c'est cela qui m'a plu. ça et l'extrême sensibilité qui domine ce texte emprunt de souffrance sans jamais tomber dans le pathos. On n'est ni dans l'hagiographie ni dans le règlement de compte mais dans une entreprise  quasiment de salut familial: comment fonder une famille et avancer sans crainte avec un tel passé ?
à noter aussi une très jolie évocation des années 70.

08/02/2013

C'est vendredi, c'est citation...

" Elle s'est laissée porter par le flot sirupeux du ruisseau, ses pensées se sont alanguies, elle s'est presque endormie. Elle a juste eu le temps de penser au plaisir qu'il y avait à dormir. à se détacher de toutes choses. à être délivrée  de ce qui oppresse ceux qui ne dorment pas , de ce qui les effraie, de ce qu'ils voient se dresser devant eux comme une montagne."

 

Gerbrand Bakker, le détour, gallimard 2013

06:02 Publié dans Extraits | Lien permanent | Commentaires (2)

07/02/2013

Le détour

"Etrange, cette aisance avec laquelle le garçon et le chien s'accommodaient à cette  maison."

Emportant quelques meubles et surtout son recueil des poèmes d'Emily Dickinson, une néerlandaise entre deux âges, loue une maison isolée au Pays de Galles. Derrière elle, elle laisse des parents figés dans leurs habitudes et un mari, d'abord furieux puis indifférent.gerbrand bakker,trouver sa maison
Va-t-elle tenter de se reconstruire ou son objectif est-il simplement de trouver un apaisement ?  Se tenant d'abord dans un monde clos, l'héroïne va petit à petit s'intégrer à la nature qui l'entoure. L'arrivée impromptue d'une jeune homme chargé de cartographier les sentiers pédestres de la région va briser cette solitude et réveiller en elle sentiments et sensations.
Avec une grande économie de moyens, beaucoup de non-dits, Gerbrand Bakker fait évoluer son héroïne, gommant tout pathos, dans un univers qui devient de plus en plus proche de celui d'Emily Dickinson. On est bien loin ici de l'image que donne Christian Bobin de la poétesse américaine dans La dame blanche !
Mais le plus important mérite de ne pas être révélé afin de ne pas briser le charme puissant de ce roman qu'on voudrait tout à la fois finir et faire durer le plus longtemps possible... Un univers peuplé d'oies, d'un chien de berger, d'écureuils gris , d'un blaireau effronté et de quelques personnages qu'on a l'impression de voir évoluer devant nos yeux tant ils sont réussis ! Un moment de pur bonheur !

Le détour, Gerbrand Bakker, magnifiquement traduit du néerlandais par Bertrand Abraham, Gallimard 2013, 258 pages frôlant la perfection.

 

Du même auteur, j'avais aussi beaucoup aimé Là-Haut, tout est calme, clic !

05/02/2013

Caracal

"L'espoir de vivre autrement."

Caracal, un nom qui roule sous la langue, une île racontée par Coline à Marcel, une île comme un rêve commun pour unir deux solitudes fragiles.natacha andriamirado
Mais peu à peu, dans le roman, se glisse une autre version de cette île où Coline a vécu, enfant. une version plus noire, qui risque de tout faire basculer.
Natacha Andriamirado choisit un point de vue original pour cette histoire d'amour qui se tisse entre deux êtres vulnérables . Ici la résilience est balancée par dessus bord et les mots ne sont pas envisgés comme libérant du poids d'un secret. Les personnages font le choix d'assumer leurs faiblesses , ce qui les rend encore plus attachants.
L'écriture a gagné en maturité mais n'a rien perdu de sa finesse, en témoigne les nombreux marque-pages qui constellent ces 151 pages. Une petite bulle de bonheur à laquelle il faut faire une place dans vos PAL !

 

Caracal, Natacha Andriamirado, Maurice Nadeau 2013, 151 pages dévorées d'une traite !

Du même auteur : clic !