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08/11/2012

Arsène

"...le contrat de confiance avec les parents, à ce niveau, autant le brûler directement après avoir vomi dessus."

Arsène ? Comme Lupin ? Non, comme Wenger (Joueur, puis entraîneur de foot français ) ! Pour couronner le tout Arsène est en fait une très jolie jeune femme qui vient d'emménager près de Georges, petit intello  sans lunettes d'une classe de sixième, dont Arsène Wenger est le héros ! Il faut dire que la belle possède une belle énergie, digne d'un numéro 10 ...Football quand tu nous tiens !juliette arnaud
Roman polyphonique où tour à tour Georges, Mme Cognet, prof de français, M. Guédon,prof de sport, mais aussi M. Ali libraire (faussement) atrabilaire qui refuse de vendre les livres vantés à la télévision, prennent la parole, Arsène nous propose un récit à plusieurs niveaux, un peu comme une forêt noire (le gâteau !).
Première couche, la vie au collège, deuxième: l'amour de Georges pour Arsène et, enfin, pour couronner le tout,  une sale histoire dans laquelle s'est fourrée la Grande Gigue comme l'appelle M. Ali ,  le seul à avoir vraiment pris l'ampleur du désastre.
Le tout constituant une friandise qui remplit parfaitement son contrat: nous divertir avec une belle énergie et un ton allègre. Juliette Arnaud se paie en outre le luxe de faire fi des clichés, ce qui est bien agréable ! Le récit est un peu léger mais les personnages sont bien dessinés et emportent l'adhésion. Une jolie surprise donc !

Arsène, Juliette Arnaud, Castermann 2012, 188 pages délicieuses, un peu dans l'esprit du Petit Nicolas pour le style mais actualisé !

 

Trônant sur la table des nouveautés destinées au ados, la couverture fichtrement réussie d'Arsène me faisait de l'oeil car j'avais justement un cadeau à faire... J'étais donc obligée de le lire pour voir s'il conviendrait à sa destinataire, non ? Mission accomplie et je suis persuadée qu'il plaira à la demoiselle, d'autant qu'y figure une magnifique et très réussie mâtin de Naples " Tu te rends compte comme c'est beau, on dirait un poème , non ? "



06/11/2012

Viviane Elisabeth Fauville

"Il n'a jamais vu en vous qu'une bourgeoise, une pâle carriériste, une névrosée de base qu'on domestique à coups de pilules blanches."

Viviane Elisabeth Fauville, quarante-deux ans, en instance de divorce, mère d'une petite fille de trois mois , a-t-elle assassiné son psychanalyste ?
Cette interrogation est point de départ d'un roman surprenant sur le thème de l'identité, l'héroïne changeant son prénom en fonction des gens qu'elle rencontre, et restant invisible pour les gens des quartiers parisiens qu'elle traverse.julia deck
Utilisant le Vous de La modification de Butor, Julia Deck, avec une écriture impeccable, à l'humour discret mais efficace, réussit le pari de ne jamais tenir le lecteur à distance.
La narration surprend toujours mais ne déroute jamais et l'on se laisse fasciner et captiver par ce récit que chacun pourra interpéter à sa guise. Original et prenant  jusqu'au bout. Un travail stylistique remarquable de précision !

Viviane Elisabeth Fauville, Julia Deck, Editions de minuit 2012, 155 pages à la fois floues et ultra précises.

 

 

 

 

 

 

 

 

L'avis de Clara, la tentatrice!:)

05/11/2012

La promesse du bonheur

"Les familles sont comme les anémones de mer, promptes à se refermer."

Fi du stoïcisme anglais ! Charles doit bien l'admettre : avec l'incarcération de sa fille préférée, Juliet (dite Ju-Ju), c'est toute la famille qui a été touchée dans ses fondements les plus intimes. Le choc a été d'autant plus rude que Juliet avait tout pour elle: intelligence, charme, beauté. Personne ne comprend donc pourquoi elle s'est retrouvée impliquée dans le vol d'un vitrail  et incarcérée deux ans aux Etats-Unis où elle avait commencé une brillante carrière dans le monde de l'art.
Mais à y regarder de plus près ce délitement n'avait-il pas commencé plus tôt ? En tout cas, le retour de la fille prodigue en Cornouailles est l'occasion de réflexions et de subtils ajustements pour chacun tente de redorer l'image qu'il se fait de la famille.justin cartwright,famille
Sous la plume à la fois acérée et bienveillante de Justin Cartwright c'est toute une tribu avec ses mensonges plus ou moins gros, ses solidarités secrètes, sa tendresse aussi qui se donne à voir. De la mère qui tente de faire face en cuisinant d'improbables recettes, au père qui se voudrait parfait mais n'assume absolument pas , en passant par le frère à qui l'on confie le rôle d'élément équilibrant, sans oublier la cadette qui aurait tout pour jalouser sa soeur aînée, chacun se donne à voir en ses replis les plus intimes. Une réflexion sur la famille donc, mais aussi sur l'illusion, dont la condamnation de Juliet n'est qu'un exemple.
Le récit ne ménage pas les révélations mais chaque personnage est présenté de manière nuancée et l'écriture est tout à fait splendide !  Vite, découvrez cet auteur qui vient enfin d'être traduit en français !

La promesse du bonheur, Justin Cartwright, traduit de l'anglais par France Camus-Pichon, Editions Jacqueline Chambon, 332 pages délicieusement british !

03/11/2012

C'est samedi, c'est ...citation

Sur une idée de Chiffonnette !

Et j'en remets une couche pour vous inciter à Lire Louise Erdrich !

"Le cerveau d'une mère est un monceau de déchets où subsiste le guano culturel  des âges de chacun des enfants. Une couche jaune et visqueuse , compostée à la base, de plumes de Big Bird et de cheveux de barbie coupés à l'aide de ciseaux Crayola, de vieux feutres aux corps en plastique et de jeux de cartes Titi, de minuscules chaussures, sacs, ceintures, dessous chatoyants et de patins destinés à barbie, et puis de trucs en bois plus politiquement corrects, de poupées en bâtonnets de glace à l'eau et de cubes, peints, de toutes les formes, de chevaux de bois et de angereux osselets qui vous transpercent les pieds et de ballons en caoutchouc rouge et de chevaux miniatures et de grands chevaux en plastique tant convoités et de Playmobil et de Legos et de figurines de films d'action et de jouets mathématiques et de jeux de labyrinthe et de puzzles provenant d'au moins douze douzaines de boîtes  et de peluches -tigreserpentéléphantarentulesingecochongirafetortueaigle-et de merveilleuses dînettes en porcelaine qui existent dans tous les styles de décors et de petits meubles et de petits miroirs, de restes des figurines de collection de Mon Petit Poney et de Max et les Maxi Monstres et du Dr Seuss et de tous les jouets des happy Meal de chez McDonald et puis ,voilà, le tout est compacté avec un mortier de bonbons de vieilles fêtes d'halloween et transformé en un solide soubassement de connaissances enfantines.
  Mon esprit est un panier à jouets rempli de menues babioles cassées."

Le jeu des ombres, pages 230, 231.

Sur France inter

Télérama (elle parle de sa librairie)

Au festival America



06:00 Publié dans Extraits | Lien permanent | Commentaires (4)

02/11/2012

Cherche jeunes filles à croquer

"Je suis une scène d'absence, vous comprenez ? C'est avec ça que je dois travailler."

Pas de cadavres, mais des disparitions de jeunes filles anorexiques. Une série ? Peut être. Et d'ailleurs, soyons cyniques, il vaudrait mieux que cela soit le cas pour que le groupe du commandant Lanester ne soit dissous, faute de crédits !
Envoyé en renfort de la gendarmerie dans la vallée de Chamonix, l'équipe de criminologie va avoir fort à faire avec les parents des jeunes filles, et surtout avec le personnel d'une prestigieuse clinique spécialisée dans les troubles alimentaires. Sans oublier la remise en question de Lanester, dont les séances avec sa psychothérapeute ponctuent le récit.françoise guérin,anorexie,polar
Que voilà un formidable roman ! Sans discours jargonnant ni vulgarisation simplificatrice, mais de manière intelligente et sensible,  il introduit le thème de l'anorexie dans un genre où on ne l'attendait pas: le polar psychologique. De plus, le héros, profileur français,  s'y défait de son aspect "base de données ambulante" et acquiert  ainsi une véritable épaisseur, ce qui le rend bien évidemment encore plus craquant ! Ses coéquipiers, fort différents, apportent chacun leurs compétences et Lanester s'efforce touours de les mettre en valeur, ce qui est,ma foi, fort agréable.
Pas de baisse de rythme dans le récit, mais du suspense et des rebondissements jusqu'à la toute fin où l'on prend conscience de la polysémie du titre (ne comptez pas sur moi pour vous l'expliquer maintenant !). Sans oublier la marque de fabrique de Françoise Guérin : la touche d'humour dont elle ne se départit jamais et qui permet au lecteur de se détendre un peu entre deux serrements de gorge !
Une totale réussite donc et un roman qu'on ne peut lâcher ! Vous voilà prévenus : éteignez les portables et les ordinateurs, glissez-vous bien au chaud et dégustez !

Cherche jeunes filles à croquer, françoise Guérin, Editions du masque 2012, 393 pages haletantes !

D'autres billets concernant cette auteure ici !

le blog de l'auteure (clic)

 

01/11/2012

Tu mitonnes...l'hiver

"Il y a toujours des miettes d'intime sur le rebord de l'assiette, un fumet de vécu qui vous chatouille les papilles et la mémoire."

Naviguant entre gouaille et poésie, croquant la tarte aux pommes ou le portrait de "notre Huguette, permanente bleutée et chaussures Scholl, le pas alerte et la mine flingueuse quand il s'agit de défendre son rang dans la queue du Franprix.", glanant tranches de vie et de gigot, recettes au cul du camion ou "au petit troquet situé au bout du marché couvert.", on ne s'étonnera pas que Jacky Durand ait sur sa table de chevet des livres de cuisine !jacky durand,recettes,bonnes adresses,miam !
Rassemblées dans ce recueil, ces chroniques , parues initialement dans Libération (comme un écho les titres jeux de mots de chacune d'entre elles (Bêle, bêle, bêle, comme le jour)) commencent par un récit, souvent tendre, parfois acide, enchaînent sur l'évocation d'un plat, et se terminent par une recette, une référence bibliographique, voire une ou deux bonnes adresses.
De quoi nous faire saliver et nous redonner le goût d'aller ,par un matin frisquet, faire un petit tour au marché, pour y dénicher les ingrédients d'un plat à mitonner, roboratif pour le corps et pour l'âme !
Un livre généreux qui trouvera sa place dans toutes les bonnes cuisines, voire sur les tables de chevet !

Tu mitonnes...l'hiver, Jacky Durand, Carnets Nord Editions Montparnasse 2012, 208 pages pour bien profiter de l'hiver !


31/10/2012

Femmes contre nature

"J'étais excessive, je ne savais pas comment me comporter. Je me posais toujours trop de questions."

Nullipare, Jalouse, Pucelle, Vieille fille, Poilue, Anormale, Dépressive, Impuissante, Alcoolique, Frigide, Egocentrique, tels sont les intitulés de onze des douze nouvelles de Femmes contre nature. Une jolie galerie de qualificatifs - qui heureusement ne concernant pas une seule personne  ! -et une jolie galerie de portraits féminins où chacune pourra piocher à sa guise des points communs.
Autodépréciation ? Pas forcément. Les textes prêtent souvent à sourire et le trait est à peine outré. Que celle qui n'a jamais vécu une soirée (de Noël) familiale sabotée par une égocentrique forcenée lève le doigt ! Idem pour celle prête à gâcher une invitation surprise (pourtant dûment souhaitée!) pour une histoire d'épilation oubliée !léa goddard
Des histoires tragi-comiques dont les protagonistes se retrouvent dans la nouvelle finale, sobrement intitulée Epilogue, pour terminer en beauté un recueil qui se dévore d'une seule traite !

Merci à Babelio et à Emue !

Femmes contre nature, léa Goddard Emue 121 pages miroir.léa goddard

 

30/10/2012

Le jeu des ombres

"L'idée de symétrie était si puissante que pendant de longues années je ne compris pas que la structure s'était gauchie."

Un couple, lui ,peintre, elle, son unique modèle, se délite .Le tout sous les yeux de leurs trois enfants. Ecrit ainsi, cela paraît trivial, voire pire. Sous la plume de Louise Erdrich cela devient un récit fascinant tant par la composition que par l'écriture, acérée et poétique à la fois. En effet, de prime abord Gil, Irene et leurs trois enfants constituent une famille modèle. Mais petit à petit, de petits indices, vus en particulier à travers des yeux enfantins, font prendre conscience de l'ampleur des dégâts et de la catastrophe imminente qui se profile.louise erdrich,couple,art
Tout est ambivalent dans ce récit, y compris le faux journal que Irene écrit à l'intention de son mari quand elle découvre que celui-ci a lu le vrai. Au lecteur de confronter les deux versions , y ajoutant le point de vue de Gil et celui du narrateur omniscient. Manipulations de part et d'autre, mais aussi complicité qui renaît contre la psychothérapeute que le couple va consulter, tout peut basculer dans la violence ou l'amour et tout peut être utilisé comme une arme: la peinture ou les mots.
J'ai adoré chaque élément de ce ce roman de Louise Erdrich, le premier que je lis de cette auteure. L'attention portée aux détails qui pourraient paraître insignifiants mais sont tellement révélateurs. Ainsi l'attitude des chiens qui captent la tension de la famille et s'interposent pour mieux la gérer. Le fait que le lecteur voie sans cesse remise en question sa vision des principaux protagonistes, y compris dans la dernière partie, magistral retournement de situation. Mais aussi l'écriture, au plus près des sensations , des sentiments, une écriture qui fouille et appuie là où ça fait mal, cingle pour mieux s'adoucir. Un roman dans lequel on retrouve, mais sous un mode mineur l'un des principaux thèmes de Louise Erdrich: celui des Indiens d'Amérique, un retour aux sources qui permettra à certains personnages de trouver le chemin de la résilience. Une oeuvre magistrale et dérangeante. Un vrai et beau coup de coeur !

Le jeu des ombres, Louise Erdrich, traduit de l'américain par Isabelle Reinharez, Albin Michel 2012, 253 pages puissantes.

Et zou, sur ma fameuse étagère (extensible) des indispensables  !

L'avis de Clara,tout aussi enthousiaste !

Celui d'Hélène, nettement moins !

Celui d'Athalie


29/10/2012

Plan de table

"Cependant, même lui avec sa vision comptable de l'amour [...]reconnaissait que ses sentiments pour Biddyallaient au-delà de la simple gratitude."

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Sur la très snob île de Waskeke (Nouvelle-Angleterre) se déroule le mariage de l'aînée des Van Meter, glorieusement enceinte de sept mois. Homards à gogo et Plan de table casse-tête en perspective pour la famille mais aussi remise en question pour le père, Winn, passablement austère et coincé, remâchant son passé et ne digérant pas que sa candidature au très select club de golf de l'île n'aboutisse pas.
Rien ne manque à l'appel de cette description d'un mariage huppé: ni la belle-soeur éméchée, ni la demoiselle d'honneur allumeuse et frigide, ni le beau-frère, bourreau des coeurs patenté. Mais j'ai mis du temps à lire ce roman, à le "digérer" avant de mettre le doigt sur ce qui me gênait dans cette lecture. Tout simplement le fait qu'un mariage est tendu vers l'avenir, comme le symbolise si bien le ventre de la mariée, alors que le personnage principal, le père, ainsi que sa fille cadette  d'ailleurs, restent obstinément bloqués sur leur passé et ne parviennent pas à dépasser leurs échecs.
Cette tension m'a paru nuire à la progression du roman , ainsi d'ailleurs que la vison passablement démoralisatrice du mariage de Winn, et je n'ai pas totalement trouvé mon compte dans cette lecture.

Le billet de Clara la tentatrice.

27/10/2012

Les séparées

"On accepte, on provoque l'éloignement, mais les liens qui nous rassemblent sont tortueux."

Une histoire d'amitié féminine , un roman qui commence le 10 mai 1981 et nous permettra de retrouver Anne et Cécile trente ans plus tard, quand elles ont quarante-six ans et que leur belle amitié a pris l'eau.
Alternant les points de vue et les sauts dans le temps, le roman de Kéthévane Davrichewy n'est pas parvenu à m'intéresser tant j'ai trouvé la narration filandreuse et l'atmosphère manquant singulièrement de densité.
il ne me reste pas grand chose de ce roman, juste l'impression que l'auteure est passée à côté d'une histoire qui se laisse deviner à travers les interstices du roman: celle des parents d'une des narratrices, un couple qui ne se dispute jamais et a une attitude très particulière face à la vie et à la famille, une attitude due à la résilience,ce qui ferait un très beau sujet de roman...J'dis ça...kéthévane davrichewy,amitié féminine

L'avis de Stéphie qui vous mènera vers plein d'autres !

Celui de Kathel

et de Gambadou