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06/12/2012

D'autres vies que la nôtre

"La peau délicate et fragile de Rosette a des teintes de salaisons."

Parues dans Libération et rassemblées ici ces chroniques placées sous la double égide du grand naturaliste Hainard pour les mammifères,  et de Fabre pour les insectes, racontent "des événements ténus, des allées et venues dans les bois et les champs", comme le précise Elisabeth de Fontenay dans sa préface.homeric,elisabeth de fontenay,animaux
Nulle visée didactique, même si on apprend plein d'infos au passage (si la taupe a tant besoin d'aérer ses galeries c'est qu'elle est une grande péteuse...) mais plein de récits de rencontres et d'observations sur une presqu'île située à 60 kilomètres de Paris où l'auteur a vécu quelques temps dans des conditions plutôt spartiates.
Si vous êtes insensible à ces fugitives visions d'une biche ou d'une martre, ces cadeaux que nous offre parfois la nature, alors peut être serez-vous sensible à l'écriture précise, riche, parfois un chouïa précieuse d'Homeric. Une écriture qui m'a souvent évoqué Jules Renard, voire Colette ,même si on en trouve pas ici la même gourmandise de la vie, que nous offrait l'auteure de La paix chez les bêtes.

Une splendide découverte, toute hérissée de marque-pages !

D'autres vies que la nôtre, Homeric, grasset 2012, 192 pages vivifiantes comme une balade en forêt.

04/12/2012

Les plus belles expressions de nos régions

 

Je ne vais pas traîner ma ligousse (flemmarder) plus longtemps et m'en vais vous parler d'un recueil succulent d'expressions imagées venues de nos régions et qui, parfois, ont fait fi des frontières linguistiques.
En effet, si certaines peuvent demeurer obscures aux gens qui ne sont pas du cru , les monchus, (les touristes) par exemple, dont cela va bientôt être la saison en Rhône-Alpes , d'autres ont connu un destin moins local. Ainsi avoir une veine de cochon, qui nous vient d'Alsace, ou encore , faire gaffe, venue tout droit d'Aquitaine.pascale lafitte-certa
Témoins d' un passé rural ou industriel, ces expressions  témoignent aussi de la créativité et de l'inventivité de la langue. Nos amis Bretons ont ainsi créé la métaphore souffler dans le biniou, bien plus évocateur que souffler dans l'alcootest !
Alors, comme le temps de ramasser les pommes de vent (ramasser les pommes tombées du pommier) est passé,  qu 'il fait boucaille (il fait gris et il bruine), on peut se mettre à l'assotte (se mettre à l'abri de la pluie) et faire une jolie balade virtuelle en France avec ce recueil !

03/12/2012

Le mambo des deux ours

"Et j'avais le sentiment que notre petite escapade d'aujourd'hui ne grimperait pas non plus au hit-parade de mes meilleurs souvenirs..."

Notre tandem préféré entame avec ce Mambo des deux ours une sacrée visite dans un coin paumé du Texas au règne le Klan. En effet, il faut absolument retrouver une certaine avocate noire ( sur laquelle avait flashé un de nos héros dans l'épisode précédent (clic) ) qui est  allée se fourrer dans un sacré guêpier...
Humour, violence et  rebondissements sont toujours au rendez-vous avec Leomard et Hap ! L'ambiance est particulièrement réussie dans cet opus et je me demande si j'ai jamais lu une course-poursuite aussi haletante dans un roman policier !  Elle mériterait vraiment de figurer dans une anthologie ou d'être adaptée au cinéma !joe r. lansdale
à lire absolument pour se remonter le moral même si ( attention gâcheur d'ambiance !) on peut se demander pourquoi les auteurs masculins s'obstinent à faire disparaître les personnages féminins dès q'uon a commencé à s'y attacher...

Le mambo des deux ours, Joe R. lansdale, folio policier 2009, de la belle ouvrage quyi tient ses promesses !

Et encore un pour le challenge de Liliba !

joe r. lansdale

29/11/2012

Carnivores domestiques

"Toi tu as l'habitude. Tu passes et tu observes. Toutes les nuits il ya des histoires et des vies qui  s'arrêtent, un qui te file sous les doigts. Toutes les nuits des confidences .Un déchirement, et puis un vide. Et souvent un fardeau à prendre sur les bras. La briéveté de la vie, tu ne l'oublies jamais."

 Si Balthazar,  Darwin, Gribouille, Caramou, et autres Carnivores domestiques, chats et chiens  de toutes conditions, prennent la parole au début de chacune des histoires composant ce recueil ,ce n'est que brièvement. Celui qui assure bientôt leur relais est un vétérinaire d'urgence dont on devine qu'il a beaucoup à voir avec l'auteur, malgré l'avertissement liminaire. erwann créac'h,chats,chiens et compagnie,humains
Le narrateur passe sans broncher de la mérote à chats qui vit dans un squat avec 35 félins et des conditions de vie dramatiques au jeune couple pimpant. Il ne se veut que témoin. Jamais il ne juge, mais parfois, mine de rien il agit ou tourmente par des mots celui qui a dépassé la mesure.
Il absorbe ainsi jusqu'à saturation la misère et les relations souvent perverties entre les hommes et les animaux. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : "Leurs histoires. Leurs vies en désorde. Ils croient parler de la maladie du chien, du chat ou du lapin nain, mais c'est d'eux qu'ils parlent bien sûr. De leurs plaies, de leurs bosses, de leurs fractures et de leurs contusions.  Ils déballent tout ça , chargé de panique, de larmes et d'angoisses."
Un univers souvent très noir, servi par une langue économe et forte. Un texte plein d'humanité qui a révélé un véritable écrivain et nous éloigne de la vision souvent trop anthropomorphique des animaux.

Carnivores domestiques, Erwann Créac'h, points Seuil 2012, 210 pages parfois accablantes.

28/11/2012

Tout du tatou

"Parce qu'au supermarché des atrocités, ses frères les hommes n'étaient pas pingres , qui remplissaient joyeusement les caddies."

Zoran met, par hasard, la main sur un stock d' une drogue particulièrement vicelarde, la V13. et voilà le résultat: "Tous à ses basques, les White Skins, le ripou, les cailleras de la cité Bellevue et leur kalachnikov, les maffiosi corses, il courait pour échapper aux prédateurs, il courait après la fortune, il courait et pas un gramme de fourgué !" (Quand un auteur nous donne si gentiment un résumé particulièrement évocateur, à l'intérieur de son roman, autant en profiter ! ).
 C'est donc à une folle course poursuite que nous assistons, une course au rythme échevelé, marquée par des chapitres courts où nous croisons toute une série de faunes pittoresques et inquiétantes, servie par une langue riche et variée, mêlant registre soutenu et argots divers.31Bnu9Xd7-L._SL500_AA300_.jpg
ça pulse, ça cavale à toute allure et on ne s'ennuie pas une minute dans cet opus de la série Vendredi 13 !

Tout du tatou, Pierre Hanot, Editions La Branche, 2013.

Et un de plus pour le challenge de Liliba !

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26/11/2012

ça m'énerve

"Nous sommes le 31 mai, je fume tranquillement ma cigarette en baladant mon chien  quand une vieille taupe à voix de crécelle me saute dessus :

- Je croyais que c'était la journée mondiale sans tabac !!!

- Et la journée sans casse-couilles, c'est demain ? "

Elle est comme ça Marie-Ange Guillaume: percutante et drôle ! Qu'elle évoque les émissions de téléréalité extrêmes où l'on relooke des candidates disgracieuses en les équipant, entre autres "du clavier de piano spécial people, d'un blanc phosphorescent qui fait peur la nuit." ou le numéro du magazine "spécial rondes" : "La ronde qui pose  en couverture affiche  sans marie- ange guillaumevergogne  un excédent de cinqaunte grammes , et les actrices éternellement convoquées pour illustrer  la chose (Monica Bellucci et Laetitia Casta) ont réussi à regrouper tous leurs kilos superflus dans les seins." ,  la vision est  acérée et l'amour des mots, manifeste .
Elle n'épargne pas non plus les gens qui l'entourent mais en profite largement pour se dégommer au passage. J'ai adoré entre autres sa description d'un dimanche à la campagne avec l'amie, la seule qui veut aider, qui ne trouve pas le lave-vaisselle mais sait dénicher la bouteille de rosé et le tire-bouchon , celle du "resto qui se la pète", celle du métier d'écrivain, celle... Bref, j'ai vraiment apprécié de recueil de textes ou chacun pourra reconnaître le p'tit truc qui va juste nous énerver pour la journée!
Marie-Ange Guillaume a écrit plein de trucs et de machins , comme elle dit, (quelques uns chroniqués ici) et elle mériterait d'être plus connue, alors voici une bonne idée de cadeau à glisser au pied du sapin !

ça m'énerve, Marie-Ange Guillaume, Editions le passage, 17 euros, illustration de couverture: Manu Larcenet (il paraît que c'est une dame en colère...)

25/11/2012

Dans un mois...

...c'est Noël !

Si vous avez résisté vaillamment aux sirènes de la consommation en refusant d 'acheter dès octobre les derniers jeux à la mode exposés dans les rayons des supermarchés, sachez que c'est quasiment fichu pour vous.

Alors...

(Reste calme et lis un livre)6a00e54f10584c8834017d3dfd721b970c-800wi.png

 

à customiser façon coin du feu et chat ronronnant !

24/11/2012

cadeau : une invitation valable pour une personne, une journée...

...au salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil ! (du 28 novembre au trois décembre 2012)

Un pt'it concours et une seule condition : être un(e) habitué(e) de ce blog !

Question (réponse à envoyer par mail cathulu@aliceadsl.fr ):

 Quel est le titre du dernier roman jeunesse dont j'ai parlé sur ce blog ?

Clôture du concours: ce soir à 20 heures.

Programme du salon ? clic

23/11/2012

Just for fun...

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(Nous passons trop de temps à rapporter des balles dans le  parc.)

22/11/2012

Assommons les pauvres !

"Les officiers les interrogeaient, ils répondaient, je traduisais, je faisais le trait d'union entre eux."

Pourquoi la narratrice , interprète auprès de demandeurs d'asile a-t-elle fracassé une bouteille sur la tête d'un requérant ? Au commissariat, elle tente d'expliquer son geste, revenant sur les nombreuses situations dont elle doit rendre compte de la manière la plus neutre possible. Mais une telle attitude est-elle tenable quand on est soi-même originaire d'un de ses "pays d'argile" ?
Avec une langue sensible, empreinte de poésie, Shumona Sinha rend compte , parfois avec un humour grinçant, sans pathos, de ces situations oscillant entre le drame et les mensonges, la frontière entre les deux devenant de plus en plus floue. shumona sinha
Il se dégage de ce roman au titre provocateur (emprunté à Baudelaire) une atmosphère vraiment particulière, qui peut rebuter mais aussi fasciner le lecteur par la richesse de l'écriture et le point de vue choisi. Jamais confortable, ce roman jette un regard original sur le pouvoir des mots, leur traduction et la situation en porte à faux d'une héroïne qui part à la dériven, comme contaminée par toute cette misère dont elle essaie de se défendre : " En fin de compte, je ne suis toujours pas guérie des cris et des chuchotements." Une voix singulière , récompensée et à juste titre, par Le prix Valéry Larbaud 2012.

Un exemple de malentendu possible :

"- Donc  vous avez bien travaillé dans votre épicerie !

- Je n'ai pas travaillé. je vendais des choses.

- Combien de jours par semaine, monsieur ? et combien d'heures par jour ?

- Du lundi au dimanche. Fermé le vendredi. De huit heures à dix heures du soir.

- Vous travailliez beaucoup, monsieur, dans votre épicerie.

- Je dis que je ne travaillais pas. J'avais une épicerie.

Maintenant c'est l'officier qui me regarde, ahurie. " Y a un problème ? Vous vous comprenez ? Il vous comprend ? Ou il y a un problème avec la langue ? " Il me comprend parfaitement. Je la rassure. Peut être que c'est le mot "travailler" qui le gêne. Pour lui, travailler veut dire être employé. Lui, il est propiétaire de cette épicerie. Donc supérieur à ceux qui travaillent, à ceux qui travaillent pour les autres."