04/11/2011
Même les truites ont du vague à l'âme
"S'il rate, je lui décoche un regard apte à vous flétrir un chêne centenaire."
Même si Tom Robbins, auteur du mythique Même les cow-girls ont du vague à l'âme demeure le champion incontesté de la métaphore, il faut avouer que John Gierach se défend pas mal ! On prend beaucoup de plaisir à le suivre tout au long de ces chroniques halieutiques, même si on n'est pas un fana de pêche, et ce par tous les temps et dans les endroits les plus improbables.
On traque "les monstres", on monte des mouches, et on rigole aussi, en particulier quand, délaissant quelque peu les truites, l'auteurse fend d'un chapitre hilarant consacré aux chiens ! D'où vient alors que, à mi-chemin,malgré lesnombreux marque-page qui constellent mon parcours, j'ai baissé les bras et laissé patauger tout seul John Gierach dans ses rivières ?
Peut être parce que trop de truites tuent la truite et que j'aurais mieux fait de lire ce recueil par petites tranches ? Sans doute, alors je ne l'abandonne pas définitivement et lui laisse une place à côté de mon lit. A bientôt John !
Livre lu dans le cadre de Babelio que je remercie . Merci aussi aux éditions Gallmeister.
05:20 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : john gierach, pêche à la truite
03/11/2011
Jeu de pistes
"La maison était un traquenard."
La vie de Damien March , passablement ennuyeuse, va basculer quand il apprend la mort de son oncle, Patrick, dont il avait quasiment oublié l'existence.Abandonnant Londres et son travail à la BBC, Damien va s'installer dans la maison dont il vient d'hériter, sur une île au large de Cape Cod. Lui reviennent alors en mémoire toute une flopée de souvenirs de cet oncle , ancien écrivain à succès qui vivait au milieu de tout un bric à brac, au sein duquel Damien va dénicher un manuscrit inachvé , mettant en scène Mycroft Holmes, le frères aîné du célèvre détective. Ce texte le mènera par bien des chemins détournés à la découverte d'un secret de famille.
Le jeu de pistes dont il est question est extrêment plus subtil que ce à quoi on pourrait s'attendre. Il s'agit en fait plutôt d'une évolution du narrateur qui explore sa propre personnalité à travers celle de son oncle. Les rencontres, les souvenirs, les découvertes, en apparence anodines ,les péripéties forment un ensemble fort plaisant car le style est fluide, plein d'humour (et de métaphores comme je les aime!). Qaunt aux ellipses, elles surprennent agréablement le lecteur.
Un livre enthousiasmant à plus d'un titre et par dessus le marché, un séjour fort agréable par personnage interposé dans une maison en bord de mer, que demander de plus ?!
Marcel Theroux, Jeu de pistes, traduit de l'anglais par Stéphane Roques, Plon 2011, 238 pages addictives.
Cuné a aimé aussi !
06:00 Publié dans rentrée 2011, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : marcel theroux, frères
02/11/2011
Aimer la pluie, aimer la vie
Certains mots agissent sur moi comme des aimants. "Pluie" en est un. C'est grave docteur ? Nan, mais j'aurais mieux faire de lire la deuxième partie du titre à savoir "aimer la vie" . J'aurais ainsi pu subodorer la soupe insipide et psychologisante où surnagent quelques très beaux haïkus (cités avec le nom d'auteur mais sans autres sources) ainsi que quelques extraits de textes occidentaux (eux dûment référencés) sur le thème de la pluie.
Dominique Loreau n'est pas à son top quand elle se pique de "philosophie" et patauge surtout dans les banalités mais , on piquera dans le dernier chapitre quelques idées originales pour mieux profiter de la pluie en sortant :"Trouvez un kiosque dans un parc", "Cherchez un endroit où il y a des crapauds". Plus classique "Passez un week-end en Angleterre ou en Irlande", plus onéreux "Offrez-vous un voyage à Huang Shan" (en Chine). Vous avez déjà commencé à économiser pour le voyage !
Ou alors dans un tout autre genre filez vous marrer en Islande avec cet improbable DVD, "Mariage à l'islandaise" où la recherche d'une église blanche à toit rouge devient une épopée qui fait monter la tension ...Les secrets de famille explosent au grand jour, pour notre plus grand bonheur. mention spéciale à la grand-mère...
Déniché à la médiathèque, une bonne pioche !
06:00 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : dominique loreau, schtroumpf grognon le retour
01/11/2011
L'honorable société
" L'honorable société" désigne en général la mafia mais il n'y sera fait qu'une très légère allusion dans le roman de Manotti et Doa qui joue ici sur le double sens de l'expression car c'est dans le monde de la politique que nous entraînent les deux auteurs. L'assassinat d'un employé du Commissariat à l'Energie Atomique entre les deux tours de l'élection présidentielle en France va en effet semer le trouble dans plus d'un état major...
"Les Atrides à la française, une histoire pleine d'adultères et de fric." Cet aspect n'est qu'ébauché dans le roman de Manotti et Doa ,les auteurs lui privilégiant la description de la main-mise du privé sur le secteur ultra sensible du nucléaire. Le tout avec la bénédiction d'un futur président nerveux et colérique. Toute ressemblance ne serait évidemment pas une coïncidence et les auteurs ne se privent pas de quelques clins d'oeil en forme de crocs de boucher pour renforcer la connivence avec le lecteur. Etre plongé dans ce roman et, en allumant la radio, entendre soudain la voix du principal protagoniste est d'ailleurs une expérience assez troublante...
Le roman dépeint bien la confusion ambiante et la manière dont chacun essaie à la fois d'en tirer parti et de feindre de l'organiser , l'intrigue est bien menée, les personnages bien campés, ça se lit sans déplaisir mais on reste un tantinet sur sa faim tant on a l'impression que tout cela aurait gagné à être plus dense.
L'honorable société, Manotti et Doa, Série noire gallimard, 2011, 329 pages qui ne réconcilient pas avec les politiques.
Emprunté à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : dominique manotti, doa, un président nerveux et colérique
31/10/2011
La centrale
"On a bu deux bières ensemble, et ça m'est tombé dessus."
"Chair à neutrons, Viande à rem.", voilà ce que sont les ouvriers intérimaires qui travaillent dans les centrales nucléaires en France. Pas de "collectif de travail", rien que des hommes qui se croisent, cohabitent parfois, travaillent dans des conditions extrêmes,jusqu'à ce que la pression soit trop forte. Trop de radiations, mais aussi trop de confinement (ha cette impression d'étouffement que l'on ressent en lisant ce roman !) et pourtant cette fascination sourde pour ces centrales qui les coupent du monde extérieur. Loïc sera notre guide dans cet univers si particulier. Nous le suivrons au cours de quelques missions et nous partagerons son quotidien et ses angoisses.
Travail dangereux, parcellisé, sous-traité pour éviter toute "vague", travailleurs instrumentalisés, prêts non pas à être dévorés par le Voreux de Zola, mais sourdement contaminés par ces radiations invisibles, en lisant La centrale, je n'ai pu m'empêcher de penser à Germinal, car peu nombreux sont les romans qui décrivent le monde du travail . Pas de style lyrique cependant ici mais une description toute en retenue d'un monde quasi inconnu , une analyse de cette puissance "Dont on connaît bien les effets dévastateurs. Mais qui a sur les hommes, du moins certains hommes, une force d'attraction incomparable."qui fera date.
Un livre court (132 pages dans l'édition folio) mais dont on ne sort pas indemne.
La centrale Elisabeth Filhol, folio 2011.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : elisabeth filhol, prix france culture télérama
29/10/2011
Dear George Clooney tu veux pas épouser ma mère ?
"Elle méritait un homme bien . Bien mieux que la Saucisse , ou que l'Infidèle , le Monosourcil ou le Malsain. Nous méritions mieux."
Parce qu'elle estime que sa mère a des goûts catastrophiques en matières d'hommes, Violette, treize ans, décide d'écrire à George Clooney, se faisant forte de convaincre l'homme le plus sexy de la planète de mettre fin à son célibat.
Par ailleurs, flanquée de sa fidèle amie Phoebe, elle n'hésite pas à enquêter sur le dernier amoureux en date de sa mère, Dudley Wiener, tout en s'occupant de sa petite soeur Rosie.
On l'aura compris Violette est un véritable soutien pour sa mère divorcée, qui élève seule au Canada ses deux filles tandis que le père a refait sa vie avec une bimbo siliconée en Californie. Mais l'adolescente, prise dans un conflit de loyauté, n'a-t-elle pas tendance d'une part à trop s'ingérer dans la vie amoureuse de sa mère et, d'autre part, à trop idéaliser la relation de ses parents avant qu'ils ne divorcent ?
Dear George Cloney est un roman tendre et drôle, Violette a parfois la dent dure : "Le Faux [Noël] avait lieu le 27 décembre avec papa.Je l'appelais ainsi parce que tout, de la date au sapin en passant par les nichons de Jennica était bidon." ,jamais manichéiste, qui plaira autant aux filles qu'aux mères .
L'auteure a décrit avec réalisme la situation matérielle et psychologique difficile de la mère, sans jamais sombrer dans le pathos ou la critique (incarnée par le couple de voisins acerbes), et si Violette se situe avec lucidité dans la "chaîne alimentaire des quatrièmes ", elle ne subit pas la situation pour autant. Dans tous les cas de figure, l'entraide et la solidarité des amis, même maladroite, permettent de tenir le coup et d'affronter l'adversité. Une vision optimiste et chaleureuse , qui trouve un juste équilibre entre réalisme et humour.
Et George Clooney dans tout ça ? Hé bien, l'auteure trouve un moyen fort astucieux de se tirer d'affaire...
Dear George Clooney tu veux pas épouser ma mère ?, Susin Nielsen, traduit de l'anglais (Canada) par Valérie Le Plouhinec, Hélium 2011, 195 pages qui donnent la pêche !
06:00 Publié dans Jeunesse, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : susin nielsen, george clooney, faites exploser les stats!!!
27/10/2011
Betty
"C'est le genre de scrupule qu'elle avait perdu depuis longtemps."
Les histoires de femme fatale m'agacent plutôt. Trop prévisible, trop convenu. Aussi avais-je dans un premier temps abandonné Betty. Mais bon, ce roman , même sans lien avec le commissaire Erlendur Sveinsson reste quand même un roman d'Indridason. Alors, je lui ai redonné une chance et j'ai bien fait !
Car, délaissant rapidement tous les figures imposées du roman noir, le récit ménage une sacrée surprise au lecteur et explore, en outre, la face nettement moins glamour de Betty. Ces "coulisses", ce background, plus que la manipulation en elle même, m'ont vraiment intéressée et j'ai lu d'une traite ce texte . Un cran en dessous de la série du commissaire islandais mais un bon moment quand même.
Betty, Arnaldur Indridason, traduit de l'islandais par Patrick Guelpa.Métaillié 2011, 206 pages.
06:00 Publié dans rentrée 2011, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : arnaldur indridason, femme fatale
26/10/2011
Romans d'Anne Fine pour les adultes
The Killjoy(1986 ) (Un bonheur mortel)
Taking the Devil's Advice(1990) (Les Confessions de Victoria Plum)
In Cold Domain(1994 )(Dans un jardin anglais)
Telling Liddy(1998) (Une sale Rumeur)
All Bones and Lies 2001(Vieille Menteuse)
Raking the ashes (2005) (Le Tyran domestique )
Tous parus aux Editions de l'Olivier et ensuite en Points Seuil. Tous lus mais pas forcément chroniqués ! Anne Fine scrute avec humour et finesse les liens familiaux. De quoi se donner du peps avant une réunion familiale !
Fly in the Ointment (2008)
Our precious Lulu (2009)
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : anne fine, bibliographie
25/10/2011
Our precious Lulu
"Frankly, Lu, I would as soon be locked all night in a fridge as have a chat with you."
Une demi-soeur comme Lulu, on n'en souhaite à personne ! De pestouille dans l'enfance,elle est devenue une adulte immature , sexy et manipulatrice, comptant sur l'aide de sa famille , en l'occurrence sa belle-mère et la fille de celle-ci, Geraldine , pour se tirer des mauvaises passes dans laquelle elle se fourre avec une belle constance.
Mais Geraldine n'en aurait-elle pas assez de supporter les remarques fielleuses de Lulu- débitées avec le sourire of course- et de supporter bien des avanies pour rester fidèle à sa conception de la famille ? Son mari- un parfait compagnon !- va l'aider à mettre fin à une situation qui n'a que trop duré...
Une fois de plus, Anne Fine, envoie balader le politiquement correct, les faux semblants et nous livre ici une comédie acide et jubilatoire. Beaucoup de dialogues, un peu trop peut être , mais beaucoup d'humour dans la peinture de ce couple qui fait front pour prendre la manipulatrice à son propre piège.
Anne Fine analyse avec finesse les tergiversations de Geraldine, tiraillée entre sa mère , qui prend toujours le parti de Lulu, et son désir de s'affranchir d'une situation familiale nocive. Un livre revigorant et plein d'humour qui se lit d'une traite !
Toujours pas traduit en français (such a shame !) mais disponible sur internet à un prix défiant toute concurrence en V.O !
06:03 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : anne fine, manipulation
23/10/2011
50 words for snow...
...Le nouvel album de Kate Bush, chansons inédites sur le thème de la neige, de l'hiver, sortira en France le 21 novembre ...j'ai hâte !
06:00 Publié dans je l'ai entendu ! | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : kate bush for ever