08/10/2009
Le syndrome Godzilla bientôt en poche !
Chez j'ai lu le 14 octobre ! A noter sur vos tablettes!:)
Emue par les mues
Deux couples père-fils au centre de ce court mais dense roman . Celui de Daniel que son biologiste de père emmène autour du monde, au fil de ses mutations. Daniel qui manifeste un apparent détachement vis à vis de ces arrachements successifs mais va s'attacher à faire la connaissance d'un "monstre" assis sur un banc, la tête recouverte d'un sac en papier. Par l'intermédiaire de Godzilla, le monstre-héros de cinéma , un lien va s'établir entre ces deux jeunes gens qui ont en commun le fait d'être orphelin de mère. D'abord silencieux, celui qui s'identifie à Godzilla va raconter son étrange histoire à Daniel. Une histoire d'amour/haine avec un père producteur de cinéma qui l'emmènera au Japon, autre point commun entre les jeunes gens.
L'univers de Fabrice Colin flirte avec l'onirisme et ne dissimule rien de la violence du monde, de la violence des êtres en devenir : "Maintenant j'étais un monstre en devenir. je voulais que ma mère meure et qu'elle en fasse rien d'autre.Je voulais tuer ses amants Je voulais détruire le monde". Cette violence qu'ils vont même jusqu'à retourner contre eux, faute de pouvoir exprimer leur souffrance autrement.
Un roman fort et puissant.
Lu par Florinette
et Lily
Un billet de Fabrice Colin sur la couv'.
Regrettons au passage l'apparente disparition de la collection"les mues" aux éditions Intervista...
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : fabrice colin, relation père fils
07/10/2009
Ce que je sais de Vera Candida
"Ne te prends pas pour un tremblement de terre."
Est-il besoin encore de résumer l'histoire de ces trois générations de femmes, chacune d'elles enfantant sans pouvoir révéler le nom du père ? Si ces personnages sont hauts en couleurs, le lieu dans lequel se déroule l'action est tout autant remarquable: une île, Vatapuna, où se dresse un rêve inachevé de marbre, au sommet d'un immense escalier, comme une pyramide maya menant à un autel sacrificiel...
Seule Vera Candida brisera la fatalité et osera rejoindre le continent,quelque part en Amérique du Sud, devinons-nous. Là, elle rencontrera une sorte de chevalier blanc qui tentera d'apprivoiser celle qui se donne des allures d'amazone.On craint le pire en commençant ce roman: l'exotisme de pacotille, les grosses coutures du conte annoncé, mais Véronique Ovaldé s'empare avec jubilation de son décor tropical et de sa faune pour mieux explorer "les territoires du secret et de la dissimulation dont elle [connaît] bien les contours et les lois.", à l'instar de son héroïne.Ses personnages ne sont jamais caricaturaux et on s'immerge avec bonheur dans ce récit qui brasse à la fois le réalisme (la condition faite aux femmes) et le fantastique qui se vit ici d'une manière tout à fait anodine. On s'attache à ces heroïnes tour à tour victimes et rebelles et on ne peut plus les lâcher. un enchantement au sens fort du terme.
Livre lu dans le cadre du Goncourt des lycéens.
L'avis de Cuné, en état de grâce.
Celui d'Amanda
et de Marie
et de Fashion,
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : véronqiue ovaldé, femmes, amérique latine
06/10/2009
L'homme qui m'aimait tout bas
"Plus je me relis et plus je me relie à lui."
"Père adoptif", "père biologique", ces expressions n'ont pas cours dans l'univers d'Eric Fottorino. Pas plus que demi-frères d'ailleurs. seul compte l'amour qui circule entre l'auteur et celui qui lui a donné son nom en 1970 et qui s'est suicidé en 2008.
Pas de "tombeau" au sens poétique du terme dans L'homme qui m'aimait tout bas. Mais un livre empli de chaleur, d elumière, celle dela Tunisie d'où était originaire Michel Fottorino, ce kiné "aux mains d'or" qui "préféra toujours le silence aux paroles". Empli d'amour et d'admiration pour cet homme que le romancier fait apparaître sous différentes formes dans ses romans, rejouant ainsi de multiples façons LA scène fondatrice, cette scène originelle d'adoption proposée. Michel sera aussi cet "accordeur de corps , une des figures centrales du superbe roman Un territoire fragile, riche d'humanité et dispensant son don sans compter. Et pourtant fragile cet homme l'était aussi mais il dissimulait soigneusement ses fêlures ou ses gouffres...
Un texte magnifique qui se joue des mots pour mieux les faire vibrer . Et nous avec.
L'homme qui m'aimait tout bas, Eric Fottorino, Gallimard 2009, 148 pages emplies d'émotion.
Livre lu dans le cadre du Goncourt des lycéens.
L'avis de Jules.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : eric fottorino, amour pèrefils, un kiné commme on en rêve
05/10/2009
Les autres c'est rien que des sales types
Le Sale Type est protéiforme: Con, Touriste, Imbécile Heureux, Provincial, Jeune, Pauvre, Végétarien... Il rôde autour de nous, nous le côtoyons chaque jour et devons nous en accommoder quand il se présente sous la forme de Conjoint ou Commerçant.Bref, le Sale Type c'est l'Autre. Et il n'échappe pas à l'oeil acéré et à la plume alerte et élégante de Jacques Alain Bertrand qui le croque avec une jubilation de chat gourmand...Emaillant ses portraits de citations et de références culturelles jamais pesantes l'auteur nous entraîne avec bonheur dans un monde où sous une forme légère des vérités parfois acides nous sont livrées avec grâce.
En outre,un auteur qui se fait un copain poisson , brait de concert avec un âne et caracole avec les chèvres ne peut évidemment que nous être sympathique , surtout quand il termine son ouvrage par une pirouette qui lui évite de se poser en Homme Parfait ou presque...
Les autres, c 'est rien que des sales types, Jacques A. Bertrand, Julliard, 134 pages à lire et relire .
Du même auteur, je recommande chaudement Tristesse de la balance et autres signes.
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : jacques a. bertrand, portraits ironiques, humour caustique
03/10/2009
La bonne nouvelle? C'est maintenant, en poche !
Billet ici !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : coup de coeur, vite vite vite, vous n'avez plus d'excuses!
02/10/2009
Irène sur le plancher des vaches
"On découvrait l'arrière des maisons (...) c'était un terreau d'informations sur les gens."
De 1960 à 2005, tous les 5 ans, le narrateur nous propose une balade à Abbéfontaine, petit village du Jura dont la population agricole décline au fil du temps.
De l'épierrage fastidieux d'un champ par trois fillettes, dont l'Irène du titre, à la phrase finale:"Elle pouvait enfin se décharger de sa pierre et la jeta dans la vallée.", la boucle est bouclée. Entre temps, nous aurons eu droit à de savoureuses vignettes où l'auteur, tour à tour ethnologue tendre et plein d'humour,traque les dialogues à fleurets mouchetés entre une mère et sa fille, nous dévoile les secrets de l'utilisation du conditionnel et d'"une affection particulière pour les formes impersonnelles" car "personne ne voudrait donner l'impression de s'occuper des affaires de ses voisins". Il nous montre aussi les subtilités du choix d'une place lors du spectacle de Noël, tout en révélant par petites touches, les blessures et les fragilités de ses personnages. C'est tout un monde qui s'efface sous nos yeux, un monde où "le grand-père de Romain , le Vieux dictait de son lit la manière de penser de tous les membres de sa généalogie", Vieux à qui "une opération chirurgicale somme toute bénigne pouvait [...] sauver la vie, mais il se refusait à laisser voir son bas-ventre. l'idée d'être complètement endormi, vraisemblablement nu et à la merci d'infirmières lubriques lui était insupportable.Dans le Dictionnaire Parmentier, sa définition des parties intimes allait du nombril aux genoux."
Toutes ces règles implicites qu'il vaut mieux connaître pour se fondre dans la masse, tous ces petits plaisirs cachés ("bavasser discrètement sur les autres invités"), sont peu à peu balayés par le vent de la modernité et les villages n'abritent plus que des lotissements tout confort mais sans charme. Un très joli moment.
Irène sur le plancher des vaches, Frédéric Michaud, Editions Delphine Montalant, 107 pages fluides.
Merci à Laure pour le prêt !
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : frédéric michaud, jura, paysans, humour
01/10/2009
Ces choses qui font battre le coeur
Ces choses qui font battre le coeur est d 'abord un bel objet qu'on a plaisir à prendre en main. S'inspirant Des Notes de chevet de Sei Shönagon, Catherine Grive égrène des micro-événements qui, par appréhension ou bonheur anticipé, nous font vivre plus intensément. Moments d'enfance que revivrons avec nostalgie les plus grands, moments tout en délicatesse, reflétant peurs ou bonheurs fugaces: "Avoir peur d'être emportée par la mer", "rentrer tout seul" mais aussi "se sentir libre".
Certains moments sont plus originaux voire plus graves: "avoir peur de ne pas finir à temps", "passer devant une prison", "traverser un champ plein de vaches".
Chacune de ces phrases est illustrée par une ou deux photos . Et c'est là que le bât blesse . En effet, certaines situations, visiblement mises en scène, prennent un caractère factice : une coccinelle disproportionnée ou un oiseau-poterie. A trop vouloir "coller" à la situation la photographe emprisonne notre imaginaire. De plus, les enfants qui reviennent tout au long de ces photos prennent la pose, ce qui accentue l'aspect artificiel de l'ensemble. Nous n'échappons également pas à certains clichés, ainsi l'inévitable petite filel chaussant les escarpins maternels... J'ai nettement préféré les situations qui sollicitaient davantage l'imagination du lecteur, où, par exemple ,les enfants étaient réduits à l'état de silhouettes...Bref, un livre agréable mais avec un petit bémol.
L'avis plus enthousiaste de Clarabel
Gio et ses notes de chevet ...relayées par Antigone.
06:05 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : catherine grive, carole bellaïche, schtroumpf grognon le retour
30/09/2009
Le pigeon voyageur
"Les femmes adorent les lettres, et qu'espérer de mieux que de recevoir une lettre par pigeon !"
Les pigeons voyageurs ne rentrent au pigeonnier que s'ils s'y sentent bien. Cette nécessité Yair Mendelsson la ressent aussi, lui que la maison de sa riche femme rejette et rudoie. Il lui faudra donc trouver sa propre demeure, aidée en cela par Tirza son amie d'enfance et un peu plus...Parallèllement nous remontons le temps cinquante ans en avant, en 1948, durant la guerre d'indépendance d'Israël et découvrons une histoire d'amour entre deux colombophiles: un jeune garçon, que son aspect poupin fait surnommer le Bébé et une toute jeune fille. Comment ces deux histoires vont se rejoindre par-delà les années, c'est tout le secret du roman de Meir Shalev, un roman plein de candeur et d'innocence, un roman lumineux et serein malgré les temps troublés qu'il décrit.
Cotoyant parfois le conte avec son personnage d'entrepreneur qui surgit pour aplanir toutes les difficultés Le pigeon voyageur est un texte subtil et chaleureux, et comment résister à une telle description? : "Une maison où tu te sentiras comme dans un cocon, une maison qui apaise et désaltère. Une maison qui te construira comme tu la construiras, qui te guérira comme tu la guériras, avec qui tu t'entendras pour changer le toit et le sol, installer des cloisons, ouvrir des fenêtres et des portes, pleins de reconnaissance l'un pour l'autre."
Un grand merci à Clarabel pour le prêt !
Le pigeon voyageur, Meir Shalev, Editions des deux terres, 549 pages lumineuses.
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : meir shalev, amour, trouver sa demeure
29/09/2009
Les radis bleus
Même s'il réclame des mots simples pour la poésie, Pierre Autin-Grenier sait utiliser les mots précis qui disent le travail à la campagne,le passage des saisons, dans ce journal poétique. Tour à tour bougon et ironique, facétieux et grave, Pierre Autin-Grenier chahute son lecteur, ne le laisse pas en repos mais sait toujours le séduire au détour d'un paragraphe, le nombre de pages cornées en témoigne...
Juste quelques passages, histoire de vous donner envie à votre tour...
"Lundi 27 juin, St Fernand
Le bonheur toujours menace et parfois même d'obscènes bouffées de bonté m'amène comme une odeur d'ail rance dans la bouche. me voici à deux doigts de prêter cinq sous aux indignets et trouver bien du talent à tous mes amis.Mon Dieu ! comment se sauver de ces choses horribles ? !..."
"Jeudi 15 décembre Sainte Ninon
Dormir était un vrai chantier ambulant, on se roulait dans le sommeil comme dans un champ de patates douces, on se lovait au creux des souches en lérots rêveurs, on s'enveloppait dans des manteaux de marmotte pour voyager les yeux fermés dans des contrées immobiles. Il nous arrivait de dormir debout et cela nous allait bien."
D'autres citations chez Antigone, la vile tentatrice ! :)
Les radis bleus, Pierre Autin-Grenier, Folio.
06:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : pierre autin-grenier
28/09/2009
La patience de Mauricette
"Je recycle la souffrance."
Un cahier jaune où elle écrit pour sa thérapeute.Un panier vert dans lequel elle trimballe de drôles de trésors. La tentation serait grande de résumer Mauricette à ces deux objets. Mais quand elle disparaît de l'hôpital où on soigne sa santé mentale, son ami Christophe Moreel va prendre conscience de la richesse de la personnalité de cette femme de soixante quinze ans, beaucoup moins ordinaire qu'il n'y paraît à première vue...
Entrecroisant passé et présent, Lucien Suel brosse le portrait d'une personne, marquée par la souffrance dès l'enfance mais qui trouve refuge dans les mots et dans la poésie en particulier. Débusquant les alexandrins dans les phrases de la vie quotidienne, jouant avec les mots, les triturant, les faisant rouler dans sa bouche, tout comme son "noyau de souffrance. Je le suce et le roule entre les gencives depuis des années. Quelquefois je le prends dans ma main et je la referme. Il est caché dans ma paume je regarde les taches de vieillesse sur le dos de ma main et je remets le noyau dans ma bouche." ,Mauricette recèle bien des trésors et des originalités littéraires...Ses mots partent parfois en roue libre, comme ses pensées, mais l'humour n'en n'est jamais absent : "Le mou des veaux, les mots de vous" et ce n'est certainement pas un hasard si Mauricette avait entrepris une anthologie regroupant les phrases où apparaît le mot "veau" comme un écho au livre de Lucien Suel et Patrick Roy Têtes de porcs moues de veaux (merci, Cath!). L'émotion est aussi au rendez-vous avec cette personnalité aux multiples facettes, qui "se conduisait dans l'univers moderne comme une femme des cavernes. Une femme d'avant l'invention des horloges et des tranquillisants ."Je marche avec les yeux au plafond.""et qui s'estime elle même être son pire tribunal...Ce pourrait être lourd et étouffant, c'est poignant, lumineux et plein de joyeuses surprises car l'écriture de Mauricette est d'une richesse poétique inouïe Un livre aux très nombreuses pages cornées, bien sûr. Un livre qui résonne longtemps en nous et qu'à peine fini on a envie de rouvrir pour mieux le savourer, plus lentement cette fois. Un gros gros coup de coeur !
La patience de Mauricette, Lucien Suel, La table ronde, 233 pages lumineuses.
L'avis des viles tentatrices Pagesàpages et Bellesahi
Le site de l'auteur.
Un coup de coeur passion pour Ptitlapin !
L'avis de Dasola, qui en dit un tout petit peu trop sur le livre !:)
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : lucien suel, amour des mots, maladie mentale, souffrance, nord