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08/08/2009

Les ours n'ont pas de problème de parking

"Les chats gentils, sur le lit; les chats sauvages, sur le carrelage."

Des nouvelles de Belgique avec Nicolas Ancion qui n'hésite pas à se coltiner avec un nom honni, à savoir Marc Dutroux, et à en tirer un texte tout à fait inattendu pour ouvrir le bal. Mais c'est surtout l'enfance qui est au coeur de ces textes . Un pays pas toujours idyllique car même si Les ours n'ont pas de problème de parking , ils peuvent se révéler d'une jalousie féroce ...Les chiens en peluche y mènent des enquêtes les mettant aux prises avec un serial killer d'un genre très particulier. Quant aux collectionneurs de vignettes Panini, ils peuvent se retrouver le nez dans la terre comme les meilleurs "gardiens de boue". Alors oui, ça fait tout bizarre de se retrouver dans un univers à la "toy story" mais on accepte ou pas d'entrer dans le logique folle de Nicolas Ancion et si oui, on risque juste d'y pêcher quelques pépites comme dans "l'affaire smilodon" :" Un chat tellement laid que seule la nature a pu l'engendrer. Personne n'aurait eu le courage de fabriquer un truc pareil sans le détruire aussitôt.", une histoire de jalousie avec toute une stratégie impeccable pour venir à bout de l'ennemi.51jCRxoWIwL._SL500_AA240_.jpg
Mais il n'est pas question que de peluches dans ce recueil, il est aussi question de nos vies, nos vies absurdes où les enfants"ont l'air trop sérieux  avec leurs vêtements d'adultes pleins d'étiquettes, de tirettes et de bandes fluorescentes"et où "Quand on a le privilège de ne manquer de rien, il faut bien qu'on s'invente d'autres raisons d'être heureux . Et surtout des prétextes pour ne pas l'être".
Alors, la fantaisie débridée, l'inventivité peuvent parfois venir à bout des situations les plus délicates, les personnages allant jusqu'au bout de leur logique propre , amadouant ainsi le destin...Un recueil inégal (quelques textes m'ont laissée de marbre) mais diablement sympathique.

Les ours n'ont pas de problème de parking, Nicolas Ancion , pocket, juin 2009, 122 pages made in Belgium !

Le blog de l'auteur.

07/08/2009

Les petites fées de New-York

"Elle en fait, du chemin, cette fleur."

167 pages. 167 pages avant que j'entre dans ce roman mettant en scène des fées écossaises, cornouaillaises, chinoises, noires et tutti quanti, dans un New-York très contemporain.
"Indigent",* tel est le mot, pas charitable du tout, je vous l'accorde ,qui m'est venu tout d'abord à l'esprit en lisant ce récit haché, passant sans cesse des fées dans la Grosse Pomme, se livrant à des courses -poursuites qui auraient pu être dignes des meilleurs Starsky et Hutch si elles ne tournaient systématiquement court, aux fées restées au pays (comprendre la Grand-Bretagne) et qui elles baignaient dans une ambiance plus traditionnelle, quoi que fortement marquées par les analyses d'un trublion marxiste...Le point commun étant que beaucoup de ces fées (dont certaines sont des hommes, ce qui m'a un peu perturbée au début, mais soyez indulgents, c'était mon premier livre de fées contemporain ) aiment lever le code et forniquer à qui mieux mieux sous les buissons ou au sommet des arbres. Elles ont aussi une fâcheuse tendance à se crêper le chignon, voire à se faire la guerre pour des motifs apparemment des plus futiles et à se mêler ,en ce qui concerne les héroïnes casse-bonbons, Morag et Heather , des affaires des humains, les manipulant tour à tour pour récupérer quelques objets, dont une fleur apparemment indestructible.
Néanmoins quelques personnages surnagent dans cette hystérie étourdissante: Kerry, atteinte de la maladie de Crohn, et surtout l'inénarrable SDF Magenta, vers qui la fleur revient irrésistiblement, qui arpente New-York à la tête de hoplites imaginaires. C'est télescopé, souvent, inabouti parfois, certaines explications étant souvent éludées ou traitées de manière rudimentaires, et je n'ai pas déniché le charme que j'espérais y trouver. Tant pis ! J'aurais néanmoins découvert un genre littéraire cet été !

Les petites fées de New-York, Martin Millar, Editions intervalles, 301 pages bourdonnantes.

* Bon après, j'ai pris le rythme !:)

Merci à Amanda pour le prêt, à Fashion pour avoir fait voler les fées jusqu'à moi.

L'avis-enthousiaste de Chimère qui m'avait donné envie de découvrir cet auteur.

Celui de Chiffonnette.

06/08/2009

Les porteurs de glace. Anna Enquist #4

"Je veux de l'efficacité . Supprimer les choses superflues et vaines." Ainsi s'exprime Nico, qui vient  d'obtenir la direction d'un hôpital dont il a  entrepris de changer l'organisation, ce qui ne va pas sans heurter. Maîtriser, rationaliser le monde  extérieur, pour ne pas se laisser rattraper par le désordre, les émotions.  Voilà  sa manière de  lutter contre ce qui le submerge et qu'il tait.
Unie avec lui dans le silence, son épouse, Lou." Elle avait connu ses pensées, ses sentiments. il lui manquait." Lou qui tente  d'interroger leur relation à la langue pour éclaircir la situation.Mais ce "fardeau  froid", ce "secret glacé" les handicape et les enferme chacun dans sa bulle de détresse.4136GARJPSL._SL500_AA240_.jpg
Bien évidemment toutes ces énergies bridées n'attendent que la plus petite étincelle pour mettre le feu aux poudres...
Histoire d'un couple, histoire d'un secret,  d'un échec, Les  porteurs de glace est aussi un roman, dense et puissant qui interroge notre besoin de "bâtir une histoire", donner de la cohérence quand nous ne sommes que "débris".

Très court,  ce roman d'Anna Enquist  est à la  fois le plus accessible et l'un des plus riches par les thèmes qu'il aborde. La  quasi sécheresse de la langue y est tempérée par l'attention scrupuleuse et sensuelle aux éléments naturels et au plus petites variations des sentiments des  personnages, dépassant ainsi ce que l'intrigue pourrait avoir de convenu. A se procurer sans hésiter !

Deux reproches cependant :  la 4 ème de couv' dont la  lecture est à proscrire, sauf à vouloir connaître le déroulement complet du roman, et un "policlinique" qui a heurté mes yeux...

Les porteurs de glace,  Anna Enquist,  paru aux Pays-bas en 2002,  chez Actes sud en 2003,  chez babel en 2006. traduction de  Micheline Goche.

L'avis de Clarabel

L'avis de  AL

 

 

05/08/2009

Un soir, à la maison

"Je t'entends déjà te plaindre  que j'ai mis chez toi un foutu bordel."

Mais à quoi pensent les profs quand ils demandent de raconter Un soir à la maison ? Se rendent-ils compte du fossé qui existe entre les images d'Epinal toutes roses et jolies, tranquilles,banales pour tout dire, et la réalité, beacoup plus crue que vivent -parfois- leurs élèves ? Ces derniers, pas dupes, vont s'employer à travestir leur quotidien pour mieux répondre aux attentes implicites du correcteur et ne pas dévoiler ce qu'ils sentent- confusément ou pas- ne pas être la norme...51hr8QWe2QL._SL500_AA240_.jpg
Ce décalage c'est justement l'interstice dans lequel se coule Annie Saumont pour mieux souligner les dysfonctionnements qui existent dans la vie de ces personnages qui pourraient être nos voisins ou nous mêmes. Ainsi cette femme qui s'obstine à mettre six bols à table le matin , ou celle qui cale le biberon de son "bébé de rêve," sitôt conçu déjà plus désiré, "entre un exemplaire de La divine comédie et un manuel des bonnes manières, une cordelette fixant le tout", petites vies assassinées en douce, en passant...
ça grince, ça tire, ça fait mal ces récits ou ces dialogues qui semblent pris sur le vif ,comme ce goujat au restaurant qui fait les questions et les réponses et s'étonne que son invitée ne mange pas, (vu ce qu'il lui balance pas étonnant qu'elle ait du mal à avaler!). Alors oui, c'est noir, c'est sans espoir, ça tord le coeur, parfois c'est un peu raté aussi car trop prévisible mais il n'en reste pas moins que la langue, tordue, triturée, maltraitée par Annie Saumont ça décape !

Un soir, à la maison, Annie saumont, Pocket juillet 2009, 154 pages qui mettent le bordel ! 5 euros.

 

04/08/2009

La blessure. Anna Enquist #3

La blessure est un recueil de nouvelles parfaitement clos sur lui même. En effet, Anna Enquist réussit le  tour de force de partir d'un fait authentique, un père et ses deux fils qui ont erré sur un bloc de glace pendant quatorze  jours au 19 ème siècle "la traversée", de nous parler de relations familiales plus contemporaines, de  football, de l'organisation de  la cuisine d'un hôpital, de tableau retrouvé, pour terminer par un texte qui  nous donne, mine de rien, en passant, des nouvelles de personnages évoqués précédemment, dans un paysage d'une luminosité, une blancheur absolue, équivalente à celle inaugurant le  recueil. Armature solide donc.
Point commun à tous ces personnages, qu'ils soient adultes ou enfants ? Une blessure, une fragilité,"Je me sens comme  un tache mal délimitée" qui va soudain les faire basculer , un peu -ou plus - dans un état de bouleversement qu'ils affronteront avec des armes variées. Ce peut être la politesse car "La politesse est un poignard en or",  la connaissance: Jacob qui est le seul à savoir nager et lire dans cette famille de pêcheurs, veut à tout prix s'en sortir, alors que son père et son frères, plus frustes, s'abandonnent aux éléments...
Anna Enquist souligne les ambivalences  de ses héros, ainsi une adolescente qui ment à ses parents pour aller rejoindre  celui dont elle  croit être amoureuse : "Pourquoi ne sait-elle pas ce que je fais,  pense Hanna,pourquoi est-ce que je me mets à pleurer,  pourtant je ne veux surtout  pas qu'elle le sache."41eWqLUiieL._SL500_AA240_.jpg
L'auteure excelle à nous montrer, sans pathos,  l'hystérie qui s'enflamme soudain dans une communauté vivant en quasi autarcie, ou celle qui couve à bas bruit dans le cerveau d'un excellent gestionnaire, plus apte à la déceler chez les autres qu'à la reconnaître chez lui.  La description de toutes les stratégies qu'il met en place inconsciememnt  pour la  tenir  à  distance est proprement époustouflante. Quant à celle,  hallucinée ,des relations d'un couple hollandais dans un camping français à la veille  d'un match de foot , elle vaut aussi tous les romans."Les  vacances se passent à laver.De la vaisselle,  des  vêtements, des corps.Tout est enduit de  savon et maintenu sous un filet d'eau. Pendant ce temps, il faut crier comme dans une conversation en plein ouragan.
"Je  voudrais être morte.
-Je n'arriverai pas à me débarrasser de cette tache de gras.
- Ce soir je vais me pendre
-J'aimerais faire des rognons. "
Et cetera.Tout se perd dans le vent."
C'est en effet avec une grande  économie de moyens, mais avec beaucoup d'empathie,  qu'Anna Enquist relate ces instants , sans jamais céder à la facilité de la nouvelle à chute, préférant évoquer des atmosphères, raconter de manière simple , nette et efficace. Ainsi en deux phrases  : "Le morceau de  glace remonte en basculant à la surface.  Pas père." Du grand art .

 

La  blessure, Anna Enquist.1999, édité chez Actes Sud en  2005, chez Babel en 2007.Traduction du néerlandais par Isabelle Rosselin267 pages infiniment  justes.

Un énorme merci à  Cuné qui  m'a offert ce livre,  me permettant ainsi de découvrir cette auteure !

03/08/2009

La bouffe est chouette à Fatchakulla

Bienvenue à Fatchakulla, petit comté tranquille , entouré  de marécages brumeux à  souhait.  Comme il ne se  passe rien, ou presque, on y boit sec, on chasse ,on pêche et on chouchoute des matous un peu hors-normes : "Quant à l'heureux propriétaire  de cet être hors pair, un chat à six doigts, à grosse tête,atteint  de  strabisme,  il pouvait compter sur toute une vie de félicité." Alors  quand " le  plus fieffé  salaud du canton de  Fatchakulla", j'ai  nommé  Oren Jake Purvis  qu'on soupçonnait de  faire  disparaître certains de ces matous -entre autres forfaits - est retrouvé mort , il ne s'est pas trouvé grand monde pour le pleurer.
Mais les victimes s'accumulent, éparpillées un peu partout , façon puzzle, comme aurait dit Audiard, et les esprits s'échauffent, d'autant plus que certains morceaux sont portés manquants...51vfFbTVgXL._SL500_AA240_.jpg
La  bouffe  est chouette à Fatchakulla est un divertissement  très réussi, à la croisée du Lézard lubrique de Melancholy cove et de Fantasia chez les  ploucs.On y sourit, on y frissonne et  très souvent en le lisant me sont venues  des images tirées des Mystères de l'Ouest (la série ,pas le film, grandguignolesque  et boursouflé), pour  ce qui  concernait l'élucidation du mystère...

Un grand  merci à Cuné !

Ned Crabb, La bouffe est chouette à  Fatchakulla, Folio policier, 267 pages , seulement !

31/07/2009

Le secret. Anna Enquist #2

Dora Dirique, dès l'enfance, n'a toujours vécu que pour la musique. Après avoir dû interrompre brusquement une carrière de pianiste, elle se réfugie dans une ville d 'eaux des Pyrénées française. Là, elle  qui ne s'est plus confrontée  à la musique depuis  des années,  vient de se faire livrer un piano, l'occasion pour elle d'affronter aux souvenirs du passé.  A savoir une enfance  aux Pays-bas durant la  seconde  Guerre mondiale entre une mère férue de chant, un père sombre qui veut à tout  prix protéger le  frère handicapé de Dora. Seule échappatoire à cette atmosphère pesante, les cours de son professeur de  piano. Tandis que Dora remonte le  temps, un homme qu'elle n'a pas su aimer traverse l'Europe pour la  rejoindre...4158NDN44ZL._SL500_AA240_.jpg
De facture plutôt classique ce roman d'Anna Enquist alternant passé  et présent,jusqu'à la révélation du Secret n'a pas su totalement me séduire , sans doute parce que je suis trop hermétique au monde de la musique .La description des sensations et des sentiments de l'héroïne est cependant tout à fait réussie et l'on suit sans aucun ennui ce roman langoureux.

Le secret, Anna Enquist, paru aux Pays-bas  en 1997,  chez Actes Sud en 2001.Babel 2003.  Traduit du néerlandais par Micheline Goche.

L'avis de Clarabel

30/07/2009

Cinq bières , deux rhums,

Ah que ça fait du bien de retrouver notre" orchidoclaste"* préféré ! Sous prétexte de lui faire dégoter une bière de derrière les fagots, Gérard , le patron du bar La Sainte Scolasse, a envoyé Le Poulpe en mission spéciale dans le NORD , l'objectif étant en fait de lui redonner le moral ! Évidemment en baguenaudant entre Valenciennes (V.A pour les footeux) et Antoing (Belgique wallonne), le Poulpe va se prendre les tentacules dans quelques cadavres, en profiter pour se balader en péniche ultra-moderne, glanant au passage autant d'infos sur la fabrication de la bière que sur le traffic de l'Escaut, sans oublier d'égratigner quelques édiles locaux**.
Mortagne du Nord, cadre d'un roman policier, qui l'eût cru ? L'occasion en tout cas de(re) découvrir pour les autochtones des édifices et des paysages, de montrer les blessures mais aussi la vie qui continue malgré tout dans cette région où la nature commence à reprendre ses droits puisque des fleurs poussent dans une prairie métallicole, joli symbole d'espoir. On sent aussi que l'auteur s'est baladé dans le coin et qu'il y a pris plaisir, sachant aller au-delà des clichés , dénichant les détails révélateurs d'une exploration pédestre et non livresque. et ça fait chaud au coeur !515RVBVB-qL._SL500_AA240_.jpg
Ceux qui apprécient les enquêtes millimétrées en seront pour leurs frais (les explications finales étant un peu poussées sous le tapis) , ceux qui aiment le style haut en couleurs de Pouy se régaleront des sentences du poulpe : "Parfois il faut savoir éviter les paraphréniques confabulants et briser là avec les forcenés incantatoires ." ou des injonctions de Chéryl : "Va te faire raboter les surrénales!". Bref, un Poulpe réjouissant, ayant comme fil rouge la lecture des Habits noirs de Paul Féval dont se régale le héros et dont il nous montre la pertinente actualité, toujours aussi sombre.

Cinq bières, deux rhums (ne loupez pas le jeu de mots !), Jean-Bernard Pouy, Editions Baleine, 160 pages à accompagner d'une Mort Subite*** ?

* Casseur de c...

** Pouy sera-t-il invité au salon du livre policier ? Affaire à suivre...

***Nom d'une bière belge

L'avis de Cathe qui m'a fait découvrir ce livre !

29/07/2009

Aventures en Loire

Bernard Ollivier,soixante- dix ans au compteur , est un écrivain-voyageur  renommé.Ici son périple,  d'abord pédestre,   prend naissance aux sources de la Loire pour se poursuivre ensuite sur le fleuve dans un canot comiquement surnommé "canard". POlus que le périple en lui même, ce sont les rencontres que l'auteur privilégie car "Nomade  en Loire, je  veux m'ouvrir au monde, ,  à ses bonnes et mauvaises  surprises. je prends tout. Je veux embrasser la terre entière, les arbres comme les hommes, retrouver mon humanité loin du réveill-matin ou du "vingt-heures" télévisé."511hggFfOPL._SL500_AA240_.jpg
Cela ne sera pas de tout repos, le froid, la  pluie, nous sommes pourtana en été, les caprices du fleuve n'épargneront pas notre ancien journaliste,qui  n'est pas spécialement  sportif et qui avoue s'être plutôt mal préparé. Pourtant l'homme et le  fleuve vont s'apprivoiser :  "Je suis venu avec l'idée de la dominer,  de la conquérir. je  la quitterai en amoureux transi."
Pourquoi partir ainsi? l'auteur n'y voit pas du tout une décision cartésienne mais bien plutôt "une volonté de  se remettre en cause, de se transcender,  de tordre les rails qui nous guident au quotidien, de  rompre les digues  mentales et sociales qui nous contiennent, nous ligotent plus ou moins à  notre insu."
Point n'est donc  besoin de partir loin, l'exotisme n'est pas  nécessaire, il suffit peut être d'un élément déclencheur, peut être ce livre le sera-t-il...

Le billet de Dominique qui m'a  donné envie d'offir ce livre  à Belle -maman qui rentrait d'une marche au bord  de la Loire ...

Belle-maman qui a  eu ensuite la bonne idée de  me le prêter...:)
Aventures en Loire,  Bernard Ollivier,  éditions Phébus,  266 pages qui donnent envie de se mettre en marche.

28/07/2009

Le chef d'oeuvre. Anna Enquist # 1

Un repas  familial, rien de tel en littérature (ou au cinéma , cf Festen) pour concentrer  en un même lieu des protagonistes qui vont  pouvoir s'écharper entre la poire et le fromage.L'originalité d'Anna Enquist est de nous amener progressivement à cette acmé qui devrait voir aussi le triomphe absolu du peintre Johan Steenkamer, lors d'une exposition de ses oeuvres et en particulier de  son Chef d'oeuvre. Pour autant celui-ci n'est pas le personnage principal, quoi qu'il lui en coûte ! Ce sont les femmes que l'auteure privilégie: Lisa, psychiatre et meilleure amie d'Ellen, la femme de Johan, mais aussi Alma, la mère pas si indigne que  ça.  Chacune d'entre elle fait face à l'adversité même si souvent elles sentent le sol se dérober sous leurs pieds ou qu'au contraire elles ont besoin d'affronter un "sol récalcitrant"...La marche entr'amies sera aussi d'un grand  secours pour  exorciser en partie la douleur...
Peignant au plus près la nature dans ses aspects quotidiens et féroces, Anna Enquist établit aussi des parallèlles entre le monde des animaux, où les  petits peuvent se faire dévorer par leurs parents, et celui  des humains où la férocité est plus larvée.
Familles en décomposition ,"frictions familiales" dues à la lâcheté ,aux jalousies,aux trahisons, impossibilité de communiquer dans le couple ,rapports entre création et amour, Anna Enquist aborde ici dans ce premier roman les thèmes qu'elle ne cesse d'explorer dans un  style à la fois tout en retenue et au plus près des émotions et des sensations.415YTCJDVEL._SL500_AA240_.jpg
La structure de l'oeuvre, très maîtrisée (trois parties allant crescendo) contribue à débarasser de tout pathos des situations particulièrement difficiles. Ainsi au début de la deuxième partie, craignant d'avoir laissé passer une information importante , suis-je repartie un peu en arrière. Mais non, j'avais lu attentivement  et l'information ainsi lâchée au détour d'une phrase, de manière quasi anodine, n'en prenait que plus de puissance, irradiant de toute sa noirceur contenue.
"Observer c'est survivre", remarque un des personnages et cette maxime Anna Enquist l'applique pour le plus grand bonheur du lecteur, elle qui se penche avec intérêt et compassion sur le destin de chacun de ses personnages, sans jamais les juger.
Une oeuvre puissante, une romancière pour qui j'ai eu un  énorme  coup de coeur et dont j'ai dévoré à toute allure  l'oeuvre parue en France. Vous n'avez pas fini d'entendre  parler d'elle sur ce blog ! :)

Le chef  d'oeuvre,  paru aux Pays-bas en 1994 et en France  chez Actes Sud en 1999, Babel, 2001. Traduction de Nadine Stabile.

Biographie et traduction d'un poème d'Anna Enquist ici.