16/10/2009
Le festin d'Alice
Z'ont qu'à mieux payer leurs fonctionnaires, ça leur éviterait des tentations! Sans cela Alice, la sublime Alice, travaillant à la Direction Générale de la Concurrence et de la Consommation, ne se serait jamais emparé des coquettes économies de la vieille chinoise, tenancière d'un des ces appartements "ravioli",paradis des bactéries.
S'acoquinant avec un ancien chercheur du CNRS, gras du bide , devenu par nécéssité interprète -mal payé il va sans dire- le jeune femme va, sans le savoir, contrecarrer les plans d'un des plus hauts pontes de la mafia chinoise...
Commencé sur les chapeaux de roues, ce roman trouve vite son rythme de croisière, naviguant avec aisance et humour dans les petit monde de la communauté chinoise de Paris. pourtant, il m'en reste au final une impression assez mitigée. En effet, par pure jalousie féminine, je l'avoue, la sublime Alice qui émeut (et plus si affinités) tous les mâles , voit se résoudre comme par magie tous ses problèmes , alors qu'une petite chinoise, moche et de surcroît couverte de boutons connaîtra un sort bien peu enviable.
Bon, j'ironise un peu, il est évident que la vie est plus facile pour les gens jeunes et beaux mais là ça revêt un caractère un peu trop systématique et donc lassant. Jalousie, vous disais-je !:)
Colin Thibert, le festin d'Alice, Fayard noir.
L'avis- moins schtroumph grognon -de Cuné.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : colin thibert, polar, chinois et moi et moi et moi
15/10/2009
Autoportrait de l'auteur en coureur de fond
"Ce dont je parle quand je parle de courir." (traduction littérale du titre)
Haruki Murakami est un écrivain dont j'aime beaucoup les romans, même si je ne parviens jamais à les chroniquer...Je me réjouissais de lire cet autoportrait de l'auteur en coureur de fond , même si je ne suis pas sportive, surtout quand j'ai lu cette affirmation" En ce qui me concerne, la plupart des techniques dont je me sers comme romancier proviennent de ce que j'ai appris en courant chaque matin.". Las !je n'ai pas pu aller au-delà de la page 85 ! Trop froid, trop distancié, trop répétitif, j'y aurai juste appris que selon lui, le talent, la concentration et la persévérance sont les qualités essentielles d'un écrivain...Maigre moisson...
A réserver aux fans absolus. Savourer plutôt Kafka sur le rivage ou Chroniques de l'oiseau à ressort.
Haruki Murakami, Autoportrait de l'auteur en coureur de fond, Belfond 2009, 181 pages.
Ps: pour les amateurs de course, je conseille aussi un roman , d'Alan Siltoe, injustement oublié La solitude du coureur de fond, roman social se déroulant en Grande Bretagne.
06:05 Publié dans je ne regrette pas de les avoir juste empruntés | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : haruki murakami, marathon, écriture
14/10/2009
Les mots migrateurs, les tribulations du français en Europe
Les mots migrateurs se propose d'étudier méthodiquement les traces qu'ont laissées les mots français dans vingt-huit pays d'Europe, rangés par familles de langue.
Après une introduction historique très claire expliquant le succès de notre langue en Europe, Marie Treps recense méthodiquement les mots français, qui ,parfois méconnaissables , ont su s'installer durablement dans d'autres langues.
Cette promenade est riche, peut être un peu trop même si on veut la faire d'une seule traite mais chacun pourra faire son miel des mots principalement empruntés- ô surprise- au vocabulaire gourmand, amoureux ou culturel mais qui, comme le souligne l'auteure témoignent souvent d'un usage désuet de la langue française.
Le lecteur curieux apprendra aussi quelles sont les particularités des diverses langues européennes. Ainsi en slovaque peut on trouver une phrase sans aucune consonne mais dont l'occurence est rare puiqu'elle signifie: "Mets ton doigt au travers de la gorge".
A consulter régulièrement.Ou pas !:)
Marie Treps, Les mots migrateurs, les tribulations du français en Europe, éditions du Seuil.
06:00 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : marie treps
13/10/2009
Le livre des choses perdues
"-Donc tu as quitté une guerre pour en retrouver une autre, commenta-t-elle."
En Grande-Bretagne, durant la seconde guerre mondiale, David vient de perdre sa mère. Ne pouvant accepter la nouvelle femme de son père et son demi-frère, il se réfugie dans le lecture dans une drôle de chambre où les livres lui parlent et où parfois il aperçoit rôder un bonhomme bizarre, vaguement effrayant...
Un soir, entendant des appels de sa mère, il se rend dans le jardin et découvre un passage vers un monde parallèle , peuplé de créatures cauchemardesques qu'il devra affronter avant de pouvoir trouver Le livre des choses perdues, unique clé pour regagner le monde réel.
Roman initiatique, ,Le livre des choses perdues revisite -avec irrévérence parfois (voir le portrait-charge de Blanche-Neige !) - l'univers des contes et légendes. Le héros, aidé d'auxiliaires qui ne veulent parfois le sauver que pour mieux le duper, va devoir affronter des créatures répugnantes et d'une férocité extrême (certaines descriptions sont d'une cruauté rare), résoudre des énigmes(ses souvenirs de lecture lui seront llors bien utiles!) et surtout se rendre compte que la limite entre le Bien et le Mal est parfois floue. Il devra accepter aussi la perte et le renoncement , quittant ainsi le monde de l'enfance.
Tout cela apparaît à première vue bien classique mais d'emblée, John Connolly excelle à créer une ambiance très particulière , où la menace rôde, où la végétation elle même apparaît menaçante, très cinématographique en fait. Quant au récit, il est impossible de le lâcher car même si on a l'impression d'avancer en terrain connu, l'auteur se joue de nous, multipliant les référencs pour mieux les détourner. Quant aux personnages, à l'image de ces créatures hybrides qui hantent le récit, ils ne sont pas monolithiques et savent à la fois nous émouvoir et nous faire sourire. Car de l'humour il y en a aussi, histoire de relâcher un peu la tension ! Bref, j'ai été captivée par ce récit que je n'ai pas pu lâcher alors que je ne suis jamais venue à bout du deuxième tome d'Harry Potter...
Le livre des choses perdues,John Connolly, traduit de l 'anglais (Irlande) par Pierre Brévignon, Editions de l'Archipel (éditions que je remercie au passage pour cette découverte).346 pages envoûtantes.
Deux couvertures pour ce roman qui sort le 14 octobre, une pour l'édition adulte, une autre pour l'édition jeunesse.
Dans le billet de Fashion (qui l'avait lu en V.O), j'apprends que dans l'édition anglaise il y a une annexe très intéressante qui n'existe pas en Vf dans l'édition jeunesse du moins...
L'avis de Karine, la vile tentatrice initiale ! qui vous conduira aussi sur le site du livre (en VO)
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : john connolly, quête initiatique, roman d'apprentissage, conte fantastique
12/10/2009
Lettres à mon libraire
"sanctuaires irremplaçables où s'achète le savoir universel",
A l'initiative de ce joli recueil, Lettres à mon libraire, Jean Morzadec, un fondu de littérature qui oeuvre sur France Inter. Des écrivains ont donc été sollicités pour "raconter, en mots simples, quelle place tiennent les librairies dans leur vie."
Les réponses sont éclectiques, et dans la forme et dans le fond ,mais toutes donnent à voir un véritable amour de ces endroits mi-capharnaüm, mi-caverne d'Ali baba, peuplés d'improbables libraires, capables pour certains d'indiquer de manière précise où se niche tel ouvrage sans même bouger un cil, leur mémoire vive battant à plates coutures celle d'un ordinateur !
Certains auteurs, comme Claudie Gallay remercient au passage les libraires qui les ont soutenus, tandis que d'autres en profitent pour assurer un peu de pub à leur dernier ouvrage en date, oubliant parfois au passage le thème imposé...
Véronique Ovaldé , égale à elle même , arrive à insuffler une étrangeté poétique à un souvenir d'enfance, tandis que Patrick Modiano envisage le recensement de toutes les librairies qu'il a connues dans Paris et qui ont disparu...Didier Daeninckx, quant à lui, se fend d'une bafouille hilarante là où on se serait attendu à plus de gravité...
Ce recueil est aussi l'occasion de découvrir certains auteurs , ainsi pour moi, Benoît Hopkin qui nous décrit un comportement typique de lecteur compulsif dans lequel chacun pourra se reconnaître, avec entre autres une "tête d'équerre" particulièrement bien trouvée. Bref, de quoi assurer pour six euros le bonheur de tous ceux ceux qui fréquentent ce "temple aux murs de papier" (et de glaner au passage quelques bonnes adresses) ! Un livre qui donne aussi envie d'écrire sa propre lettre...
Lettres à mon libraire, préface de François Busnel, Editions du Rouergue, 6 euros.
06:05 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : françois busnel, jean morzadec, libraires, librairies
10/10/2009
Les vies privées de Pippa Lee
"Tu n'es pas facile à coincer , Pippa."
Pippa Lee, cinquante ans, et son mari Herb, trente de plus ,viennent de s'installer, à la surprise de leurs amis, dans un lotissement chic pour retraités. Se sentant d'abord libérée, Pippa, "considérée par ceux qui la connaissaient comme une des dames les plus charmantes, les plus gentilles, les plus adorables, les plus simples et les plus rassurantes qu'il aient jamais vues", va peu à peu laisser remonter à la surface bien des émotions enfouies, liées à un passé tumultueux.
Ainsi se construit, étapes par étapes, l'images à facettes d'une Pippa beaucoup moins lisse qu'il y paraissait de prime abord. C'est aussi l'histoire d'une lignée de femmes à l'histoire perturbée et d'une mère, Pippa, qui ne veut pas léguer à sa propre fille, un héritage empoisonné.
Fille, amante, épouse, Pippa se définit par rapport aux autres mais a-t-elle jamais existé pour elle-même, dans sa quête de sécurité affective ?
Un roman plein de rebondissements, de remarques vachardes qui nous promène aussi dans le monde de l'édition et des écrivains. Une jolie réussite à laquelle manque juste un peu moins de retenue, une étincelle de folie plus assumée. Une lecture très agréable.
A noter que ce livre de Rebecca Miller a été adapté au cinéma par elle-même (sortie en France en novembre).
Les vies privées de Pippa Lee, rebecca Miller, seuil, 291 pages qui se tournent toutes seules!:)
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : rebecca miller, femme cinquante ans, portrait de femme
09/10/2009
Fleur de glace, sorti en poche
Billet ici !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : kitty sewell, pour passer un bon moment
08/10/2009
Le syndrome Godzilla bientôt en poche !
Chez j'ai lu le 14 octobre ! A noter sur vos tablettes!:)
Emue par les mues
Deux couples père-fils au centre de ce court mais dense roman . Celui de Daniel que son biologiste de père emmène autour du monde, au fil de ses mutations. Daniel qui manifeste un apparent détachement vis à vis de ces arrachements successifs mais va s'attacher à faire la connaissance d'un "monstre" assis sur un banc, la tête recouverte d'un sac en papier. Par l'intermédiaire de Godzilla, le monstre-héros de cinéma , un lien va s'établir entre ces deux jeunes gens qui ont en commun le fait d'être orphelin de mère. D'abord silencieux, celui qui s'identifie à Godzilla va raconter son étrange histoire à Daniel. Une histoire d'amour/haine avec un père producteur de cinéma qui l'emmènera au Japon, autre point commun entre les jeunes gens.
L'univers de Fabrice Colin flirte avec l'onirisme et ne dissimule rien de la violence du monde, de la violence des êtres en devenir : "Maintenant j'étais un monstre en devenir. je voulais que ma mère meure et qu'elle en fasse rien d'autre.Je voulais tuer ses amants Je voulais détruire le monde". Cette violence qu'ils vont même jusqu'à retourner contre eux, faute de pouvoir exprimer leur souffrance autrement.
Un roman fort et puissant.
Lu par Florinette
et Lily
Un billet de Fabrice Colin sur la couv'.
Regrettons au passage l'apparente disparition de la collection"les mues" aux éditions Intervista...
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : fabrice colin, relation père fils
07/10/2009
Ce que je sais de Vera Candida
"Ne te prends pas pour un tremblement de terre."
Est-il besoin encore de résumer l'histoire de ces trois générations de femmes, chacune d'elles enfantant sans pouvoir révéler le nom du père ? Si ces personnages sont hauts en couleurs, le lieu dans lequel se déroule l'action est tout autant remarquable: une île, Vatapuna, où se dresse un rêve inachevé de marbre, au sommet d'un immense escalier, comme une pyramide maya menant à un autel sacrificiel...
Seule Vera Candida brisera la fatalité et osera rejoindre le continent,quelque part en Amérique du Sud, devinons-nous. Là, elle rencontrera une sorte de chevalier blanc qui tentera d'apprivoiser celle qui se donne des allures d'amazone.On craint le pire en commençant ce roman: l'exotisme de pacotille, les grosses coutures du conte annoncé, mais Véronique Ovaldé s'empare avec jubilation de son décor tropical et de sa faune pour mieux explorer "les territoires du secret et de la dissimulation dont elle [connaît] bien les contours et les lois.", à l'instar de son héroïne.Ses personnages ne sont jamais caricaturaux et on s'immerge avec bonheur dans ce récit qui brasse à la fois le réalisme (la condition faite aux femmes) et le fantastique qui se vit ici d'une manière tout à fait anodine. On s'attache à ces heroïnes tour à tour victimes et rebelles et on ne peut plus les lâcher. un enchantement au sens fort du terme.
Livre lu dans le cadre du Goncourt des lycéens.
L'avis de Cuné, en état de grâce.
Celui d'Amanda
et de Marie
et de Fashion,
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : véronqiue ovaldé, femmes, amérique latine
06/10/2009
L'homme qui m'aimait tout bas
"Plus je me relis et plus je me relie à lui."
"Père adoptif", "père biologique", ces expressions n'ont pas cours dans l'univers d'Eric Fottorino. Pas plus que demi-frères d'ailleurs. seul compte l'amour qui circule entre l'auteur et celui qui lui a donné son nom en 1970 et qui s'est suicidé en 2008.
Pas de "tombeau" au sens poétique du terme dans L'homme qui m'aimait tout bas. Mais un livre empli de chaleur, d elumière, celle dela Tunisie d'où était originaire Michel Fottorino, ce kiné "aux mains d'or" qui "préféra toujours le silence aux paroles". Empli d'amour et d'admiration pour cet homme que le romancier fait apparaître sous différentes formes dans ses romans, rejouant ainsi de multiples façons LA scène fondatrice, cette scène originelle d'adoption proposée. Michel sera aussi cet "accordeur de corps , une des figures centrales du superbe roman Un territoire fragile, riche d'humanité et dispensant son don sans compter. Et pourtant fragile cet homme l'était aussi mais il dissimulait soigneusement ses fêlures ou ses gouffres...
Un texte magnifique qui se joue des mots pour mieux les faire vibrer . Et nous avec.
L'homme qui m'aimait tout bas, Eric Fottorino, Gallimard 2009, 148 pages emplies d'émotion.
Livre lu dans le cadre du Goncourt des lycéens.
L'avis de Jules.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : eric fottorino, amour pèrefils, un kiné commme on en rêve