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02/09/2009

Une semaine avec ma mère

"Elle avait l'impression de nager toute habillée"

Elles sont trois. Ni Grâces, ni Parques, trois mères soucieuses  de mieux connaître  leurs fils et débarquant chacune à l'improviste chez leur trentenaire de fils, trop secret à leur goût.
Après l'embarras initial, chacun  des garçons va secrètement se réjouir de cette arrivée impromptue et durant la semaine  de cohabitation bien des secrets seront révélés, tant du point de vue des mères que des fils, non sans cris, non sans larmes  mais toujours avec l'amour en ligne de mire...9782702140291-V.jpg
Ce pourrait être dégoulinant de bons sentiments ou hérissé de combats épiques et hystériques, mais non ,c'est infiniment juste et terriblement drôle.Les rapports de couple sont passés au crible,( comment William Sutcliffe arrive -t-il à se glisser avec autant d'aisance  dans la peau de trois femmes en âge de devenir grands-mères? (ce qu'elles réclament d'ailleurs plus ou moins ouvertement)) mais sa vision du rôle maternel est beaucoup plus apaisée et tendre. Après tout ce sont de bons petits et ils font tout ou presque pour satisfaire leur mère .  Ainsi Daniel va-il "prendre contact  avec Allison, la mère de l'enfant  qui allait à la  crèche avec le fils  du neveu de la  soeur de la femme dont le chien l'avait mordu quand il était petit", ouf !, devinez à l'instigation de qui ...
Sutcliffe souligne  aussi au passage ,avec infiniment  de drôlerie , le fossé qui s'est creusé entre  les générations, en particulier au niveau du langage mais ne rend jamais ridicules  ses personnages pour qui il semble éprouver une grande  tendresse. Pas de happy end généralisé pour autant ,nous sommes dans une comédie certes mais pas au pays de Candy !

Une semaine avec ma mère(Whatever makes you happy), XWilliam Sutcliffe, traduit de l'anglais par Elsa Maggion), Editions Calmann-Lévy , 2009,282 pages à lire avant que votre mère ne débarque chez vous,pour garder le sens de l'humour !

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01/09/2009

Bonheur fantôme

"Saint Machiavel priez pour moi"

Pierre qui aime la  peinture  démodée -il veut écrire un livre sur Rosa Bonheur- et les écrivains mystiques-en l'occurrence Simone Weil , a tout quitté pour s'installer à la campagne, en Sarthe plus précisément. Là il transforme sa maison en arche de Noé, se lie d'amitié  avec le tenancier d'une crêperie, une vieille voisine, s'interroge sur l'art, l'amour: "En art, comme en amour,  il faut avoir le courage de  ses sentiments.  Nul n'est tenu d'aimer comme il faut." et petit à petit revient sur les raisons de ce  départ précipité à la campagne.
C'est juste et sensible et comment pouvais-je résister à ce livre où d'une part  l'on apprend  plein d'infos sur Rosa Bonheur, une peintre qui se promenait en pantalon (avec une autorisation de travestissement dûment fournie par les autorités),  vivait en compagnie d'une femme  et d'une ménagerie (dont une lionne !) sans que nul ne s'en offusque  et  ne peignait que des  animaux,  roman d'autre part où le narrateur se choisit comme plante fétiche, totem le gratteron ?41jLKe2xR0L._SL500_AA240_.jpg
Un roman qui alterne entre écorchures et tendresse , rempli de personnages chaleureux, de chiens qui bavent et de chats qui dorment dans les édredons...Une petite bulle de bonheur.

Bonheur  fantôme,  Anne Percin, Le rouergue, 220 pages pleines de vie.

L'avis de Clarabel

Celui de Ptitlapin. (Avec des reproductions de tableaux de Rosa Bonheur)

31/08/2009

trois femmes puissantes

"Quel démon s'était assis sur le ventre de sa soeur ? "

Menteurs dans le meilleur des cas, lâches,"subtilement malfaisants","mal charmants" ,  traîtres,voire tranquilles massacreurs de vies de femmes et d'enfants ,tels apparaissent  les  hommes dans le  très beau roman de Marie Ndiaye, Trois femmes puissantes.
Pourtant ces femmes ne récriminent pas. Elles agissent. Avec obstination.  Se tenant droite uniquement par la  force d'une dignité à laquelle elles tiennent plus que tout.  Ainsi Norah qui quitte la France où  elle est née et a toujours vécu pour rejoindre un père africain qu'elle a à peine connu, possède une "inépuisable colonne des griefs à l'encontre de son père, sachant bien qu'elle ne lui ferait part ni des graves ni des bénins, sachant bien qu'elle ne pourrait jamais  rappeler dans la  réalité du face -à- face avec cet  homme insondable dont elle ne manquait pas au loin pour l'accabler de reproches, et de ce fait mécontente,  déçue par elle même  et plus fâchée encore contre  lui de  plier le genou, de  n'oser rien lui dire."Pourtant cet homme elle le rejoint et accomplit la mission qu'il lui confie pour délivrer sa famille du démon qui l a ravagée, démon qui prend sans doute la forme d'un oiseau puique tel lui apparaît son père lors de son arrivée...41JY37uIBDL._SL500_SS130_.jpg
C'est un quartier africain et une prison qui établissent un lien apparemment ténu avec la deuxième  partie du roman où s'exprime un homme, un homme fou d'amour  pour  Fanta qu'il a emmenée en France et qu'il est en train de perdre.La chaleur l'accable tout au long de cette journée où il part en vrille, se remémorant tout ce qu'il a  commis à l'encontre de celle qu'il a  trahie , lui faisant miroiter un avenir qu'il se complaît à saborder. Saura-t-il lui aussi lutter contre l'oiseau qui le harcèle et redonner le sourire à Fanta ?
Fanta , seule vague référence donnée à Kady Demba si elle parvient à rejoindre la France où l'expédie sa belle-famille après le décès de son époux. Mais la route est longue , hérissée  de  périls  que n'envisage même  pas celle qui a pour tout viatique son nom,nom auquel elle se raccroche farouchement tout au long de son chemin de croix.
Il se dégage du roman de Marie Ndiaye une atmosphère lourde, saturée de lumière et de chaleur. On se laisse  prendre au piège de  ses longues phrases sinueuses qui ne diluent pas la violence mais la rendent plus sournoise. Accablante. On frémit,  on enrage et on a le coeur serré en refermant ce livre qui dit le malheur et la force des femmes liées à l'Afrique. Trois femmes que nous n'oublierons pas.

30/08/2009

Le verdict du plomb

Avec Le verdict du plomb,  nous retrouvons Mickey Haller que nous avions laissé blessé à la  fin de La défense Lincoln.clic.
Après deux ans de  soins, il se retrouve propulsé bien malgré lui dans un énorme procès où il devra assurer la défense  d'un magnat du cinéma , accusé d'avoir tué son épouse et l'amant de celle-ci.41q+ar4dfgL._SL500_AA240_.jpg
Très rapidement Haller va comprendre qu'il est en danger et sera contraint de pactiser avec un Harry Bosch qui joue ici un peu en retrait, le premier rôle étant laissé à l'avocat. Mais qui titre vraiment les ficelles?  Dans un monde  où tout le monde  ment, où  chaque mot prononcé  peut faire pencher la balance, tout est bon pour gagner un procès et très accessoirement faire triompher la vérité.
Pour qui aime se balader dans les coulisses d'un métier, ce nouveau Michael Connelly est un régal !  Les arguties bizantines du système judiciaire états-uniens  deviennent ici presque pittoresques-qui aurait cru qu'une joueuse de poker pouvait s'y révéler fort utile? -et l'on suit avec un intérêt toujours croissant les interrogations d'un héros qui  cavale à toute allure mais trouve nénamoins le temps de s'interroger sur sa vie et ses valeurs. Un bon cru !

Un grand merci à Cath et Ch'ti 31 !

Le verdict du plomb, Michael Connelly, seuil policier, 458 pages à lire d'une traite  !

29/08/2009

Retour

Après avoir bossé (un peu) pour moi, après avoir laissé retomber la frénésie  de la rentrée littéraire, sillonné les routes pour conduire l'une ci, l'autre là, arpenté sous le  soleil le marais audomarois (pas de photos), fait baisser ma PAL (quelques coups de coeur -billets à venir- quelques abandons), écouté des cloches de  vaches de Salers, laissé le Gers venir à moi pour accueillir l'année nouvelle qui m'est tombée dessus à coup de douceurs variées et succulentes, me revoici !:)IMG_4202.JPG

Merci à toutes celles  qui m'ont envoyé un petit coucou!:)

23/08/2009

Une pause s'impose

Parce qu'il n'y a pas que les livres dans la vie, après avoir rempli, je l'espère, mon rôle de vile tentatrice durant tout l'été, pour ne pas me trouver fort dépourvue quand la  rentrée s'ra  venue-  au boulot, j'entends !-, il me faut faire une pause pour vaquer à d'autres occupations !
Je vous laisse en compagnie de mon fond d'écran...Beacoup moins littéraire que celui-ci !:)

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A bientôt !

22/08/2009

Regarder le soleil

"Nous avons trop de respect pour le chagrin, dit-il .Il faut que ça s'arrête un jour."

Ce pourrait être en dehors du temps tant ce qui est décrit est intemporel. L'histoire se déroule dans un ranch de l'outback australien où un fermier vient de faire une chute de cheval. Sa femme devient progressivement aveugle et si elle parvient dans un premier temps à faire  tourner  l'exploitation, à la mort de son époux, sa maladie empirant aussi, elle perd  tout à la fois le contrôle de sa vie et de sa fille, Chloé. cette dernière en profite alors pour  explorer toute cette étendue sauvage qui les entoure.
C'est par une série de chapitres que nous découvrons progressivement l'histoire de cette famille atypique où les émotions passent plus par le regard que par les  mots. "Je n'arrive pas bien à ne pas  la regarder ."pense Chloé  de sa mère  tandis que  sa demi-soeur affirme  : "Son oeil te suit, même si  elle ne regarde pas . Sans que tu le  remarques, elle l'accroche à toi  et il se balade  avec toi,  où  que tu ailles,  comme la bardane."arton13959-2a885.jpg
Intensité des sensations, observation tout aussi intense de la mère dans ce qu'elle a de plus intime, de plus charnel: "ça se  passe maintenant , je le sais.  En ce   moment-ci se  forment  les nouveaux petits vaisseaux. Ils se développent  le long  de  l'humeur vitrée, se ramifient en tous  sens, mais  ne valent  rien."Amour absolu qui ne dira jamais son nom.
Il se dégage du roman d'Anne Provoost une poésie étrange et sourde sans que pour autant on verse dans l'abstraction.On s'attache à ces personnages qui acquièrent progressivement un arrière plan, une histoire qui nous les rend plus proches,moins éthérés et c'est beaucoup trop vite qu'on termine ce roman sur une image à la fois banale, dans sa quotidienneté, et forte. Un roman puissant.

Regarder le soleil,  Anne Provoost, traduit du néerlandais (Flandre) par Marie Hoogje, Fayard,  266 pages intenses. Parution le  26 août.

Ce roman vient de recevoir en Flandre le prix triennal de la prose.

 

 

21/08/2009

La Perrita

Deux fêtes d'anniversaire pour la même personne,  le même jour : celle organisée par sa  famille biologique qui a en fin retrouvé 18 ans après sa  naissance celle qu'ils appellent Rosa; celle organisée par ses parents adoptifs pour l'enfant qu'ils ont appelée Malvina. La situation est encore plus tendue quand on sait que le bébé a en fait été arraché à sa mère par un militaire argentin dont la femme était en mal d'enfant.couv_9782259207652.jpg
Rosa/Malvita fait en effet partie de ces enfants de disparus durant la dictature argentine que les "folles de la place de mai" -comprendre les mères obstinées qui manifestaient pour réclamer leurs fils et filles que les militaires argentins avaient  enlevés, torturés et assassinés- qui, se regroupant en association soulèvent des montagnes pour retrouver leurs petits-enfants et leur  rendre leur identité.
Mais plus qu'une histoire politique, La Perrita (la petite chienne, la chienne bien-aimée) est une histoire  d'amour. Amour  entre Ernestina , la grand-mère paternelle de Rosa, son mari et son fils, un amour qui la porte avec obstination malgré les obstacles. Amour plus trouble  entre Violetta, la bourgeoise qui  se voile la face et feint de ne pas remarquer tous les indices qui pourraient entacher l'image qu'elle se fait de son militaire de mari.  Amour aussi pour ce pays dont l'auteure parle avec sensualité (les odeurs ,même malsaines , y ont une importance considérable).
La Perrita est un roman sensible et chaleureux, dont la tension dramatique ne verse jamais dans le pathos mais qui souffre parfois  d'un style un peu hasardeux.  Une jolie découverte néanmoins.

La Perrita, Isabelle Condou, Plon, 294 pages sensibles.Paru le le 13 août.

 

Merci Cuné !

20/08/2009

Nouveaux Indiens

"Bye bye Mary, tout est consommé."

A. l'anthropologue voudrait "savoir  comment font les  musiciens pour se dire des choses quand ils jouent alors qu'ils ne peuvent pas se parler.Tout se passe en dessous, quoi..."Il ne croit pas si bien dire ce petit frenchie  venue aux Etats-Unis sur un campus étudier le  groupe de musiciens animé par Frank Firth car , se transformant malgré lui en limier, il va peu à peu mettre à jour les liens qui  unissent  différents acteurs du campus, qu'ils soient  professeurs ou sans -abris et qui sont liés à a disparition d'une anorexique, Mary.42942749_p.jpg
Sur fond de campagne électorale, celle qui  aboutira à la réélection de Bush  junior, l'anthropologue sera  donc amené à sortir  de sa position d'observateur voire même d'enquêteur, devenant à son tour partie prenante d'une fabuleuse performance...
Et les Nouveaux Indiens dans tout ça ? Ils sont beaucoup plus proches de nous qu'on pourrait le croire...
Brassant les thèmes de la langue (le narrateur éprouve des migraines à devoir sans cesse faire  le va et vient entre  français et américain mais éprouve beaucoup de plaisir à entendre la broussaille de mots de la logorrhée d'une musicienne  française, long  flots de mots abrupts retranscrivant aussi les notes prises  par A. lors des exercices  des  musiciens) des rapports qu'entretiennent l'Art et le pouvoir, du pouvoir dans les groupes  quels  qu'ils soient, mais aussi pointant du doigts les échecs de notre société, Jocelyn Bonnerave nous donne ici un roman dense ( 170 pages seulement) qui  galope sans trêve, secoue le lecteur , le tient en haleine et se termine d'une manière tout à fait originale et quasi philosophique. Le style est vif, alerte, et Bonnerave  réussit même le pari de nous donner de somptueuses pages érotiques, roboratives sans être ni maniérées ni triviales. Un livre original et intelligent, sans être pédant. Une réussite !

Nouveaux Indiens, Jocelyn Bonnerave,Seuil.

Merci à Suzanne de Chez les filles et aux éditions du Seuil.

Sortie le 20  août.

Saxasoul n'a pas aimé.

Doriane non plus !

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19/08/2009

Le voyage vers l'enfant

A lire la quatrième de couv' on est déjà surpris: au lieu de continuer sur la lancée de ses précédents romans Le bateau du soir, les  invités de l'île* qui, à  travers les différents locataires d'une même maison de vacances, peignaient autant de portraits sensibles ayant comme point commun ce lieu un peu magique qu'est un île, Vonne van der Meer semble opérer ici un virage à 180 °.L'île nous ne la  trouverons qu'au début et à la fin du texte, entre temps les personnages auront fait un grand voyage au Pérou pour aller chercher un enfant à adopter. Voyage qui bouleversera entièrement leur vie.51tDrNrqJ9L._SL500_AA240_.jpg
Impossible de révéler pourquoi sans faire perdre  toute sa  force  dérangeante au roman.  Alors oui, c'est choquant,  perturbant ce que nous raconte l'auteure mais simultanément bouleversant car Vonne van der Meer excelle à décrire les sensations et les sentiments  de ses personnages, les plus troubles soient-ils.
Impossible de dire si j'ai aimé ou non ce roman car il a remué en moi trop d'émotions contradictoires.

Le voyage vers l'enfant, Vonne van der Meer,Editions Héloïse d'Ormesson 172 pages inconfortables.Parution le 20 août.

Un grand merci à Clarabel pour le prêt !

*parus en poche chez 10/18