Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/09/2009

Je viens de tuer ma femme

"Je vais quand même acheter des timbres, ça peut toujours servir."

Pas de suspense a priori , le titre parle de lui même :  Je viens de tuer ma  femme. Commence alors pour le narrateur une semaine d'un long monologue intérieur d'abord rageur puis apaisé et de rencontres qui vont le faire déraper encore un peu plus...
On sourit d'abord puis on se prend à s'émouvoir devant cet homme qui perd de plus en plus pied et dont la logique folle s'emballe à qui  mieux mieux.510NQ+ICYsL._SL500_AA240_.jpg
Une analyse sans complaisance des rapports humains, rapports de couple bien sûrs , mais aussi amicaux ou prétendus tels : "Laurent et moi, c'est une relation étrange qui dure depuis dix ans: je  l'appelle,  je me déplace, je pense à ses anniversaires  quand il oublie les miens, je lui  souhaite sa fête, il ignore la  mienne,je l'invite à Noël, il vient les mains vides,  je pose les questions, il  a les réponses. Je ne suis pas son ami.C'est le  mien." le tout sur fond de Michel Fugain ou de  Françoise Hardy mais attention :  "Françoise Hardy et la  scie  circulaire,  ça  se marie mal.",vous voilà prévenus ! Emmanuel Pons jongle avec l'absurde mais l 'émotion n'est jamais absente.  Du grand art ,dans un tout petit  livre par le nombre de pages: 167 , qu'on ne prêtera pas à son mari...

Je viens de tuer ma femme, Emmanuel Pons, Arléa.

Merci à Cuné et à  Amanda !

L'avis de Laure

11/09/2009

Lâche pas la patate !

Marie Treps,gourmande de mots, à son habitude , dans Lâche pas la patate ! nous régale de mots et d'expressions francophones venus du Québec (avec la  délicieuse débarbouillette (carré de tissu éponge pour nettoyer le visage) )ou le très imagé ruine-babines (harmonica), de Suisse, où la lenteur  semble une valeur sûre , de  la Louisiane où l'on sait Laisser les  bons moments rouler (profiter des bons moments) ou de Nouvelle-Calédonie . Mais c'est peut être dans toutes les anciennes  colonies françaises d'Afrique que la langue se  plie avec le plus de bonheur aux néologismes d'une  évidence radicale :ainsi cadeauter au Sénégal ou  frousser au Congo-Kinshasa.  Sans oublier mon chouchou en direct de Côte d'ivoire: C'est gâté complet, ça  ne marche plus du tout,  c'est fichu!
J'y ai découvert en outre que Filet américain, être à la ducasse, fréquenter, amitieux,amusette ô surprise, ne  sont pas comme je le croyais des régionalismes du Nord mais qu'ils nous viennent  tout droit de la Belgique toute proche  ! Comme quoi les mots  se jouent des frontières et s'acclimatent en un rien de temps !51wUiJDT0lL._SL500_AA240_.jpg
Une promenade à  travers les  pays mais aussi l'Histoire avec la binette du colon désignant une chaise longue en Nouvelle -Calédonie,la binette étant un instrument aratoire, tandis que la chaise longue est indispensable à la sieste, "Pendant que les uns travaillent, les autres se reposent..."
Pour tous les amoureux des mots, quel que soit leur âge !

Lâche pas la patate !, Marie Treps, éditions du Sorbier, 2009, 15 euros.Illustrations de  Gwen Keraval

Le billet d'Esmeraldae qui m'avait donné envie !

10/09/2009

L'inattendue

L'inattendue, carnet de bord d'une grossesse tant désirée, remue-ménage intérieur, dans le corps et dans le coeur d'une jeune femme qui garde dans un coin de sa tête le décès d'un jeune frère  disparu depuis longtemps.
Comment faire cohabiter tant d'émotions contradictoires , comment ajuster sa vie  de femme amoureuse et celle de future mère?  C'est à ce cheminement que nous convie Karine Reysset, qui nous montre également à l'oeuvre son travail d'écrivain. Beaucoup de phrases non terminées, au rythme de la pensée de l'auteure qui ne noircit pas ses carnets mais choisit des  encres colorées pour avancer entre inquiétude et sérénité, au gré aussi des hauts et des bas avec celui qu'elle  appelle "mon amour" souvent et "Olivier" rarement51hV5DNBkWL._SL500_AA240_.jpg
.Alors oui,  parfois ça dérange, cette intrusion forcée du lecteur dans l'intimité d'un couple sur qui on peut mettre des visages mais la force de l'écriture à la fois rude et tendre, non dénuée d'humour, emporte les  hésitations et on se laisse flotter au gré des fluctuations des humeurs dans lesquelles ce  carnet nous entraîne.

Karine Reysset, l'inattendue, Pocket 2009, 175 pages remuantes.

Le très joli billet de Laure qui vous donnera aussi de  belles citations.

09/09/2009

meurtres entre soeurs

"Elle ne sait pas qu'il s'agit d'une prophétie."

Une famille recomposée des années 50:  Mo et Pa, Olivia  et Emily, deux demi -soeurs qui après quelques ajustements parviennent  à bien s'entendre . Tout ce bel équilibre va être remis en question à la naissance de Rosie, petite princesse, chouchou de Ma et Po. Sans se concerter, les  fillettes vont tenter d'assassiner celle qui  empoisonne l'existence de toute la  famille. Est-ce  pour cela que , même  adulte, Rosie  n'aura de cesse de ruiner leur existence ?41m07PFEKzL._SL500_AA240_.jpg
Manipulations à gogo, vengeances,  machinations tortueuses sont au rendez-vous dans ce qui commence comme un comédie , scandée  par les  répliques  pince-sans rire de Pa :
"-Je  me fais  beaucoup  de soucis pour les filles,  confie Mo  à Pa  dans la  soirée
-Peut être que tu  aurais dû épouser un médecin."
ou les leitmotives:

"Elles  sont à un âge délicat
Tous les  âges sont délicats, soupire  Pa."

et va peu à peu prendre une tonalité plus sombre mais non dénué d' un humour , acide et réjouissant. On ne s'ennuie pas une minute et on ne lâche pas ce  roman aux allures d'arsenic et vieilles dentelles contemporain.

Une réussite !

Meurtres entre  soeurs (Sisters under the skin) , Willa Marsh (alias  Marcia Willett), traduit de l'anglais parDaniel  Wargny,  editions Autrement, 206 pages réjouissantes.

 

Merci à Clarabel pour le prêt.

 

 

 

08/09/2009

Le monde de Lenny

Lenny est un élève brillant mais qui pose problème à tous les membres de l'équipe éducative car il ne  "rentre  pas  dans le moule". Impossible de le faire  passer de niveau car "le retard de son développement  affectif  rendrait tout changement catstrophique."9782844207623.gif
Elevé par une mère qui porte des gants en continu (elle est main-modèle pour la publicité), Lenny pose sur le monde un regard aigu et décalé sur le monde qui l'entoure. Les entretiens avec Muriel (une psy? ) et sa relation avec Van-son premier ami !-vont lui permettre de mieux trouver sa place et de laisser libre cours à ses émotions.
Ecrit par l'américaine Kate Banks -à qui l'on doit de nombreux albums destinés aux  jeunes enfants-, Le monde  de Lenny est un roman attachant même s'il possède les défauts de ses qualités. En effet, la répétition quasi systématique des  prénoms des personnages dans les dialogues donnent à ceux-ci un côté trop rigide et trop enfantin pour un roman destiné aux ados à partir de 12 ans. L'attitude de Muriel * qui est là pour aider l'enfant et dont le statut ne sera pas précisé  est peut être aussi un chouïa  idéalisée mais bon...Kate Banks se glisse néanmoins avec habileté dans l'esprit de Lenny ,un petit garçon de neuf ans diablement sympathique.

Le monde de Lenny,  Kate Banks, Editions thierry Magnier,  traduit de l'américain par Valérie Dayre.

* le roman est dédié à "Muriel", alors si cette demoiselle est telle que dans le  roman, je ne peux que lui tirer mon chapeau !

07/09/2009

Mathilda Savitch

"Comme s'il y avait en moi une autre personne qui se tortillerait pour sortir, une pousse. Je  ne suis pas du tout effrayée. En réalité je l'attendais."

Mathilda Savitch décide sciemment de devenir purement et simplement horrible.Comme elle est dotée d'une imagination fertile, l'adolescente va effectivement en faire voir de toutes les couleurs à ses parents et à ses amis. Cruelle pour exister aux yeux de ses parents, qui ne se remettent pas de la mort de leur fille aînée, tout en niant leur douleur. Cruelle envers ses amis car elle non plus n'arrive pas à verbaliser sa douleur et son sentiment  de culpabilité. Sur fond d'une Amérique qui  ne se remet pas de ses attaques terroristes, le portrait acide et tendre à la fois, pervers et innocent ,d'une adolescente qui tour à tour met mal à l'aise et tord le coeur.Un portrait qui a néanmoins un côté un peu trop "léché"et attendu pour convaincre totalement.41tZrqLjyAL._SL500_AA240_.jpg t Un chouïa trop américain, quoi.

 

Mathilda Savitch, Victor Lodato, traduit de  l'anglais (Etats-Unis) par Fanchita Gonzalez Battle.275 pages trop sciemment dérangeantes.

Merci Cuné !

ps: j'ai  eu un peu peur en lisant dans la 4 ème de couv' que Mathilda  torturait son chien bien-aimé , en fait elle le réveille ne le pinçant ,mais le laisse dormir sur son lit... Ouf, je m'attendais à bien pire !:)

L'avis enthousiaste de Cécile.

06/09/2009

Le sens de la famille

 

"Autobiographie de l'inconnu"

"Je suis au téléphone avec ma mère lorsqu'elle reçoit un coup de  téléphone  l'informant que ma mère est morte. Voilà qui ressemble un peu trop à un vers de Gertrude Stein."
Ces  phrases étonnantes sont extraites du récit autobiographique de la romancière américiane A. M. Homes. Elle a 31 ans quand surgissent dans sa vie d'abord sa mère biologique, exaltée à l'idée de rencontrer sa fille, puis son père biologique qui aura une attitude beaucoup plus ambivalente.51PxpzK70bL._SL500_AA240_.jpg
Quelle est la part de la génétique,  quelle est la part de l'éducation  dans ce qui fait son identité?  Voilà quelques unes des questions que se pose A. M Homes  et qui l'amèneront progressivement à remonter le temps, dans ses deux familles. Six textes courts constituent ce récit qui se conclut de la plus jolie façon : à une table ancienne- léguée par sa grand-mère- en compagnie de sa fille. Comme s'il avait fallu tout ce chemin pour que la romancière accepte de donner la vie.
Croisant son expérience d'adoptée et d 'écrivaine reconnue, A.M Homes fouille au plus profond ses sentiments,sans tabou,  imagine les relations de ses parents biologiques et adresse toute une floppée de questions à son père, le traînant en quelque sorte devant un tribunal dont on ne sait s'il est réel ou imaginaire. Tout ne trouvera pas de réponse mais l'auteure ne pourra plus écrire  "Je me suis volatilisée".

Le sens de la famille, A.M Homes,  traduit de l'américain par Yoann Gentric, Actes Sud.  235 pages troublantes.

Merci Cuné !


05/09/2009

Le joueur d'échecs

Allez savoir pourquoi ,  j'étais persuadée que Zweig était un auteur du XIX ème  siècle...Allez savoir pourqoui  je cofondais l'intrigue du Joueur d'échecs avec celle d' un autre texte mettant aux prises des adversaires humains à un automate invincible...(Tiens c'est de qui d'ailleurs ce texte? )
Il aura fallu la conjonction d'une remarque de Papillon ici et du billet récent(en août) d'une blogueuse (que je n'ai évidemment pas retrouvé,  si elle  se reconnaît, vite je mettrai le  lien !) pour que je  comprenne  ma  double erreur: ce texte a été écrit en 1941  et nous montre comment un homme arrêté par les nazis, subissant ce qu'on appellerait de nos jours une expérience  de privation sensorielle, parvient à s'emparer d'un livre qui , ô déception, n'est qu'un manuel d'échecs, manuel d'échecs qui lui permettra pourtant de tenir tête à ses geôliers...41J034cHIsL._SL500_AA240_.jpg
Stefan Zweig en 95 pages réussit à nous montrer la double souffrance d'un homme : celle due à sa captivité sans violence  physique est tout aussi redoutable que s'il avait été envoyé dans un camp de travail mais aussi les ravages que peuvent causer les monomanies, c'est à dire l'obession d'une seule idée.
Les passages consacrés à la découverte et à la lecture du livre dérobé  'ont fait penser aux propos tenus par Jean-Paul  Kaufman qui lors de sa  captivité, quand il parvenait à obtenir un livre  faisait durer le plaisir en lisant l'ouvrage dans tous les  sens, y compris à l'envers, se régalant même à la lecture d'Harlequinades...La même fièvre à l'idée de lire...
"Je voulus d'abord savourer toute la joie que me donnait la seule présence de ce livre, et je retardai à dessein le moment  de le  voir,  pour le  plaisir  excitant de  rêver en me  demandant quelle sorte de livre  je voulais que ce  fût :  surtout , imprimé très serré,  avec le plus de  texte possible,  des feuillets très,  très fins, afin que j'aie plus longtemps à le  lire. J'espérais aussi que ce  serait une oeuvre difficile,  qui demanderait un gros effort intellectuel,  rien de  médiocre,  quelque chose qui  puisse s'apprendre,  qui se puisse apprendre  par coeur, de la poésie  , et de préférence- quel  rêve téméraire!-Goethe ou Homère."
Un pont également par de-là les années avec ce roman de Richard Powers...

Une oeuvre dense et puissante , profondément humaine.
Merci à toutes celles qui m'ont permis , par des chemins détournés, de rencontrer cet auteur !

Le blogobook vous  mènera  vers plein de billets - qui avaient aussi "préparé le  terrain" !

04/09/2009

L'amour en kilt

Quel plaisir de retrouver tous les habitants du 44 Scotland Street !  Certains ont déménagé, provisoirement ou pas , de nouvelles têtes ont fait leur apparition mais tous sont toujours aussi sympathiques et même les mauvais garçons ne sont pas bien dangereux , car ne l'oublions pas nous sommes dans une comédie.510EkwxrhyL._SL500_AA240_.jpg
Alexander McCall Smith célèbre avec autant de bonheur que dans les volumes précédents les charmes de sa cité de prédilection,Edimbourg, même s'il s'autorise quelques incursions exotiques  et manie les rênes de son feuilleton avec autant de dextérité que d'habitude. Pas de surprises donc mais pas de déception non plus.Et c'est déjà pas mal !

 

L'amour en kilt,  Alexander McCall Smith,  10/18 ,  446 pages qui donnent  le sourire , 14  euros quand même !

Un grand merci à Clarabel pour le prêt !

Les avis d'Armande, Dasola, et d'autres ? :)

03/09/2009

L'annonce

Paul , quarante-six ans , paysan en Auvergne. Il vit depuis toujours ou presque en compagnie de sa soeur et de deux grands-oncles en quasi autarcie. Il ne veut pas finir sa vie seul.31mEq+mwMdL._SL500_AA240_.jpg
Annette, trente -sept ans, a connu une histoire d'amour pleine de cris et d'alcool avec Didier. Sans métier, elle est prête à  quitter Bailleul dans le Nord  en compagnie de son fils, Eric, pour redonner un sens à sa vie.
Faisant la jonction entre les deux, une petite annonce.
Le roman de Marie-Hélène Lafon commence par un magnifique description de la nuit dans le Cantal et d'emblée le lecteur sait qu'il est captif. Cet homme qui veut "faire maison", cette femme qui  sait qu'elle devra faire  face à  une quasi  guerre de tranchées mais qui  va petit à petit s'ajuster autant au paysage qu'au corps de cet homme, à sa vie même, nous ne pouvons plus les lâcher des yeux.  Ils  sont là devant nous et ce  récit qui malmène la chronologie sans que pour autant nous perdions le fil, nous mène, tout en délicatesse à ce qui va devenir sans que jamais le mot soit prononcé une histoire  d'amour.
Tous les  personnages, y compris la gourmande et futée chienne Lola, prennent  une densité intense quand l'auteure  nous les montre dans leur quotidien. Ah la lecture  du journal"La Montagne"  par la soeur Nicole, Nicole farouchement  décidée à  conserver ses prérogatives, fût ce dans les détails les plus anodins...Ah la quasi  vénération du magazine Thalassa "auquel les oncles convertis par elle vouaient une sorte de culte confinant à l'idolâtrie, pratique d'autant plus incongrue que Nicole, pas plus que les oncles , n'avait jamais vu la mer et n'en manifestait ni le désir  ni le regret." La maison, théâtre de luttes sourdes mais jamais sordides, elle même devient un personnage.
Rien de superflu dans ce texte qui s'élance en amples  envolées, supprimant au passage quelques virgule superfétatoires, pour  mieux rendre compte de la vie, tenace, qui se donne à voir à l'oeuvre.
C'est l'amour d'un pays et de ses habitants qui donne toute sa saveur à ce roman qui nous prend par la main et ne nous lâche plus.

L'annonce, Marie-Hélène Lafon, Buchet Chastel, 196 pages quasiment toutes cornées! à lire et relire.

L'avis  de Lapinoursinette.