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19/06/2010

Petit bréviaire du braqueur, Petite bombe noire

Excellente nouvelle  : Petit bréviaire du braqueur est à nouveau disponible en poche! Précipitez-vous !
Et si vous ne l'avez pas encore fait profitez-en pour découvrir Petite bombe noire !

Leur auteur, Christopher Brookmyre, possède un humour vachard, un style vigoureux ("plus serré qu'un cul de dromadaire pendant une tempête de sable") et ses héros roulent souvent à une vitesse "diana-cide" . Ses intrigues sont pleines de rebondissements et se déroulent dans une région pas du tout glamour , l'Ecosse, qu'il connaît comme sa poche et qu'il nous rend attachante avec ses supporters de foot azimutés et ses alcools variés. Mais surtout Brookmyre, comme les "méchants" de ses livres,  est un grand spécialiste de la manipulation jubilatoire. On se laisse mener en bateau avec bonheur aux côtés de l'inspectrice Angélique de Xavia qui , petite, femme et noire , cumule tout ce qui peut déplaire à ses collègues. A défaut de collectionner les amants (elle déplore  qu'ils soient moins nombreux que ceux qu'elle a refroidis), elle accumule les ceintures noires dans divers sports de combat mais n'en reste pas moins une femme qu'il faut traiter avec délicatesse même si ,comme dit un de ses collègues admiratifs,elle a des couilles.9782757815601.jpg41kgKkwQqhL._SL500_AA300_.jpg
Brookmyre pulvérise avec panache tous les poncifs du genre policier (la prise d'otages dans Bréviaire... est un régal) et nous gratifie au passage d'une analyse politico-économique de la pipe (pas celle de saint Claude, l'autre) ou d'une diatribe contre les Pauves Enculés de Banlieusards...Un régal !

Tous deux disponibles chez Points Seuil.

 

18/06/2010

Du bout des doigts

"Ta fortune, c'est l'avenir qui la fera."

Londres, 1862. Issue du quartier des voleurs et des receleurs, la jeune Sue Trinder accepte de participer à une escroquerie sur la personne d'une riche héritière de son âge-bientôt dix-huit ans, Maud Lilly. Mais les événements ne vont pas se dérouler comme prévu...
Ouvrir Du bout des doigts c'est s'immerger à la fois dans le monde des bas-fonds de Londres, avec ses codes de conduite et son argot, mais aussi découvrir l'univers beaucoup plus feutré et confiné de bibliophiles d'un genre particulier. C'est aussi se laisser surprendre par des coups de théâtre à tiroirs, par tout un jeu de manipulations perverses.41CMTJPAJ8L._SL500_AA300_.jpg
Alternant les points de vue de Maud et de Sue, Sarah Waters n'en donne que plus de profondeur à son récit et à son interrogation sur l'identité. Elle nous peint un univers où les femmes peuvent, suivant le bon plaisir des hommes, être retirées de la société, quelle que soit leur condition sociale, soumises qu'elles sont à l'autorité masculine.
Il n'en reste pas moins que ses héroïnes, tour à tour flamboyantes ou brisées , ont une énergie folle qui leur permet d'affronter les épreuves qui jalonnent ces neuf mois de leur vie.
Mariage secret, traîtrises, détention, sont quelques uns des motifs des romans noirs du XIXème siècle que l'auteure revisite avec aisance et détourne avec bonheur. L'atmosphère des ruelles de Londres  ,grouillantes de voyous et de gens du peuple ,est particulièrement bien rendue-on s'y croirait !- et le lecteur ne s'ennuie pas une minute tout au long de ces 750 pages qui filent à toute allure !

Dire que j'ai laissé dormir 4 ans ce chef d'oeuvre dans ma PAL! pfff !

Du bout des doigts, Sarah Waters, 10/18, traduit de l'anglais par Erika Abrams.

L'avis d'Ys qui vous conduira vers plein d'autres...

 

17/06/2010

Il ne fait jamais noir en ville

"On a tous quelques angles morts.
Etre fort, c'est savoir accepter ses faiblesses."

Dix nouvelles aux tonalités et aux styles très différents constituent le recueil Il ne fait jamais noir en ville.
Marie-Sabine Roger se glisse avec aisance dans la peau des ses héroïnes  qu'elle soit employée modèle que l'adoption d'un chat va menerla rébellion, celle d'une femme sur qui on peut toujours compter qui glisse entre deux phrases sa propre détresse avant d'aller panser clele d'un vieil oncle abandonné: "Il a vécu sa vie. J'occupe le terrain.
Je meuble de mirages une immensité vide. je fais une oasis de trois pauvres pépins.
Si un arbre pousse, je l'arrache."

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Plus prévisibles"la parenthèse" ,"Tout va bien" " Ce bon Monsieur Mesnard" et "Les mariés" qui sacrifient à la forme de la nouvelle à chute. mais Marie-Sophie Roger n'est jamais aussi à son aise que quand elle se penche sur ceux que Pierre Sansot appelait joliment "les gens de peu". Ainsi le conte de Noël  ,"Ce soir c'est fête" une oasis d'humanité dans une banlieue dévorée par l'urbanisme ou bien encore  la nouvelel qui donne son titre au recueil avec ces vielles dames de la campagne comme "Deux vieilles éléphantes foulant leur chagrin en silence, sous leurs larges plantes de pied."
Une écriture sensible et poétique mais  des textes sonnent parfois faux à trop vouloir surprendre leurs lecteurs.

Marie-Sabine Roger, Il ne fait jamais noir en ville, Editions Thierry Magnier, 2010 , 106 pages.

L'avis plus enthousiaste de Clarabel.

16/06/2010

Rien ne va plus

« Ci-gît Aurore, noyée dans le philtre.»

Aurore, maintenant en classe de Seconde, doit jongler entre ses fiches de lecture (hilarantes), sa famille avec , entre autres, une soeur qui rentre dans le rang et une autre qui entend tout régenter, sans oublier son groupe.41K820Xpg7L._SL500_AA300_.jpg
Et l'amuuuuur dans tout ça ? Il est toujours au centre de ses préoccupations mais notre chère Aurore va aussi se lancer dans l'écriture de chansons, voire de chansons « engagées » car un embryon de conscience politique va lui naître...
Aurore s'émancipe aussi : elle sort (un peu), elle boit (trop) mais une seule fois et se frotte même au monde de la télévision, mais là où Marie Desplechin donne toute sa mesure c'est dans la description d'une semaine de vacances chez des gens trop parfaits et proprement atroces.
Je n'ai pas cessé de m'esclaffer et de rire en suivant ce qui est suggéré comme le dernier tome du journal d'Aurore, un final en beauté donc !

Emprunté à la bibliothèque.

Rien ne va plus, Marie Desplechin, Ecole des loisirs 2009 , 326 pages.

15/06/2010

La ferme des Neshov

Ayant été quelque peu échaudée par la traduction calamiteuse du précédent volume, j'ai sagement attendu que La ferme des Neshov me tombe sous les yeux.51HpfPtCdPL._SL500_AA300_.jpg
Et là, en un rien de temps j'ai retrouvé mes repères et suivi avec passion les rebondissements de cette saga familiale placée ici sous le signe du changement.
Débarrassés du lourd secret qui plombait l'ambiance , les personnages vont en effet évoluer de manière parfois radicale. Chacun d'entre eux devient encore plus attachant-même Margido le croque-mort !- et l'on apprend au passage comment décorer de manière originale une vitrine , les rudiments du dressage canin ou l'art et la manière de sauver des porcelets.
La transmission de la ferme devient un problème crucial et Anne B. Ragde joue avec nos nerfs en terminant ce volume sur un suspense insoutenable. De la belle ouvrage !

La ferme des Neshov, Anne B. Ragde, traduit du norvégien par Jean Renaud, 380 pages qui donnent envie d'aller faire un tour en Norvège.

l'avis de Cuné.

Emprunté à la médiathèque.

14/06/2010

13 heures

"Elle était forcément en sécurité avec quelqu'un qui aimait les livres."

Benny Griessel a senti dès son réveil que cette journée ne serait vraiment pas bonne. Effectivement. Chargé de superviser de jeunes flics du Cap, il va être confronté  au meurtre d'une jeune américaine et à celui d'un ponte de la musique, tout en luttant contre une irrésistible envie de replonger dans l'alcool.La tension sera à son comble quand les policiers découvriront que les meurtriers de la touriste traquent maintenant son amie.41mnBTDZTSL._SL500_AA300_.jpg
Scandées par les indications horaires, ces Treize heures ordinaires d'un flic sud-africain se révèlent particulièrement intenses. Deon Meyer nous plonge dans les embouteillages, la chaleur, les pannes de courant qui paralysent la ville et entravent les policiers. Avec un montage saccadé, il frustre sciemment son lecteur, passant d'une affaire à une autre, multipliant les points de vue en nous faisant partager au passage les tiraillements qui agitent les différents groupes ethniques composant cette fameuse nation arc-en-ciel. L'apartheid a disparu mais l'harmonie ne règne pas pour autant. Les personnages sont bien croqués et le roman est haletant. Prévoir une longue plage horaire pour déguster ce roman d'une seule traite !

13 heures, Deon Meyer, Seuil policiers 2010, traduit de l'anglais(afrique du sud) par Estelle Roudet., 460 pages scotchantes.

Emprunté à la médiathèque.

A noter que le précédent vient de sortir en poche. Billet ici.

 

13/06/2010

Rosalie Blum, II, Haut les mains, peau de lapin

Aude, ne va plus à l'université et glande avec un peu de mauvaise conscience en compagnie de son Kolocataire, encore plus fauché qu'elle et toujours entre deux projets de numéros de cirque foireux. Les journées sont monotones ausi quand Rosalie Blum, sa tante, demande à la jeune fille d'espionner un homme qui la suit, c'est avec enthousiasme  qu'Aude et ses amies Cécile et Bernadette se lancent dans l'aventure.
Camille Jourdy montre très bien cette paresse qui englue son héroïne, procrastinatrice de première, qui comate devant la télé plutôt et "oublie" systématiquement les rappels de la vie quotidienne.51TGdZ6haTL._SL500_AA300_.jpg
Les dessin fourmillent de détails et ceux qui occupent une pleine page sont de parfaits petits tableaux du quotidien, salon encombré, marché miteux, paysages de banlieue, qui prennent ici une dimension poétique et tendre. On en redemande ! Alors que celui-ou celle- qui a emprunté le tome 1 à la médiathèque se dépêche , bon sang de bois !

Il y avait (très ) longtemps que je n'avais pris un tel plaisir à lire et  à admirer une BD !

Rosalie Blum, tome II, Haut les mains , peau de lapin, Camille Jourdy, Actes Sud bd 2008.

Emprunté à la médiathèque.

Plein de liens chez Theoma !

12/06/2010

Chanson sans paroles

Liz, mariée, deux enfants, a su préserver , par-dessus les années son amitié avec Sarabeth,  bine partie  pour  rester célibataire.
Quand Lauren la fille de Liz tente de se suicider  toute cette belle harmonie va lentement mais sûrement se fissurer, cet acte renvoyant trop Sarabeth a son passé douloureux.413I5eJfAjL._SL500_AA300_.jpg
"Et qu'était une amie alors? ", c'est à  cette question que tentent de répondre  chacune de leur côté ces deux personnages féminins qu'Ann Packer peint avec beaucoup  d'empathie. On pourrait également y ajouter cette question sous-jacente: "Et qu'était une mère alors ? ", Sarabeth ayant  eu une mère qui n'a  pu ou su assumer ce rôle tandis que Liz se torture à l'idée de ne pas être une mère suffisamment bonne.
En parallèlle,  un très joli portrait d'adolescente qui  s'autodéprécie et n'arrive pas à nouer des liens d'amitié et/ou d'amour.
Que l'on s'identifie à l'une ou l'autre de ces femmes, on trouvera un texte jamais mièvre , parfois acide mais avec une lucidité sans pareille ainsi Liz:"Elle  refit la  queue pour acheter son paquet de  café, alors que la vendeuse  essayait, tant bien que mal, de se faire  à l'idée qu'elle était payée pour travailler. Elle devait avoir  dix-huit ou dix-neuf ans et était si lente que ce  ne pouvait qu'être voulu.  Liz  comprit  qu'elle  n'aurait pas été aussi énervée si elle  n'avait craint que Lauren ne finisse comme elle."
Un très bon moment de lecture.

Vient de sortir en poche chez Points Seuil.

11/06/2010

Brève histoire de pêche à la mouche

"Il y a des gens qui, essentiellement, tirent leur sécurité de la permanence de leur malheur."

Quand trois psys partent à la pêche un matin de septembre, qu'est-ce qu'ils se racontent? des histoires de psy ? Pas seulement. Ils nous livrent aussi les phantasmes ( très chastes au demeurant) que leur inspire une jeune serveuse ,ainsi que leurs pensées les plus noires. Ils frôleront une mini catastrophe mais apprendront fortuitement qu'une autre, bien plus réelle, se déroulait simultanément , ailleurs...510m4VVxYQL._SL500_AA300_.jpg
Un récit plein de couleurs, de sensations qui m'a parfois mise mal à l'aise car ces pensées tournant autour de la jeune femme je n'avais pas vraiment envie de les connaître. Des pages parfois dérangeantes mais aussi souvent très belles.

 

Un grand merci à Lily pour le prêt !

Brève histoire de la pêche à la mouche, Paulus Hochgatterer, traduit de l'autrichien par Françoise Kenk, Quidam éditeur.

 

10/06/2010

Rester vivante

"Les mots ont été pires que les coups."

Coincée entre une mère passive et un père qui entretient une relation trouble à la sexualité, Josepha, fille unique, peine à ajuster son corps et ses idées. Elle bride ses mots car "Si je commence à dire ce que je ressens, ça fera un massacre." Il lui faudra aller vers les autres pour Rester vivante.41SW2eDDQbL._SL500_AA300_.jpg
Catherine Leblanc a su trouver les mots pour dire le mal-être de cette adolescente, la violence et la tendresse qui se succèdent à la seconde, la révolte et la léthargie qui caractérisent souvent cette période riche en montagnes russes. A plus de trente ans de distance, j'ai revécu au plus profond les sensations et les sentiments qui se bousculaient alors en moi. Une drôle d'expérience !
La couverture sobre, presque épurée de cette nouvelle édition s'ajuste parfaitement aux propos de l'auteure.

Rester vivante, Catherine Leblanc, Actes Sud junior 2007 , réédition 2010 , 109 pages qui sonnent juste.