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02/03/2017

#Bonnet

" L'effet boule de neige l'a entraîné, avec cette désagréable impression que jamais il ne s’arrêtera."

Parce qu'il a embrassé  involontairement dans le cou Lina Darius ,la star des médias, Tristan se retrouve au cœur d'un maelstrom qui va bouleverser sa vie. En effet, la photographie de ce baiser se retrouve sur tous les réseaux sociaux qui s'enflamment aussitôt car Lina entendait bien jusqu'à présent ne pas leur livrer le moindre morceau de sa vie privée. Quant à Tristan, identifié par l'infâme bonnet péruvien qu'il arbore, il doit d'abord subir la vindicte de sa compagne, puis tenter d'échapper aux journalistes lancés à ses trousses.eliane girard
Dans cette satire d'internet et de ses dérives, Éliane Girard ,familière du monde des médias, se livre à un réjouissant jeu de massacre où chacun s'amusera à reconnaître au passage telle chaîne d'information en continu ou tel animateur vautour friand de ragots...
Un roman qui cavale à toute allure et nous rappelle au passage avec quelle facilité nous livrons volontairement des informations personnelles sur les réseaux sociaux, sans forcément envisager les conséquences. Un agréable moment de lecture.

#bonnet, Eliane girard  Buchet-Chastel 2017, 222 pages réjouissantes.

 

 

01/03/2017

La solitude des femmes qui courent

 

"Ma vie n'est pas satisfaisante. Je suis seule, j'ai un travail qui me frustre. Adèle est mon unique réussite, la personne qui donne un sens à ma vie." Ainsi parle Justine Trévise , divorcée, la petite quarantaine, qui s'échine à courir dans Paris entre une entreprise qui bat de l'aile, ses amies fidèles et sa petite fille.
Revenir s'installer dans le village de son enfance lui permettra peut être de repartir de zéro, de retomber amoureuse et d'élucider les non-dits familiaux.julie printzac
Romance fortement axée sur l'amitié entre femmes, La solitude des femmes qui courent est un roman qui obéit aux lois du genre, tout en ménageant un certain suspense. Si l'histoire est bien menée, les dialogues qui l'émaillent sonnent faux, ce qui enlève toute harmonie au texte. Dommage.

La solitude des femmes qui courent, Julie Printzac, Lattès 2017.

julie printzac

27/02/2017

Les filles des autres

"...les gens étaient prêts à tout accepter, sauf la vérité."

Julie Whitaker, 13 ans, se fait enlever  sous les yeux de sa sœur. Huit ans plus tard, une jeune fille blonde et amaigrie s'évanouit à la porte de la famille Whitaker.C'est Julie. Ou pas. Car d'emblée le doute s'instille dans l'esprit de la mère de famille, et donc dans le notre car c'est ce personnage qui prend en charge la partie essentielle de la narration. L'autre est assumée par des narratrices qui remontent le temps et traversent bien des épreuves. L’alternance des deux évite de plonger trop dans le pathos et déroute assez le lecteur dans un premier temps, avant que tout ne s'éclaire à la toute fin du roman.amy gentry,suspense
L'aspect policier reste quasi anecdotique, le récit étant davantage centré sur les relations mère/fille et sur les mensonges au sein d'une famille passablement ravagée par cette disparition.
Mais plus que l'aspect psychologique, d'ailleurs plutôt réussi, c'est le côté manipulateur de ce roman qui m'a séduite. En effet, il n'y a en apparence que deux solutions possibles au problème initial: soit l'enfant enlevé est bel et bien revenu (effusions, bla bla bla), soit c'est un imposteur (qui ? pourquoi ?).
Amy Gentry opte pour une solution médiane, sans pour autant frustrer son lecteur. En dépit  de quelques longueurs, le texte est bien écrit, fluide et nous ferre d'emblée. Il y a longtemps que je n'avais été captivée par un tel suspense !

Les filles des autres, Amy Gentry, traduit de l’américain par Simon Barril, Robert Laffont 2017.amy gentry,suspense

24/02/2017

Le perroquet

"...J"ai compris que j'allais passer une semaine de plus dans ce monde imaginaire...loin de la maladie de maman."

"Marie souffre de troubles bipolaires à tendance schizophrénique !!!", tel est le diagnostic posé par les spécialistes. Des troubles qui l'obligent à fréquenter des établissements psychiatriques, séjours qui l’éloignent de son fils Bastien.espé
Dans cette BD autofictionnelle, l'auteur, Espé, à choisi de se replonger dans ses souvenirs d'enfance, de nous faire partager sa vision de la maladie de sa mère. Une maladie qui peut  faire basculer cette jeune femme d'un instant à l'autre dans une crise d'une violence extrême. La violence, on la ressent aussi dans l'incompréhension de certains proches , le grand-père maternel en particulier, dans ce que croit comprendre l'enfant doté d'une imagination débordante, mais aussi dans l'extrême pauvreté de certains services hospitaliers (murs lépreux, meubles vissés au sol...).
Le rouge orangé flamboie dans toutes les cases associées à ces crises soudaines,le gris bleuté, l'ocre étant réservés aux scènes plus neutres, tandis que le vert baigne les rares instants de calme et de bonheur partagés avec cette mère  trop souvent tourmentée.
La seule porte de sortie pour le narrateur, confronté à des scènes ou des propos qu'un enfant ne devrait pas connaître, est le monde imaginaire qu'il s'est créé et dans lequel sa mère est devenue une super héroïne.
Le dessin est d'une rare puissance, s'attachant parfois aux détails, mais explosant surtout de cette souffrance maternelle.
Quant au perroquet qui donne son titre à l’œuvre , aussi moche et rudimentaire soit-il, c'est le un magnifique témoignage d'amour et de transmission.

Une œuvre poignante et forte, brisant les tabous, qui file directement sur l'étagère des indispensables !

le Perroquet, Espé, Glénat 2017,

23/02/2017

Les hommes meurent, les femmes vieillissent...en poche

 "On a vidé des centaines de pots, persuadés qu'elle serait toujours là.Après, c'était trop tard pour lui demander ses recettes, on n'a pas osé. Pas question d'envisager de prendre la suite, d'accepter de se passer d'elle."

 Voici un roman choral donnant la parole successivement aux dix femmes d'une  famille qui fréquentent le même institut de beauté où officie Alice.Alice, qui tient des fiches sur ses clientes, présentation décalée et pleine de piquant qui introduit chaque chapitre.
L'autre lien qui les unit en filigrane est le suicide d'Eve, l'une d'entre elles, ainsi que la lettre qu'elle a laissée à son fils ,mais qu'il n'a jamais lue. isabelle desequelles
Évoqués tout au long du roman, ils introduisent une tension dramatique qui ne sera résolue qu'à la toute fin, quand Alice prendra la parole.
Si je n'ai pas retrouvé la qualité d'écriture du roman de Fabienne Jacob Corps (clic) qui explorait elle aussi ce territoire de l'intime ,mais sans le lier à un contexte familial, j'ai néanmoins apprécié ces portraits de femmes, en particulier celui de l’aïeule, plein d'émotions et de retenue. Un bon moment de lecture.

 

 

 

 

De la même autrice: clic.

21/02/2017

Troisième personne

"Ils ne savent plus comment c'était de n'être responsables que d'eux-mêmes. Ils se questionnent mais ils ne peuvent revivre cet état comme on enfilerait un vieux vêtement retrouvé par hasard."

Commencé par un magnifique travelling où l'on suit à travers les rues de Paris transfigurées le trajet d'une mère et de son enfant tout juste née jusqu’au domicile devenu familial, le roman de Valérie Mrejen se clôt par la course effrénée de la fillette, éperdue de liberté (valérie mréjen"Vos enfants ne sont pas vos enfants", disait Khalil Gibran...).
Entre les deux,toutes les métamorphises induites par cette Troisième personne:les doutes, les émerveillements, les angoisses, la fatigue...
Un roman plein d'amour et de poésie qui parlera à toutes les générations de mères, un parfait cadeau de naissance, jamais mièvre.

Le billet de Cuné qui m'avait donné envie.

 

Sur le même thème, en plus punchy et  plus féministe: clic.

 

 

 De la même autrice: clic

20/02/2017

Le pull où j'ai grandi

" On m'a dit de faire dans la vie ce que je savais faire de mieux, je m'y emploie chaque jour : je raconte des histoires qui servent à fabriquer des livres et à maintenir le monde à température. Je tue le temps mais jamais les insectes, ni les taupes, ni les plantes. A-t-on besoin d'en savoir plus ? "

Comment ne pas apprécier un auteur qui termine sa présentation par un tel paragraphe ?
De plus, en douze chapitres, il nous livre le roman d'apprentissage plein de charme d'un adolescent de dix-sept ans, chiffre figurant fièrement sur le pull que lui a tricoté sa mère. Un pull qui va le suivre au fil de ses aventures, entre concerts de rock, petits boulots en Turquie, grandes plages de lecture, sans oublier les copains avec qui on se fâche mais qu'on ne laisse pas tomber.hervé giraud
C'est tendre, cocasse, on a souvent l'impression de découvrir ce que nos mutiques ados dissimulent sous un grognement peu amène et on passe un excellent moment en compagnie de cette bande de lascars de la classe moyenne.

 

Le pull où j'ai grandi, Hervé Giraud, Thierry Magnier 2016, 129pages

19/02/2017

La douleur porte un costume de plumes...en poche

C'est ce que je fais, je lui offre des performances décousues , des trucs de corbeau. je crois qu'il a un peu l'impression d'être un chamane de Stonehenge qui entend l'esprit de l'oiseau. Moi ça me va tant que ça le fait tenir.)

Mégalithe !"

 

Un corbeau gigantesque investit le logis et la vie d'un jeune veuf et de ses deux enfants. Usant parfois d'un sabir déclamé en tirades rythmées (bravo au traducteur) ou de méthodes thérapeutiques inédites, le corvidé va insensiblement ramener les humains ,qu'il tarabuste et protège à la fois, du côté de la vie.
Le père n'est pas dupe du fait que "La frontière était mince entre mon imaginaire et le monde réel" et cette ambivalence est aussi marquée par les besoins qu'il affirme avec véhémence: ceux du quotidien , mais aussi ceux de la culture.max porter
Le dérèglement de leur existence, leur souffrance mais aussi les éclats de rire et l'amour qui persistent malgré tout, l"ajustement constant "que lui a appris le corbeau, tout ceci est restitué avec délicatesse dans un roman choral court où se donne à entendre une voix parfois maladroite ,mais qui possède un style bien à elle, jouant avec la typographie et l'espace .
Une expérience à tenter !

18/02/2017

Quand le diable sortit de la salle de bain...en poche

"Il y avait bien entendu la question du crédit, ces satanées charges, mais je ne m'enlèverai pas entièrement du crâne que le travail, c'est aussi de la came, du chasse-conscience, c'est l'évacuation de soi par un moyen extérieur."

Sophie, trentenaire au chômage,connaît "la dèche" et en analyse avec précision les conséquences, l'une d’elle étant "de vous claquemurer dans vos soucis".à cet enfermement, à cette raréfaction des relations humaines aussi, s'oppose la grande liberté d'expression de la narratrice qui ne s'interdit rien ni les fantaisies typographiques, ni les remarques de sa mère qui commentent ses actions ( un peu comme une voix off), ni les longues énumérations foutraques  (je n'aime pas les hommes qui... ), les listes de synonymes, l'intervention d'un diable lubrique, sans oublier celles un ami tout aussi désargenté qu’elle qui connaitra un entretien surréaliste et hilarant chez Pôle Emploi. Quant au plaidoyer du grille-pain qui ne veut pas être vendu, en vers raciniens, s'il vous plaît, c'est un petit chef d’œuvre d'émotion, si si ! sophie divry
Les ruptures de tons et la fantaisie débridée ne doivent pour autant pas faire oublier les descriptions très justes du monde de la restauration, la réflexion sur la manière dont ceux qui travaillent envisagent les chômeurs et l'impossibilité de partager avec sa famille, pourtant bienveillante, ses soucis.
Sophie Divry réussit un pari a priori fou: évoquer la pauvreté de manière extrêmement précise sans jamais tomber dans le pathos et en faisant tout à la fois sourire et réfléchir son lecteur.Jubilatoire.

17/02/2017

De la joie d'être bordélique

Un titre accrocheur, une couverture foutraque attrayante, voilà qui m'avait donné envie de lire cet anti -art du rangement.
Hélas, à part quelques arguments, souvent répétés et sans grande originalité, si l'auteure brocarde la papesse du rangement qui préconise de remercier les objets dont nous n’avons plus l'utilité, le discours tourne court et vire plutôt à l'éloge de la société de consommation  et du shopping (adresses incluses). Déception donc. D'autant que le langage , peu châtié, devient vite lassant.Jennifer McCartney

Jennifer McCartney

06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : jennifer mccartney