03/10/2025
#LesUniversalistes #NetGalleyFrance !
""C'est une sorte de Bûcher des vanités contemporain, finit-elle par ajouter, qui éclaire dans toute leur complexité les enjeux du racisme, des classes sociales et de la cupidité capitaliste à l'ère des réseaux sociaux !""
Un fait-divers sordide en pleine pandémie de Covid , un homme a été assommé par un lingot d'or dans une propriété squattée du Yorkshire, vient opportunément lancer ou relancer la carrière de deux femmes travaillant dans la presse.
Hannah, jeune journaliste , interroge en effet les différents protagonistes et , manipulée par Lenny, une essayiste en mal de reconnaissance , rédige un récit capable d'agiter dangereusement la société. Seul le story telling (communication narrative) compte et la vérité , qui va s'avérer plus complexe, a bien peu d'importance ...
Dans ce récit polyphonique, Natasha Brown brosse un portrait sans complaisance d'une société britannique contemporaine à l'heure des vérités alternatives...
Grasset 2025, 240 pages, traduit de l'anglais par Marguerite Capelle.
09:20 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : natasha brown
24/09/2025
#Léducationphysique #NetGalleyFrance !
" Elle partait du principe qu'elle n'était qu'une marchandise, une pièce de bétail doté d'un corps que les autres pouvaient manipuler à leur guise: les petits garçons, les médecins, les professeurs..."
Catalina, seize ans, s'enfuit de la maison de campagne de sa meilleure amie, car on le devine, le père de cette dernière a eu un comportement inapproprié.Le choc est d'autant plus rude que la jeune fille avait idéalisé cet homme en tant que figure paternelle bien plus positive que son propre père.
En effet , chez elle, par peur du viol, d'une grossesse non désirée et surtout du qu'en dira-t-on, les parents de la jeune fille la maintiennent corsetée (sa mère allant jusqu'à lui faire porter une gaine !). Il lui faut donc absolument rentrer avant vingt-deux heure.
Scandée par des schémas d'horloge, nous suivons donc l'attente d'un hypothétique bus ou, plus dangereux , celle d'une voiture. En effet, trois jeunes filles viennent d'être retrouvées, massacrées.
Double suspense donc, mais surtout flot de pensées de Catalina qui a très vite pris conscience que, dans une société patriarcale, les femmes ont moins de valeur, moins de liberté que les hommes et que ces derniers, par leur double discours, auront toujours raison aux yeux du système.
C'est aussi la conscience d'un corps en plein changement, impossible à contrôler et que la jeune femme voudrait parvenir à faire disparaître...Constat d'une jeune fille en 1994 en Espagne mais qui demeure encore douloureusement d'actualité. Un récit saturé, qui parvient à nous faire ressentir cette sensation d'étouffement, de contraintes répétées, de manière magistrale.
Traduit de l'espagnol par Nathalie Serny. Métaillié 2025.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : rosario villajos
23/09/2025
Les Bons Voisins
"L'Histoire, ce n'est pas seulement ce qu'il y a dans les livres d'histoire, c'est ce dont on se souvient. "
Sous prétexte de photographier des maisons où un crime eu lieu, Cath revient sur l'île de Bute, au large de l’Écosse, île où elle a vécu durant son adolescence et où a meilleure amie, Shirley a été assassinée.
L'occasion de mener une enquête par des chemins de traverse, dans tous les sens du terme. En effet, atteinte d'un nystagmus qui déforme sa vision, l'enquêtrice amateure envisage les faits, les mains et les gens d'une manière singulière.
Tout comme l'autrice d'ailleurs qui juxtapose les époques, entre dans le cerveau d'un protagoniste pour qui les bons voisins, à savoir les fées, lutins et autres bonnets rouges, sont redoutables et fait dialoguer son héroïne avec son amie morte.
On se demande parfois où tout cela va aboutir mais ce roman où plane le souvenir d'Angela Carter (et de sa "compagnie des loups") réussit le pari de ne pas nous lâcher et de boucler l'affaire de manière virtuose. Une autrice dont je vais poursuivre la découverte.
Traduit de l'anglais par Bernard Sigaud. Editions Tristram 2025. 310 pages surprenantes.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : nina allan
08/09/2025
DJ Bambi
"Les gens voudraient savoir ce qu'on ressent quand on ne fait partie d'aucun groupe, quand on en aurait envie mais qu'on n'en a pas la possibilité, ils veulent par leurs lectures se confronter à ce qu'ils craignent de vivre, connaître la souffrance d'autrui et découvrir ainsi de nouvelles facettes d'eux-mêmes. "
Depuis six décennies, celle qui a choisi comme nouveau prénom Logn, à savoir l'absence totale de vent, vivait dans un corps d'homme. Il lui a fallu beaucoup de temps pour cerner son identité (était-elle homosexuelle?) et trouver le courage de le dire à sa famille.
Isolée quasiment de tous, seul son frère jumeau vient le voir quotidiennement, et même s'il est laconique, sa présence témoigne de son soutien et de son amour, la tentation du suicide n'est jamais bien loin. L'attente de "l'opération du bas" et la rencontre d'une ancienne camarade de classe, journaliste qui veut écrire sur elle , conduit Logn à se plonger dans ses souvenirs.
La question de l'identité, mais aussi celle du temps car Logn considère qu'elle "n'[est]pas encore née", sont au cœur de ce roman tout en pudeur et poésie.
Le personnage de l'écrivaine, une certaine Audur T. , s'interroge beaucoup sur la pertinence de ce projet d'écriture qu'elle ne cesse de tourner dans tous les sens et finit par conclure: "Pour être tout à fait honnête, Gudridur Logn, tu es l'une des femmes les plus normales que j'aie jamais rencontrées. "
Audur Ava Olafsdottir n'a pas écrit un roman-dossier sur la transidentité mais un texte sensible, parfois humoristique, ni pessimiste, ni optimiste à tout crin, sur une quête d'identité qui a pris son temps pour aboutir. Un roman plein d'émotion et de justesse qui file sur l'étagère des indispensables.
Traduction de l'islandais par Eric Boury.
Editions Zulma 2025
PS: Un roman qui donne envie de découvrir le roman de l'écrivain juif autrichien Felix Salten, Bambi, la vie dans les bois, publié en 1923, apparemment très différent de la version du dessin animé de Walt Disney...
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Rentrée Littéraire 2025, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : audur ava olafsdottir
04/09/2025
#Riendeplusillusoire #NetGalleyFrance !
"Bien que toutes les histoires aient un dénouement, aucune ne se termine vraiment, elles s'entrelacent comme l'ont fait celles qui vont suivre en espérant former ensemble une seule et même trame. "
Trois voyageurs ,dans un train de nuit ,vont entamer une conversation sur les liens entre fiction et réalité. En effet, faute d'avoir emporté un livre, la narratrice, Alicia, prête attention à la conversation entre Terry, écrivain américain et mentor du troisième comparse, son élève, Bou.
Terry s'interroge sur les répercussions de son roman, inspiré de l'histoire ambiguë qu'il a eue avec un dénommé Hans. En effet, ce dernier, furieux de voir sa vie transposée dans une œuvre de fiction, a disparu.
Une situation de départ plutôt classique, des réflexions sur les points de vue différents sur une même histoire, l'influence des lieux, envisagés comme des décors d'une fiction, tels sont quelques uns des thèmes abordés dans ce roman intéressant et fluide mais dont je conserverai pas grand chose au final, tant les personnages m'ont semblé manquer de profondeur.
Traduit de l'espagnol par Isabelle Gugnon.
Editions les Escales 2025.
06:00 Publié dans Rentrée Littéraire 2025, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : marta-pérez carbonell
28/08/2025
#Couplets #NetGalleyFrance !
"Et soudain c'était le futur. Tu étais libre d'aimer qui tu aimais. "
En couple depuis huit ans, la narratrice vit à Brooklyn avec son petit ami. Elle tombe follement amoureuse d'une femme et sa vie bascule.
Toutes les étapes de la passion sont ici revisitées dans une langue qui se joue de l'espace, des codes typographiques , multipliant les métaphores sensuelles. 144 pages denses et poétiques pour faire vibrer le langage de l'amour.
Traduit de l'anglais par Julia Kerninon.
Editions Les Escales 2025.
06:00 Publié dans Rentrée Littéraire 2025, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maggie millner
21/08/2025
#Lesvulnérables #NetGalleyFrance !
" Quelque chose manque. Quelque chose a été perdu. Je crois que ce questionnement est au cœur de mon écriture. "
En pleine pandémie mondiale, une écrivaine s'interroge sur les relations entre les gens, sur les liens entre fiction et réalité, sur son écriture, elle revient aussi sur son passé. Sa pensée semble vagabonder, de digressions en digressions mais toujours pertinente et intéressante.
Au cœur de cette réflexion également, le récit de gardiennage de perroquet qu'elle a vécu dans un appartement luxueux, en compagnie de l'étudiant velléitaire, qui, au départ était chargé de veiller sur l'animal. L'occasion d 'observer tout à la fois un animal surprenant et un échantillon perturbé de la jeunesse contemporaine.
On s'attache à cette pensée qui avance toujours d'un pas sûr et on souligne à tour de bras les réflexions et les formules de Sigrid Nunez.
Editions Stock 2025.
06:00 Publié dans Rentrée Littéraire 2025, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : sigrid nunez
10/07/2025
La Pommeraie
Envie de vous immerger dans une bulle de douceur et de tendresse ? Envie de découvrir un relation mère-fille singulière au cœur de la nature ? Alors foncez !
Tout ayant déjà été dit sur ce magnifique roman traduit par Céline Leroy, juste un lien: clic
Actes Sud 2025.
11:33 Publié dans l'étagère des indispensables, Les livres qui font du bien, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : peter heller
18/06/2025
Le goûter du lion...en poche
"Mais elle m'a fait comprendre qu'accepter la mort, c'était aussi accepter son désir de vivre, de vivre le plus longtemps possible. Cela a été une véritable révélation pour moi. "
Shizuko, trente -trois ans, se rend sur l’île aux citrons dans un établissement où tout est fait pour adoucir la fin de vie des pensionnaires. Dans un environnement naturel à la beauté exceptionnelle, aidée par un petite chienne qui se prend d'affection pour elle, entourée par un personnel attentif , la jeune femme, dont l'affaiblissement est rendu de manière délicate, va pouvoir se préparer à mourir avec sérénité.
Sur un sujet éminemment périlleux, Ito Ogawa, dans un style fluide , à l'émotion contenue, parvient à nous donner envie de nous rendre sur cette île quand le moment sera venu.
Traduit du japonais par Déborah Pierret-Watanabe
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : ito ogawa
13/06/2025
De si remarquables créatures...en poche
"Mon nombre de neurones s'élève à une demi-million , répartis entre mes huit bras. Quelquefois, je me demande si je n'ai pas plus d'intelligence dans un seul de mes tentacules qu'un humain dans son crâne entier."
Dans son bassin, le bien trop intelligent Marcellus, pieuvre géante du Pacifique , s'ennuie. Alors, il a trouvé le moyen de régulièrement prendre la poudre d'escampette, la nuit, avant de regagner ses pénates. La seule à être au courant de ces escapades est Tova, agente d'entretien zélée, mais qui est minée par la disparition inexpliquée de son fils , trente ans auparavant. Heureusement son groupe d'amies"les Tricotoquées" l'entoure chaleureusement.
L'arrivée d'un jeune homme intelligent, mais qui a le chic pour se fourrer dans des situations lamentables ,va perturber tout ce joli petit monde et changer la donne.
Un premier roman choral mettant en scène des vieilles dames pleines d'énergie et de vitalité et ayant comme narrateur un poulpe,voilà qui pouvait s'avérer extrêmement risqué, voire ridicule. Et pourtant le pari est gagné car les personnages sont riches d'humanité et d'expérience, la narration est fluide et les péripéties entraînent le lecteur à tourner les pages sans s'en rendre compte ou presque. Vous cherchiez une lecture estivale ? La voici !
05:55 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : shelby van pelt