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12/04/2012

Jusqu'au dernier jour

 

Elle ne lui avait jamais dit que ses parents étaient naturistes. Il ne lui avait jamais confié que son frère était gay et handicapé. Commencée à la fac leur histoire d'amour avait capoté mais voilà que au coin d'une rue Ben retrouve Laura. Il est marié, elle est libre, chabadabada ou pas ?
Au fil d'une journée d'été, entrecoupée de souvenirs, nous suivons les anciens amants et voyons comment chacun d'eux a évolué.patrick gale
Ce pourrait être une bluette charmante et quelconque mais Patrick Gale a le chic pour choisir des personnages légèrement excentriques et aborde, mine de rien et avec beaucoup de grâce et d'humour des thèmes qui ne sont pas si fréquents. Ainsi la sexualité des handicapés est-elle abordée sans aucune lourdeur mais avec un naturel rafraîchissant.  Quant à la la description de cette vieille dame naturiste dans son jardin , qui aurait peu être scabreuse, elle devient ici quasiment une invite sensuelle à l'imiter !
Même si Patrick Gale n'atteint pas ici la qualité de son chef d'oeuvre (à mes yeux au moins !) Chronique d'un été (disponible en 10/18) , il nous offre un roman plein de charme .

Jusqu'au dernier jour (The whole day trough), traduit de l'anglais par Isabelle Caron, Belfond 2011, 247 pages douces-amères.

Patrick Gale chez cathulu c'est ici.

10/04/2012

Texasville

"S'il tenait tant à Bobby Lee, c'était , entre autres,  parce qu'il lui suffisait de le regarder pour se souvenir que la vie avait des aspects comiques."

Ses enfants sont plus fous les uns que les autres, sa femme est insolente (on le serait à moins vu la suite), ses maîtresses l'ennuient, son chien est le frère de Rantanplan , il aborde la cinquantaine et doit affronter la crise du pétrole qui le met au bord de la faillite et , ah oui, il doit organiser et participer au centenaire de la petite ville texane dans laquelle il habite !Vaste programme pour Duane qui voit aussi , pour couronner le tout, revenir son amour de jeunesse. larry mc murty
Il aurait pu nous exaspérer ce cow-boy tout sauf serein mais il est fichtrement attachant le bougre et le monde foufoufou qui gravite autour de lui également. Un roman qui cavale à toute allure et donne la pêche !

 

Merci à Keisha qui a su trouver les arguments pour le tirer de ma PAL !

09/04/2012

Bon rétablissement

"Je suis pareil que lui, un constipé du coeur."

Sauvé de la noyade, Jean-Pierre Fabre, veuf, sans enfants, plutôt ronchon, est coincé dans un lit d'hôpital. Un sale coup pour celui qui toute sa vie a eu la bougeotte ! Mais finalement cette immobilisation forcée va lui permettre de cotoyer, voire même de se lier d'amitié avec des gens qui n'auraient jamais autrement fait partie de son univers. Un double rééducation donc: celle de ses membres fracassés par la chute et celle de son vieux coeur un peu rouillé...
On retrouve là un thème cher à Marie-Sabine Roger : des gens cabossés par la vie, qui n'ont en apparence rien en commun , arrivent non seulement à se comprendre mais à s'apprécier. Et c'est là que pour moi le bât blesse un peu. marie-sabine roger
En effet ici, si j'ai apprécié la vision caustique de Fabre du monde hospitalier, "Technique irréprochable, respect aléatoire, compassion en option.", je suis plus réservée quant quant aux personnages secondaires, un peu trop démonstratifs à mon goût (voir en particulier les commentaires sur la jeune Maeva). Un petit bémol qui ne m'a pourtant pas empêchée de dévorer ce roman et d'en surligner bien des passages ! Fabre a la dent dure parfois et c'est roboratif :"Chez ceux qui sont bornés, la bêtise est sans bornes."

Bon rétablissement, Marie-Sabine Roger, le Rouergue 2012, 205 pages qui donnent le sourire.

 

 Merci  à Clara, Aifelle et Fransoaz qui ont fait voyager ce livre et l'ont aimé.

Gwenaëlle est un peu plus réservée

06/04/2012

Un cadeau

"Il avait fait son propre malheur tout seul, come un grand. Comme un grand couillon."

"Maniaco-dépressif de l'argent", alternant dépenses inconsidérées et radineries mesquines, Félicien est loin de se douter du tsunami que va déclencher dans sa vie l'achat d'une paire de bottes hors de prix pour l'anniversaire de son amie Laure.eliane girard
Nous le suivons dans le maëlstrom de sentiments qui vont s'affronter en lui, au gré de ses rencontres, certains le confortant dans son cadeau, d'autres le culpabilisant , voire l'agressant , et transformant ainsi en odyssée l'offrande du cadeau.
Chacun d'entre nous pourra s'identifier à ce Félicien cédant aux sirènes de la société de consommation, cherchant à toutes berzingues comment rattraper cette erreur. Un récit qui file à toute allure, drôle et léger et qu'on aurait aimé un tout petit peu plus grinçant.

 

Un cadeau, Eliane Girard, Buchet-Castel 2012 , 144 pages à garder sous la main en cas de danger !

05/04/2012

Couché

- Il s'agit à la fois de ne rien faire et d'accomplir quelque chose d'exceptionnel, a-t-il résumé.

Le jour de ses vingt-cinq ans, Malcom décide de rester Couché. Durant vingt ans, ce jeune homme qui rêvait de changer le monde, qui était la pierre angulaire de sa famille, va rester allongé, enflant démesurément dans la maison familiale où ses parents et son frère demeurent, prisonniers volontaires.
Alternant passé et présent, le frère cadet nous raconte la relation particulière,passant de l'amourdavid whitehouse inconditionnel à l'exaspération ou à la rivalité, qui l'unit à son frère. Il nous décrit aussi, de manière très fine, la manière dont chacun au sein d'une famille, essaie d'aider les autres tout en se préservant, ou pas.
Il ne s'agit pas ici du portrait d'un bon vivant à la manière d'Alexandre le Bienheureux,  film d'Yves Robert, pas plus d'ailleurs que d'un cas d'obésité morbide sortie tout droit d'une émission de télé trash. Non, dans ce premier roman, David Whitehouse nous livre un récit métaphorique et néanmoins ancré dans le réel, dans lequel les descriptions du corps de Malcom suscitent quasiment la nausée, sans pour autant tomber dans le sensationnalisme. L'écriture est toujours très maîtrisée, l'humour n'est pas absent et le récit ménage de nombreux rebondissements, un défi malgré le caratère statique du personnage central !
Un roman surprenant dans lequel chacun pourra projeter ses interprétations mais un vrai tour de force littéraire en tout cas !

Couché, (Bed), traduit de l'anglais par Olivier Deparis, Plon 2012, 264 pages qui nous laissent un peu sonnés !

L'avis de Clara.

04/04/2012

Marcher éloge des chemins et de la lenteur

 "Le temps d'une connivence sensuelle, marcher c'est habiter l'instant et ne pas voir le monde au-delà de l'heure qui vient."

Dix ans après son Eloge de la marche, David Le Breton ne remet pas ses pas dans ceux tracés il ya dix ans. Il a changé et le statut de la marche également. Mais il retrouve un égal plaisir à relire des ouvrages aimés (voir l'abondante bibliographie) et à nous transmettre cette passion.david le breton
Quel plaisir de le suivre dans son analyse, jamais aride mais riche en images et en sensualité ! Que l'on marche seul ou en groupe, en ville ou à la campagne, la marche devient un moyen, pour qui veut bien s'en donner la peine, de réenchanter le monde, voire même d 'atteindre une  renaissance spirituelle. La variété des expériences évoquées, l'élégance de l'écriture font de ce livre un pur régal !
Comment choisir parmi la multitude de phrases soulignées ?
Un ouvrage à glisser dans sa poche, le format s'y prête tout à fait, avant de se mettre en route !

Marcher, éloge des chemins et de la lenteur, David Le Breton, Métailié 2012, 158 pages enchanteresses.9 euros.

06:00 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : david le breton

03/04/2012

L'arbre de l'oubli

"à nous , disait-elle, il n'y a personne comme nous . Et s'ils ont jamais existé, ils sont tous morts."

Alexandra Fuller a récidivé ! Pour notre plus grand plaisir elle a encore écrit un "Horrible Livre", comme sa mère se plaît à le qualifier, un livre dont cette fois sa mère est l'héroïne pleine et entière, elle qui a tout fait pour rendre sa vie "digne d'une biographie" !alexandra fuller,afrique,humour
La première partie, commencée sur les chapeaux de roues, nous brosse ainsi le portrait haut en couleurs, d'une femme à "deux cent mille pour cent écossaise" qui va tomber amoureuse de l'Afrique ", de cette époque et de ce lieu particuliers où aucune limite n'entravait le mode de comportement, bon ou mauvais, sensé ou déraisonnable, que devait adopter une personne blanche." Une femme qui assène sans sourciller à ses filles que l'une (l'auteure) doit avoir été adoptée, tant elle lui semble dissemblable, et à l'autre qu'elle a eu des lésions cérébrales !
Mais dans la deuxième partie, la tonalité se fait plus sombre car des drames familiaux vont assombrir l'atmosphère, tandis que l'Histoire se mettra en marche , obligeant la famille à s'adapter aux changements de régimes politiques, voire de pays. Un livre riche en émotions, qui nous prend par la main et qui ne nous lâche plus.
Un charme absolu se dégage de ces 329 pages qui se dévorent d'une traite !

L'arbre de l'oubli, Cocktail Hour Under the Tree of Forgetfulness, traduit de l'anglais (E-U) par Anne rabinovitch, Editions des deux terres 2012.

Keisha a elle aussi été séduite !

02/04/2012

La bénédiction inattendue

"Quand j'écris un roman, j'ai toujours peur. J'écris chaque ligne d'une main tremblante, en retenant mon souffle. Comme si j'empilais les fruits l'un après l'autre dans le dos du vieil homme debout près de moi."

Dans ces courts récits s'ébauche le portrait éclaté d'une femme seule, de son fils et de son frère, décédé. La narratrice est écrivaine et s'interroge sur l'écriture, l'inspiration, relate de cette manière si particulière à Yoko Ogawa des événements qui pourraient être banals s'ils n'oscillaient soudain entre le réel et "l'autre côté" ,un univers poétique , surprenant,voire inquiétant. Le tout porté par l'écriture pleine de grâce et d'élégance de l'auteure de La piscine.Yoko Ogawa
De très jolies notations sur les mots et l'écriture : "Les mots étaient tous mes amis. ils donnaient une forme à tout ce qui était incertain, agaçant ou timide. Une forme de mot, rehaussée d'encre bleu nuit."

La bénédiction inattendue, Yoko Ogawa, récits trduits du japonais par Rose-marie Makino-Fayolle, Babel 2012, 188 pages "un tout petit peu décalée[s] par rapport à mon champ visuel".

01/04/2012

Toxic blues

"La joie est une chose tellement aléatoire qu'il faut la prendre par petites doses."

Je sais, je sais, j'aurais dû lire la série des Jack Taylor dans l'ordre , pour mieux suivre l'évolution de cet ex-flic de la Guarda , police irlandaise, toxico, alcoolo, féru de littérature et qui attire la violence et les ennuis avec une belle constance !51cSNPl2tFL._SL500_AA300_.jpg
 Mon parcours a été quelque peu erratique, j'ai même annoncé que j'arrêtais de le lire ( !), mais les romans de Ken Bruen sont hautement addictifs  et Jack Taylor sauvagement séduisant malgré sa cinquantaine quelque peu déglinguée !
Cette fois, il va aider un tinker, irlandais non sédentaire et fortement ostracisé par les autochtones , à identifier celui qui tue en toutes impunité des jeunes hommes du clan. Jack a sa manière bien à lui de traiter l'affaire, semblant quasiment s'en désintéresser, avant de se décider à faire appel à des connaissances pour l'aider à régler le problème entre un rail de coke, une biture et quelques bouquins . Quelques surprises déroutantes aussi bien sûr au détour d'une page car ce cher Jack a l'art de surprendre même ses amis les plus chers...Un roman comme je les aime, âpre et rugueux, cynique et drôle mais fichtrement confortable quand même !

Toxic blues, (the killing of the tinker), traduit de l'anglais (Irlande) par Catherine Cheval et Marie Ploux, avec quelques notes explicatives mais pas assez à mon goût !, folio policier 2007.

La série dans l'ordre :