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04/04/2014

L'exception

"-La vie bifurque constamment. Il n'est pas de personne plus mûre que celle qui change sept fois par semaine sa façon de penser."

La nuit du réveillon, son mari annonce à Maria qu'il la quitte pour un mathématicien, spécialiste comme lui de la théorie du chaos. Pour le coup, c'est bien la vie de la jeune femme qui devient chaotique ! Aidée par sa voisine Perla, haute d'un mètre vingt, conseillère conjugale et familiale (et nègre d'un auteur policier à ses heures), la jeune femme aura fort à faire pour se reconstruire psychiquement face aux événements bouleversants qui s'enchaînent.audur ava olafsdottir
Truffé de réflexions sur l'écriture , les liens entre la fiction et la réalité, L'exception  possède un rythme enjoué , un ton qui ne sombre ni dans le pessimisme ni dans l’optimisme à tout crin. "-Si ta vie était un roman, dit-elle depuis la cuisine, une telle saturation d'événements semblerait peu vraisemblable." Et pourtant nous savons bien que la vie est souvent bien plus surprenante que la réalité.
Pas de solution miracle, pas d'analyse sauvage, juste du bon sens et de la bienveillance, de l'empathie pour des personnages nuancés et pleins de vie. Un roman alerte et revigorant , plein d'humour, bref une réussite ! Et zou, sur l'étagère des indispensables !

L'exception, Adur Ava Olafsdottir, traduit de l'islandais par la talentueuse Catherine Eyjolfsson, Zulma 2014, 338 pages riches d'humanité.

Du même auteur : clic et reclic (le second sortira bientôt au format poche !)

25/03/2014

le bruit des autres

"Je n'avais pas demandé grand chose à quiconque depuis la mort de mon mari, et maintenant que tout semblait exiger énormément de moi, sans jamais me laisser en paix, je devais me montrer vigilante. Je devais tenir les comptes  plus sérieusement, tracer des lignes invisibles ."

Propriétaire d'un immeuble ancien à Brooklyn, un  Brownstone, Celia, jeune veuve, tient le monde à distance et sélectionne soigneusement ses locataires. Elle a ainsi créé un microcosme apparemment harmonieux, empli de discrétion .amy grace loyd
Las ! Une nouvelle venue , Hope,  semble avoir apporté avec elle"un phénomène physique chaotique" qui a pris le pouvoir dans l'immeuble, "encouragé par le printemps, mélangeant les appétits humains avec les taillis." Simultanément , son locataire le plus âgé, un vieux conducteur de ferry ,disparaît. Bref,la belle harmonie a fait long feu et Celia ne peut plus se contenter de créer des scénarios à partir de ce qu'elle entend chez les autres .Elle va devoir renouer avec des désirs qu'elle croyait avoir oubliés et affronter un monde tout sauf aseptisé.
Premier roman, Le bruit des autres fait partie de ces livres aux thèmes subtilement dérangeants,  à l'écriture élégante et puissante tout à la fois, de ces textes qu'on aurait aimés écrire tellement ils sonnent juste.
Les personnages sont à la fois parfaitement cernés tout en gardant une part trouble ,qui les rend encore plus attachants et crédibles. Bref c'est un pur délice et un énorme coup de cœur, constellé de marque-pages !

Un grand bravo à jean Esch pour la traduction !

Le bruit des autres, Amy Grace Loyd, Stock 2014, 260 pages troublantes.

 

15/03/2014

Enfants de poussière...en poche

"-Je me demande parfois si tu n'es pas en train  d'essayer de résoudre du même coup deux mystères qui se sont produits à  presque quarante ans d'intervalle."

Le cadavre d'une jeune Asiatique vient d'être trouvé en bordure de route dans le comté d'Absaroka, Wyoming.Le coupable, un géant Indien frappé de mutisme, paraît tout désigné mais notre shérif préféré Walt Longmire, n'est pas du genre à bâcler une enquête. D'autant que dans le sac à main de la victime, une photo va le replonger dans sa première enquête durant la guerre du Vietnam.craig jonhson
Alternant passé et présent, ce nouveau roman de Craig Johnson a le mérite de nous replacer en territoire connu, avec, entre autres, une superbe description de ville fantôme . L'humour est toujours aussi présent, Longmire observe ainsi avec attention le nouvel amoureux de sa fille : "Michael prit la dernière huître des Rocheuses*. il n'avait pas remarqué qu'il était le seul à en manger."mais les retours en arrière m'ont paru assez confus et Longmire m'a souvent donné l'impression de me retrouver dans une atmosphère à la Rambo (seul contre tous, impossible de s'en sortir mais si).
Bilan mitigé donc aggravé par tous ses Ouaip qui ponctuent régulièrement les paroles du shérif.

14/03/2014

la 5ème saison

mons kallentoft"Le cours du temps n'a plus aucun sens pour Maria Murvall.
Elle vit une saison qui lui est propre.
Une saison où tout est possible, mais où rien ne se passe. la saison où les sensations sont inversées, et où les sentiments sont morts.
cette saison a un nom.
C'est la cinquième saison."

La cinquième saison et sans doute la saison de trop. En effet, si la relation amoureuse de Malin Fors est envisagée de manière réaliste et fouillée, on aurait aimé en dire autant de la résolution de l'énigme qui courait tout au long des différents épisodes de la série.
Outrée au delà du raisonnable, elle perd ici toute crédibilité et les descriptions des sévices ne font qu'accroître le sentiment de malaise qui s'empare du lecteur. Ouvrant un livre noir, on ne s'attend évidemment pas à du confort mais pas pour autant à de la complaisance. Un final à oublier donc.

13/03/2014

Dieu me déteste

"Être mourant, si on regarde bien, c'est plutôt lassant.ce qui est vraiment intéressant, c'est de vivre ici, beaucoup plus intéressant que je l'aurais cru , quand on m'a amené ici de force et que je jurais  et me débattais tout ce que je pouvais."

Celui qui s'exprime ainsi c'est Richard Casey, dix-huit ans dans quelques jours. Bien qu"otage des soins palliatifs" d'un hôpital New-yorkais, lui et son amoureuse Sylvie, quinze ans, malgré la maladie, la perte des cheveux, le corps qui lâche dans tous les  sens,  ont une furieuse envie de faire des conneries, de s'aimer malgré tout, de vivre quoi !hollis seamon
Halloween et l'intervention d'un oncle hors-normes vont précipiter les événements et entraîner nos héros dans un tourbillon joyeux, souvent émouvant, plein d'une féroce rage de vivre malgré tout. Roméo luttant contre le dragon qui veille sur sa bien-aimée, Richard nous fait vibrer et allume plein d’étoiles dans nos yeux.
Jamais de sensiblerie ni de pathos, le monde hospitalier est peint de manière très juste et la fin est juste époustouflante. Un livre bourré d'énergie , d'empathie et de pudeur qui glisse , zz, sur l'étagère des indispensables. On n’est pas prêts d'oublier cette galerie de personnages et cet amour ardent ! Un grand et beau coup de cœur !

Dieu me déteste, Holly Seamon, traduit de l'anglais (E-U) par Marie de Prémonville,Éditions La Belle colère 2014, 277 pages enthousiasmantes !

Le billet de Clara.

08/03/2014

L'arrogance des vauriens

"ô pouvoir s'élancer dans le chaos"

Dans le Londres d'après-guerre, une jeune femme tente tout à la fois de survivre à cette période de restrictions et de destructions et d'éviter de se laisser consumer par une passion enfuie. Il lui faut se consacrer à un double objectif: assurer sa survie matérielle et celle de ses enfants (nous apprendrons à la toute fin du texte qu'ils sont quatre) et surtout "Je ne dois pas dévier de mon objet, qui consiste à anéantir l’amour, pour qu'ainsi je puisse en tolérer la douleur; ou plutôt à cesser d'éprouver tout sentiment pour qu’ainsi je puisse porter la douleur, et que l'amour, peut être , renaisse sous une forme nouvelle".elizabeth smart
Que le lecteur ignore ce qui s'est déroulé sous le pont rouge de Brooklyn, leitmotiv de cette tentative éperdue de désamour, peu importe, à chacun de projeter sa propre histoire, son propre ressenti. Ce qui est essentiel, c'est cette volonté  farouche de lutter contre le désespoir, les injonctions que la narratrice s'adresse à elle même, les rencontres, les dialogues parfois triviaux qui remettent les faits en perspective : "Mademoiselle Smart, vous n'êtes pas seule à avoir eu quatre enfants."Les occurrences de l'amour s'effacent peu à peu mais le fardeau demeure et avec lui une question : "L'amour peut-il exister sans nécessité ? "
La présentation de ces textes en prose poétique où alternent la vie quotidienne, le patron harceleur, les pintes dans les pubs et la puissance de cette langue parfois hallucinée, elliptique et puissante pour tenter d'abolir l'amour est nécessaire pour  éclairer les lecteurs français qui ignorent totalement qui est Elizabeth Smart. Elle entretint une relation passionnée avec un poète , George Baker, qui lui fit quatre enfants mais ne divorça jamais de son épouse. L'arrogance des vauriens, paru pour la première fois en 1977,  est en quelque sorte la suite d'un premier texte qui rendit célèbre Elizabeth Smart à sa parution en 1945 à la hauteur de Grand Central, Station, je me suis assise et j'ai pleuré.

Un grand coup de cœur et une œuvre à découvrir d'urgence !


L'arrogance des vauriens, Elizabeth Smart, traduit de l’anglais (canada) par Marie Frankland, Les Allusifs 2013 , 124 pages qui font chavirer le cœur mais ne sont jamais désespérantes.

07/03/2014

Le tueur hypocondriaque...en poche

"Je suis une espèce de miracle de la médecine comme l'autopsie de mon corps le montrera  aux yeux stupéfaits du public dans un futur proche."

Affligé des maux les plus improbables, Le tueur hypocondriaque rate systématiquement sa cible. Il est vrai que loucher ne lui facilite pas la tâche. Pas plus d'ailleurs que d'autres infirmités qui se révèlent à l'improviste dans les circonstances les plus fâcheuses.51AplpLIjdL._.jpg
En effet, à ces divers maux s'ajoute une poisse tenace qui n'entraîne que de cuisants échecs. à deux doigts de mourir notre héros parviendra-t-il à accomplir sa dernière mission ?
J'avoue, si j'ai commencé cette lecture avec le sourire, je craignais un peu le comique de répétition, dont je ne suis pas friande. Mais l'auteur a su se jouer de cet obstacle en réservant bien des surprises à son lecteur . On passe donc un excellent moment, à la fois touchant et plein d'humour avec ce tueur dont nous partageons, il faut bien l'avouer quelques travers.
Un roman, qui, une fois commencé, ne peut être que dévoré !

L'avis enthousiaste de Clara !

06/03/2014

Attention au parquet !

"D'une certaine façon, je prenais conscience que j'étais en train de mettre de mettre fin à mon amitié avec Oskar de façon préventive. Je savais que le parquet, le sofa, les chats  allaient être source d' ennuis  et j'étais certain qu'ils allaient avoir un effet négatif sur notre relation  et la transformeraient à jamais."

Oskar, compositeur de musique a placé sa vie et son appartement sous le signe de la perfection et du bon goût. à mille lieues donc de son ami, rédacteur de brochures informatives, qui est "l'incarnation du chaos". C'est pourtant à ce dernier qu'Oskar va confier les clefs de son logement, le temps de régler son divorce à l'autre bout du monde. Mais la confiance cède le pas à la maniaquerie et le narrateur va vite se rendre compte que l'appartement est truffé de messages de recommandations concernant particulièrement le précieux parquet, recommandations de plus en plus intrusives...will wiles
Les événements vont alors pouvoir s'enchaîner à toute allure, le narrateur tombant de Charybde en Scylla, ne maîtrisant plus grand chose dans un univers où l'entropie va reprendre ses droits. En sept jours, plus un qui remettra tout en perspective, Will Wiles se plaît à torturer son narrateur qui croyait pouvoir repartir de zéro dans un univers en apparence aussi parfait mais où "Les faits étaient si élastiques."que l'Absurde ne pouvait que régner.
Qui d'entre nous ne voudrait adhérer à la profession de foi - radicale - d'Oskar: "Si j'arrivais à créer un îlot de perfection, il en découlerait que le reste de ma vie serait également parfait" ? L'auteur, par ailleurs rédacteur en chef d'une revue d'architecture et de design, nous met en garde avec un humour décapant contre une telle obsession ! Un premier roman jubilatoire !



Attention au parquet !, Will Wiles, traduit de l'anglais par Françoise Pertat, Liana Lévi 2014, 297 pages marquetées de marque-pages!

05/03/2014

Une famille délicieuse

"Oh, comme les cachotteries et notre volonté de préserver l'image que nous avons de nous-mêmes peuvent faire de nous des prisonniers !"

Leurs sœur Georgie, atteinte de démence sénile, va venir faire un court séjour chez Mina et Nest qui vivent dans une apparente quiétude au milieu de la lande, à deux pas de la mer.  L'occasion d'évoquer pour les trois sœurs leur enfance idyllique dans cette demeure familiale en compagnie d'une mère aimante et d'un père nettement plus distant , sans oublier une sœur et d'un frère aujourd'hui disparus ,mais aussi la crainte que Georgie ne révèle des secrets douloureux...willa marsh
En contrepoint de cette tension , les relations avec leurs neveux et nièces apportent un ancrage plus contemporain et souvent plein d'humour. Les personnages de Lyddie, qui travaille dans l'édition et vit une relation amoureuse compliquée avec Liam, ou celui de Jack qui tente de tenir tête à son adorable tyran de petite fille : "-Merci. Il n'y a rien que j'aime davantage  que de me faire tordre violemment les deux oreilles pendant qu'un paire de petits talons d'acier me pulvérise la clavicule.", sans oublier quatre chiens, croqués de manière très vivante, sont des personnages qu'on n'oubliera pas de sitôt !
Un style enlevé, un brin d'excentricité , un soupçon d'ironie et beaucoup d'empathie, tous les ingrédients sont réunis pour nous régaler !

Une famille délicieuse, Willa Mars, traduit de l'anglais par  Eric Mc Comber, autrement 2014 , 477 pages savoureuses !

24/02/2014

Les complémentaires

"Ils étaient arrivés à un âge, David et elle, où l'on ne se développe plus, où l'on ne change plus. Le temps des regrets, parce qu'il n'y a plus grand chose à proposer, sinon de petits ajustements en terme de direction et de vitesse. Désormais, tout ne ferait que se répéter entre eux, les changements prendraient la forme d'éliminations imperceptibles, le travail patient de l'âge qui affaiblit le corps et le prépare à la tombe."

 Une croix gammée tracée sur sa boîte à lettres, en plein quartier bourgeois tranquille de Copenhague et la présentation du petit ami pakistanais de sa fille Zoé, font que les racines juives de David Fischer, avocat d’affaires , ressurgissent.L' installation vidéo de la jeune femme ne fera qu'accroître le malaise.jens christian grondahl
Peu d’événements dans ce roman de Jens Christian Grondhal mais une analyse fine et pleine d'empathie de ce couple marié depuis vingt-cinq ans où l'épouse, anglaise, a choisi de quitter son pays, sa langue et toute volonté d'exposer ses tableaux. Les retours en arrière nous permettent d'éclairer par petites touches ce couple où rien n'est aussi évident qu'il le paraît de prime abord. Un roman qui ne tonitrue pas et analyse finement ce que nos choix et nos origines font de nous.

 

Les complémentaires, Jens Christian Grondahl, traduit du danois par Alain Gnaedig, 236 pages doucement mélancoliques qui tracent leur chemin en nous.

Déniché à la médiathèque.