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24/03/2014

Eux

"D'où viens-tu à la fin ? Pourquoi tiens-tu tellement à faire de nous des assassins ? La famille est un clan. La quitter est puni par une loi, celle du sang."

Être enceinte  c'est s'inscrire dans une lignée, faire bouger d'un cran tous les membres de la famille. C'est aussi réveiller ici les voix des héréditaires qui envahissent l'espace sonore de la narratrice. Par leurs commentaires, tantôt ils attisent ses craintes, tantôt se soucient d'elle et de l'enfant à venir, houspillent, tancent, bref incarnent les remous magmatiques de l'inconscient familial.claire castillon
En effet, "Chez mes parents, une naissance est toujours considérée comme le présage d'un décès." Lourd héritage qui explique sans doute que la mère de la narratrice se montre tout sauf encourageante...
 à cela s'ajoute les craintes de la future mère qui envisage toutes les variations concernant la mort de son compagnon ,son "gars".  Chargé ? Peut être.Mais tout cela est doté d'une formidable énergie, ponctuée d'humour " à cause de moi qui me fiche totalement de la baignoire en plastique qu'elle voudrait me transmettre pour mon enfant; si tu le laves, a-t-elle précisé ."et, sur le thème de la transmission et de l'identité familiale,  Claire Castillon  a écrit un roman qui incarne pleinement tout ce qui se joue d'inconscient (ou pas) dans une grossesse.

Eux, Claire Castillon, Éditions de l'Olivier 2014, 145 pages garanties sans niaiseries !

Merci à Carole Fives qui ,en me conseillant cet texte, m'a permis de connaître un grand bonheur de lecture !

21/03/2014

L'atelier des miracles... en poche

Tentez de vous positionner autrement. Pensez qu'ils sont capables de sincérité. Pensez qu'ils sont capables d'amour. "

 Mariette, prof d'histoire géo à bout de nerfs, Millie, jeune femme prête à tout pour échapper à un passé douloureux, Mike, ex-militaire échoué sous un porche croient tous avoir rencontré leur sauveur en la personne de Jean.
Cet homme providentiel les accueille en effet dans son Atelier où, à défaut de montres, il répare les âmes cassées.51u7oIIp0fL._AA160_.jpg
Dès le début, j'ai été gênée par l'aspect trop miraculeux de cet atelier (qui trouvera son explication un peu plus loin dans le roman) et par l'écriture un peu bâclée. On ne s'attarde pas suffisamment sur les personnages, l'intrigue est un peu lâche et ne maîtrise pas suffisamment les changements de ton.
Dommage, il y avait là tous les ingrédients d'un bon roman qui fait du bien !

Plein d'avis, nettement plus positifs, sur Babelio.

celui de AntigoneClara, Un autre endroit

20/03/2014

L'assassin à la pomme verte

"Faute de livres, on mange des hommes."

Une "rencontre assez banale d'une Italienne irréprochable et d'un Anglais sans histoire" dans "la zone franche" que constitue un palace, voilà qui pourrait donner lieu à un marivaudage élégant et léger. Mais l'irruption d'un fâcheux sous la forme d'un italien polygame va bouleverser la donne. En effet, , à peine le gêneur a-t-il eu le temps de sévir, qu'il est retrouvé assassiné.christophe carlier
Récit polyphonique où dominent les voix de trois personnages principaux, notre couple de héros , Elena et Craig, plus Sébastien , le réceptionniste de nuit du palace, l'assassin à la pomme verte est un faux roman policier mais un vrai badinage amoureux intelligent, parfois cruel, et bien mené .
 L'écriture est fluide, élégante, les formules pertinentes abondent et le récit réserve plein de surprises et ce jusqu’à la toute fin. Pas étonnant que ce récit ait obtenu le prix du premier roman 2012 !

L'assassin à la pomme verte, Christophe Carlier.

Déniché à la médiathèque , en édition gros caractères.

 

10/03/2014

Que ton règne vienne

"Elle me cueille sur son lit à son retour de voyage. On descend prendre un verre. Nous avons une explication, la conversation dure seize ans."

Un père tout puissant, charismatique et coureur. Une mère qui préfère fermer les yeux sur les incartades de son époux et un fils qui, devenu adulte, n'est pas loin d'en faire autant.xavier de moulins,relation pèrefils
Alternant retours en arrière et projections dans le futur, le récit d'un fiasco prévisible , parfois affecté dans le style à force de vouloir être brutal, m'a laissée sceptique.

Cuné est plus enthousiaste.

Clara, nettement moins.

09/03/2014

Fugue...en poche

"Il faut beaucoup de temps pour découdre les mauvaises raisons."

A force de crier le prénom de sa fille qui s'est échappée de l'école le jour de la rentrée, Clothilde a perdu sa voix.
Et c'est tout un bel équilibre qui s'effondre car la jeune femme va provoquer tour à tour l'incompréhension de son père, de son mari et de sa meilleure amie en refusant de se soigner à marche forcée. Elle sent en effet qu'il lui faut prendre son temps pour retrouver sa voix et sa voie ca ,paradoxalement, le chant va entrer dans sa vie et prendre une place prépondérante.41UpFvyd7HL._AA160_.jpg
Qu'elle est attachante cette Clothilde qui , à son rythme, faisant fi pour une fois des contrariétés qu'elle engendre chez les autres en ne leur renvoyant plus l'image qu'ils avaient d'elle, va distiller les événements et tranquillement s'insurger  : "qu'est ce que je disais de si important que vous voulez entendre ? ". Elle va posément, en acceptant les opportunités qui s'offrent à elle, retrouver le chemin de sa vie , fuguer tout en restant chez elle, ne plus se contenter d'être la fille , l'épouse , la mère, voire l'amie, à la vie bien lisse.
Aucun ressentiment pourtant, aucune revendication forcenée, non juste un constat simple et lucide du besoin de consacrer son énergie à quelque chose qui la fasse se sentir en harmonie, qui la révèle à elle même, tout en la reliant aux autres.
Ainsi le titre du roman, Fugue, joue-t-il sur la polysémie de ce mot. La fugue c'est bien sûr l'escapade initiale de la fillette mais aussi le morceau de musique qui tisse des liens de par sa structure, comme le roman le fait ici, multipliant les points de vue et éclairant de manière très subtile la personnalité de ces femmes et de la constellation familiale et amicale qui l'entoure.
Un très beau texte, empli de poésie, où s'engouffrent des moments exotiques et colorés, un roman d'une grande justesse psychologique , un magnifique portrait de femme.
Un livre lu et relu, dont j'ai extrait une flopée de citations .
Notons au passage un petit clin d’œil qui fait le lien avec le précédent roman de Anne Delaflotte- Mehdevi : "Le temps pouvait bien passer, tout lui prendre, elle avait chanté, comme un cuisinier cuisine, comme un maçon construit bien, un relieur relie, un marathonien  arrive au terme de sa course."

04/03/2014

Manger

 "-On ne mange pas, on déjeune, on dîne, on soupe, on grignote, on ripaille, on fait collation ou medianoche, on déguste , on goûte, on dévore et, s'il le faut, on casse la croûte, mais apprend qu'on ne mange pas."

 

 "En cas de spleen tenace, certaines femmes vont s'acheter  des souliers, des parfums, n'importe quoi. Margot achetait de l'épicerie, des ustensiles de cuisine ou des gants."C'est dire si la nourriture et la cuisine tiennent une place importante dans sa vie. Et c'est d’ailleurs par ce biais que sont exposées ses relations avec les autres. Des textes articulés autour d'un plat constituent la trame de ce roman où se constituent par petites touches le portrait d'une jeune femme qui amadoue sa directrice avec des douceurs en pots mais nettoie aussi Javel après le passage d'un ami très cher , malade du sida. Le récit culmine dans une scène de genre pas piquée des hannetons, le repas familial de Noël avec marie-odile beauvaisdifférents points de vue (y compris , celui, très intéressant de l'employée de maison) qui se croisent, révélant les tensions et les petites ou grandes hypocrisies. C'est fluide, élégant et enlevé, ça donne faim. J'ai bien aimé.

 L'avis de Cuné, moins emballée par ce roman que par les précédents de l'auteure.

03/03/2014

La fin du monde a du retard

"-Tu peux compter sur moi. Dès que j'ai sauvé le monde, je me lance dans une opération vide-greniers."

 Alice et Julius, deux amnésiques, s'échappent de la clinique psychiatrique où il sont traités. Alice est totalement dénuée d'émotions et Julius est persuadé qu'un terrible complot menace l'humanité.Pour le déjouer, il leur faudra s'emparer d'un mystérieux Codex et échapper aux nombreux poursuivants qui sont à leurs trousses. Cette "quête qui tourn[e]à la collection de désaxés", enchaîne les"péripéties d'anthologie alliant surprise épique et burlesque échevelé" contient, au bas mot,  une trouvaille humoristique par page ! Mais comment fait-il ? j.m. erre
D'autant que, mine de rien, c'est toute une réflexion enjouée et intéressante qui s'intercale avec bonheur entre les épisodes de cette folle course-poursuite ,sur la nécessité de fictionnaliser nos existences. Clins d’œil en tous genres  (les frères Volfoni des Tontons flingueurs !) trouvailles langagières, commentaires sur le récit qui se met en place sous les yeux du lecteur ,font de ces 400 pages un pur bonheur de lecture! Et zou, sur l'étagère des indispensables !

 La fin du monde a du retard, J.M.Erre, Buchet-Chastel 2014.

 L'avis de Cuné qui a porté le premier coup .

Celui de Clara qui a été fatal !

19/02/2014

Bonne à (re)marier

"Quand la beauté s'évanouit, on se met à espérer une tête bien faite."

à peine vient-elle d'accoucher de leur second enfant que Sarah apprend que son mari la trompe. "Et me voici frappée d'une crise cardiaque qui laisse mon corps debout."
Divorce, garde alternée , tout ceci la frappe de plein fouet mais il faut faire face, d'autant qu'elle est une femme qui travaille dans un monde où l'apparence est reine: celui de la publicité. à la violence des faits correspond la violence de l'écriture, à la fois cash et plus introspective que dans ses premiers romans. Mais c'est dans la seconde partie du roman, celle où l'héroïne se voit offrir une deuxième chance, que j'ai retrouvé la sensibilité à fleur de peau de l'auteure .sylvie ohayon
Un roman nourri de l'expérience de Sylvie Ohayon, mais pas seulement, qui parle de souffrances exacerbées, d'amour et du bonheur de se relever comme un boxeur sonné.

 

Bonne à (re)marier, Sylvie Ohayon, Robert Laffont 2014, 251 pages.

18/02/2014

Muchachas

"Croupir dans un château en France, croupir dans une ornière à Aramil, c'est le même destin, le même manque d'amour de soi."

Dans Muchachas, Katherine Pancol se livre à une sorte de patchwork, alternant les passages consacrés à ses héroïnes déjà connues, Joséphine, Hortense et leur adjoignant une petite nouvelle, ferrailleuse de son état, Stella. On est bien loin de l'univers confortable de la mode et de la littérature !katherine pancol
Le propos se fait en effet plus grave, abordant la violence psychologique et physique faite aux femmes mais le ressassement des thèmes , les coïncidences arrivant bien trop opportunément , le lien  artificiel entre Joséphine et Stella font que je me suis retrouvée quelque peu partagée devant un roman que j'avais tellement envie d'aimer.

12/02/2014

Lady Hunt

"L'avenir m'est interdit; le passé est un paysage gelé dans le brouillard; le présent où je vis est déjà loin de moi.Est-cela être malade du doute comme l'écrit l'article sur internet ? "

J'ai laissé passer quelques mois avant d'entamer la lecture de ce roman plébiscité par la critique "officielle", plusieurs semaines avant de le chroniquer et je me dois d’avouer qu'il ne me reste pas grand chose de cette lecture.hélène frappat
Les thèmes , le personnage féminin hanté par le rêve d'une maison et par un héritage génétique freinant potentiellement son avenir, le tout dans une ambiance de roman gothique, avaient pourtant beaucoup d'atouts pour me plaire mais je suis restée totalement extérieure à ce roman trop maniéré, frôlant parfois l'ennui poli. Dommage.

 

Plein d'avis sur babelio.