Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/11/2014

Le bal des frelons...en poche !

"Il y a toujours un truc, un ours ou autre chose, à cause de quoi ça foire ."

Quelle mouche a piqué ces paisibles villageois d'Ariège ? Les voilà pris d'une frénésie de sexe ou d'argent, s'agitant et vrombissant comme des frelons en furie. Chantage, menaces voire meurtres vont s'enchaîner dans une folle sarabande qui ne ménage pas le lecteur ! C'est à peine si entre deux courts chapitres ou alternent les points de vue des personnages ,on trouve encore le temps de faire une petite place à l'animal, frelon, ours ou hérisson qui chacun à leur façon traversent cette farce où les humains de tout poil en prennent pour leur grade. Le rythme est soutenu et ne faiblit jamais, les épisodes s'enchaînent avec une perfection remarquable, conférant ainsi une ossature solide à un propos nettement plus libre !9782743629373.jpg
On est bien loin de l'écriture tenue et maîtrisée des derniers jours d'un homme. Pascal Dessaint se lâche et , sans oublier la noirceur, fait ici la part belle à la truculence et à la farce. Un récit qui file à toute allure, réservant de nombreux coups de théâtre au lecteur et peignant, parfois à grands traits, de savoureux portraits . L'excès est ici la norme , c'est le jeu, même si quelques bouffées de tendresse tentent de contrebalancer les turpitudes exposées.

11/11/2014

La peau de l'ours

"-laisser les hommes croire en leur puissance pour avoir la paix-"

"Métisse" issu du viol d'une femme par un ours, le narrateur, ni homme ni ours, mais considéré comme un plantigrade par les humains, va connaître mille aventures , par de là le temps et l'espace, car ce récit emprunte la forme du conte.joy sorman,relations hommesanimaux
D'ours exhibé sur les marchés, affronté à des sangliers dans une arène, il traversera un océan pour patiner dans un cirque avant de finir, exilé, dans un endroit stérile: "Au zoo, le temps s'étire morne et répétitif, c'est une rouille acide."
Dans ce récit qui file à toute allure ,où l'on pourra reconnaître au passage quelques époques et lieux emblématiques (moyen-âge européen, cirques américains et leurs troupe de phénomènes de foires), l'auteure se penche sur les relations complexes qui unissent l'ours et l'homme.
Dans une langue riche et sensible, elle peint aussi la misère des animaux, la folie à laquelle ils sont acculés, sous prétexte d'être préservés. Mais pas de pamphlet accusateur et corseté, Joy Sorman laisse le discours de l'ours se dérouler, ample et lucide. De magnifiques passages,  tour à tour hallucinés,sensuels et poétiques  montrent la souffrance animale et disent le regret du narrateur ne n'avoir pu garder sa place:"-du côté des femmes et des monstres." Magistral.

Merci, Clara !

L'avis, enthousiaste, de Mic Melo !

06/11/2014

Peine perdue

"à quoi l'humain est prêt à se réduire pour vivre encore un peu. Ce qu'on est foutu d'endurer. D'accepter."

olivier adam

Deux éléments vont perturber la vie tranquille d'une station de bord de mer hors saison : l'agression de celui qui aurait pu être le footballeur de l'équipe locale et une tempête.
On passe ainsi en revue, de chapitre en chapitre, la vie d'une vingtaine de personnages ,liés entre eux à des degrés divers.
Il se dégage de ce roman polyphonique une impression de désespoir diffus, de découragement latent (voir le titre) qui se distille sans discontinuer. Surnagent quelques thèmes chers à l'auteur: les amours mortes, la volonté d'être un bon père malgré la séparation, les lisières des villes et de la société.
On frôle le roman noir, on sent la volonté de se frotter à une humanité engluée, mais rien d'original, aucune intensité, aucune réelle émotion.
Lu sans déplaisir mais sans plaisir réel non plus.

Merci Cuné (qui , elle, a plus aimé  !) !

Plein d'avis sur babelio

04/11/2014

Autour du monde

 "à l'intérieur, tous les objets semblent soudain avouer qu'ils sont vivants, qu'ils ont toujours été vivants."

Roman de la mondialisation, Autour du monde, de Laurent Mauvignier promène comme un pinceau de lumière sur des personnages , indépendants les uns des autres, dans différentes parties du monde. Seul lien, ténu, entre eux, le tsunami de mars 2011 au Japon, événement relayé en direct et qui ne les affectera guère, pour la majorité d'entre eux.laurent mauvignier
Qu'ils voguent sur un paquebot géant, voyagent pour le plaisir ou les affaires, les personnages de Mauvignier n'auraient, sans la globalisation, jamais dû se rencontrer, s'aimer, s'affronter.
Les ambiances sont très différentes, souvent intenses, parfois hallucinées, et le procédé choisi par l'auteur ne paraît jamais artificiel, notre intérêt étant habitué au zapping médiatique.
Le style est élégant, imagé, puissant et les pages se tournent toutes seules ou presque.

Merci à Cuné !

 

Plein d'avis sur Babelio.

29/10/2014

Les Augustins

"Il a dit: "Il se passe quoi ? ", j'ai dit: "Rien, laisse tomber la neige. Assieds-toi, je te fais mon chocolat."

Enquêtant sur un squat parisien, celui des Augustins,  revendiquant le droit au logement, Malika, jeune journaliste Web, va découvrir un microcosme attachant. Elle trouvera même des réponses à ses questions sur son histoire familiale.melisa godet
Les Augustins est une sorte de mix entre Ensemble c'est tout et  "Squat, mode d'emploi", didactique sans être pesant. C'est une gourmandise qui se lit d'une traite, un roman chaleureux , cousu de fil blanc  certes, mais qui possède une belle énergie, des personnages hauts en couleurs, cocasses (mention spécialise à Jacquotte, octogénaire entonnant des chansons libertines de Colette Renard) ou plus dramatiques.
Dans le monde des Augustins , les méchants sont punis, les gentils s'en sortent à peu près et la terre continue de tourner. Un roman qui fait du bien, une sucrerie qui ne devient jamais écœurante tant le rythme est plein d'allant. On regrettera juste au passage que cette rapidité ait laissé passé des expressions comme "j"ai les foins"  faute de frappe pour "j'ai les foies"? ,plus approprié vu le contexte. Pour autant, je ne boude pas mon plaisir, loin de là !

Un premier roman ayant obtenu le prix nouveau talent 2014.

Merci Cuné !

Les Augustins, Mélisa Godet, Lattès 2014.

20/10/2014

Comme une bête

"Pim a fait son retour aux bêtes et il est temps de rebrousser chemin, de dégringoler la chaîne de la viande, de quitter l'étable pour retrouver la chambre froide, de reprendre sa place en bout de parcours."

Roman épique, quasi mythologique, Comme une bête nous propose un récit de formation: celui d'une jeune apprenti boucher, Pim.joy sormanjoy sorman
L'écriture s'y déploie, brassant des thèmes plus vastes que celui, terre à terre, à première vue, de la boucherie. Joy Sorman, transfigure le métier de boucher, nous propose une description hallucinante d'un abattoir (âmes sensibles s'abstenir)et interroge les liens qui unissent l'homme et l'animal.
Un roman entamé il y a un an, abandonné après la lecture de la scène de l'abattoir ,mais que j'ai finalement repris récemment quand j'ai appris que j'aurais en face de moi des adultes en reconversion dans le métier de boucher ! Une lecture revigorante pour qui n'est pas végétarien.165 pages charnelles,  piquetées de marque-pages.

 

Déjà sorti en poche.

17/10/2014

Baumes

Essences est une nouvelle collection de Actes Sud

Présentation de l'éditeur :"Le parfum éveille la pensée, il convoque les images de nos vies, il stimule le désir et délie la mémoire. “Essences” est une collection à travers laquelle se dévoilent de multiples imaginaires. Du récit au poème, de l’essai à la fiction elle deviendra miroir du temps, partition de l’effroi, de l’absence, du bonheur ou de l’éphémère, évocation des lointains ou des voyages perdus. "

 "non seulement un parfum te signe , ma belle, mais tu signes ton parfum."

Avoir un père qui travaille à Grasse dans une usine de parfums et parcourt le monde à la recherche de nouvelles senteurs n'est pas anodin ! L'auteure se découvre vite cernée par cet univers olfactif qui sature à la fois son espace et sa sa généalogie . Seule solution pour être visible: soit épouser parfaitement la parfumerie ,"soit je saute au pied de l'arbre et je sors du bois".
Ce qu'elle fera par le biais de l'écriture.valentine goby
Dans Baumes, l'auteure de Kinderzimmer(clic) nous livre un (court) récit autobiographique et  peint surtout la conquête d'une émancipation par rapport au monde du parfum et ,partant, du père. On sourit quand V. Goby regimbe à l'idée de lire Le parfum mais se trouve finalement séduite par ce roman de Süskind. On découvre "les joutes olfactives", enjeux de pouvoirs familiaux qui peuvent se jouer autour du choix d'un parfum...Et on voyage avec l'auteure dans l'univers sensuel et exotique des pays asiatiques dans lesquels elle a vécu. Le texte se fait nappe de parfum , nous entoure, nous séduit mais ne devient jamais entêtant car Valentine Goby se livre avec parcimonie, laissant la part belle au parfum et à ses liens avec l'écriture. 64 pages denses et embaumées. Une superbe écriture !

11/10/2014

Je tue les enfants français dans les jardins..en poche

"Je me lève le matin pour aller passer quelques heures sous les crachats et puis je rentre."

"N'essayez même pas de faire cours, Mademoiselle. Sauvez votre peau.", tel est le conseil que son inspecteur a prodigué à Julia Genovesi, jeune prof d'italien dans un collège marseillais. Voilà qui est bien loin des attentes de la jeune femme et qui ne lui sera pas d'une grande utilité. Le jour où un des semi-délinquants qui "chauffent" les places de sa classe ira trop loin, Julia ne pourra s'appuyer ni sur ses collègues "ratatinés" ni sur sa hiérarchie, débordée, et ne voulant surtout pas faire de vagues. Elle ne pourra compter que sur elle-même et sur la haine qui l'habite, sentiment qui lui fait horreur.
Roman noir, très noir, Je tue les enfants français dans les jardins analyse de l'intérieur ce formidable gâchis qui est en train de se dérouler dans certains collèges.marie neuser
La narratrice réfute avec vigueur les thèses généralement avancées et balance par dessus bord bons sentiments et langue de bois. Le style est vif, acéré et sensible à la fois. Un premier roman comme un coup de poing.

Déniché à la médiathèque.

Je tue les enfants français dans les jardins, Marie Neuser, L'Ecailler 2011, Pocket 2014, 164 pages dérangeantes et c'est tant mieux!

06/10/2014

Les enfants de la dernière pluie

"Xavier fait carrière dans la psychose, un domaine où les chances de promotion sont un peu limitées."

Rendant visite à son frère, hospitalisé en psychiatrie, le commandant Lanester est témoin d'un homicide , immédiatement suivi d'un suicide. Le meurtrier présumé , un infirmier bien noté par ses supérieurs, a agi sous l'emprise d'un mélange de puissants psychotropes.françoise guérin
Accompagné par sa bande atypique et attachante, Lanester mène l'enquête au sein de l'institution psychiatrique, remontant le temps  vers la figure emblématique d'un poète aliéné, Téophobe Le Diaoul.
Prévoyez de grandes plages de lectures pour savourer tout votre saoul ce roman qui se lit d'une traite tant les personnages sont attachants et l'intrigue bien menée. On ne s'ennuie pas un instant, on a le cœur qui bat , on se régale des touches d'humour et l'on attend déjà  avec impatience le prochain volume de aventures de Lanester !

Un excellent moment de détente et beaucoup d'infos  très intéressantes sur l'institution psychiatrique !

Les enfants de la dernière pluie, Françoise Guérin, Le Masque 2014.

 Merci à Françoise Guérin .L'avis de Keisha qui vous mènera vers d'autres billets.

04/10/2014

Si tout n'a pas péri avec mon innocence

"Dans ma famille nombreuse, il n'y avait pas assez d'amour pour tout le monde: les grands se sont taillé la part du lion et les petits ont léché le plat, comme dans la comptine des cinq doigts que m'apprenait Claudette quand elle avait encore toute sa tête."

 

 Kimberley est l'enfant du milieu d'une fratrie de cinq. Avant elle, deux sœurs aux prénoms slaves qui idolâtrent leur mère, flattant ainsi son narcissisme à toutes épreuves et il en faut pour assumer un bec de lièvre mal recousu. Quant aux deux petits frères, ils ont grandi dans une quasi indifférence maternelle et paternelle. Heureusement la grand-mère veille au grain , du moins tant que son passé ne la rattrape pas.emmanuelle bayamack-tam
Rien de fixe, pas de cadre éducatif, alors Kimberley se donne régulièrement des objectifs et tente de sauver sa famille, se récitant des poèmes du XIXème,des alexandrins du grand Charles (comprendre Baudelaire) en particulier et va trouver une manière bien particulière de se sauver, faute d'avoir pu le faire pour le plus fragile de sa fratrie.
Une belle énergie, parfois marquée par l'outrance ,se dégage de ce récit de métamorphoses corporelles et psychologiques à la première personne, marqué d'emblée par la tragédie,  qui tisse alexandrins et prose sans démarcations.
Kimberley, charnière de la fratrie, l'est aussi en matière de générations parce qu’elle va retrouver la fameuse sage-femme qui avait tant marquée sa grand-mère lors de son accouchement. Avec cette femme,  un peu sorcière, dans un paradis végétal et animal, elle va se dégager de la gangue familiale mortifère.
Un roman à la fois sensible et dérangeant qui se lit d'une traite tant sa narratrice emporte l'adhésion malgré des prises de position extrêmes, propres à l'adolescence et qu'on en souhaiterait pas pour ses propres enfants ! Un univers où se retrouve des figures baudelairiennes, je pense au personnage de Charonne, aux images fortes et marquantes. Un coup de cœur !

 

le billet de Clara  et celui de Cuné .