04/04/2007
Toi même !
Depuis un petit moment, les titres et les couvertures d'Anna Rozen me faisaient de l'oeil aussi quand Vieilles peaux m'est tombé sous la main, je n'ai pas hésité !
Trois
nouvelles donc où en quelques pages, l'auteure se glisse d'abord dans
la peau d'une vieille écrivaine en mal de postérité (et de mâle aussi
tant qu'à faire);puis dans celle d'un couple où l'homme ne survivra
guère à son épouse tyrannique et enfin dans une multitude de peaux en
une valse éblouissante d'identités endossées ...
Fil conducteur donc
cette avidité de l'auteure à passer d'une histoire à une autre car "Au
bout de cinquante pages de folle envolée, les histoires que j'écris
m'embêtent. J'explose et j'impatiente (...)pour moi tout est
nourriture".
La première nouvelle ,avec la monstrueusement égoïste
Cressida Bloom, m'a permis une mise en bouche agréable mais sans
plus.Sur un thème un peu identique et traité d'une manière totalement
différente,j'avais nettement préféré Le treizième conte.
J'ai
nettement plus apprécié la virtuosité de l'auteure dans "Marthe et
Fernand" où les identités des personnages ne sont que des
leurres, leurres qui se poursuivront à travers d'autres
personnages car nos vies sont interchangeables .
Je me suis délectée
à suivre le rythme trépidant de la dernière nouvelle qui explore
avec jubilation toutes les possibilités que donne la fiction pour
l'écrivain , y compris devenir une "chaussure d'été neuve, jamais
portée".
On sent que l'auteure prend du plaisir à écrire et elle nous le fait partager, qu'elle en soit donc remerciée !
(Il ne reste plus qu'à dénicher tous les autres livres d'Anna Rozen !)
06:13 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (24)
03/04/2007
"Je priais pour que jamais mon mari ne découvre qui j'étais dans mes plis."
J'ai renvoyé Marta de Nathalie Kuperman est un drôle de petit
roman , un roman malin qui finit avant de commencer et où tout commence
à la fin. Vous me suivez ? Je ne suis pas claire ? Hé bien la
narratrice, jeune femme à la tête d'une famille recomposée non plus.
La
situation paraît bien pliée au départ : l'emploi du femme de ménage va
bouleverser le fonctionnement d'une famille et le roman pourrait
de venir lassant s'il ne basculait tout à coup vers une situation de
plus en plus surprenante et folle...De la comédie de moeurs,
prévisible et bien rôdée, on tombe insensiblement dans une
situation beaucoup plus acide.
Des phrases apparemment anodines vont prendre un nouveau sens et des idiosyncrasies révéler une nouvelle dimension.
Une lecture aisée pour ce roman à l'aspect lisse mais plus vénéneux qu'il n'y paraît...
06:03 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18)
02/04/2007
Mauvaise pioche...
Pas d'Indécision ,au bout de quelques pages, j'ai laissé
tomber le roman de Benjamin Kunkel pourtant dûment adoubé et estampillé
par un auteur américain reconnu sur la 4 ème de couv'. Dorénavant les
éloges dithyrambiques d'un auteur américain à un autre (renvois
d'ascenseur ?!) me feront fuir à toutes jambes.
Je ne dois pas
figurer dans le coeur de cible: trentenaire adulescent, car
au bout de quelques pages, j'avais déjà tout oublié du "héros"...
J'optais donc pour un voyage en Chemins de fer,
me disant qu'éventuellement,j'en profiterais pour faire un coucou
à Valdebaz. Las ! Benoît Duteurtre , même si aidé par la charmante
couverture de Sempé, n'a pas réussi à m'intéresser jusqu'au
bout de ce court pamphlet ,se dissimulant sous l'étiquette de
roman, aux dégradations sucessives des services offerts par la SNCF. On
sent beaucoup trop la documentation et la porte-parole choisie par
l'auteur ne nous convainc qu'à moitié. Cette pimpante quinquagénaire
qui occupe ses fins de semaine à la campagne à couper du bois et qui
vitupère contre l'éclairage et la dégradation de son environnement m'a
rapidement fait baîller. Par curiosité, je suis quand même allée
lire la fin (j'ai tenu bon jusqu'aux trois quarts du roman), mais même
là, je suis restée complètement indifférente tant le personnage a
peu d'épaisseur.
Les pos-it et les carnets resteront au repos ! :)
06:26 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (18)
01/04/2007
A toute allure (fantaisie )
Bérenger s'était réveillé de fort mauvaise humeur ce matin-là. la
sonnerie incessante du téléphone l'avait fait sortir de ses gonds et il
s'était étalé face contre terre sur le plancher.
Levé avec les
poules, il passa un temps fou à les pourchasser à travers l'appartement
avant d'arriver à toutes les capturer. Ceci lui fit perdre les pédales
et il dut les rechercher jusque sous les meubles. Il les ajusta
soigneusement à son vélo et partit prendre l'air-d'ailleurs, il oublia
de le rendre.
Il avait décidé de se changer les idées mais,au
magasin, le vendeur refusa tout échange: Bérenger avait dépassé
le délai imparti.
Notre héros rongea son frein et finit en beauté dans un platane* .
Le
vélo sur l'épaule, il rentra chez lui où, avec appétit, couteau et
fourchette, il dévora un livre de cuisine pour son déjeuner.
marcher avec l'estomac dans les talons n'est en effet pas très
commode.
Tout ceci ne serait peut être pas arrivé si Bérenger n'avait pas eu une araignée au plafond...
* Qui ne lui avait rien fait, note de l'auteure.
06:54 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (12)
31/03/2007
Pour te réconforter : un théorbe ou une tortue géante ?
Ne pas se fier au titre: De la maladie n'est pas un texte
doloriste . Ni essai ni recueil d'anecdotes, c'est un livre bourré
d'humour et d'amour de la nature où Virginia Woolf évoque cette
expérience incommunicable qu'est la maladie.
Pour elle, être
malade est l'occasion d'expérimenter quasi philosophiquement une
autre vision du monde , des autres, voire de la poésie.
"Pour notre
part, nous sommes condamnés à nous tortiller tout le temps que nous
restons accrochés au bout de l'hameçon de la vie" et notre seul
recours est de nous en remettre à la nature et à la poésie.
Le
texte coule ,fluide et lumineux, adaptant sa forme au thème abordé et
l'on en arrive trop vite et trop brutalement à la fin ...
06:10 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (19)
30/03/2007
Par un prof, pour les profs ?
Bardée d'a priori mais néanmoins titillée par la curiosité, j'ai attendu la sortie en poche d'Entre les murs de François Bégaudeau.
Au
début,j'étais plutôt hérissée , non pas par l'oralisation
(forcément vouée à l'échec comme le reconnaît l'auteur à la fin
de son texte), mais par la brutalité des échanges
verbaux. Il aura fallu le premier "S'il te plaît" pour que je me
détende et apprécie pleinement cet ouvrage.
Séries
heurtées de
scènes croquées sur le vif aux quatre coins stratégiques de cet
établissement scolaire du XIXème arrondissement: salle de classe,
salledes profs, salle deconseils, bureau du directeur. Bégaudeau
prend le parti de nous livrer essentiellement des joutes
verbales,décrivant très peu les personnages, nous livrant parfois des
copies mais nous laissant libres de notre jugement. Il prend le parti
de la répétition (les inscriptions des tee-shirts des élèves (ou
des profs) scandent ainsi le récit) car c'est ainsi que fonctionne
la routine scolaire.
Pourtant,
mine de rien, sans nous en rendre compte, nous nous attachons à tous
ces personnages et nous prenons à regretter de ne pas
savoir ce que sont devenus Aissatou, Sandra,
Hinda, Ming et tous les autres; parce que la définition que
donne Bégaudeau du rugby peut s'appliquer à l'enseignement : "Organiser le chaos pour fabriquer de la puissance , c'est passionnant."
05:59 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18)
29/03/2007
Dédramatisons...un peu
Telle mère telle fille, voci une affirmation péremptoire qui
paraît annonciatrice du pire pour la narratrice du roman. En effet, sa
mère chérie,autrefois autoritaire et pleine de vie est maintenant
atteinte d'une forme de démence sénile.
La vieille damen'a
pourtant rien perdu de sa vitalité et fugue avec un chevalier servant-
tout aussi atteint qu'elle-de la confortablemaison où ils étaient
soignés. Commence alors pour la fille une plongée surprenate dans
le passé maternel afin de retrouver au plus vite les
deux vieux fugueurs (y a plus de vieillesse ! ).
Caroline Brun ne
m'a pas fait rire comme annoncé sur la 4 ème de couverture
mais au moins a-t-elle su dédramatiser une situation difficilement
supportable.Notons néanmoins que les personnages semblent n'avoir aucun
souci financier, ce qui doit bien aider dans la prise en charge
de telles affections.
Beaucoup detendresse et de rebondissements dans ceroman facile à lire qui fait passer un bon moment.
Merci Cath !
06:08 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10)
28/03/2007
L'histoire de Léon
C'est l'histoire d'un petit garçon noir qui se passe aux
Etats-Unis dans les années 1930.Les lois sont racistes donc les
Noirs se font maltraiter.Léon et ses frères et soeurs
allaient à l'école à pied. Quand le bus arrivait, ils se cachaient
parce que les enfants blancs leur jetaient des pierres. Un jour,
des gens en voiture vont vers la maison de Léon et ils
écrasèrent son père.
Pour avoir plus d'argent, les enfants
noirs faisaient des petits boulots et quand ils rentraient à la
maison, ils faisaient attention parce que le Klu Klux Klan
pouvait les tuer.
C'est triste parce qu 'avant les lois étaient racistes. J'aime bien ce livre parce que ça raconte une histoire vraie d'avant.
Ferdinand
Léon de Leon Walter Tillage collection Neuf de l'école des loisirs
06:06 Publié dans Lu par Ferdinand (7ans) | Lien permanent | Commentaires (16)
27/03/2007
Qu'en pense Georges Chaulet ?
Grâce à un petit saute-mouton bloguesque, j'ai découvert ceci , puis
cela et finalement je me suis procuré ce livre au titre improbable:
Fantômette se pacse, bien évidemment édité au "Diable Vauvert".
Fans
de fantômette, ne vous arrachez pas les cheveux, ne pestez pas
contre Cécile Vargaftig, l'héroïne de notre enfance a un rôle très
fugitif dans ce"petit livre soi-disant d'imagination, un de ces
lesbo-polars qui n'intéressera pas les journalistes "(!) .
Fugitif mais essentiel puisque Fantômette sauve le personnage-narrateur
Cécile Vargaftig et finira dans ses bras.
Fantômette
n'est évidemment qu'un prétexte , tout comme le lesbo-polar dont on se
moque rapidement, intéressé que l'on est par les digressions drôles et
pertinentes de l'auteure. Amateur d'autoroutes bien balisées et bien
léchées, passez votre chemin.
Ce roman est le royaume du chemin
que l'on prend pour se perdre; pour mieux se retrouver, un peu sonné
mais le sourire aux lèvres car 'les idées, ça va cinq minutes. Les
histoires, c'est ça qui sauve le monde". Et ça tombe bien car la tête
de Cécile est pleine d'histoires et son roman fourmille de réflexions
sur ce qu'on écrit et qui advient, (l'auteure nous donne même sa
méthode(très particulière) pour commencer un texte...) , les
différences entre scénariste et romancier, bref ça cause de ce que nous
aimons: les mots et leur pouvoir et de manière plus globale des
artistes et de leur rôle dans la société.
Cécile Vargaftig a un nom
heurté mais son écriture est fluide, pleine d'humour ("Ma mère était
communiste, mon père juif, et moi homosexuelle. A nous trois, on
faisait un beau charnier"), elle joue avec la structure narrative
et l'on s'attache vraiment à ce roman si particulier, à la fois léger
et acéré.
Ps: même si vous menacez de chatouiller Boulotte et Ficelle (qui n'apparaissent pas ici), je ne révèlerais pas avec qui Fantômette se pacse, mais soyez rassuré(e),: elle a choisi une personne de qualité...
06:03 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (15)
26/03/2007
Pour patienter...
Vendredi, il crachinait et bizarrement,je me suis perdue dans la
campagne. Les panneaux indicateurs se cachaient à mon approche et je
suis bien passée trois fois devant un estaminet appelé "Al
coyette"*.Oui, je serais bien restée chez moi al coyette à bouquiner au
lieu de sillonner la campagne.
A la radio, j'entendais parler de
Bretagne, de mer, de bols à oreilles, de motte de beurre
gigantesque, de mariages dans la prairie, de cuillers, bref de bazar
breton ou plutôt de Breizh Bazar (petit inventaire breton).
Caroline
Laffon et Gwen le Gac ont en effet recensé sous formes de textes courts
et de photos tour à tour naïves ou pittoresques, ce qui fait la
richesse de la Bretagne, cette région si particulière et si variée.
Avec mon crachin ch'ti, il ne manquait plus que l'odeur des embruns et les hortensisas pour que me sente déjà en vacances...
Comme
c'était quand même un jour de chance, j'ai réussi à trouver le temps
d'aller à la librairie (que celui qui a dit que je trouvais
toujours ce temps lève le doigt ! :)), le bouquin trapu
était bien dans la librairie et même dans le rayon indiqué.Bizarrement,
il a sauté dans mes mains ...et le voici:
* Al coyette : confortablement installé, bien au chaud.
Avec, une bolée de cidre et quelques galettes bretonnes,hum, j'y suis presque !
06:08 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (15)