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07/06/2007

L'été assassiné

Le texte inaugural de Je hais l'été est purement jubilatoire.Un de ceux dont on se dit, "C'est exactement ça!".
Il est l'antithèse absolue d'un texte deLéon-Paul Fargue dans Déjeuners de soleil qui célèbrait l'été et sa liberté.
Pour Claude-Henri Buffard, l'été est la saison de la graisse étalée sans vergogne, du pastis obligatoire,  des enfants braillards, des conversations creuses autour des  piscines, des insectes vibrionants, des mobylettes pétaradant...Rien ne trouve grâce à ses yeux,même la sieste a un avant goût de la  mort, car la mort rôde  en été, la saison la  plus dangereuse de l'année.9782842059835
Le plus simple pique-nique prend des allures apocalyptiques, on se dit que l'auteur se place  du côté des fourmis et que donc il les épargne dans sa diatribe, que  nenni, il  en écrase une qui rôdait sur la table et termine son texte d'un "Ce soir,  maman  ne rentrera pas à la maison."
Humour noir, scatologie, rien ne ne nous est épargné.Le dernier texte part en vrille  pour mieux nous montrer la vacuité de  nos activités estivales  car là est le  problème pour l'auteur:  l'été on ne travaille pas !
On se demande si Claude-Henri Buffard trouvera encore quelqu'un pour l'inviter à prendre l'apéro cet été, si oui, il aura trouvé le véritable ami (ou un malheureux qui n'aura pas encore  lu son ouvrage !)
Un délice à savourer ,( pas au soleil,  il fait trop chaud et pas à l'ombre, il fait trop froid )!

Madame Pâle l'a lu aussi , c'est ici .

06/06/2007

La ménagerie s'agrandit...

Après Achille le chien, Kiki la cocotteSacha le chien, Tutti la tortue, c'est Macha la vache qui s'y colle pour nous apprendre à  ar-ti-cu-ler .017BoInqZPL
De nouveaux virelangues ou formulettes de volubilité qui ont bien fait rire Ferdi !
Laurent Gaulet semble  sepromener dans la blogosphère car il  consacre deux virelangues:
"Les blagues glauques des blogs englobent le globe" (répéter 10 fois") mais nous ne nous sentons pas concernés pas plus d'ailleurs par le suivant:
"Tous les blogs du globe buguent" .
J'aime beaucoup cette formulette : "Le chat chauve lèche la sauge sèche" (répéter dix fois).
On s'exerce en choeur ...

05/06/2007

Ne Nothomb pas

Pour être franche,je n'aurais pas parlé du roman d'Amélie Nothomb,  Acide  Sulfurique, qui vient de sortir  en poche , si je n'avais pas entendu jeudi matin qu'une nouvelle émission de téléréalité  allait mettre en  scène une malade ,dont les jours étaient comptés, qui avait décidé de faire  don de ses reins et des gens en attente de greffe.La malade aurait donc tout loisir  de choisir qui bénéficierait ou non de son don d'organe...Heureusement ce n'était qu'une mise  en scène  (d'un goût plus que douteux) pour alerter sur l'insuffisance des dons d'organes.9782253121183
Une amie m'a prêté le roman de Nothomb, que je n'aurais pas  lu autrement, n'appréciant cette auteure que dans ses romans à tendance autobiographique, et mon avis est resté le même: ses dialogues sans récit ou presque autour, ses  personnages trop caricaturaux ne m'ont pas plu. Il  n'en reste pas moins que la charge est féroce.
Pour l'instant, le roman de Nothomb mettant en scène un loft-story façon camp de concentration reste  encore excessif mais pour combien de temps encore...

04/06/2007

Eléments d'une morale

C'est ainsi que Dominique Noguez présente son recueil Vingt choses qui nous rendent la  vie infernale, étant bien entendu que ces vingt choses sont à prendre au sens large.
Pour l'auteur, en effet, il s'agit de traquer ces "choses auxquelles nous pourrions quelque chose" car pour lui tout est affaire de psychologie et , pour rendre  la morale  plus attrayante,  "on a parfois tenté de rehausser l'analyse d'un peu de gaieté".9782743616847
Se trouvent donc traités en vrac la roulette du dentiste,(pardon Cuné !),  les sacs à main (vus cette fois d'un point de vue masculin, les cadeaux de  Noël (avec une méthode infaillible  pour recevoir le cadeau désiré)...mais  aussi de" de  la littérature comme champ de mines" ou "des procès faits aux écrivains".
Dominique Noguez n'hésite pas non plus à nous présenter  un guide pratique , souvent radical (!), pour éviter certaines de ces choses qui nous rendent la vie infernale.
J'ai commis l'erreur de lire d'une traite ce recueil et j'ai parfois été saturée par l'aspect moralisateur, j'ai cependant beaucoup apprécié les pointes humoristiques et la très fine analyse psychologique, en particulier dans le  texte intitulé  ""des bourreaux victimes"..
A déguster à petites gorgées.

02/06/2007

Un mot a disparu !

Chaque année les dictionnaires publient avec fracas la liste des mots nouveaux qui ont intégré leurs colonnes. Ils se montrent par contre nettement plus discrets sur ceux qu'ils ont virés par dessus bord...
La Poste elle au moins joue la transparence et nous l'annonce sans détours .
En effet, pour préserver un objet cassable,je l'avais dûment enrobé de plastique à bulles, entouré de chips non comestibles et, touche finale , sur le colis, j'avais collé une étiquette portant en majuscules et en rouge la  mention : FRAGILE,   dont l'inutilité m'a aussitôt été signalée par la préposée.
Le mot FRAGILE ne fait plus partie du lexique postier.
Là, notre imaginaire ne peut que s'emballer: cela signifie-t-il que dans le cadre d'un plan de reconversion de  vaillants rugbymen se  passent nos colis comme autrefois le ballon ovale ?
En supprimant la mention FRAGILE,  la Poste dégagerait ainsi toute responsabilité en cas de dérapage et de plaquage intemprestif...
Allons-nous devoir joindre à nos envois un tube de colle ? ou nous contenter d'envoyer des objets qui, comme les fraises espagnoles, auront résisté au test de la plaque de marbre, ? ou tout simplement changer de transporteur...

01/06/2007

Une bouffée d'air salin

Avec vue sur la mer est un roman d'amour. Le roman d'amour d'un écrivain, Didier Decoin, et de sa femme (et bientôt de leur petite famille) pour une maison.
Une maison qu'il leur faudra longtemps guigner, longtemps calfater mais qui deviendra comme une extension d'eux mêmes.9782266165792
C'est aussi un roman d'amour avec une région et ses habitants , un roman d'amour avec la  langue, que Chantal, la femme de l'auteur malmène parfois si joyeusement ("remonte l'autocar" pour "remonte l'édredon" !) alors qu'elle jongle allègrement avec les noms latins des plantes du jardin.
Beaucoup de tendresse entre cette femme  et celui qui se baptise lui même  "Oncle podgers" car il  est doté de deux mains gauches en matière de bricolage ...
J'avais beaucoup aimé les premiers romans de Didier Decoin (John l'enfer, les  trois vies de Babe Ozouf ), puis j'avais un peu perdu de vue cet auteur, me contentant de remarquer son nom dans un générique de  téléfilm. C'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé son style, aussi goûteux que les poissons qu'il  nous donne envie de savourer. Un petit plaisir à s'offrir en poche.

31/05/2007

L'habit fait-il la fashion victim?

Comme autant de papillons, Catherine Joubert et Sarah Stern épinglent nos relations avec les vêtements:  acheteuse compulsive,  vêtement pour "remonter le moral", l'impossible cadeau mais aussi les relations mères/filles ou sororales...01pzelPlMCL
Une vingtaine de saynettes, récits parfois artificiels , trop "cliniques" à mon goût, chacun suivi d'une explication psychanalytique.
Déshabillez-moi, psychanalyse des  comportements vestimentaires a pour ambition de tracer "une cartographie de nos rapports aux autres: amour, désir, envie, rivalité, loyauté, trahison...".
Je suis restée un peu sur ma faim,ne trouvant pas de réelle écriture dans ce recueil trop figé.

30/05/2007

Même les New-Yorkaises chics vieillissent...

Nora Ephron m'avait bien fait rire avec son scénario de "Quand Harry rencontre Sally" et c'est donc pour cela que j'ai acheté J'ai un problème  avec mon cou (et autres considérations sur la vie de femme) (et non pas  à cause de la vignette : N°1  aux Etats- Unis, ce dont je me soucie comme d'une guigne !).
Autant vous le dire d'emblée, si vous avez moins de quarante ans, vous risquez de ne pas vous sentir concernées par ces textes qui  abordent quasiment tous les problèmes inhérents au temps qui passe et à la mort qui nous attend au bout du chemin.9782259206310
Même si l'humour st toujours présent,c'est aussi le cas du désenchantement et de la lucidité...
L'épisode quasi obligé du sac à main est traité avec virtusoité puisque l'auteure, qui professe les détester, arrive à nous donner envie de nous précipiter dans un certain endroit pour y dégoter "le" sac à main idéal,  pas chic mais pas cher et pratique...
J'ai aussi beaucoup aimé sa méthode de calcul pour justifier un achat onéreux:"(le mot "amorti"  ne fait pas partie de mon vocabulaire habituel, sauf  quand j'essaie de prouver qu'une acquisition très au-dessus de mes moyens est non seulement une occasion unique mais pratiquement un cadeau. Je divise le  prix de mon achat par le nombre d'années durant lesquelles j'ai l'intention de l'utiliser,et si ça ne marche pas ,par le nombre de jours,ou d'heures ou de minutes , jusqu'à ce que j'obtienne un prix de revient inférieur à celui d'une tasse de capuccino.)".ça peut toujours servir, non ? 
Pour terminer deux extraits du dernier chapitre  intitulé "Tout ce que j'aurais aimé savoir":
"Tout ce que vous n'aimiez pas dans votre corps à trente-cinq ans, vous le regretterez quand vous en aurez quarante-cinq".
"Quand on a des  enfants adolescents, c'est important d'avoir un chien, qu'au moins quelqu'un soit content de vous voir quand vous rentrez ".
A attendre en édition de poche ou à emprunter... ?   

29/05/2007

Une tragédie quasi ordinaire

Il faut qu'on parle de Kévin est la tentative ,à la fois desespérée et sans concession, d'une mère, Eva,  pour comprendre comment son fils de presque seize ans a pu devenir un assassin méthodique et froid.
C'est aussi le  récit quasi clinique d'une relation mère-fils qui dès la naissance ne s'établit pas alors que le père,  Franklin, se voile la  face et joue de manière caricaturale ce "bon père " que l'on peut voir dans tous les téléfilms américains.9782714441188
Mais plus que tout c'est une vision profondément critique de la société américaine, de ses dérives et de ses dysfonctionnements . En effet, même si  elle incarne le rêve américain (fille de parents Arméniens, Eva a su créer sa propre maison d'édition de guide de voyage et vit très confortablement), elle n'est pas dupe d'un système où les enfants n'ont plus rien à désirer sauf une notoriété éphémère acquise au prix du sang versé...
Séduite de prime abord par le style de LionelShriver  ("ce qui me manque le plus est peut être de pouvoir rentrer à la maison te livrer les  curiosités narratives de ma journée, comme un chat déposerait des souris à tes pieds: menus et humbles tributs que s'offrent les couples après avoir chassé chacun dans son jardin"); j'ai néanmoins rapidement failli arrêter plusieurs fois ma lecture tant l'atmosphère est oppressants et la traduction calamiteuse, rendant quasi incompréhensibles certaines phrases.
J'étais aussi gênée par ce portrait à charge permanent de Kévin, dressé par sa mère et ce depuis  sa naissance  , les interventions du père n'étant qu'indirectes (relatées par Eva).J'en venais presque à douter de  la réalité de la situation.
Malgré tout,  cette plongée dans les abysses est sans complaisance et, heureusement, aux trois quarts du roman, juste avant le récit du drame,la communication parvient enfin à s'établir- de manière cahotique- entre la mère et le fils et le lecteur respire  un peu...pour mieux retomber danq l'abîme...
Lionel Shriver fouille les âmes de ses personnages et nous place  au bord d'un gouffre qui pourrait s'ouvrir sous nos pas...
Un roman riche et magistral.
L'avis de Gambadou .

28/05/2007

La fascination de Virginia

M. Cunningham, dans les Heures mettait en scène les dernières heures de Virginia Woolf ( ce qui ne constituait qu'une partie de son tryptique).
La même année, Laurent Sagalovitsch, publiait La canne de Virginia, fasciné lui aussi par ce "trou noir" (au sens astronomique du terme).9782742744497
Mêlant fiction et réalité (citations du journal de la  romancière anglaise),  il brosse un portrait de Virginia vue par Léonard, son mari, et par Louie, l'employée de maison.
Tous deux ne peuvent que constater la souffrance de l'écrivaine que la médecine ne peut soulager.
En toile de fond, la pluie, les bombes sur la campagne anglaise où Louie ne veut en aucun cas être enterrée,( n'envisageant pas de gaieté de coeur de "papoter avec les taupes" !) la guerre et "pendant que je vous écris  quelque part en Pologne, en Allemagne, des  hommes, des femmes,  des enfants..."
Quant à la canne,elle est le seul signe que Virginia a laissé , fichée sur la rive de l'Ouse où  elle est entrée le  poches pleines de cailloux.
L'auteur a su se couler avec aisance dans l'univers de V. Woolf et se l'approprier, en n'oubliant pas les touches d'humour de l'écrivaine anglaise (que l'on pouvait en particulier voir ici).
A savourer sans modération.

Ps: Christian, je n'avais pas oublié mais je viens juste de trouver ce roman ,que vous m'aviez conseillé, à la  médiathèque !

Pps: Virginia est aussi une des héroïnes d'un autre roman dont Clarabel  nous parle ici.
Perso, j'ai nettement moins apprécié cetexte , le trouvant trop "appliqué" à bien vouloir faire...Néanmoins il  m'a donné envie de découvrir les amies de Virginia.