15/10/2014
Le mur invisible
"On devrait placer des voitures dans les forêts, elles font de bons nichoirs."
Parfois, il faut du temps, beaucoup de temps, et un concours de circonstances favorables pour rencontrer un texte. Emprunté à deux reprises à la médiathèque, à vingt années d'intervalle , le roman de Marlen Haushofer n'avait pas su me toucher et je l'avais guère entamé. Il aura fallu l'insistance de Cuné (merciiii ! ), l'achat en format poche (la couv' est totalement inappropriée et ne me donnait guère envie) et la diffusion du superbe et hypnotique film de Julian Roman Pölsler pour que je me décide une bonne fois pour toutes.
Et là, l’histoire de cette femme qu'un mur invisible isole du reste d'une humanité pétrifiée et laisse, seule, en pleine forêt autrichienne, avec quelques animaux, je l'ai sa-vou-rée, la faisant durer le plus longtemps possible.
On peut y voir une réinterprétation de Robinson mais ici, pas de recréation acharnée d'un semblant de civilisation . L'héroïne se détache peu à peu des instruments de mesure du temps, adopte l'horaire des animaux, trouve un rythme de vie plus serein, se devient de plus en plus poreuse à la nature qui l'entoure : "Quand mes pensées s'embrouillent, c'est comme si la forêt avait commencé à allonger en moi ses racines pour penser avec mon cerveau ses vieilles et éternelles pensées." Elle évoque très peu, par petites touches, sa vie antérieure, guère satisfaisante, et analyse avec lucidité sa tentation du suicide pour échapper à ce qu'elle appelle sa "captivité" . Seuls les liens particuliers (et richement décrits) qu'elle tisse avec les animaux domestiques ou sauvages qui l'entourent, l'empêchent de sombrer.
Description d'une solitude, analyse de ce qui fait l'humanité d'un être, Le mur possède une structure en parfaite adéquation avec son contenu. éloge des renoncements nécessaires, même si douloureux, ce roman possède une intensité dense et marquante.
Le billet de Cuné (encore merci d'avoir su trouver les mots ! )
Et zou sur ma table de chevet pour ce livre-compagnon, à lire et relire.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : marlen haushoffer
29/09/2014
Mon âge
"Ce qu'on pouvait raisonnablement espérer avoir en commun avec les enfants d'ingénieurs , c'étaient leurs polos. Il nous suffisait d'acheter les mêmes et nous avions les moyens , notre infériorité ne se mesurait pas à l'argent. Pas sûr que nos corps les aient portés avec la même superbe. Ce qu'il y a à l'intérieur des têtes porte les polos bien plus que les épaules et les torses."
Dans la lignée de Corps, ce nouveau roman de Fabienne Jacob se penche avec acuité et bienveillance sur notre relation au corps et au temps. Commençant par la description d'une femme qui se démaquille le soir, femme dont l'âge n'est pas précisé "Voilà mes yeux, voilà ma bouche, voilà mon âge, vingt-sept ans, trente-neuf ans, soixante et un ans". Else, il se clôt par une très jolie vision: celle de trois femmes âgées se baignant,nues, au clair de lune, car elles ont atteint La vie intérieure. Entre-temps, sera venu le temps du Détachement : "à présent que je ne veux plus séduire ni posséder, seule une chose m'importe encore, c'est vivre des moments sans temporalité. La question du temps ou plutôt du non-temps est la seule qui compte. Les autres questions ne sont plus des questions pour moi." Et de relater des moments où le temps n'entre pas , moments fugaces ou non, dans des endroits parfois inattendus, comme le supermarché, qui , décidément fait son entrée en littérature en cette année 2014.*
Si, dans un premier temps, j'ai été un peu déroutée par l'absence de précision chronologique, les âges ne sont jamais volontairement précisés mais on peut aisément les situer, j'ai été séduite par l'écriture de Fabienne Jacob, sa vision à la fois acérée, rien ne lui échappe, et tendre de la relation des femmes aux différents âges de leur vie. on n'oubliera pas de sitôt, entre autres, cette petite fille qui déchire la robe trop aimée, tant désirée !
J'ai aussi beaucoup apprécié la relation sensuelle, physique aux langues de la narratrice: "Dans ma langue maternelle, il y a un mot pour dire Se faufiler, Se glisser, mais un mot qui le dit beaucoup mieux. C'est le mot Schluffen. Il a quelque chose d'utérin que l'équivalent français n'a pas. Aucun mot français ne pourra jamais autant se faufiler ni autant glisser que dans le mot de la langue maternelle. Celui qui en français se blottit le plus est le verbe Se lover."
Un livre qui a rejoint ma réflexion personnelle sur l'âge, que je me suis approprié avec bonheur, un parfait cadeau d'anniversaire ! Merci Cuné !
Mon âge, Fabienne Jacob, Gallimard 2014, 165 pages hérissées de marque-pages !
Et zou, sur l'étagère des indispensables !
* Annie Ernaux, Regarde les lumières , mon amour
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Rentrée 2014, romans français | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : fabienne jacob
10/09/2014
We are completely beside ourselves
"I believed I'd done something so bad, I'd been given away."
De Karen Joy Fowler j'avais lu, il y a quelques années, un texte fort plaisant,Le club Jane Austen. Mais rien qui nécessite de me précipiter sur un roman pas encore traduit en français , même conseillé par Cuné. Sauf que quand cette dernière écrit :"Toi, il faut ABSOLUMENT que tu le lises, je ne peux pas te dire pourquoi mais tu es LA lectrice idéale pour ce roman, foi de moi :)", on ne peut que craquer !!! En plus sur liseuse, le prix est ridiculement bas et le dico anglais/anglais a permis de me dérouiller vite fait .
Je ne vous cacherai pas qu'au tout début de ma lecture , quand j'ai vu le temps restant s'afficher , j'ai blêmi mais le rythme a été vite pris surtout quand je suis arrivée à la fatidique page77 qui contient un twist tellement renversant que j'ai failli en crier ! Tout ce qui pouvait paraître vaguement intriguant et/ou bizarre dans ce qui s'annonçait comme un secret de famille avec disparitions à la clé et narratrice perturbée prend alors tout son sens et sa profondeur. Cette révélation (surtout ne pas lire les billets, articles, 4 ème de couv' révélant Le secret de la page 77 ) n'est pas un effet de manche de l'auteure (regardez comme je vous ai bernés) mais correspond parfaitement à la volonté de renverser notre point de vue sur un thème ô combien passionnant !
Un roman bouleversant brassant , entre autres, les thèmes de la culpabilité et du souvenir à découvrir absolument ! Et zou sur l'étagère des indispensables !
Vite lisez-le qu'on puisse en parler ensemble ! :)
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : karen joy fowler
09/09/2014
Un quinze août à Paris
"Mon univers intérieur avait enflé. Il avait débordé sur le monde extérieur, escamoté, et cependant je n’étais plus vraiment quelqu'un. ou seulement cette observatrice en arrière-plan, qui se contentait de juger avec intransigeance ce grand corps apathique."
En 2009, en plein été, Céline Curiol se retrouve aux urgences d'un hôpital parisien car elle n'a plus assez de médicaments pour tenir bon face à la grave dépression qui la lamine. Sa demande est traitée avec désinvolture par un corps médical débordé et/ou qui ne prend pas la mesure de la souffrance ressentie.
Cinq ans plus tard, guérie, Céline Curiol entreprend le récit de cette lente remontée vers le plaisir. Elle analyse avec précision, convoquant aussi bien les écrits scientifiques que romanesques, les mécanismes de réappropriation de son corps, de son rapport au temps, de sa lutte contre l'angoisse, contre le manque de volonté qui la terrasse.
Pas question ici d’auto-apitoiement , à peine mentionnera-telle, comme en passant les deux pertes déclenchant ce qui couvait sûrement à bas feu depuis longtemps, mais une description au plus près de ce qu'on ne décide pas de "faire " comme on le dit trop souvent mais qu'on subit de plein fouet. Un récit comme j'en ai rarement lu. Et zou, sur l'étagère des indispensables !
Un quinze août à Paris, Céline Curiol, Actes Sud 2014.205 pages couvertes de marque-pages et une bibliographie très riche.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Récit | Lien permanent | Commentaires (14)
14/08/2014
Le chien-chien à sa mémère
"J'exerçais le métier de journaliste-chômeur. Être journaliste-chômeur, c'était avoir été par exemple secrétaire de rédaction, puis avoir déposé sa plume pour ne pas remettre sa "copie" à la censure et vivre de l'air du temps. Ce métier était honorable. des confrères ont été décorés pour cela.Mais il interdisait le luxe des pommes de terre. Et il faisait maigrir..."
Peut-on acheter d'occasion, sans jamais l'avoir feuilleté, sur la seule fois d'une étiquette coup de cœur dans la vitrine d'une librairie inconnue et fermée ? Oui.
Bon, j'avoue le titre et la couv' ont aussi joué.
Il ne sera pas question que de chien-chien ou de mérote à chats dans les nouvelles d'André Baillon. On y rencontre en effet tout un univers de petites gens , prostituée par défaut comme la si gentille Nelly Bottine qui ne put devenir bonne sœur parce qu'elle avait un enfant, "pauvre bougre "de soldat allemand en butte à la vindicte des passagers d'un tramway bruxellois lors de la première guerre mondiale. Toute une humanité pour laquelle on sent la grande empathie de l'auteur, toujours prêt à se mettre contre ceux que Brassens appelait "les braves gens' qui "n’aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux."
On pense parfois au réalisme d'un Maupassant mais aussi à l'humour noir d'un Vian quand Baillon dénonce l'absurdité de la guerre. L'humour est souvent acide aussi, pointant les défauts avec acuité, y compris ceux du narrateur ! Quant à la réalité, elle s'emballe parfois quand un pot de fleurs, dans un effet "boule de neige", vient par sa seule présence incongrue, entraîner des conséquences inattendues !
Ne pas rater la présentation éclairante de Bérengère Cournut à la fin du recueil.La vie d'André Baillon(1875-1932) est à elle seule un roman poignant et tragique .
Le chien-chien à sa mémère, André Baillon, Finitude 2013, 131 pages qui filent sur l'étagère des indispensables !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, nouvelles belges | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : andré baillon
17/06/2014
Le génie des coïncidences
" Il semblerait que je sois accablée par les coïncidences, Professeur Post."
Quand un spécialiste des coïncidences- qui prend un malin plaisir à les démonter et à les expliquer de manière rationnelle-rencontre fortuitement une jeune femme dont la vie semble marquée par un "enchaînement cruel d’événements" que se passe-t-il ? Hé bien cela engendre une série de joutes verbales, un maelstrom d'émotions et une flopée de rebondissements entre l'île de Man, l’Ouganda où sévit encore "un homme qui s'est bricolé une foi, un mélimélo de croyances, a décidé que Dieu lui avait parlé, et que tous ceux qui n'étaient pas d'accord pouvaient être abattus, ou amputés."et Londres.
Usant -mais n'abusant jamais -des analepses* et des prolepses**, J.W Ironmonger joue en virtuose avec nos nerfs (deux scènes sont particulièrement éprouvantes), fait monter l'émotion (j'ai plusieurs fois eu les larmes au yeux) avec beaucoup d'empathie et de sobriété. Il ne faut surtout pas en dévoiler plus de ce roman qui joue sur plusieurs registres (romance, thriller, quête d'identité, réflexion philosophique) et nous offre des descriptions plus vraies que nature d'un continent qu'il connaît et aime profondément: l'Afrique. Pour ceux qui n'ont pas peur des montagnes russes émotionnelles. Et zou sur l'étagère des indispensables !
* correspond à un retour en arrière, au récit d'une action qui appartient au passé Il consiste à raconter après-coup un événement. On peut également parler de flasback pour exprimer cette idée, mais ce terme ne s'utilise qu'à propos de cinéma ou de bande dessinée.
* *Clin d’œil à Cuné.
Le génie des coïncidences, J.W Ironmonger, traduit de l’anglais par Christine Barbaste, Stock 2014, 343 pages que j'ai fait durer le plus longtemps possible, gage de réussite s'il en est, et tout piqueté de marque pages bien sûr !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : j.w.ironmonger
04/06/2014
On ne va pas se raconter d'histoires
"J'ai parfois la sensation de m'accrocher de plus en plus aux aspérités de la vie. Ce qui me paraissait comme insignifiant il y a trente ans me semble aujourd'hui lourd, laborieux."
On ne va pas se raconter d'histoires affecte d'emblée, dès le titre, la volonté d'une certaine franchise de bon aloi, d'une camaraderie sans chichis. On joue cartes sur tables et on confie sans barguigner ses sentiments, ses sensations. Les héros sont souvent accumulé pas mal d'années au compteur, seuls ou en couples, et cela les rend plutôt taiseux, patients. Ils aspirent souvent à un idéal (que certains atteignent grâce à des stratégies que je vous laisse le plaisir de découvrir) : "Vivre avec lui est une caresse ,tout est simple, fluide, il dénoue tout sans efforts ni complications."
Une certaine nostalgie pleine de douceur et de délicatesse baigne souvent ces très courts récits où, par exemple, une femme constate que son père, son mari et son fils partagent la même caractéristique: ils rêvassent et cela la touche car "dès qu'il se mettent à rêver, je vois les petits garçons qu'ils ont été."
Mais parfois le ton se fait plus caustique, voire revendicatif ,mais toujours avec beaucoup d'humour et d'empathie. J'ai ainsi adoré un texte intitulé
Merci
« Je sais, c’est un mot bizarre, parce qu’on l’utilise autant quand on vous tient une porte que pour répondre à ces moments qui vous construisent. Il ne vaut souvent pas grand chose en regard de ce qu’on vous donne mais j’ai quand même envie de te le dire. Je voulais te remercier de m’avoir aimée. Je voulais te remercier de n’avoir jamais rien dit quand j’étais odieuse. Je voulais te remercier de m’avoir fait de beaux enfants. Je voulais te remercier d’avoir fait de ma vie quelque chose d’ennuyeux mais de confortable. Je voulais te remercier d’avoir supporté ma bêtise, même si moi aussi j’ai supporté la tienne. Je voulais te remercier d’avoir aimé avec sa boue, ses cendres, la petite fille triste et effrayée que j’étais. Je voulais te remercier de m’avoir fait jouir et de m’avoir foutu la paix. Je sais, j’ai pas toujours dit ça, mais ce soir, c’est ce que j’ai envie de te dire. Je voulais aussi te remercier d’être mort avant moi. »
On ne va pas se raconter d'histoires, ce recueil de micro-fictions est un pur régal à dévorer d'une traite, puis à relire pour mieux savourer toute la gamme d 'émotions qu'il nous fait partager ! Et zou sur l'étagère des indispensables !
David Thomas , Stock 2014, 148 pages de pur plaisir !
Du même auteur : clic
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : david thomas
12/05/2014
Ce qui est arrivé aux Kempinski
"Une des particularités comiques de l'enfance est que l'on traverse une gamme infinie de sentiments dont on ignore les noms. Tant que le mot n'a pas épinglé la sensation, comme une aiguille perçant les thorax d'un insecte, les impressions papillonnent en liberté autour de nous et en nous, éblouissantes, féériques, mais aussi parfois menaçantes car nous n'avons aucune idée de leur trajectoire, de leur taille, de leur venimosité."
Dans les quatorze nouvelles composant Ce qui est arrivé aux Kempinski, la réalité fait un pas de côté et les rêves deviennent plus réels que la réalité. Le titre d'un roman apparaît différemment à sa lectrice, les identités sont faussées, fluctuantes. Usurpations, impostures, trahisons sont au rendez-vous et même le diable sera dupé par une femme.
Le familier révèle ses double-fonds, les sentiments inavouables (que faut-il faire des cadeaux rapportés de l'école, ces "offrandes [...]la plupart du temps ratées et mystifiantes de laideur" ?, se demande une mère de famille éprise de perfection). On sourit, on admire aussi l'écriture éblouissante d'Agnès Desarthe qui traque au plus près le réel qui se dérobe sous nos pas.
« Mon âme, dit-elle. Mon âme, que vaut-elle ? Mon âme est une liste de courses. Mon âme est une déclaration d’impôts, un bulletin de notes au bas duquel ne figurent pas d’encouragements. Mon âme est le mode d’emploi du lave-vaisselle remplacé depuis huit ans, un bordereau de la poste datant de trois mois (le paquet est reparti, mais où, et que contenait-il ? Une rivière de diamants, sans doute). Mon âme est pleine de “Bonjour, madame”, “Au revoir, madame”, elle est salie par les corvées, corrompue par la fatigue de jours sans héroïsme, sans passion, sans péril. »
Et zou, sur l'étagère des indispensables !
Qu'est-il arrivé aux Kempinski, Agnès Desarthe, éditions de l'olivier 2014, 191 pages constellées d emarque-pages !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : agnes desarthe
04/04/2014
L'exception
"-La vie bifurque constamment. Il n'est pas de personne plus mûre que celle qui change sept fois par semaine sa façon de penser."
La nuit du réveillon, son mari annonce à Maria qu'il la quitte pour un mathématicien, spécialiste comme lui de la théorie du chaos. Pour le coup, c'est bien la vie de la jeune femme qui devient chaotique ! Aidée par sa voisine Perla, haute d'un mètre vingt, conseillère conjugale et familiale (et nègre d'un auteur policier à ses heures), la jeune femme aura fort à faire pour se reconstruire psychiquement face aux événements bouleversants qui s'enchaînent.
Truffé de réflexions sur l'écriture , les liens entre la fiction et la réalité, L'exception possède un rythme enjoué , un ton qui ne sombre ni dans le pessimisme ni dans l’optimisme à tout crin. "-Si ta vie était un roman, dit-elle depuis la cuisine, une telle saturation d'événements semblerait peu vraisemblable." Et pourtant nous savons bien que la vie est souvent bien plus surprenante que la réalité.
Pas de solution miracle, pas d'analyse sauvage, juste du bon sens et de la bienveillance, de l'empathie pour des personnages nuancés et pleins de vie. Un roman alerte et revigorant , plein d'humour, bref une réussite ! Et zou, sur l'étagère des indispensables !
L'exception, Adur Ava Olafsdottir, traduit de l'islandais par la talentueuse Catherine Eyjolfsson, Zulma 2014, 338 pages riches d'humanité.
Du même auteur : clic et reclic (le second sortira bientôt au format poche !)
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Les livres qui font du bien, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : audur ava olafsdottir
16/03/2014
Quelques pas de solitude
"Le plaisir que j'en retire est parfaitement égoïste. Il ne restera que des images dans ma tête. je mets la clé dans le contact et je pense que je suis souvent seul lorsque je fais une observation qui restera parmi les plus belles, et que ce serait dommage s'il en allait autrement."
à l'origine de ces textes sur la solitude, un libraire de Toulouse, Christian Thorel. Mais cette commande était destinée uniquement à la clientèle d'Ombres Blanches (un lieu de perdition ! ). Viendra ensuite un autre libraire, François-Marie Bironneau (Le Bateau Livre à Lille, d'où je ne sors jamais les mains vides) qui jouera le rôle de passeur et présentera Pascal Dessaint à l'équipe de la maison d'édition La Contre Allée. Et ainsi, de fil en aiguille, d'amitié en amitié, voici enfin ce livre au format très agréable et à la présentation particulièrement raffinée, ce qui ajoute encore au plaisir de lecture.
Jamais sans doute, Pascal Dessaint ne se sera livré de manière aussi personnelle que dans ces textes qui évoquent l'exercice de la solitude dans la nature et des rencontres insolites quasi magiques que l'on retrouvera parfois au cœur de ses romans . Mais "Il arrive aussi que la solitude conduise à la perte totale de soi." Et là, la voix se fait plus grave,l'émotion sourd ,l'auteur se livre avec pudeur, sobriété, les questions jaillissent et la seule réponse est l'écriture. Et donc la solitude.
Des textes à fleur de peau , une réflexion exigeante et poignante, un livre magnifique qu'il faut laisser le temps de décanter en soi..
Et zou, sur l'étagère des indispensables !
Quelques pas de solitude, Pascal Dessaint, Éditions de la Contre Allée 2014 , 43 pages, un concentré d'émotions.
Le billet de Philisine, tout aussi séduite !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : pascal dessaint