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05/10/2019

Comment t'écrire adieu...en poche

"J'ai fait payer de longues années à mon frère de onze ans les posters de Samantha Fox et Sabrina ; et moi, femme adulte, cérébrale somme toute, et armée de convictions inversement proportionnelles à celles de mes bonnets, je me fais cueillir par cette blonde peroxydée, fluette mais qui s'est fait rajouter des seins comme si elle devait instamment exercer la profession de nourrice." [Il s'agit de Dolly Parton].

R. est parti. Sans dire adieu à Juliette qui, du coup, revisite via quatorze chansons éclectiques la bande sonore de sa vie. Elle décortique à sa manière drôle et futée les paroles de ces viatiques singuliers et revient sur cette histoire d'amour chaotique, ses fêlures, son enfance, son chien Gros, ses amis, ses amours précédentes, ses fixettes, le tout avec panache.5147ydvDuTL._SX301_BO1,204,203,200_.jpg
le texte de Juliette Arnaud pâtit un peu de cette volonté de vouloir tout dire en une seule fois,en vrac, mais c'est avec une sincérité désarmante. On retrouve avec beaucoup de plaisir le style si reconnaissable de la chroniqueuse de France Inter (dans l'émission Par Jupiter) et si la fin est un peu abrupte, on a néanmoins passé un très bon moment avec cette fille très sympathique dont on aimerait bien faire sa copine

03/10/2019

Mon autopsie...en poche

"J'ai toujours eu peur de l'attendrissement.
La sensibilité me semblait une faiblesse qu'il fallait cacher.
J'ai essayé d'être dur. Je crains d'avoir réussi."

C'est à une double autopsie que nous convie Jean-Louis Fournier: celle de son corps (dont il a fait don à la science), qu'il imagine réalisée par une très jolie étudiante ( charmeur jusqu'au bout des os, Jean-Louis), celle de son âme, qu'il se réserve.
Quand on est familier de l’œuvre du créateur d'Antivol ou de la Noiraude, on retrouve ici les membres de sa famille évoqués dans ces précédents ouvrages, mais ici l'auteur se livre à une sorte d'examen de conscience sans complaisance et n'hésite pas à nous livrer certains aspects de son caractère ou de son comportement pas forcément sympathiques.jean-louis fournier
Il n'en reste pas moins que l'humour s'invite régulièrement , souvent en fin de chapitre, et que la fiction de l'autopsie corporelle apporte la distance nécessaire à ce qui aurait pu devenir un exercice trop auto centré. Une nouvelle fois, l'auteur de La servante du seigneur tend les bras métaphoriquement parlant à sa fille qui s'est éloignée de lui. Une œuvre sensible et touchante qui manie l'humour noir avec dextérité

02/10/2019

Valentine ou la belle saison...en poche

"Tu en connais beaucoup des familles où tout le monde s'aime, se parle sans hypocrisie ni jalousie, et ne cache rien à personne ? "

A l'aube de la cinquantaine, Valentine et son frère aîné, Frédéric, vont devoir faire face à de nombreux bouleversements.
Sur fond de campagne électorale présidentielle ,chacun d'entre eux va devoir affronter à sa manière et "digérer" des secrets de famille façon poupées russes , secrets d'autant plus violents qu’ils les obligeront à faire le deuil de l'image idéalisée de leurs parents.anne-laure bondoux
Pour ne rien arranger, Fred comme Valentine doivent simultanément faire face à des tourments personnels...
Centré sur le personnage de Valentine, femme qui a bien du mal à accepter et son corps et la réalité, le roman d’Anne-Laure Bondoux se révèle addictif tant il excelle à croquer des personnages pleins de vie, de doutes mais d’énergie aussi.
Interrogeant les liens subtils, et parfois tortueux, qui unissent frères et sœurs, il brosse aussi en arrière plan le désenchantement d'une certaine gauche idéaliste.
Même si la fin me laisse dubitative, j'ai dévoré à belle dents ce roman qui fleure bon la joie de vivre malgré tout.

01/10/2019

Les silences sauvages

"...elles font partie de celles qu'on ne regarde pas." En butte à l'hostilité du monde pour des raisons principalement économiques, mais pas que, elles puisent dans leurs ressources intérieures, mais aussi dans leur rapport à la nature, de quoi tenir bon.
Un triptyque de textes donc, pour trois femmes dont le destin serre le cœur pour des raisons différentes.
Il y a d'abord l’héroïne de Sirène, à qui semble s'offrir une seconde chance mais qui sera rattrapée par la violence imbécile . Elle préfèrera confier son destin à l'eau et au brouillard. karin serres
Puis, la jeune femme de Chien qui ruse pour qu'on ne se rende pas compte de sa situation dans une société qui feint d'interpréter comme ça l'arrange les indices de plus en plus visibles de sa détresse. Récit central, il comporte des scène qui m'ont juste broyé le cœur, tant elles sont insoutenables.
Quant à la dernière, c'est celle qui semble la mieux insérée dans la société, mais qui ne possède pourtant qu’un seul tailleur pour assister à une réunion à l'étranger , l'occasion de s'ouvrir au monde et de s'intéresser à un animal océanique étrange, la Limule. Une échappée belle qui clôt ces récits sur une respiration bienvenue.
Entre onirisme, poésie et réalité brute, Karin Serres dépeint avec acuité et sensibilité un univers qui est à la fois le notre et pas tout à fait. Des portraits bouleversants. Une belle découverte.

 

Merci aux éditions Alma  et à Babelio.karin serres

30/09/2019

L'horizon qui nous manque

"Chacun connaît de ces moments maladifs, comme à battre des bras et des jambes dans la semoule, comme à essayer de s'accrocher aux lambeaux de son existence, et les paroles perdent en logique et en sens, et les gestes semblent indépendants de toute conscience."

Dans un espace naturel , miraculeusement préservé, entre Dunkerque et Gravelines, trois marginaux tentent de cohabiter. Le premier installé, Anatole, retraité, fabrique des oiseaux de bois flotté, supposés être des leurres destinés à la chasse.La deuxième, Lucille, institutrice en rupture avec l’Éducation Nationale, est désabusée depuis le démantèlement de la jungle de Calais où elle s'était investie auprès des migrants. Quant au dernier, Loïk, il est bien trop imprévisible pour ne pas retomber dans ses anciens travers qui l'ont déjà mené derrière les barreaux.pascal dessaint
Même si la fraternité existe entre ces personnages qui partagent un goût certain pour Jean Gabin, on est bien loin  de l'esprit d'Ensemble c'est tout . Ici, la tension est quasi permanente et l'on sent bien, entre une tournée de moules-frites ou un concours improvisé de décorticage de crevettes, que tout peut basculer sur un malentendu car "Quand il n'y a plus rien à gagner, on peut continuer à tout perdre...".
Un roman noir, ponctué de chansons des  Rubettes et autres Mike Brant, où l'on arpente les plages du Nord, où l'on suit une chouette, où l'on découvre ce qui fait la culture populaire d'un territoire marqué par l'Histoire , l’industrialisation et la crise économique. Du grand Dessaint.

Rivages 2019, 218 pages iodées.

 

24/09/2019

#PremierArrêtAvantLAvenir#NetGalleyFrance

"Il le fait pour elle, parce qu'il est inquiet, parce que, pour la première fois de sa petite existence égoïste, il s'inquiète pour quelqu'un d'autre que lui."

Pierre, dix-huit ans, coaché par son ancienne institutrice et soutenu par sa mère, a réussi un parcours d'excellence et s'apprête à intégrer une prépa parisienne.Une chance quasi inespérée pour ce jeune homme issu d'un milieu modeste.
Le voilà quittant sa région, mais dans le train, la  rencontre d'une jeune femme, Olympe,  un peu plus vieille que lui,  coiffée de dreadlocks et un essai de Proudhon en mains, va bouleverser ses certitudes.
Tout semble opposer ces deux jeunes gens, ce qui ne peut évidemment que leur plaire, mais chacun à sa manière va enrichir l'autre. Pierre abandonnera-t-il ce pour quoi il s'est programmé ou se laissera-t-il tenter par le projet humanitaire d'Olympe ?jo witek
Avec beaucoup de finesse et un grand sens de l'observation Jo Witek dépeint des adolescents idéalistes et politisés (Olympe et ses amis) mais brosse aussi le portait d'un jeune homme qui s'apprête à devenir un transfuge de classe, sans états d'âme, Pierre. Au contact de ces nouveaux amis ce dernier gagnera en humanité et en maturité. Si le discours final me paraît un peu trop mature dans la bouche de pierre, il n'en reste aps moins que j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce roman .

Jo Wtek, Actes Sud junior 2019.

Cuné m'avait donné envie: clic.

20/09/2019

Trois fois la fin du monde...en poche

"Faut pas mollir. Organiser son temps. Avoir son propre règlement, que celui des Bleus ne soit plus le seul à s'imposer. Curieusement, au lieu de nous contraindre plus, cela nous garantit de la liberté, ou quelque chose d'approchant."

Un seul personnage principal , Joseph Kamal, va connaître Trois fois la fin du monde. La première en étant incarcéré pour la première fois de sa vie en prison où il fera l'expérience d'une communauté imposée et n'aspirera qu'à la solitude. La deuxième, quand à l'issue d'une Catastrophe, indéterminée, il fera partie des survivants et mettra à profit les acquis de la prison. La dernière, quand il se retrouvera seul dans la nature à rechercher la compagnie des animaux pour ressentir à nouveau des émotions et des sentiments.sophie divry
N'étant guère friande ni de romans carcéraux ni de romans  évoquant la fin du monde , je me suis pourtant régalée du début à la fin de ce roman de Sophie Divry, la présentation et la citation mise en exergue me donnant comme boussole" l’histoire revisitée d’un Robinson Crusoé plongé jusqu'à la folie dans son îlot mental". C'est donc avec enthousiasme que j'ai lu ce roman, établissant sans cesse des comparaison avec les textes de Defoe et/ou de Michel Tournier. Quant à la dernière partie, elle a tout de suite fait écho à un texte clairement revendiqué comme source d'inspiration par l'auteure, à savoir Le mur invisible de Marlen Haushofer.
Évoquant le thème de la solitude recherchée ou subie, Trois fois la fin du monde montre qu'une fois de plus Sophie Divry a su se renouveler avec bonheur.

Éditions Noir sur Blanc 2018.

16/09/2019

#Nobelle#NetGalleyFrance

"Tout ce qui est géant peut devenir gênant."

Lors de la réception de son prix Nobel de Littérature, Annette Comte, revient ,dans un  bien trop long discours, sur un amour de jeunesse l'été de ses dix ans , en 1972. Saint Paul de Vence est encore auréolé de la présence de Prévert et tout l'entourage de la fillette semble baigner dans la littérature.
Elle-même fait alors ses premières armes littéraires et on ne manque évidemment pas d'évoquer Minou Drouet, poétesse du même âge qui divisa la critique et connut un engouement passager, mais aussi les foudres de Cocteau qui déclara: « Tous les enfants sont poètes, sauf Minou Drouet. »sophie fontanel
En se plaçant à la hauteur d'une enfant Sophie Fontanel courait le même risque: tomber dans la mièvrerie et/ou avoir un texte qui sonne faux . Et c'est bien ce dernier travers que je lui reproche: à force de soleil, de baignades, d'amours enfantines , d’entretiens avec un grand écrivain, j'ai été saturée par cette gamine qui m'est vite devenue insupportable. Dommage

Sophie Fontanel , Éditions Robert Laffont 2019.

 

09/09/2019

Adelphe

"...ce livre est la bible familiale, transmise par Gabrielle, l'exemple à ne pas suivre, dedans est inscrit tout ce qu'il convient de ne ps faire lorsqu'on est une femme, les mille et une raisons pour lesquelles il faut en finir avec la soumission aux mâles et aux maîtres, cette tragédie dont la pauvre Nêne est la si  consternante incarnation..."

Adelphe est le tranquille pasteur d'une tout aussi paisible bourgade. Autour de lui, une constellation de femmes qui, en cette année 1920 vont découvrir, via Gabrielle, une bourgeoise qui aspire à l'émancipation, le prix Goncourt,Nêne. Cette histoire édifiante d’une servante ,qui se sacrifie sur l'autel de la société patriarcale, va entraîner bien des répercussions chez chacun de ces lecteurs.trices.
Quelle belle idée qu’utiliser un roman, ma foi bien oublié, comme élément déclencheur de prises de conscience au sein d'une petite communauté !isabelle flaten
Adelphe est quelque peu dépassé par les événements et ce sont bien les femmes qui mènent la danse dans ce roman où, si les mots de "lesbiennes", "avortement", "mariage des prêtres" ne sont jamais prononcés par les personnages, les thèmes sont pourtant bien présents.
C'est tout un pan d'Histoire qui se donne à voir ici, même si l'aspect historique proprement dit reste à l'arrière plan, celui d'une émancipation féminine. Un coup de cœur.

Adelphe, Isabelle Flaten, Le Nouvel Attila 2019 .213 pages où souffle un vent de libertés. .

 

04/09/2019

Avec toutes mes sympathies...en poche

"Bénéfice secondaire du malheur, le bonheur ne me frappe plus au cœur, mais les contrariétés non plus."

Après le suicide de son frère, la critique littéraire Olivia de Lamberterie a rompu son vœu et  exaucé le souhait fraternel : écrire un livre. Dont acte. olivia de lamberterie
Mais sans doute eût-il été préférable qu 'elle se laisse le temps de prendre du recul, cela aurait sans doute favorisé une expression plus maîtrisée des sentiments et un peu plus de rigueur dans l'écriture aussi (à deux reprises, à quelques lignes de distance, la narratrice "se gorge" d'activités positives, comme dans une mauvaise publicité).
J'ai donc ressenti peu d'émotions, mais sans doute suis-je sans cœur.