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26/03/2017

Ecorces

"Chacun veillait sur son territoire sans se soucier de celui plus vaste qui subissait mille attaques et se mourait au-delà de son portail. Comment s'en soucier quand déjà,  ils avaient tant à faire pour entretenir leur jardin, avaient-ils l'habitude de me répondre."

La forêt est en danger de mort mais, dans le Comté où le shérif Ahmed s'est réfugié pour fuir une tragédie familiale, tout le monde s'en fiche. Ou presque. Il faudra que la forêt recrache le cadavre atrocement mutilé d'un animal non identifié pour que tout s'emballe...xavier gloubokii
Faux polar mais vraie tragédie en trois actes, Écorces distille un humour pince sans rire et un fantastique discrets mais enthousiasmant : "La mauvaise humeur était leur meilleur carburant et ils étaient loin d'être à court."
Ici le héros qui défend discrètement la forêt alors qu'il est officiellement chargé de lutter contre les écolos radicaux , va entrer en osmose avec l'univers sylvestre dans une scène hallucinante et hallucinée.Il n'oubliera pas pour autant de  mener son enquête .
 Aucune localisation précise n'est donnée,(seules les mentions du shérif et du Comté pourraient évoquer les États-Unis), ce qui confère une dimension universelle à ce texte où se lit un réel amour de la forêt. Les personnages sont parfaitement croqués et en 170 pages et une formidable économie de moyens, Xavier Gloubokii réussit un premier roman utilisant les codes de différents genres avec une belle maîtrise !

Écorces, Xavier Gloubokii,  Éditions Liana Lévi 2017.

 

25/03/2017

à la place du coeur saison 2

"C'est vrai: on ne va pas cesser d'être cette jeunesse qui entend aller au bout de son insouciance."

Niels ne comprend pas pourquoi son cousin Caumes peine à renouer avec tous leurs rituels estivaux. Il ignore encore que ce dernier a été fortement marqué par une tragédie et qu'il se saborde consciencieusement à tous points de vue.arnaud cathrine
Esther prend à son tour la parole. Esther qui comprend la douleur de son amoureux mais pas pourquoi il la rejette systématiquement.
Les ados ont grandi, le bac est derrière eux, ils vont tous poursuivre leurs études à Paris et tenter de se frayer un chemin vers l'avenir. Mais les attentats de novembre 2016 vont bientôt les rattraper et les confronter une nouvelle fois à l'horreur...
Pas de bons sentiments, pas d'idéalisation de la jeunesse, mais des jeunes adultes ancrés dans le réel, dont les préoccupations et les sentiments sonnent justes.
Écrit à fleur de peau, ce roman qui nous ménage une surprise narrative, totalement justifiée et s’insérant parfaitement dans l'évolution de Caumes, le roman d'Arnaud Cathrine m'a même mis les larmes aux yeux dans sa relation des attentats de novembre 2016.  J'attends déjà avec impatience la saison 3 pour voir comment nos héros auront encore évolué. Un grand coup de cœur !

 

à la place du cœur, Saison 2 Arnaud Cathrine, Robert Laffont 2017arnaud cathrine

Saison 1 : clic

22/03/2017

Jules...en poche

Tous les amoureux des canidés craqueront pour cette histoire d'un chien d'aveugle, Jules, qui perdant toute utilité après que sa maîtresse ait retrouvé la vue (suite à une greffe de cornée), joue les entremetteurs . Si les réactions de Jules sont très bien décrites, j'ai été moins enthousiaste en ce qui concerne la romance, dotées de complications trop alambiquées à mon goût.Mais c'est bon enfant, plein de tendresse, léger et agréable.
De plus, l'auteur nous glisse, mine de rien des infos sur la situation de l'épilepsie, des greffes de cornée et des chiens d'aveugle en France, causes dont on sent bien qu'elles lui tiennent à cœur.
Bon, j'avoue: j'ai versé ma p'tite larme !didier van cauwelaert

17/03/2017

Bifteck...en poche

"-Reprenez-la, dit-il, elle est végétarienne."

Fils-père de sept enfants , poursuivi par un époux jaloux, le jeune boucher breton, André, doit s'enfuir et quitter le plancher des vaches pour voguer, en compagnie de sa progéniture, vers la lointaine Amérique.
Commencé de manière classique Bifteck s'affranchit ensuite graduellement des contraintes du réalisme pour dériver de plus en plus vers le conte ou la fable.martin provost
 Fable qui est  une véritable ode à l'amour paternel,"Elle n'avait pas encore les mots pour le dire, mais elle savait déjà, comme eux, que l'amour d'un père  a plusieurs visages , et que pas un ne l'empêcherait d'être heureuse." un amour absolu pour André qui nourrit, taille des vêtements, pétrit ses enfants, les absorbant pour ainisi dire dans un amour sans borne. Mais comme le rappelle Kahlil Gibran: "Nos enfants ne sont pas nos enfants" et le boucher qui leur tient à la fois de père et de mère devra apprendre à lâcher prise, à s'effacer...
Piochant dans les thèmes classiques du conte initiatique, Martin Provost les réinvente avec verve , nous régalant au passage d'une prose alerte et sensible. Seule la fin, trop réaliste pour le coup et trop explicative m'a laissé un arrière goût de déception. Une gourmandise néanmoins !

04/03/2017

Une plage au pôle nord...en poche

"Il se jugeait incapable  de transmettre, d’enseigner: il déploie des trésors de patience et de pédagogie.Elle se croyait rouillée: ses progrès sont assez rapides.Ils se surprennent; ils se font du bien."

Une improbable rencontre: celle de Jeanne, veuve et septuagénaire avec Jean-Claude, jeune père divorcé.Et c'est beau, non pas comme "la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie" comme aurait dit Lautréamont  mais comme "Le Pôle Nord et la plage de sable" d’où l'oxymore du titre. arnaud dudek
Le plus beau est qu'ils s’épaulent et qu’autour d'eux gravitent des personnages fantasques, traités avec humour et un brin de moquerie : "Teint crayeux, dents grises, bouton suspect entre les sourcils, le libraire n'a sans doute pas rencontré de fruits et légumes depuis plusieurs années."
Un roman doux et tendre qui possède la parfaite longueur: juste de quoi nous laisser un tout petit peu sur notre faim...De quoi éclairer notre hiver.

02/03/2017

#Bonnet

" L'effet boule de neige l'a entraîné, avec cette désagréable impression que jamais il ne s’arrêtera."

Parce qu'il a embrassé  involontairement dans le cou Lina Darius ,la star des médias, Tristan se retrouve au cœur d'un maelstrom qui va bouleverser sa vie. En effet, la photographie de ce baiser se retrouve sur tous les réseaux sociaux qui s'enflamment aussitôt car Lina entendait bien jusqu'à présent ne pas leur livrer le moindre morceau de sa vie privée. Quant à Tristan, identifié par l'infâme bonnet péruvien qu'il arbore, il doit d'abord subir la vindicte de sa compagne, puis tenter d'échapper aux journalistes lancés à ses trousses.eliane girard
Dans cette satire d'internet et de ses dérives, Éliane Girard ,familière du monde des médias, se livre à un réjouissant jeu de massacre où chacun s'amusera à reconnaître au passage telle chaîne d'information en continu ou tel animateur vautour friand de ragots...
Un roman qui cavale à toute allure et nous rappelle au passage avec quelle facilité nous livrons volontairement des informations personnelles sur les réseaux sociaux, sans forcément envisager les conséquences. Un agréable moment de lecture.

#bonnet, Eliane girard  Buchet-Chastel 2017, 222 pages réjouissantes.

 

 

01/03/2017

La solitude des femmes qui courent

 

"Ma vie n'est pas satisfaisante. Je suis seule, j'ai un travail qui me frustre. Adèle est mon unique réussite, la personne qui donne un sens à ma vie." Ainsi parle Justine Trévise , divorcée, la petite quarantaine, qui s'échine à courir dans Paris entre une entreprise qui bat de l'aile, ses amies fidèles et sa petite fille.
Revenir s'installer dans le village de son enfance lui permettra peut être de repartir de zéro, de retomber amoureuse et d'élucider les non-dits familiaux.julie printzac
Romance fortement axée sur l'amitié entre femmes, La solitude des femmes qui courent est un roman qui obéit aux lois du genre, tout en ménageant un certain suspense. Si l'histoire est bien menée, les dialogues qui l'émaillent sonnent faux, ce qui enlève toute harmonie au texte. Dommage.

La solitude des femmes qui courent, Julie Printzac, Lattès 2017.

julie printzac

23/02/2017

Les hommes meurent, les femmes vieillissent...en poche

 "On a vidé des centaines de pots, persuadés qu'elle serait toujours là.Après, c'était trop tard pour lui demander ses recettes, on n'a pas osé. Pas question d'envisager de prendre la suite, d'accepter de se passer d'elle."

 Voici un roman choral donnant la parole successivement aux dix femmes d'une  famille qui fréquentent le même institut de beauté où officie Alice.Alice, qui tient des fiches sur ses clientes, présentation décalée et pleine de piquant qui introduit chaque chapitre.
L'autre lien qui les unit en filigrane est le suicide d'Eve, l'une d'entre elles, ainsi que la lettre qu'elle a laissée à son fils ,mais qu'il n'a jamais lue. isabelle desequelles
Évoqués tout au long du roman, ils introduisent une tension dramatique qui ne sera résolue qu'à la toute fin, quand Alice prendra la parole.
Si je n'ai pas retrouvé la qualité d'écriture du roman de Fabienne Jacob Corps (clic) qui explorait elle aussi ce territoire de l'intime ,mais sans le lier à un contexte familial, j'ai néanmoins apprécié ces portraits de femmes, en particulier celui de l’aïeule, plein d'émotions et de retenue. Un bon moment de lecture.

 

 

 

 

De la même autrice: clic.

21/02/2017

Troisième personne

"Ils ne savent plus comment c'était de n'être responsables que d'eux-mêmes. Ils se questionnent mais ils ne peuvent revivre cet état comme on enfilerait un vieux vêtement retrouvé par hasard."

Commencé par un magnifique travelling où l'on suit à travers les rues de Paris transfigurées le trajet d'une mère et de son enfant tout juste née jusqu’au domicile devenu familial, le roman de Valérie Mrejen se clôt par la course effrénée de la fillette, éperdue de liberté (valérie mréjen"Vos enfants ne sont pas vos enfants", disait Khalil Gibran...).
Entre les deux,toutes les métamorphises induites par cette Troisième personne:les doutes, les émerveillements, les angoisses, la fatigue...
Un roman plein d'amour et de poésie qui parlera à toutes les générations de mères, un parfait cadeau de naissance, jamais mièvre.

Le billet de Cuné qui m'avait donné envie.

 

Sur le même thème, en plus punchy et  plus féministe: clic.

 

 

 De la même autrice: clic

20/02/2017

Le pull où j'ai grandi

" On m'a dit de faire dans la vie ce que je savais faire de mieux, je m'y emploie chaque jour : je raconte des histoires qui servent à fabriquer des livres et à maintenir le monde à température. Je tue le temps mais jamais les insectes, ni les taupes, ni les plantes. A-t-on besoin d'en savoir plus ? "

Comment ne pas apprécier un auteur qui termine sa présentation par un tel paragraphe ?
De plus, en douze chapitres, il nous livre le roman d'apprentissage plein de charme d'un adolescent de dix-sept ans, chiffre figurant fièrement sur le pull que lui a tricoté sa mère. Un pull qui va le suivre au fil de ses aventures, entre concerts de rock, petits boulots en Turquie, grandes plages de lecture, sans oublier les copains avec qui on se fâche mais qu'on ne laisse pas tomber.hervé giraud
C'est tendre, cocasse, on a souvent l'impression de découvrir ce que nos mutiques ados dissimulent sous un grognement peu amène et on passe un excellent moment en compagnie de cette bande de lascars de la classe moyenne.

 

Le pull où j'ai grandi, Hervé Giraud, Thierry Magnier 2016, 129pages