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23/05/2016

Non exclusif

catherine charrier"-Je ne t'ai pas menti. Je t'ai dit que je n'avais rien dans ma vie qui puisse m'empêcher d'avoir une relation et c'était vrai."

Laure, à quelques heures de partir en week-end , apprend incidemment que Vincent, son nouvel amoureux, est déjà en couple avec Anne, une peintre. Pour la quadragénaire, le choc est rude. Elle appelle celui qui, estime-t-elle, l'a trahie et ils décident de se laisser une quinzaine de jours avant de se revoir.
Laure ignore encore ce qu'elle va faire, mais les conseils de sa vieille voisine pourront l'aider à y voir plus clair.
Situation digne d'une vaudeville ? à première vue, oui .Mais Catherine Charrier a le chic pour dynamiter les clichés et son héroïne est d'une trempe telle qu’elle saura analyser la situation sans préjugés et l'affronter avec énergie.
Pour elle, Vincent n'a rien d'un Don Juan et son histoire personnelle peut expliquer son comportement. Il n'en reste pas moins que Laure souffre et que certaines de ses décisions auront des conséquences sur plus d'une vie.
J'ai beaucoup aimé ce portrait de femme et les réflexions très pertinentes qui l'émaillent, tant sur la vie amoureuse que sur la vie professionnelle de Laure.
Finesse psychologique, récit mené tambour battant, écriture précise et efficace, Catherine Charrier confirme ici tout le bien que je pensais déjà d'elle !

Non exclusif, Catherine Charrier, Éditions Kero 2016.catherine charrier

De la même autrice: clic et reclic

17/05/2016

Brillante

"Difficile d'oser avouer l'échec professionnel quand on est programmé pour réussir."

Diplômée d'une grande école, Claire, issue d'un milieu modeste, a tout réussi : son mariage avec Antonin, avec qui elle partage la même conception de la réussite, et son intégration dans un grand groupe afro-alimentaire où tout semble lui réussir.stéphanie dupays
Las, la belle mécanique va se gripper quand sa supérieure hiérarchique ,qui peine à concilier vie de famille et exigences professionnelle, va prendre ombrage de cette quasi perfection de Claire et progressivement mettre la trentenaire sur la touche.
Stéphanie Dupays peint avec subtilité le monde de l'entreprise, en démontant les codes, et l'utilisation si particulière du langage qui y est employé: " Un monde où la langue n'a plus d'importance, où toute l'activité est orientée vers le présent et l'opérationnel.". Une "no man's langue" qui contamine le vocabulaire de l'héroïne au quotidien, soulignant que "l'entreprise modèle nos paroles et nos comportements.".
Elle montre aussi comment Claire , coupée de son histoire, se retrouve seule à affronter l'échec, personne dans son entourage familial ne pouvant lui donner une solution de repli.
La tension est extrême et en 185 pages denses, au rythme rapide, l'autrice nous entraîne dans le sillage de Claire, Brillante ,mais à quel prix ? Un gros coup de cœur !

 

Le billet de Cuné qui m'a donné envie.

13/05/2016

Bad girl classes de littérature...en poche

"Tu auras honte de tes souvenirs. Tu voudrais être quelqu'un d'autre...et feras de ton mieux pour l'être."

Enfant non désirée, entrave à la volonté naissante de liberté et d'ambitions intellectuelles de sa mère, on peut dire que Nancy Huston partait avec un lourd passif.
S'adressant au fœtus à naître qu'elle fut, l'autrice revient non seulement sur son parcours de "drôle de petit chamois vaillant devenu dame vieillissante en femme de lettres." Mais surtout sur ce qu'elle appelle ses classes de littérature , que ce soit  la musique et le langage, "échafaudages invisibles, sans poids, auxquels tu pourras toujours te cramponner.", "le fait d'être "la nouvelle", encore et encore"ou les leçons de piano.nancy huston
Elle explore pas à pas le trauma, sans rien omettre de ses découvertes , même  accidentelles ,et c'est cette façon de faire ,précise, et le style imagé de Nancy Huston qui ont su me séduire.

257 pages et une forêt de marque-pages !

 

12/05/2016

Poulets grillés...en poche

"-Y a du corgi, le chien de la reine d'Angleterre, un peu de teckel, du bâtard, du corniaud, du clébard. Ce n'est plus un croisement, c'est un échangeur d'autoroute, gloussa-t-elle, contente de sa blague ou de son chien. Il s'appelle Pilote, mais vous pouvez Pilou.
-C'est vrai, je peux ? Il ne se vexera pas ? "

 On ne peut pas les virer ? Qu' à cela ne tienne ! Le nouveau patron du 36 quai des Orfèvres crée une nouvelle brigade composée de tous les indésirables de la police. ll y a là un ancien négociateur du raid,  une écrivaine s’inspirant un peu trop de ses collègues, un alcoolo, un porte-poisse, un ou deux crétins, le tout chapeauté par Anne Capestan, étoile vite montée, vite déchue de la judiciaire.sophie hénaff
Réussissant à dénicher deux affaire à deux doigts d'être classées, cette belle bande de bras peut être pas si cassés que cela , va se mettre en branle et donner son maximum pour révéler la vérité.
Un grand sens du rythme, de l'humour et des personnages bien croqués font de ces 342 pages endiablées un petit plaisir de lecture à dénicher, comme moi en médiathèque, ou à s’offrir en poche.

Sophie Hénaff

09/05/2016

Le grand n'importe quoi

"-Si possible, il faudrait éviter le centre. Il y a des culturistes à mes trousses, des policiers à ma recherche, des extraterrestres sur mes talons, et le père Cadick qui patrouille avec sa carabine."

Bienvenue (ou pas) à Gourdiflot-le-Bombé, sa rue du Poney myope, son impasse du Marcassin Boiteux et ses habitants tous plus frappadingues les uns que les autres. Arthur aurait sans doute mieux fait de refuser l'invitation de Framboise, cela lui aurait éviter de se retrouver coincé dans une boucle temporelle, "pour vivre des situations toujours plus humiliantes" en compagnie de lémuriens et de quelques extraterrestres. L'occasion pour lui de trouver un sens à sa vie et accessoirement à la nôtre. Oui, rien que ça.
Il faut pas mal de culot pour oser intituler son roman Le grand n'importe quoi car si le contenu n'est pas à la hauteur des objectifs,le titre risque de se retourner contre son auteur !j.m. erre
Et pourtant , le pari est tenu: J.M.Erre s'en prend cette fois à l'univers des romans et films de science-fiction qu'il passe à la moulinette et secoue dans son shaker déjanté , y ajoutant quelques zeugmas "puis il prit en même temps une bouteille et un air menaçant", un soupçon de virelangue "un grand gras à gros goitre", force personnifications et autres ingrédients pleins d'humour dont il a le secret.
On pourra regretter une petite baisse de forme vers la fin ,qu'une pirouette de dernière minute ne parvient pas  vraiment à sauver, mais c'est un bon moment de lecture déjantée dont on aurait tort de se priver.

Le grand n’importe quoi, J.M.ERRE Buchet-Chastel 2016, 296 pages folles ,folles, folles .

 Le billet de Clara !

 

04/05/2016

Bons baisers de Mesménie

 "- Je m'appelle Chlobak Androv Peranovski et j'arrive à pied de la Russie. J'ai faim et j'ai froid , madame. Je ne voulais pas abuser de vos poules."

Vous n'avez jamais entendu parler de la Mesménie ? Normal car c'est "un petit territoire nordique [...] pustule marécageuse pour ainsi dire, dans la mer balte.", "une des régions les plus pauvres de l'URSS qui en comportait pourtant beaucoup".
 Thomas Lagrange , suite à une petite annonce cherchant un traducteur "pour le mesmène vers le français" va se trouver embarqué dans une série d’aventures qu'il ne va guère maîtriser, bien loin de sa petite vie plan plan et parisienne.fabienne betting
Tout va partir de sa traduction catastrophique d'un roman mesmène, langue dont il ne possède que quelques rudiments, et de la pression qu'il va se mettre à rendre son travail rapidement. En effet, notre ami Thomas, tout "immature ", "irresponsable " et "inconséquent " soit-il est aussi  doté d'une belle imagination qui l'entraîne à violer allègrement toutes les règles de la traduction,ce qui m'a valu de nombreux éclats de rires !
Si le voyage en Mesménie est un peu moins réussi à mon goût, tournant un peu trop vite à la farce lourdaude, et ralentit un peu le rythme,il n'en reste pas moins que la description psychologique des personnages est très réussie et très drôle (voir comment Télématin rythme la matinée de sa copine est un pur régal...).
L'évolution de Thomas est aussi très intéressante et Fabienne Betting réussit à brosser un portrait nuancé de ce velléitaire professionnel, ce qui, au début, n'était pas gagné d'avance...
Un premier roman qui, malgré quelques maladresses, nous offre un bon moment de lecture! embarquez vite pour la Mesménie !

Bons baisers de Mesménie, Fabienne Betting, Autremenet, 394 pages savoureuses!

22/04/2016

Temps glaciaires...en poche

"-Je dois aller chercher des pensées que j'ai pensées etfred vargas que j'ai oublié de penser.

-Je vois, dit Zek avec la plus parfaite sincérité."

Revoilà enfin le commissaire Adamsberg qui "ne réfléchissait pas .[...]Il vaquait, marchait sans bruit, il ondulait entre les bureaux, il commentait, arpentait le terrain à pas lents, mais jamais personne ne l'avait vu réfléchir", ce qui en fait évidemment toute la singularité et la saveur !
Qui d'autres que lui et sa fidèle équipe (Le lieutenant Danglard à la tête remplie d'informations et de vin blanc, la vigoureuses Violette Renancourt, entre autres) pourraient démêler "cet infernal entrelacement d'algues qui l'enserrait jusque dans ses nuits."qui les amène tout à la fois en Islande et dans l'univers de Robespierre, tout en croisant un sanglier prénommé Marc, sans que le lecteur s'en offusque ?
Bien malin qui pourrait dénicher la solution. Mais ce n'est pas tant le but du jeu mais bien plutôt de  laisser charmer  , au sens fort du terme, par l'univers qu'a créé Fred Vargas, un univers profondément humain , cultivé, non dénué d'humour, avec une pointe de surnaturel (qui s'intègre parfaitement), où les chemins de traverse sont bien plus efficaces que les lignes droites. Du grand Vargas !

19/04/2016

La veillée

"Ce qui change le cours des choses n'est pas la vérité, mais  de la savoir."

Le père de Sébastien vient de mourir.  Marie, son amie d'enfance,  le rejoint et l'accompagne lors de La Veillée du  défunt. L'occasion de découvrir tout un pan de la vie paternelle, mais aussi de revenir sur des éléments du passé de ces quadragénaires qui auraient pu évoluer différemment.virginie carton
Chacun d'entre nous a eu ou aura à se confronter au deuil d'un parent. Une situation douloureuse pour laquelle Virginie Carton a su trouver le ton juste, ne basculant ni dans le sentimentalisme, ni dans la contrition.Elle dépeint avec une grande précision la gamme des sentiments par laquelle passe Sébastien et brosse avec tendresse une formidable histoire d'amitié , qui a su se jouer du temps et de la distance.
Un roman qui fait du bien et nous donne envie de profiter encore plus de la vie.

La veillée, Virginie Carton, Stock 2016, 219 pages piquetées de marque-pages.

15/04/2016

La théorie de la tartine...en poche

"Je sais que chafouin signifie sournois, mais mon cerveau a arbitrairement décidé qu'il était en fait l'équivalent de "petite tête de marmotte un peu triste, déçue, contrariée et fatiguée". je vais notifier cette modification du dictionnaire à l'Académie française par un courrier avec accusé de réception et hop, le tour sera joué."

Mon parcours avec Titiou Lecoq, romancière , chroniqueuse et blogueuse médiatique a é quelque peu chaotique. D'abord, un échec de lecture, les Morues, rien que le titre m'était resté en travers de la gorge, la demoiselle ne faisant pas dans la dentelle, mais la grossièreté c'est parfois roboratif et  ici toujours pleinement assumé , ce qui n'est déjà pas mal.titiou lecoq
Puis, cédant aux appel de sirènes, Cuné et Antigone en tête, et d'une offre promotionnelle sur liseuse, je me suis procuré La théorie de la tartine, que je n'ai pas lâché.
Paradoxalement, ce n'est pas tellement l'histoire de cette jeune femme qui voit ses ébats amoureux livrés en pâture sur internet en 2006 par un ex vengeur et accumule ensuite les ennuis (d'où le titre) qui m'a le plus intéressée.
J'ai  , en effet, plutôt lu ce roman comme un panorama de l'évolution nos relations à internet, et le point de départ comme un prétexte.
 Ce qui remonte à peine à dix ans  apparaît déjà presque comme de la préhistoire !titiou lecoq
J'ai enchaîné enfin avec Chroniques de la débrouille, , paru aux éditions Fayard sous le titre Sans télé, on ressent davantage le froid et là je me suis vraiment régalée ! Le talent de Titiou Lecoq donne sa pleine mesure dans le format court  ! Son humour, parfois trash, parfois plus littéraire fait un bien fou ! Ces tranches de vie (parfois sanguinolentes comme une tranche de foie crue, les lectrices ayant vécu un retour de la maternité apocalyptique comprendront), sonnent juste  et ce portrait d'une génération est tout à la fois enlevé et plein de vie !

12/04/2016

Effacer sa trace

"Nos bonnes manières et nos diplômes ne pouvaimalika wagnerent remplacer le lien essentiel , susceptible d'orchestrer, à partir de mélodies disparates, une symphonie harmonieuse."

"Un homme peu fréquentable" ,ainsi est intitulée la première partie du roman. Un homme qui , durant toute l'enfance de la narratrice s'est institué en juge du comportement de ses enfants, est resté pour eux une énigme, énigme qui les rattrape quand leur père est emmené à l’hôpital ,puis meurt.
Se pose alors le problème du rapatriement du corps dans le pays natal paternel, pays jamais nommé mais qui peut être identifié comme étant l'Algérie.
Issus d'un mariage mixte, ayant explosé il y a des années, la fratrie va devoir se confronter à un pays, une famille dont ils ignorent quasiment tout, si l'on excepte pour deux d'entre eux, un premier séjour à l'adolescence, choc culturel particulièrement violent.
En plus de ce récit du retour loin de toute idéalisation, j'ai particulièrement aimé dans ce roman l'importance accordée aux mots, que ce soit le jargon du monde professionnel de la narratrice  où "Sans remettre en cause ma valeur professionnelle, ils avaient souligné mon manque de personnalité et, peut être, d'authenticité, qui ne correspondait pas à leur démarche." (comprendre que se basant sur le prénom de la narratrice, seule de la fratrie à ne pas l’avoir francisé, la marque Nourlouda s'attendait à ce qu’elle les renseigne sur les pâtisseries les plus appréciées lors des fêtes musulmanes),ou le vocabulaire usité dans les hôpitaux par exemple.
Un roman qui décrit très bien la difficulté des relations entre un père qui tente une dernière approche de ses enfants (il s'intéresse ainsi à la bibliothèque de la narratrice) et une fratrie qui se débrouille chacun à sa façon pour trouver sa place dans ce biculturalisme.

Effacer sa trace, Malika Wagner, Albin Michel 2016, 179 pages.