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06/01/2017

D'après une histoire vraie...en poche

"Coiffées, maquillées, repassées. Sans un faux pli. Combien de temps pour parvenir à cet état de perfection, chaque matin, et combien de temps pour les retouches, avant de sortir ? "

En couverture ,des photos  d'une jeune fille qui pourrait être l'auteure. Le titre. De multiples références à la vie privée/publique de Delphine de Vigan (son précédent  roman basé sur l'histoire de sa mère, son médiatique compagnon, François Busnel), autant de références qui semblent accréditer l'idée de réalité. Et on entre de plain-pied dans l'histoire de cette narratrice(Delphine) qui ne parvient littéralement plus à écrire une ligne (pas même pour une liste de courses), qui va tomber sous l'emprise d’une femme , "plume" pour des people en mal de confidences. delphnie de vigan
Roman d'une amitié toxique, mais aussi roman qui interroge la soif d’histoires "vraies" de notre époque, le texte de Delphine de Vigan m'a bluffée dans sa première partie. J'ai été moins enthousiaste pour la fin, moins convaincante, même si placée sous les auspices d'un maître du genre, Stephen King. Il n'en reste pas moins que j'ai dévoré ce livre, même si j'ai beaucoup tardé à le chroniquer !

Clara et Cuné m'avaient donné envie.

05/11/2016

Carrières noires...en poche

"-D'abord l'ambassadrice et maint'nant l'protocole ! Au cas où vous vous seriez pas rendu compte, ici c'est pas vraiment les soirées de l’ambassadeur ici et moi, après mon ménage, personne m'a jamais offert de Ferrero Rocher !"

En décidant de cambrioler le coffre  de son employeuse, la vieille sénatrice Maes, avec l'aide de ses deux copines, aussi hautes en couleurs qu'elle, Josy, femme de ménage débrouillarde, ignorait qu'elle allait déterrer des secrets politiques explosifs.elena piacentini
Et des secrets, la ville de Lezennes , construite sur d’anciennes carrières, n'en est pas avare.
Le commissaire Pierre-Arsène Leoni ,prêt à quitter Lille pour retourner définitivement dans sa Corse natale, découvrant le cadavre de la vielle sénatrice, va devoir affronter les notables du coin. Ces derniers veulent en effet étouffer l’affaire et ne compromettre en rien la carrière politique du neveu de la morte.
Établissant un lien entre les carrières , labyrinthe mystérieux à la fois onirique et cauchemardesque et le monde d'en haut,pas forcément plus joli, Eléna Piacentini confère à son récit une dimension doublement inquiétante. Heureusement, Josy et tout le petit monde du quartier populaire de Lezennes où elle vit , procurent de brèves bouffées d'humanité et d'humour. L'inspection, façon match de boxe, de la femme de ménage  par un jeune blanc-bec féru de séminaires de management est un pur régal qui m'a bien fait glousser !
J’avoue avoir été un peu gênée au début par l'oralisation du discours de Josy et ses comparses, mais bon, c'est un coup à prendre et le reste du récit est tout à fait "normal" ,riche en métaphores et bien écrit. Un roman plein d'humanité. Un petit plaisir en poche à (s') offrir.

Déniché en médiathèque.
Une autrice dont je vais poursuivre la découverte !

Carrières noires, Elena Piacentini , Pocket 2016

 PS:Corinne Masiero serait une parfaite Josy si ce roman devait être adapté au cinéma ou à la télévision.

02/11/2016

Les petites reines

"- Mais comment tu peux avaler ça, toi, d'être élue Boudin du lycée Marie-Darrieussecq ? C'est dur...C'est vraiment dur quand même.
-Oh, je dispose d'une capacité de détachement surhumaine. je sais que ma vie sera bien meilleure quand j'aurai vingt-cinq ans; donc , j'attends. J'ai beaucoup de patience.[...]
Bon, sauf quand je suis un peu crevée, ou que j'ai mes règles ou un rhume; dans ces moements-là, OK, il peut arriver que je perde de mon imperméabilité."

Loin de se lamenter sur leur sort, les trois "Boudins "du Lycée de Bourg-en Bresse, alias Mireille, Astrid et Hakima, vont se lancer dans un périple à vélo qui les mènera jusqu'à la garden -party du 14 juillet à l’Élysée , où elles ont bien l'intention de s'incruster, chacune avec un objectif différent.
Comme elles ont le sens de l'autodérision, elles ont décidé pour financer leur expédition de vendre du boudin...clémentine beauvais
Progressivement, cette expédition va prendre de l'ampleur sur les réseaux sociaux, dans les médias et dépasser un peu ces jeunes filles auparavant ostracisées.
Avec un humour décapant, une pointe de féminisme, Clémentine Beauvais traite d'un sujet grave sans pour autant tomber dans les pièges inhérents à ce thème : la récupération de la transformation des corps de ces trois" boudins" (faites du sport, vous maigrirez) ou l'optimisme à tout crin.
Il se dégage de ce roman une belle énergie et l'écriture dynamique et imagée de Clémentine Beauvais contribue au plaisir de la lecture. Pas étonnant que ce roman soit couvert de prix ! Un grand coup de cœur, déniché à la médiathèque.

Les petites reines, Clémentine Beauvais, Éditions Sarbacane 2015, 270 pages toniques.

 

31/10/2016

Truismes

"Je me suis demandé ce que j'aimais le plus, les racines ou la parfumerie."

Ayant fait étudier à mes élèves le début de La métamorphose de Kafka, j'ai décidé , dans la foulée, de relire Truismes de Marie Darrieussecq ,que j'avais lu à sa sortie en 1996.

Truismes est le récit à la première personne d'une métamorphose. Celle d'une jeune femme, employée en parfumerie qui devient progressivement une truie. Le récit est fait a posteriori, ce qui permet à la narratrice d'analyser les faits avec du recul, recul limité vu son manque d'éducation( n'oublions pas qu'un truisme est une vérité banale).marie darrieusecq
En même temps que le corps de la jeune femme change, la société évolue aussi et se dérégule progressivement tant au niveau économique (le monde du travail en particulier), politique (régime de plus en plus autoritaire) et social (paupérisation des couches laborieuses, enrichissement des élites). Quant à la sexualité, elle est sans frein pour ceux qui détiennent un pouvoir.
D'emblée, la mainmise sur le corps féminin est posée avec cette scène d'entretien d'embauche où l’héroïne accepte sans broncher  les services sexuels jamais identifiés clairement mais qu'elle laisse deviner et qualifie par exemple de "besogne". Au fil du roman, elle ira de plus en plus loin dans ce type de services , sans que rien ne soit décrit , mais la suggestion n'en sera que plus forte quant aux violences subies et aux tentatives de limites qu'elle pose.
En ce qui concerne la métamorphose proprement dite, elle est fluctuante,évoquée par petites touches, même si l’héroïne tente de la maîtriser, oscillant sans cesse entre l'univers humain et celui de l'animal.
J'ai pris beaucoup de plaisir à cette relecture, grâce au style elliptique et efficace.J'ai même trouvé que la société décrite avait de plus en plus de points communs avec la société contemporaine., ce qui n'est guère rassurant .

Truismes, Marie Darrieussecq, folio 2014.

 

29/10/2016

Une part de ciel...en poche

"-Tu te souviens trop, Carole. Il faut te dépolluer de tout ça."

Curtil, le père "pigeon-voyageur" a, une fois, de plus envoyé une boule de verre à ses trois enfants pour annoncer son retour. Sans fixer de date, bien sûr.
Mais les enfants sont maintenant adultes et chacun réagit de manière différente à cette convocation. Carole, la seule à avoir quitté  sa vallée natale dans la Vanoise, revient s'y installer provisoirement, en profitant pour effectuer un travail de traduction sur la vie de l'artiste Christo. Elle renoue peu à peu avec les paysages et personnages hauts en couleurs de son enfance ainsi qu'avec sa sœur Gaby, qui travaille à l'hôtel et vit dans un bungalow, attendant le retour de son homme. Quant à leur frère, Philippe, garde-forestier, il tente de préserver sa vallée. claudie gallay
Carole est l'élément perturbateur de ce roman de l’attente et du souvenir. Elle seule veut revenir sur un incendie qui a bouleversé leur enfance et influé durablement sur leur vie.
Claudie Gallay excelle à peindre cette atmosphère d'une vallée comme coupée du monde que certains ne voudraient pas voir évoluer vers l'avenir. Elle peint avec finesse les relations fraternelles, les silences, les non dits, tout ce qui est prêt à se rejouer par delà les années. On se glisse avec bonheur dans ce roman-cocon qui nous enveloppe durablement tant il est riche d'humanité et de bienveillance. Un coup de cœur !

Une part de ciel, Claudie Gallay, J'ai lu 2016.

 

 

26/10/2016

La revanche de Kevin...en poche

"-Il y a des prénoms prédestinés aux pires beaufitudes, dit Olivier."


Iegor Gran partant de la vague de Kevin qui a déferlé en France dans les années 90 et des connotations négatives qui s'y sont aussitôt attachées :"Un marqueur social de la médiocrité crâne car on croit savoir quelles familles sont suffisamment sottes pour se laisser dicter leur vie par l'Amérique et Hollywood." imagine donc un Kevin doublement traumatisé.

iegor gran


En effet, ce dernier évolue dans le monde de la Radio où il n'occupe qu'un emploi vaguement méprisé, car sans aucun lien avec l'écriture dont se gargarise ses collègues. De plus, il est persuadé que parce qu'il porte ce prénom, par lui honni, tout le monde le déconsidère a priori. Prédiction auto réalisée ? Préjugés liés au prénom ? Toujours est-il que notre héros va décider de se venger en s'en prenant au monde des Lettres.
L'analyse du prénom Kevin et des préjugés qui lui sont liés nous vaut quelques morceaux de bravoure fort réjouissants et sa vengeance, cruelle, est elle aussi très réussie. Là où l'intrigue s'affaiblit c'est que l’auteur a jugé bon de s'embarrasser d'"un canular ricochet de canular" sans réelle efficacité. Quant aux interventions de sa presque belle-mère ,à vocation humoristique, elles tombent à plat et plombent le roman par un salmigondis supposé imiter le langage populaire.
Tout cela reste bien léger...

La revanche de Kevin, Iegor Gran Folio 2015, 198 pages.

 

25/10/2016

Songe à la douceur

"C'est frêle,
ces jeunes personnes tellement éblouies par le jour
          qu'elles ne se sont pas apprêtées pour la nuit."

Un roman en vers libres qui dépoussière et revisite Eugène Onéguine avec une couverture rose bonbon pleine de fioritures ? Ce n'était pas gagné d'avance en ce qui me concerne, même si je n'avais jamais lu le roman de Pouchkine ni vu l'opéra de Tchaïkovski.
Et pourtant , une fois commencé, je n'ai pas pu lâcher ce roman destiné aux jeunes adultes (mais pas que).
L'histoire ? Une jeune femme, Tatiana, à l'aube d'entrer dans la vie adulte, rencontre fortuitement Eugène, celui dont elle était tombée amoureuse quand elle avait quatorze ans ans et lui trois de plus. Dix ans plus tard, Eugène est-il toujours aussi désenchanté et cynique ? Les amours adolescentes avortées peuvent-elles renaître de leurs cendres ?clémentine beauvais
On craint le pire et c'est le meilleur que l'on découvre tant Clémentine Beauvais se penche avec empathie que ses héros, les décrivant sans mièvrerie mais avec une acuité non dénuée de poésie. La sensualité est-elle aussi présente, sans tomber pour autant dans l'impudeur et la tragédie qui touche un des personnages est évoquée avec délicatesse.
Un exercice d'équilibre improbable parfaitement réussi dont la forme renforce le plaisir: intertextualité (des vers célèbres s'insèrent au fil du texte) des calligrammes et des interventions de l'auteure viennent encore ajouter au plaisir de lecture. On sort de là avec des étoiles dans les yeux, ravi que la fin évite les clichés du genre. Un grand bonheur de lecture dont on aurait tort de se priver.


Et zou sur l'étagère des indispensables !

 

Songe à la douceur, Clémentine Beauvais, Sarbacane 2016 , 239 pages à savourer !

L'avis de Noukette qui envoie vers d'autres billets enthousiastes.

18/10/2016

Apaise le temps

"Mes élèves confondent Véronique Genest et Jean Genet ! Les libraires ont une responsabilité civile, à eux de refuser la démagogie et le profit facile, possible de jouer les Ponce Pilate."

à la mort d'Yvonne, libraire et photographe, Abdel, jeune professeur à Roubaix, hérite tout à la fois de souvenirs mais aussi d'une dette de cœur. En effet, comment prolonger l’œuvre d'Yvonne et de ses parents, libraires ayant œuvré à l'intégration des exilés de tout bord dans les années 60 ?michel quint
Par l'intermédiaire de photographies retrouvées, le jeune homme va faire renaître tout un pan souvent méconnu du passé de la guerre d'Algérie, entre autres les dissensions entre les différents groupes travaillant pour la libération de l'Algérie. et sa vie va s'en retrouver bouleversée.
Tous les amoureux de la littérature ne pourront qu’apprécier ces portraits pleins d'humanité de libraires selon notre cœur.
Suivant d'une certaine façon les traces de Didier Daeninckx qui a été parmi les premiers à exhumer les épisodes historiques oubliés car gênants, Michel Quint ne démérite en aucune manière, même si j'ai trouvé que l’apaisement des tensions se faisait de manière un peu rapide. Un léger bémol qui n’entame en rien le plaisir de lecture que procurent ces 104 pages.

Apaise le temps, Michel Quint, Phébus 2016.

 

Le billet de Clara qui m'a donné envie.

 

Déniché à la médiathèque.

 

11/10/2016

Roland est mort

"J'inspire. J'ai les bras en croix, un caniche qui m'attend pour aller pisser, un trou dans ma chaussette gauche, et toujours aucune perspective d'avenir professionnel. Le gros faisan m'applaudit."

Roland est mort, c'est d'abord le contraste du titre et de la couverture rose bonbon., contraste parfaitement justifié , on le verra plus loin.C'est aussi le leitmotiv qui ouvre chaque chapitre, sorte de memento mori pour le narrateur car "Je bois pour oublier que demain, Roland c'est moi."
En effet, si leur seul point commun était leur mur mitoyen, le narrateur est peut être sur le même chemin que Roland, mort seul chez lui, dans l'indifférence quasi générale. Pour tout bien, Roland laisse une caniche prénommée Mireille, en hommage à Mireille Mathieu dont Roland écoutait les chansons en boucle.
Voilà donc le voisin qui hérite de Mireille, puis de l'urne funéraire , calamités successives dont il lui faudra bien s'accommoder.nicolas robin
Ce pourrait être tragique, c'est follement comique car le voisin, non content d'accumuler les héritages encombrants et incongrus, est un looser fini (largué par sa copine, viré de son boulot, nanti d'une famille de frappadingues ). Le principe d'accumulation fonctionne à plein régime et le style bourré d'humour de Nicolas Robin fait le reste. Pas de bons sentiments mais un zeste de tendresse pour ce quadragénaire à qui sa grand-mère demande sans cesse "-Alors, pourquoi t'es pas marié?", "ça la chiffonne. C'est le pépin. Ne pas être marié à quarante ans, c'est la tuile dans la famille.ça cache un problème.à son époque, les hommes non mariés étaient forcément curés ou homosexuels. On demandait aux uns de parler de l’Évangile, aux autres de se taire.Mamie exige la vérité. Elle veut savoir envers qui je suis dévoué: Dieu ou Burt Reynolds."*
Nous nous permettrons juste de donner un indice: être fan de Mireille Mathieu peut présenter des avantages...Un petit plaisir déniché à la médiathèque, 183 pages dévorées le sourire aux lèvres.

 Roland est mort, Nicolas Robin, Anne Carrière,2016.

*nicolas robin

04/10/2016

Maman est en haut

"Elle qui laissait tomber une tasse, qui tâchait un vêtement de manière irréversible...Elle ne les méritait pas !"

Cerise, séparée du père de ses enfants, a bien du mal à concilier les exigences de ces derniers, de son travail et de sa mère . Aussi est-ce avec une attention plus que flottante qu'elle écoute l'appel téléphonique de cette dernière. Dommage ! La quadragénaire aurait pourtant compris pourquoi sa mère va se retrouver en garde à vue !caroline sers
Si la première partie du roman nous offre le point de vue de la fille, la seconde nous propose aussi celui de la mère, histoire de donner sa chance à chacune et de laisser le choix au lecteur.
Parti sur les chapeaux de roues avec une héroïne sympathique en diable, le rythme ralentit sérieusement ensuite et oublie un peu le côté vachard qui faisait tout son sel. Bilan en demi-teintes donc.

 

Maman est en haut, Caroline Sers, Buchet- Chastel 2016.