Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/10/2017

Petits plats de résistance...en poche

 "Personne à ce jour ne l'avait jamais pris en flagrant délit d'une quelconque activité salariée ou même de recherche d'emploi."

Qu'est ce qui va réunir Sandrine Cordier, "bras séculier du gouvernement contre la hausse du chômage" ,autrement dit employée de Pôle emploi, Antoine Lacuenta, agrégé d'histoire en rupture de bans et militant écologiste, un patron de presse, une "égérie sexo-psy", le directeur et les occupants d'un centre d'hébergement menacé de fermeture, une petite fille surdouée, une mamie à la page (et j'en oublie !) ?
La nourriture bien sûr(chaque chapitre porte un titre appartenant à ce champ lexical et l'on fait le grand écart entre "pâtée pour chiens" et "champagne" en passant par des plats beaucoup plus exotiques), mais aussi la résistance annoncée dans l'intitulé du roman. Résistance qui se manifeste à plusieurs niveaux et sous différentes formes, cocasses ou plus sérieuses.pascale pujol
Combinant des thèmes déjà envisagés dans d'autres romans (solidarité transgénérationnelle et/ou sociale, comme dans Bon rétablissement ou Ensemble c'est tout), réalisation de soi par le biais de la cuisine (Mangez-moi), Pascale Pujol donne à son roman la forme d'une ronde où vont se retrouver ses différents protagonistes. Ronde folle par le rythme, mais maîtrisée aussi (je ne me suis pas sentie perdue malgré le nombre de personnages) où l'auteure joue avec bonheur des possibilités qu'offre le récit, multipliant ainsi les surprises et les rebondissements. La plume est alerte et j'ai passé un excellent moment avec cette comédie enjouée.

11/10/2017

Encore plus de bonheur

"Il sourit souvent. C'est louche, cette bonne humeur affichée.On est des ados, quand même. On est supposés tirer la tronche un minimum."

Angela a été maintenue en classe de Seconde (comprendre, elle a redoublé). Si elle a perdu en chemin sa meilleure amie, elle a gagné en expérience et peut se targuer de conseiller efficacement les membres de sa classe. De quoi recommencer du bon pied cette nouvelle année scolaire.rachel corenblit
Que nenni car sur sa route elle va rencontrer la quintessence du boulet: Félix, faire la connaissance du nouvel amour de sa mère, devoir s'adapter à un père converti au véganisme, bref enchaîner les petits et gros malheurs,pour notre plus grand plaisir bien sûr.
Les 157 pages se tournent toutes seules, émaillées comme d'hab' de petits dessins et remarques d'Angela, façon carnet d'ado.

 

 

 

 

 

 

Que du bonheur ! clic !

04/10/2017

Juste quelqu'un de bien

"J'ai enchaîné les mecs sans réfléchir, j'ai gagné pas mal d'argent sans avoir l'impression de me fatiguer...Et puis soudain, la machine s'est grippée."

Bérénice, trente-quatre ans, a mis fin à une liaison sans saveur, mais ne tombe pas amoureuse pour autant. Elle  ne parvient plus à écrire une ligne de romance historique, ce qui est pourtant sa raison d'être , bref rien ne va plus.
Aidée par une mère et une grand-mère hautes en couleurs, ainsi que par une amie très chère, elle va enfin poser les questions nécessaire concernant son père et se décider à apprivoiser Aurélien, un homme dont elle est tombée amoureuse ado mais qui s'obstine à ne pas la reconnaître...angéla morelli
 S'inspirant d'une nouvelle de Stefan Zweig, "Lettre d'une inconnue", Angéla Morelli tire parti à merveille de l'idée de cet homme qui ne reconnaît pas celle qui l'aime. Ses personnages principaux ou secondaires sont croqués à ravi ,plein de petits détails les rendant immédiatement vivants et attachants. On est loin de l'hystérie qui règne parfois dans les romances survoltées qui croient ainsi se donner du rythme.Ici les personnages sont plus posés, parfois empreints de gravité, sans pour autant plomber le roman car l'humour est toujours présent.
On se glisse avec plaisir dans ce cocon douillet de l'impasse pavée et fleurie où vivent des artistes, on pousse le sourire aux lèvre la porte du Va comme j'te pousse, bar qu'on rêverait de fréquenter, bref on passe un délicieux moment, plein d'émotions et de fantaisie.
Ce nouveau roman d’Angola Morelli est une petite merveille !

Juste quelqu’un de bien, Angéla Morelli, Editions Harlequin 2017, 331 pages qui se tournent toutes seules.

03/10/2017

Au pied de la lettre

"Mes parents avaient des jugements  si péremptoires et parfois si imbéciles (ça sautait aux oreilles, je vous jure) que ça m' appris à me méfier des jugements."

Barthélémy Martin est-il dépressif ? Pour le savoir, il ira consulter deux psychiatres qui, bien que frères, ont des méthodes très différentes. C’est finalement à un troisième psy qu'il confiera son histoire par lettres, brossant ainsi, par petites touches l'histoire d'un homme effacé depuis l'enfance qui va peu à peu s'émanciper dans sa vie amoureuse  et dans sa vie tout court.isabelle minière
Roman épistolaire émaillé de formules éclairantes, Au pied de la lettre nous convie dans un univers qui pourrait être morose, mais qui s'avère plein de fraîcheur. On entre en empathie avec ce personnage qui, falot, prend de plus en plus d'épaisseur dans ses modestes révoltes, pourtant très efficaces. Un roman qui donne le sourire.

Merci à Babelio et aux Éditions Serge Safran.

De la même autrice: clic, clic et reclic.

L'avis d'Antigone.isabelle minière

02/10/2017

Mon père, ma mère et Sheila

"Lorsque je suis témoin d'un élan de tendresse entre un père et son fils , je ne peux m’empêcher d'être surpris.Je marque un arrêt, ému de voir que cela se passe si naturellement."

D’abord ce qui frappe dans le roman d'Eric Romand, c'est la forme fragmentaire choisie. Des textes brefs, factuels, où le sous-texte en dit souvent plus que ce qui est énoncé. La peur, la honte ne seront clairement énoncés que bien plus tard dans le récit.eric romand
La forme ici mime le fonctionnement d'une famille dysfonctionnelle des années 70 (la mère a commis une mésalliance aux yeux de sa famille petite bourgeoise), où l' homosexualité du fils , qui se devine à travers son admiration pour l'idole d'alors, Sheila,  provoque "Le regard glacial de mon père et celui désespéré de ma mère" sans que des mots soient clairement posés sur ce que chacun devine. La mère n'arrive d'ailleurs même pas à prononcer sans se tromper le mot "Homosexuel".
C'est aussi tout une époque qui se donne à voir, les repas pantagruéliques de Noël en famille, où la mère s'inquiète de ne pas avoir assez à manger pour ses invités, ceux pris en regardant Danièle Gilbert et les chanteurs en playback qui font face aux aléas de l'émission.
On sourit, on est profondément ému quand au détour d'un texte se donne à voir la douleur d'une mère, ou celle d'un fils qui,suivant les conseils de sa thérapeute se prend dans ses  bras.
109 petites pages pour un roman puissant , tout en retenue et diablement émouvant.

Déniché à la médiathèque.

 Éditions Stock 2017

28/09/2017

Davis Bowie n'est pas mort

"J'ai l'impression de partir à la découverte d'un inconnu parfaitement familier, je reconnais tout, même  ce que je ne connais pas ."

Trois sœurs, Anne, Hélène( la narratrice) et Émilie, perdent leurs parents à un an d'intervalle. L'occasion d'analyser avec franchise, humour parfois acide mais aussi bienveillance, les relations complexes que les frangines entretenaient avec leurs parents.sonia david
Première partie: la mère, haute en couleurs, attirant les regards, les apôtres, et que la narratrice fait profession de ne pas aimer par "vantardise" mais elle s'étonne de "découvrir que l'on peut tout de même aimer quelqu'un que l'on aime pas."
Changement de registre pour le père dans la deuxième partie: "...papa est ma mère juive, mon parent légitime, ma pelote d'amour."
Mais c'est dans la dernière partie que la mort de David Bowie va paradoxalement rapprocher les sœurs et faire renaître leur sororité chaleureuse.
D'emblée,on entre de plain pied dans cette famille qui nous devient très proche. Le ton est enlevé, plein d'humour souvent vachard mais d'émotions aussi et les quinquas chargées de faire le tri des héritages familiaux nous ménagent bien des surprises dans leurs revirements émotionnels. Même si je fais partie des "enfants uniques terriblement à plaindre", je me suis immiscée le temps de cette lecture dans cette fratrie et l'identification a fonctionné à fond !

Antigone a aimé, Cuné, moins.sonia david

 

27/09/2017

Un homme doit mourir

"- Il y a des gens et des idées qui sont comme des larves dans l'écorce des beaux arbres."

Boris, naturaliste, rédige des rapports de contre-expertise destinés à favoriser les projets industriels controversés . Le dernier en date ? Celui d'une installation d'unité de stockage de matières dangereuses dans une les Landes, là où vit une espèce rare de libellule.S'il a vendu son âme au diable, Boris entretient paradoxalement de bonnes relations avec Pépé, odonatologue passionné, opposant bien décidé à faire de cet endroit une Zone A Défendre.pascal dessaint
Un peu plus loin, une villa cossue défie la Nature et les lois littorales. Son propriétaire, homme d'argent et de pouvoir, y a convoqué deux de ses amis , tout aussi peu scrupuleux que lui.
Entrelaçant avec virtuosité les intrigues, Pascal Dessaint  fait la part belle à la Nature, sans pour autant négliger le côté noir de son roman. La tension monte au fur et à mesure que s'annonce une tempête et que se révèlent les enjeux.
Les personnages ne sont ici en rien caricaturaux. Complexes et riches d'humanité, ils s'interrogent sur les liens qu'entretiennent les hommes , les végétaux et les animaux, sur la nécessité  qui peut paraître dérisoire de préserver certaines espèces, constatent les vertus de la nature sur les tourments humains.
Un peu plus apaisé, l'auteur n'en perd pas pour autant son regard acéré, aussi prompt à identifier un oiseau qu'à dénoncer les hypocrisies de nos sociétés. Du grand Dessaint , tant par le style que par les réflexions qui émaillent le roman, sans jamais l'alourdir.

25/09/2017

Point cardinal

"Je suis dans une impasse. Comment réunir ma peau d'homme avec la femme que je suis à l’intérieur, ses formes, son esprit, ses désirs ?"

Laurent est heureux en couple avec Solange et leurs deux enfants. Pourtant si "Rien ne dépassait dans [leur] histoire", Laurent va tout faire éclater.leonor de récondo
En effet, il n'en peut plus de ne pas faire coïncider l'homme qu'on voit et la femme qu'il se sent être.
Ce qui est extrêmement intéressant dans le roman de Léonor de Récondo c'est qu'elle choisit de nous montrer les répercussions que cela entraîne non seulement pour son héros, mais au sein de sa famille - et les réactions seront  extrêmement différentes pour son fils et pour sa fille- et de ses collègues.
On pourrait reprocher au texte son manque d’aspérités, tout paraît aller de soi ou presque pour Laurent, mais la romancière a choisi de se situer au moment où le héros a atteint un point de non-retour . Reste à parcourir le  chemin vers le changement de sexe, parcours hérissé d'obstacles en France.
Léonor de Récondo traite avec sa délicatesse habituelle ce sujet  sensible et souligne que si Laurent veut devenir une femme, il m'en reste pas moins un père pour ses enfants et n'a pas perdu perdu ses sentiments pour son épouse. Il leur reste à inventer leur vie...

20/09/2017

En vrac...

*Une dose de douleur nécessaire, Victoire de Changy,

Premier roman, roman d'amour entre une jeune femme et un journaliste, marié, père de famille, ayant le double de l'âge de son amoureuse. Passion toxique qui se termine par un renversement de situation qui n'a pas su me séduire même si l'écriture est très (trop?) travaillée. Éditions Autrement 2017.victoire de changy,dominique resch

*Le monde entier dans ma classe, Dominique Resch

Dominique Resch le reconnaît lui-même, maintenant que ses élèves savent qu'il écrit des livres les mettant en scène, il est devenu difficile de distinguer les "bons mots" spontanés des autres. D'où le plaisir moindre à lire cet opus.
En outre, utiliser et mettre en scène les défauts, et erreurs de ses collègues (y compris les siens d'ailleurs) n'a pas la même saveur...

Éditions Autrement 2017.victoire de changy,dominique resch

18/09/2017

Summer

 "C'est donc ça. La réputation de ma famille, une fois de plus, l'image que nous donnons, de supériorité et de pouvoir."

Summer, dix-neuf ans, blonde, solaire, disparaît lors d'un pique-nique au bord d'un lac suisse. Vingt-cinq ans plus tard, son frère cadet, Benjamin, ne parvient plus à avancer dans la vie, bloqué qu'il est par le souvenir de cet été et par cette disparition inexpliquée.monica sabolo
"Et toujours en été" a-t-on envie de fredonner en lisant ce roman de Monica Sabolo tant l'impression de lumière prévaut dans ce texte. Pourtant, cette luminosité est contrebalancée par la métaphore filée de l'eau, à la surface certes brillante sous le soleil, mais dont les profondeurs  se révèlent bien plus troubles et boueuses.
Ainsi en est-il de la vie de cette famille à qui tout semble sourire, où la superbe Summer, tel un cygne blanc attire tous les regards, tandis que son cadet se vit davantage comme le vilain petit canard dont chacun pense peut être en secret que c'est lui qui aurait dû disparaître.
Aveuglé par la colère envers ses parents,  tout autant que par son amour pour Summer, Benjamin va remonter le fil du temps et mettre à jour tout ce qu'il avait occulté.
Roman poétique et entêtant, Summer distille au fil du texte des notations fugitives, comme autant d'indices qu'il faudra réagencer pour réinterpréter les fait a posteriori. Un texte qui a su me séduire, alors que j'avais beaucoup d'a priori en le commençant, craignant par-dessus tout que ce ne soit qu'un roman d'atmosphère et que je demeure frustrée par la fin. Rien de tel, bien au contraire.

Summer, Monica Sabolo, JC Lattès 2017, 316 pages troublantes.

 

Lu dans le cadre du grand prix des Lectrices de Elle.