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07/11/2018

Le 12ème chapitre

Un auteur à succès et son éditeur , amis d'enfance, reçoivent simultanément un manuscrit évoquant une tragédie ayant marqué leur jeunesse , rappel dont ils auraient bien aimé faire l’économie. Les envois se succèdent, seul le 12 ème chapitre diffèrera.jerome loubry, schtroumpf grognon le retour
La culpabilité est au cœur de ce roman qui n' a pas su me captiver tant l'écriture est dissonante, l'auteur se permettant tantôt des facilités, tantôt  faisant preuve de davantage de rigueur.
Quant à l'intrigue, elle m'a aussitôt évoqué d'autres textes, et pourtant je ne suis pas férue de polars.

Merci à l'éditeur et à Babelio.jerome loubry, schtroumpf grognon le retour

30/10/2018

Bouche cousue

"Qui donc me rendra mon prénom ? "

 En 93 petites pages, d'une efficacité pleine de délicatesse, isabelle Minière relate une rupture amoureuse, ses prémices et ses conséquences.
Elle centre son propos sur le pouvoir des mot, l'homme abandonné passant progressivement de son surnom "Tintin" à ...rien. "Elle ne m'appelait plus du tout. J'avais perdu mon prénom et mon surnom."La versatilité de Flora, l'ex-amoureuse ira même encore plus loin dans la cruauté désinvolte, n'hésitant pas à interchanger des appellation d'un destinataire à un autre.isabelle minière
Du coup, l’abandonné ,qui ne récupérera son prénom qu'à la toute fin du récit, en perd la voix au sens propre du terme. Il lui faudra suivre tout un processus personnel de réappropriation de son identité pour la récupérer; processus qui n'ira pas sans mal car "On veut changer, mais on a toujours un peu peur de se perdre en cours de route." , réalisant peut être la prédiction inscrite dans son prénom.
Un livre raisonnablement optimiste, léger en apparence , mais plein de finesse et dont il faut noter la délicieuse couverture de Vlou.

Un vrai plaisir que de retrouver Isabelle Minière , éditée ici chez Le Verger.

 

Merci à l'éditeur et à Babelio.

16/10/2018

Valentine ou la belle saison

"Tu en connais beaucoup des familles où tout le monde s'aime, se parle sans hypocrisie ni jalousie, et ne cache rien à personne ? "

A l'aube de la cinquantaine, Valentine et son frère aîné, Frédéric, vont devoir faire face à de nombreux bouleversements.
Sur fond de campagne électorale présidentielle ,chacun d'entre eux va devoir affronter à sa manière et "digérer" des secrets de famille façon poupées russes , secrets d'autant plus violents qu’ils les obligeront à faire le deuil de l'image idéalisée de leurs parents.anne-laure bondoux
Pour ne rien arranger, Fred comme Valentine doivent simultanément faire face à des tourments personnels...
Centré sur le personnage de Valentine, femme qui a bien du mal à accepter et son corps et la réalité, le roman d’Anne-Laure Bondoux se révèle addictif tant il excelle à croquer des personnages pleins de vie, de doutes mais d’énergie aussi.
Interrogeant les liens subtils, et parfois tortueux, qui unissent frères et sœurs, il brosse aussi en arrière plan le désenchantement d'une certaine gauche idéaliste.
Même si la fin me laisse dubitative, j'ai dévoré à belle dents ce roman qui fleure bon la joie de vivre malgré tout.

 

Fleuve éditions 2018, 407 pages.

 

11/10/2018

Un homme aborde une femme

"La rue aujourd'hui n'est plus un terrain de jeu et de hasard. Je l'ai compris  en marchant aux côtés d'Océane, la fille de Mette."

Une femme qui vient d'être plaquée se souvient, depuis l'enfance, de toutes les interactions ( sous forme de cailloux jetés contre son vélo,  de mots plus ou moins  crus...) que les hommes ont ébauché avec elle dans la rue.fabienne jacob
Elle convoque aussi les témoignages de femmes d'âges, de milieux différents et évoque leur rapport au corps pour mieux retrouver cet élan qui lui a fait soudainement défaut.
C'est avec bonheur que l'on retrouve la langue charnelle, drue et vigoureuse de Fabienne Jacob dans cette série de textes qui disent le bonheur d'être femme, même dans un monde qui s'est "pasteurisé".

 

Buchet-Chastel 2018

09/10/2018

Comment t'écrire adieu #Rentreelitteraire2018 #NetGalleyFrance

"J'ai fait payer de longues années à mon frère de onze ans les posters de Samantha Fox et Sabrina ; et moi, femme adulte, cérébrale somme toute, et armée de convictions inversement proportionnelles à celles de mes bonnets, je me fais cueillir par cette blonde peroxydée, fluette mais qui s'est fait rajouter des seins comme si elle devait instamment exercer la profession de nourrice." [Il s'agit de Dolly Parton].

R. est parti. Sans dire adieu à Juliette qui, du coup, revisite via quatorze chansons éclectiques  la bande sonore de sa vie. Elle décortique à sa manière drôle et futée les paroles de ces viatiques singuliers et revient sur cette histoire d'amour chaotique, ses fêlures, son enfance, son chien Gros, ses amis, ses amours précédentes, ses fixettes, le tout avec panache.juliette arnaud
 Le texte de Juliette Arnaud pâtit un peu de cette volonté de vouloir tout dire en une seule fois,en vrac, mais  c'est avec une sincérité désarmante. On retrouve avec beaucoup de plaisir le style si reconnaissable de la chroniqueuse de France Inter (dans l'émission Par Jupiter) et si la fin est un peu abrupte, on a néanmoins passé un très bon moment avec cette fille très sympathique dont on aimerait bien faire sa copine.

 

Belfond 2018

08/10/2018

Ma dévotion

"C'était ma position dans le monde-j'étais le lieu où tu revenais."

Octogénaires, Helen et Frank se retrouvent par hasard sur un trottoir londonien. L'occasion pour Helen de revenir sur leur histoire, entrecoupée de séparations et marquée par un événement tragique sur lequel Helen a décidé de faire toute la lumière.julia kerninon
Amour, amitié, amitié amoureuse ? Quelle est la nature des liens qui unissent vraiment ces deux créateurs, chacun dans leur domaine respectif ? Si Frank est devenu un peintre très connu n'est-ce pas grâce à Helen qui d'emblée, dès leur adolescence a su les sauver tous deux en s'exilant loin de leur familles respectives ? Elle a su le délester de tout problème domestique , le protéger, mais s'en est-il seulement rendu compte ?
Seule Helen proposera sa version des faits, sans pour autant toujours se donner le beau rôle.
Julia Kerninon explore ici avec subtilité les méandres de la création et les liens complexes qui unissent parfois malgré eux les deux monstres , chacun dans leur genre, dont elle brosse ici le portrait. Un récit empli de ferveur qu'on dévore d'une traite.

Le Rouergue 2018

02/10/2018

Avec toutes mes sympathies

"Bénéfice secondaire du malheur, le bonheur ne me frappe plus au cœur, mais les contrariétés non plus."

Après le suicide de son frère, la critique littéraire Olivia de Lamberterie a rompu son vœu et  exaucé le souhait fraternel : écrire un livre. Dont acte. olivia de lamberterie
Mais sans doute eût-il été préférable qu 'elle se laisse le temps de prendre du recul, cela aurait sans doute favorisé une expression plus maîtrisée des sentiments et un peu plus de rigueur dans l'écriture aussi (à deux reprises, à quelques lignes de distance, la narratrice "se gorge" d'activités positives, comme dans une mauvaise publicité).
J'ai donc ressenti peu d'émotions, mais sans doute suis-je sans cœur.

26/09/2018

Coeur battant

 Alex a 17 ans et vient de découvrir la différence entre un suicidaire (qui n'est pas passé à l'acte )et un suicidant (qui a raté son suicide). Le jeune suicidant rejoint donc la tribu de malades de la vie que traite  la clinique de la Citadelle où il se retrouve mêlé à des anorexiques, alcooliques ou accros au sexe de tous âges.
Là, il remarque aussitôt Alice, suicidante elle aussi, dont la forte personnalité va lui donner bien du fil à retordre.
Bientôt va se créer une bande hétéroclite qui n'aura de cesse de se parvenir à s'enfuir en vue d'un suicide collectif. axl cendres
Commence alors une épopée où vont se révéler les personnalités de chacun au fil de rencontres tour à tour loufoques ou émouvantes.
Parfois cru, souvent poétique, émaillé d'aphorismes et de métaphores (parfois un peu trop à mon goût) évoquant l'amour et la mort  ,le  nouveau roman d'Axl Cendres aborde avec son ton si particulier et son culot habituel un thème trop souvent tabou. Parler avec humour et justesse du suicide n'est pas donné à tout le monde. Un nouveau tour de force de cette auteure hors-normes !

 



25/09/2018

Désintégration

"C'est moi qui décide à présent. J'ai gagné le seul pouvoir qui m'a toujours importé, celui de refuser une chose lorsque les conditions de celle-ci ne me conviennent pas, et , surtout, la liberté de n'en exercer sur personne."

 Son seul objectif est d'écrire. Mais ni ses études, pourtant spécialisées, ni ses origines sociales modestes ne pourront l'aider à se frayer un passage dans un univers où elle n'a pas sa place. Ses colocataires bourgeois bohèmes parisiens, souvent fils ou filles de, le lui font bien comprendre, que ce soit par des réflexions ambiguës ou lorsqu'ils feignent de l'ignorer, lorsqu'elle n'a pas les bons codes, comportement d'autant plus violent que nié.emmanuelle richard
La liberté de la narratrice s’exprime aussi dans son rapport à son corps. Elle couche avec qui elle veut ,quand elle veut, et tant pis si cela bouscule les conventions d'un milieu hypocrite.
Avec acuité, Emmanuelle Richard dépeint la vie des travailleurs précaires à laquelle son héroïne est aussi confrontée, ces gens qui s'usent le corps et l'esprit pour un travail inintéressant et mal payé qui leur laisse juste la fin de semaine pour reconstituer leur force de travail.
En opposition,s'intercalent les entrevues avec celui qu'elle appelle l'homme-fleur, producteur qui la juge d'emblée vulgaire et qui la fascine sans pour autant lui donner l'envie de vaincre La désintégration à laquelle le présent la confronte, maintenant qu'elle a fait ses preuves en étant éditée.
Comme Annie Ernaux, la narratrice a "vengé sa race" mais ici elle est confrontée à la solitude des corps et au manque de tendresse.
Un roman qui peut choquer par sa virulence ,mais une description très juste d'un monde que bien souvent nous aussi feignons d'ignorer.

24/09/2018

#ToutesLesFemmesSaufUne#NetGalleyFrance

"Il faudrait pardonner à ce vieil enfant essoufflé criant depuis soixante ans qu'on le tire du froid, ignorant que c'est fait. Je ne pardonne pas , je n'ai pas assez d'orgueil. Au maximum, je comprends. Et encore, pas sûr."

Sa fille, tout juste née, ne s'appellera pas Marie comme toutes les femmes de sa famille avant elle, mais Adèle. Avec énergie, avec colère, avec passion, la narratrice raconte à sa fille, son enfance tiraillée entre une mère qui aurait voulu tour à tour l"emmener sous l'eau avec elle, tour à tour sauver", qui souhaitait simultanément que sa fille s'élève socialement et ne le supportait pas car, elle-même , qui aurait pu devenir institutrice, avait été retirée de l'école trop tôt.maria pourchet
Elle dit la soumission, la langue "domestique",  le"vocabulaire émacié de votre langue", qui justifie la vie bridée, finie avant d'avoir même commencé ; cette langue qui s'inscrit en italiques dans le texte et au fer rouge dans la mémoire, devient un vivier où puiser des formules toutes faites pour justifier les vie brisées et l'amour qui ne peut circuler.
La narratrice évoque aussi la violence larvée de la maternité où le personnel n'est pas toujours tendre avec la primipare qui refuse de se plier aux règles implicites, d'où des mesures de rétorsion larvées.
Alors, oui ,on est bien loin des relations apaisées entre mères et filles, mais ça fait un bien fou de lire ce texte rageur et libre qui fait fi de toutes les convenances. Un grand coup de cœur.