Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/02/2018

Le divan rouge

"Grâce à ce divan, nous nous posions dans la réalité de notre présent."

Une femme et ses deux enfants fuyant un homme violent, se réfugient dans un appartement où bientôt la mère de famille  va installer un magnifique Divan rouge.catherine briat
 Ce récit très court (123 pages petit format) de résilience et de reconstruction fait la part belle au meuble personnifié, mais le manque d'épaisseur de cette famille, comme hors-sol, fait qu'un léger goût d’insatisfaction vient gâcher le plaisir qu'on se promettait en ouvrant cet opuscule. 

Sur le même thème, j'ai préféré une nouvelle d'Anna Gavalda dans Fendre l'armure.

19/02/2018

Maria

"Pour des raisons obscures, liées au respect de l’environnement, de la santé, de l'éthique, Céline et Thomas désirent secouer le monde, et ce monde n'est qu'un vieux dessus-de-lit sur lequel Maria et William se tiennent assis, tout benêts qu'ils sont."

Maria a tissé un lien poétique, empli d'amour avec son premier petit-fils, Marcus, trois ans. Si elle retient ses remarques sur le fait que l'enfant arbore au gré de ses envies cheveux longs, maquillage et robes, elle sera sous le choc quand, à la naissance de leur deuxième enfant, sa fille et son gendre refuseront de révéler le sexe de celui ou celle à qui il sont attribué un prénom non genré.angélique villeneuve
Cette attitude radicale à laquelle les jeunes gens refusent obstinément de déroger entraînera bien des changements dans la vie affective tout autant que professionnelle de Maria.
On ne peut qu'être bousculé par ce roman où l'on retrouve avec un plaisir sans faille l'écriture sensible et poétique d'Angélique Villeneuve. Qu'on ait l'âge de Maria ou celui de sa fille, que l'on soit homme ou femme, ce roman vient remettre en question tout ce qu'on tenait pour acquis. Il m'a fallu le temps de laisser infuser ce roman que je n’oublierai pas de sitôt.

Grasset 2018.

Le billet d'Antigone, celui d'Aifelle.

13/02/2018

Si j'avais un perroquet je l'appellerais Jean-Guy parce que que Coco c'est déjà pris

"J'ai un pieu dans le cœur depuis deux ans et je n'ai trouvé qu'une pince à épiler."

Dans un roman de Françoise Sagan, la narratrice, dont on apprendra tardivement le nom et le profession, trouve un marque-page intriguant. En effet, y sont inscrits le nom d’un homme ‒ Jean-Philippe ‒ et son numéro de téléphone, suivis de l’invitation « Appelle quand tu veux ».blandine chabot
Appellera ou pas ? Traumatisée (et il y a de quoi !), la narratrice , à grands coups de mensonges et de valse-hésitation va se fourrer dans de drôles de situations, dans la pure tradition de la littérature de filles.
Le ton est drôle, enlevé et à l'exception d'une petite baisse de rythme et d'un épisode à la tonalité plus sombre, on passe un bon moment de détente avec ce premier roman prometteur car l'auteure a su se créer un univers haut en couleurs et attrayant.blandine chabot

09/02/2018

Comme le cristal

"Si Émile se comportait plus tard comme Claude ou comme T., Gretchen lui trancherait la carotide. Et s'il se permettait des sautes d'humeur à la Franz Barbot, elle le jetterait aux ordures."

Lisette et son frère Franz, leur cousine Ada, la boulangère Gretchen,chacun à leur façon sont comme fossilisés soit dans le passé, soit dans des relations amoureuses  relevant surtout de l'ordre du fantasme, soit dans des relations toxiques.cypora petitjean-cerf
La réapparition mystérieuse du canapé de leur enfance va d'abord distiller une certaine nostalgie chez Lisette et Franz, mais quand ce dernier va se mettre en tête de fixer dans le béton le meuble à éclipses pour être sûr de le conserver , tout va se dérégler et les personnages devront affronter la vérité de leurs sentiments.
Il m'a fallu un peu de temps pour entrer dans ce récit qui alterne les points de vue et parfois les époques, mais très vite, l'humour de Cypora Petitjean-Cerf, son sens discret du fantastique ont su me séduire à nouveau. J'ai adoré les petits détails si parlants (la relation aux vêtements, à l'écriture, aux cheveux aussi...), la brusquerie dans les relations familiales, jamais édulcorée mais aussi la bienveillance vis à vis des personnages. Un grand plaisir de lecture !

Éditions Le Serpent à plumes 2018, 251 pages et la bande-son du livre sur Spotify, où figure un titre de Kate Bush...

Cuné m'avait donné envie.

 

05/02/2018

Traité de savoir-rire à l'usage des embryons

"Je n'accorde pas une grande importance à cette qualité rare, la fidélité, mais de là à vivre avec un compagnon infidèle..."

"Sur l'échelle Richter du ridicule, on frisait le 9.", constat lucide de la narratrice, jeune écrivaine, tombée amoureuse via les bons services d'un entremetteur farfelu, d'un homme plus âgé qu'elle, éditeur de suroît, mais heureusement pas dans la maison qui l'édite.anne akrich
Enceinte, elle décide d'écrire à son fœtus un Traité de savoir-rire à l'usage des embryons , afin de lui présenter l'histoire d'amour de ses parents, deux être follement atypiques, de leurs familles respectives, tout aussi farfelues, mais dans des genres très différents, le tout assaisonné de mauvaise foi patente et de "Fais ce que je te dis , pas ce que je fais."
Dégommant tous les clichés, on suit avec jubilation les tribulations des ces deux amoureux improbables au fil de chapitres ayant en ouverture des citations , souvent connues, mais qu'on a plaisir à retrouver ou à découvrir.
Un livre drôle et enlevé qui fustige aussi avec humour tous les travers de notre société de consommation liés à la grossesse , travers dans lesquels la narratrice ne peut évidemment s'empêcher de tomber. Un pur régal !

Merci à l'éditeur et à Babelioanne akrich

30/01/2018

Et soudain, la liberté

"Ce que les mères reportent sur leurs filles, tout de même. Ce qu'elles leur demandent, souvent silencieusement. Ce pacte qu’elles signent ensemble de leur sang partagé."

Récit d'une double émancipation ,parfois erratiques,  celle de la mère d'Evelyne Pisier et la sienne, ce roman avait au départ tout pour me plaire. evelyne pisier,caroline laurent
Que l'autrice n'ait pu terminer son livre, que son éditrice ait pris le relais, poursuivant par delà la mort le dialogue entamé avec ferveur entre les deux femmes de générations différentes n'était en soi pas gênant, bien au contraire.
Non, ce qui m'a vraiment dérangée est que ce qui est annoncé comme un roman (à tendance clairement autobiographique) exhibe ses coutures, sa fabrication : on nous énonce ce qui est inventé ou non,un personnage public est clairement identifié à une page et renommé quelques pages plus loin.
Dans un tout autre genre, j'ai  ainsi nettement préféré le premier roman d'Isabelle Carré qui nous indique avoir inventé certains faits, sans pour autant nous donner les clés et  nous plonge ainsi plus efficacement dans la magie romanesque.

Lu dans le cadre du grand prix des lectrices de Elle.

26/01/2018

La fille sur la photo...en poche

karine reysset"Elle s'était toujours livrée à moi jusqu’à l’écœurement. A l'inverse, quand j'avais un souci, un chagrin, jamais je n'aurais songé à l'appeler. je savais d'avance qu'elle ne me serait d'aucun réconfort, d’aucune aide."

Lors de son histoire d'amour avec un réalisateur plus âgé qu'elle, Anna s'est coulée sans rechigner dans un rôle de compagne et de mère de substitution. Devenue romancière, elle a quitté ce foyer chaleureux, conquise par un admirateur de ses talents, jeune homme au comportement trouble.
Des années plus tard, quand elle est appelée à la rescousse au chevet de Garance qu'elle avait élevée dix ans durant, Anna revient sur son passé et sur les raisons de son départ.
Avec sensibilité et talent, Karine Reysset creuse son sillon et interroge tout à la fois la maternité et ses différentes formes ainsi que les relations entre deux créateurs à la notoriété très différente. On passe un excellent moment avec ces personnages parfaitement croqués,tout en  prenant un grand bol d'air marin.

 

Cuné m'avait donné envie.

 

23/01/2018

#LesRêveurs #NetGalleyFrance

"...la même absence de liberté, et surtout d'intérêt de leur famille à l'égard de de ce qu'ils étaient vraiment."

Une fille-mère et un bisexuel comme parents , même dans les années 70, voilà qui n'était pas courant. Famille hors-normes donc pour des enfants qui ne rêvent que de normalité, mais qui, bon an , mal an vont devoir s'accommoder d'une drôle de famille où l'amour et l'art sont très présents.
La douleur, la dépression, deux tentatives de suicide mais la vie qui malgré tout reprend le dessus et une écriture très touchante font de ce premier roman, à tendance autobiographique, une entrée en littérature plutôt réussie.isabelle carré
Isabelle  Carré,dont le sourire lumineux joue beaucoup dans le formidable capital sympathie dont elle bénéficie, révèle à demi-mots ses failles mais montre aussi que les enfants d'homosexuels ne vont ni moins bien ni mieux que ceux d'hétéros. Un très bon moment de lecture.

 

grasset 2018isabelle carré

18/01/2018

#L'atelier des souvenirs#NetGalleyFrance

"On découvrait des personnalités, on s'investissait émotionnellement, on s'attachait. ..Mais les liens tricotés étaient en sursis. Le temps faisait impitoyablement son œuvre."

Alice, thésarde parisienne sans emploi, quand elle hérite d’une maison familiale dans la Meuse, décide d'animer des ateliers des souvenirs dans deux maisons de retraite. L’occasion de découvrir le passé des pensionnaires, y compris leurs histoires d'amour. Et l'amour  il en est beaucoup question car ces charmants retraités se mettent en tête de lui redonner le sourire en jouant les cupidons.anne idoux-thivet
La première partie, même si elle est parfois prévisible, s'est avérée très agréable à lire, et le côté gentiment godiche d'Alice, apporte beaucoup de fraîcheur à l’histoire. Hélas, à trop vouloir multiplier les intrigues, le récit perd un peu son souffle et son lecteur en route. Bilan en demi-teintes donc.

anne idoux-thivet

 

 

 

11/01/2018

Tombée des nues

"...j'ai tendance à faire confiance au couple même si le couple vient de montrer une terrible cécité, j'aime croire en ce qui peut renaître des failles, au côté salutaire du choc..."

 Marion et Baptiste, un couple d'éleveurs, vivent heureux à la lisière d'une village.Une nuit d'hiver,Marion est prise de douleurs violentes. A leur grande surprise, il s'agit d'un accouchement.
Déni de grossesse. cette expression-  pas très jolie d'ailleurs- ne sera  jamais prononcée dans ce roman choral. Il épinglerait comme un papillon une situation que l'auteure envisage avec délicatesse, sous différents angles, via le prisme de ses personnages.violainr bérot
Pendant trois jours, vont ainsi alterner le point de vue du voisin qui a sauvé l'enfant, de l'employé du couple, de la sage-femme,de la grand-mère maternelle, de Baptiste et Marion, sans oublier celui plus trouble de Madame Peyre. Cette dernière, toujours à sa fenêtre, tout à la fois en retrait et aux premières loges, pourrait être la caricature d'une commère de village. Mais,au fil du texte, son personnage prendra de la densité et gagnera en subtilités. Il fonctionnera aussi en contrepoint du vent de folie et de solidarité qui s'empare du village à l'annonce de cette naissance.
Le parti-pris de l'auteure est de nous présenter sous forme de fragments numérotés qui s’enchaînent avec fluidité les points de vue différents, libre à nous de consulter  si nécessaire (cela a été rarement mon cas) les grilles de lecture fournies en fin de volume. On peut aussi choisir de suivre les numéros à partir du 5 (je vais bientôt le faire).
En 160 pages, Violaine Bérot réussit un pari fou : traiter d'un thème qui se tient à la frontière du sordide et du cas psychologique, sans tomber ni dans le pathos ni dans l'angélisme. Ses personnages ont chacun leur voix, bien identifiable, la majorité d'entre eux n'est pas dans le jugement, mais dans l'action. Seul le grand-père, dans un premier temps, se préoccupera du regard des autres et des explicitations à fournir. Quant à la mère, elle ne prend la parole qu'au fragment 31 et semble au sens propre Tombée des nues, puisqu'elle se réfugie dans le monde des nues, des nuages. Seule la voix de Dédé, qui s'occupe du troupeau de chèvres de Marion en son absence, parvient dans un premier temps à la ramener sur terre. Quant à la fin, elle est juste sublime.
L'écriture, toujours sur le fil du rasoir, est à la fois poétique et précise. Les personnages sont denses et savent préserver leur part de mystère.
Un formidable roman sur une maternité déroutante s'inscrivant dans un rapport charnel aux animaux et à la nature. Un pur bonheur  ! Et zou, sur l'étagère des indispensables !