19/07/2018
La frontière du loup...en poche
"Après tout, le monde est habitué à la reproduction. Rien ne semble devoir arrêter celle-ci-pas plus la guerre qu la science ou l'incommensurable stupidité de l'humanité."
Rachel Caine, meilleure experte britannique des loups, est rappelée dans sa région d'origine par un grand propriétaire terrien qui veut réintroduire le loup gris dans son domaine qui jouxte l’Écosse.
Une telle opportunité ne se refus pas, même si la jeune scientifique va devoir renouer des liens familiaux distendus et problématiques.
Sarah Hall privilégie certes l'évolution de ses personnages humains , qui sont tous très denses, mais elle fait aussi la part belle à la Nature, sous toutes ses formes, ce qui nous vaut de superbes descriptions et l'utilisation d'un vocabulaire recherché. Ceux qui aiment les loups resteront peut être un peu sur leur faim, mais on ne lâche pas ce bon gros roman de 563 pages qui sait ménager des rebondissements et ne tombe jamais dans la facilité.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sarah hall, réintroduction du loup
17/07/2018
My absolute darling
"Elle pense, Tu es vouée à commettre des erreurs, et si tu n'es pas prête à en commettre, tu seras à jamais retenue en otage au commencement des choses, il faut que tu arrêtes d'avoir peur, Turtle. Tu dois t'entraîner à être rapide et réfléchie, ou un jour, l'hésitation te foutra en l'air."
Si Julia (alias Turtle ,alias Croquette ,alias Connasse) semble jouir d'une grande liberté pour une jeune fille de quatorze ans(elle se balade seule en pleine nature avec des armes ), la réalité est toute autre à la maison.
En effet, elle vit dans un huis-clos délétère avec son père, manipulateur hors pair qu'elle déteste et aime à la fois quels que soient les actes qu'il lui fasse subir.
Refusant les main tendues qui s'offrent à elle, Turtle ne veut compter que sur elle, quitte à repousser, pour mieux le sauver, Jacob, un lycéen qu'elle ne laisse pas indifférent.
Gabriel Tallent, dont c'est le premier roman, instaure d'emblée un climat à la limite du supportable et montre bien l'ambivalence des sentiments qui anime son héroïne. A l'instar de Turtle, qui pourtant le connaît bien, notre cœur bat chaque fois que Martin, son père, entre en scène tant ses réactions sont imprévisibles. Si l'on peut déplorer quelques longueurs, il n'en reste pas moins que nous assistons ici à un véritable tour de force, tant du point de vue de l'auteur que de la traductrice, Laura Derajinski.
Gallmeister 2018, 454 pages et des personnages inoubliables.
L'avis de Cuné.
Autist reading l'avait lu l'en dernier en V.O !
15:25 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : gabriel tallent
16/07/2018
Mariage contre nature
"C'était comme si son visage avait oublié qui il était."
Après quatre années de mariage, San, jeune femme au foyer, se rend compte que son mari et elle se ressemblent physiquement de plus en plus. Elle n'est d'ailleurs pas la seule à le constater, des regards extérieurs le confirment et une voisine lui recommande même une méthode un peu magique pour récupérer son individualité.Malgré cette mise en garde,San, comme engourdie par le gras, l’alcool et les programmes de variétés que lui prodigue son mari ,se laisse pourtant glisser vers une fusion autodestructrice.
Dans ce roman, dévoration, phagocytage sont des métaphores (parfois crues) prises au sens propre du mariage. La narratrice est bien consciente de sa tendance à se laisser envahir par l'autre et multiplie les images végétales pour en rendre compte.
C'est peut être d'ailleurs du côté de la nature et non de la culture (son mari après le travail veut juste se vider la tête) que viendra la solution.
Roman très court, un peu fantastique, Mariage contre nature séduira le lecteur qui n'aura pas peur de se faire un peu rudoyer .
De la même autrice: clic
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yukiko motoya
09/07/2018
La ballade de Cass Wheeler
"Elle eut alors l’étrange sensation déboussolante que sa vie se résumait ainsi à une succession d'alliances mouvantes-rien de stable, rien de définitif, les êtres sortant aussi subitement de son existence qu'ils y entraient."
Seize chansons, "Ces moments figés, ces instantanés qui cherchent à saisir un lieu, une personne, un sentiment, avant leur disparition, leur perte définitive.", comme autant de jalons dans le parcours à la fois personnel et professionnel de Cass Wheeler, chanteuse auteure-compositrice, voilà ce que nous invite à découvrir ce nouveau roman de Laura Barnett.
A l'instar de Joan Baez, son héroïne a connu son heure de gloire dans les années 70, mais Cass a mystérieusement abandonné sa carrière.Des années plus tard, la voici de retour via seize chansons qu’elle doit choisir.
Connaissant un parcours chaotique, marqué par de nombreuses souffrances psychologiques, et ou physiques, Cass ne déroge en rien aux clichés attachés aux song writers, sauf par son ambition assumée, ce qui n'est pas rien pour un personnage féminin.
Il n'en reste pas moins que Laura Barnett peine à nous la décrire vieillissante de manière convaincante.
Un roman qui connaît des baisses de régime, mais que l'on prend néanmoins plaisir à lire au soleil car il remplit le contrat annoncé par le genre abordé.
Les escales 2018, 530 pages et la possibilité 'écouter aussi les chansons de cette ballade de Cass Wheeler imaginées et interprétées par Kathryn Williams.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : laura barnett
02/07/2018
#LaNouvelleVieDeKateReddy #NetGalleyFrance
"Hélas, s'il y a un cadeau qu'on ne peut offrir à ses enfants, c'est la perspective."
Nous avions connu Kate jonglant entre son boulot très prenant à la City, son mari et ses enfants (Mais comment fait-elle ?), nous la retrouvons quelques années plus tard, flirtant dangereusement avec la cinquantaine.
Dotée d'une maison pleine de charmes et de réparations nécessaires en pagaille, d'un mari en pleine crise de milieu de vie (façon vélo et méditation), d'ados accro aux réseaux sociaux ou aux jeux vidéo, sans compter les (beaux)-parents qui commencent à cumuler les ennuis de santé, Kate a toujours aussi fort à faire.
Mais l'argent venant à manquer, il faut qu'elle retrouve un emploi tout en affrontant une péri-ménopause tout sauf agréable.
A la fois drôle et percutante dans son analyse de la situation faite aux femmes de son âge sur le marché du travail, Kate c'est nous en mieux.
Pleine de bon sens, n'hésitant pas parfois à appeler un chat un chat et à évoquer sans fard les inconvénients de la ménopause, façon Whoopi Goldberg citée en exergue ("Personne ne vous prévient que vous allez vous déplumer du pubis."), elle sait aussi se montrer émouvante.
On rit, on applaudit mentalement à certaines de ses analyses et on a aussi parfois le cœur serré. Bref, on trouve ici tous les ingrédients d'un excellent roman qui sait nous divertir sans pour autant tomber dans la facilité.
Cuné est enthousiaste !
Le cherche-Midi 2018
06:00 Publié dans Humour, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : allison pearson
27/06/2018
l #LaJoieDuMatin #NetGalleyFrance
"Elle a l'air simple, et même si enfantine quelquefois. Mais il y a quelque part en elle une barre d'acier."
Pendant un an , nous allons suivre les débuts d'un bébé-couple, fraîchement marié, à la fin des années 20 dans le Midwest. Si Carl est à université, Annie, elle n'a pas eu la chance de suivre des études et a dû travailler très tôt. Les deux familles respectives ne sont évidemment pas enchantées de voir ces très jeunes gens se marier alors que Carl n'a pas encore obtenu son diplôme.
Pourtant, Annie, par sa candeur et une forme d'intelligence rafraîchissante, arrive même à séduire les profs d'université qui l'autorisent à suivre des cours de littérature,en auditrice libre. Voilà donc Annie qui se lance dans l'écriture...
Écrit au début des années 60, ce roman vintage réédité par Belfond m'a laissée très partagée: autant Annie est charmante et souvent touchante, autant les regards masculins portés sur elle sont empreints de paternalisme condescendant. J'ai donc oscillé entre agacement et tendresse pour ce personnage à l'orée de sa vie.
Albertine , elle a été attendrie: clic.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : betty smith
22/06/2018
Le journal intime de Baby George...en poche
"Maman est tellement épuisée par Ringo qu'elle a un mal fou à rester éveillée. Heureusement, Dada lui a appris à dormir les yeux ouverts, comme une crevette, un truc qui se transmet de génération en génération. Maman est ravie d'y être arrivée. Elle dit qu'elle n'a pas le moindre souvenir de la journée mais ça ne se voit pas du tout sur les photos."
Pas besoin d'être abonnée à Point de vue pour craquer sur le trop mignon Baby George ! Aussi, me suis-je précipitée sur son journal intime "Le meilleur livre d'une enfant de deux ans que j'ai lu cette année." comme l'affirme la citation apocryphe de Huhg Grant. Je confirme.
Seule une anglaise pouvait trouver le ton juste pour dépeindre les coulisses de la famille royale britannique, s'en moquer gentiment et la rendre infiniment sympathique. Les chahuts des frères et belle-sœur, les tiraillements de la jalousie de George envers la petite sœur à naître, sans oublier la nuée de conseillers improbables qui entoure la royale famille, tout cela est délicieusement croqué et nous fait passer un excellent moment ! à (s') offrir sans plus attendre !
Le journal intime de Baby George, Clare Bennett, traduit de l'anglais par Géraldine d'Amico,
05:35 Publié dans Humour, le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : clare bennett
15/06/2018
Sauvagerie ... en poche
"Ils avaient besoin de parents qui ne s'intéressent pas à tout ce qu'ils font , qui ne craignent pas d'être irrités ou ennuyés par eux, qui n'essaient pas de gérer chaque minute de leurs vies avec la sagesse de Salomon."
1988. Le Dr Richard Greville, expert-psychiatre adjoint à Scotland Yard,aidé du sergent Payne, revient sur le massacre de Pangbourne, enclos résidentiel de luxe à l'ouest de Londres où une dizaine de familles aisées ont été assassinées. Quant aux enfants de ces couples, ils ont été kidnappés.
Les hypothèses les plus farfelues circulent mais très vite les deux enquêteurs vont s'accorder sur une théorie extrêmement dérangeante pour une société qui refuse d'ouvrir les yeux.
Le plus intéressant n'est pas l'enquête en soi, mais bien la description des motivations des assassins,leur méticulosité et surtout leurs mobiles.
Dénonciation de la société de surveillance, du repli sur soi des classes aisées et d'une éducation par trop intrusive et étouffante à force de bienveillance.
Un roman court, 86 page , et d 'une efficacité glaçante.
Auparavant traduit et édité sous le titre Le massacre de Pangbourne.
Sauvagerie, JC Ballard, traduit de l’anglais par Robert Louit, Tristram 2013. Un indispensable, bien sûr.
06:02 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : j.g. ballard
14/06/2018
Hors-service...en poche
"Complètement libre ,en fait, complètement libérée de toute responsabilité."
Paradoxalement, c'est quand elle se retrouve accidentellement enfermée un vendredi soir dans le local à photocopieur de du collège où elle enseigne que Eva-Lena se sent soudain totalement libre. Libre de réfléchir à sa vie calibrée, où tout est bien organisé, où règnent la perfection et l'exigence , mais à quel prix ?
Son mari traîne des pieds pour rentrer à la maison et ses enfants se rebellent chacun à sa manière, sa fille lui reprochant de s'occuper davantage de ses élèves que de ses enfants. Le bilan n'est pas fameux et Eva-Lena, petit à petit va se livrer à un passage en revue des événements qui ont précédé son enfermement et jeter un œil neuf sur sa vie trop bien agencée. Un portrait qui parlera aux femmes de quarante ans dont le quotidien est trop souvent tristouille car si l'intendance roule, les sentiments, eux, commencent à rouiller. Un roman sensible et juste.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : solja krapu
12/06/2018
Fuki -no- tô
"Nous travaillons en silence.Le soleil printanier réchauffe doucement notre dos. C'est un moment de tranquillité sereine et épanouissante."
Atsuko, mariée, deux enfants, gère avec succès sa petite ferme biologique et doit même embaucher une employée. Celle-ci se révèle être une ancienne amie du lycée. Cette dernière, Fukiko, est en train de divorcer, ne supportant plus de ne pas assumer son homosexualité.
Atsuko ,qui a connu une crise dans son couple, assumera-telle le trouble déjà éprouvé auprès de Fukiko quand elle était adolescente ou préfèrera-telle une vie plus conventionnelle ?
En 143 pages, avec beaucoup de délicatesse, mais avec une écriture qui semble souvent bien plate, Aki Shimazaki dépeint cette croisée des chemins à laquelle se tient son héroïne. Un sujet semblant encore tabou et qui ,elle nous l'indique au passage, entraîne encore des conséquences dramatiques.
Une lecture en demi-teintes.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : aki shimazaki