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12/01/2010

Tom petit Tom tout petit homme Tom

Jos est devenue mère à 13 ans, un peu beaucoup parce que les hommes ne peuvent détacher les yeux de sa poitrine format 100 D, sans déconner comme elle a l'habitude d'ajouter. Pas question cependant que son fils, qu'elle élève tant bien que mal dans un mobile home l'appelle maman ! Plus bourrue, ronchon, grande gueule mais aussi tenace qu'elle y a pas ! Alors le petit Tom, pousse vaille que vaille , tantôt maternant sa mère, tantôt pédalant ferme pour se maintenir à la hauteur de la mobylette de Jos qui l'a bientôt distancié...Débrouillard, il prélève des 41fTtGctIIL._SL500_AA240_.jpglégumes dans le jardin d'un couple anglais complaisant et va bientôt se dénicher une grand-mère adoptive et se rapprocher d'un homme disparu de la vie de sa mère quelques mois avant sa naissance.
Tout cela est évidemment cousu de fil blanc et s'inscrit dans un monde où les méchants montrent les dents mais ne mordent pas. On retrouve ici les thèmes chers à Barbara Constantine, d'ailleurs deux clins d'oeil à ses personnages de Mélie sans mélo établissent une complicité avec le lecteur, mais cette fois-ci pour moi la mayonnaise n'a pas pris. On est à mi-chemin de Beatrix Potter et de Darling de Jean Teulé, l'écriture est grasse,  a perdu son pétillement,  l'action se traîne et je n'ai vraiment commencé à m'intéresser aux personnages qu'à la page 150. Une gentille bluette très vite oubliée. Dommage.

 

Tom petit Tom tout petit homme Tom, Barbara Constantine, Calmann-Lévy, 255 pages fades.

Vite, relisez plutôt ceci ou cela, tous deux sortis en poche !

11/01/2010

Les femmes du braconnier

"...pourquoi cette hécatombe autour de l'écriture ? "

La vie ardente de la poétesse et romancière américaine Sylvia Plath, son mariage avec un poète tout aussi charismatique, Ted Hughes, son suicide enfin, ont déjà donné naissance à de nombreuses études, voire à des romans ( dont le magnifique Froidure de Kate Moses que je recommande vivement).41Ku5EzQujL._SL500_AA240_.jpg
Claude Pujade-Renaud, à son tour, revisite cette existence marquée par de grandes périodes d'exaltation suivies de non moins importants épisodes dépressifs. Mais la maladie mentale n'explique pas tout ,loin s'en faut. En choisissant de multiples points de vue, ceux des principaux protagonistes bien sûr, mais aussi des personnages plus extérieurs , tels une concierge ou un voisin, Claude Pujade-Renaud effectue ainsi un tour le plus complet possible de ces personnages hors du commun.

Des chapitres courts qui s'enchaînent avec fluidité , portés par l'intensité de l'écriture, une écriture traversée par de nombreuses figures animales . Le livre commence ainsi sur la vision d'un cheval qui s'emballe et se clôt sur une guenon se laissant mourir ; animaux que l'on trouve au départ  aussi bien dans les poèmes de Sylvia( en particulier les abeilles liées à l'image paternelle) que dans ceux de de Ted, car comme le montre l'auteure, il y a eu , même au-delà de la mort, durant trente ans "un travail de tissage entre les textes " de ces deux poètes.En outre, deux scènes , l'une d'harmonie totale entre les amants et la Nature, l'autre d'une violence extrême , montrant Sylvia, essoufflée, alourdie par ses maternités,  détruisant avec furie les collets des braconniers, tandis que Hughes se tait mais prend secrètement le parti des ruraux, fonctionnent en écho et symbolisent la rupture en marche...
Le sang, celui de la morsure initiale qu'inflige Sylvia à Ted, celui des règles, qu'elle refuse avec horreur, la couleur vermillon qu'elle emploie à tour de bras, tout ce rouge court au long de ce roman charnel, marqué également par les odeurs fortes liées à l'animalité et à la puissance.
Sous le couvert des différents narrateurs , on devine parfois la voix de l'auteure, quand sont rectifiés certains détails ou bien quand est fustigée l'attitude des féministes qui n'ont cessé de vouer Hughes aux gémonies, lui reprochant en particulier la censure exercée dans l'édition de certains textes de Plath, voire leur destruction totale .
Mais il ne faudrait pas oublier également le portrait , tout en nuances, que brosse Pujade-Renaud d'Assia, souvent présentée comme la briseuse de ménage, mais qui fut elle aussi fascinée tout à la fois par Hughes mais aussi par Sylvia et qui en paya le prix fort.
Une oeuvre riche et puissante montrant aussi les ravages et les bonheurs de l'écriture : "S'ajoutait le cauchemar de ne pas dormir .Ou si peu : je me réveillais malaxée, concassée par les rêves. La sensation d'avoir été lapidée par une grêle de météorites oniriques. Peut être n'avais-je pas droit à un sommeil réparateur puisque je n'avais rien produit? Ou mal. Ou pas assez. La perfection ou rien !"Un roman que j'ai dévoré avec passion, même si je connaissais ou croyais connaître l'histoire de Sylvia Plath.

Les femmes du braconnier, Claude Pujade-Renaud, Actes sud, janvier 2010, 347 pages aussi ardentes que les personnages évoqués.

Directement sur l'étagère des indispensables, à côté de : Arbres d'hiver, de S. Plath en édition bilingue chez Gallimard et chez le même éditeur, mais là seulement  traduites en français, Birthday letters de Hughes.

06/01/2010

Tous mes voeux

"C'est pas bientôt fini, ces intimités terriblement gênantes qui ne regardent personne et intéressent tout le monde ? "

Tous mes voeux , un titre d'actualité et une couverture acidulée qui donne le ton, voilà qui fait envie...Et puis, un début un peu chaotique où l'on se demande si la narration proprement dite va commencer un jour, avec une auteure qui met en scène ses hésitations et brouille les codes du roman, brouille les frontières entre réel et imaginaire. Qui voudrait qu'une héroïne de papier, Léa, endosse l'histoire qui lui est arrivée à elle, prenant ainsi à son compte les côtés les moins glorieux de cette love story. Finalement,  "le chevalier" et "la princesse" seront choisis pour désigner les héros et vogue la galère pour ce qui sera donné comme un conte de fées à durée de vie très limitée, "ce conte de fées fêlé" avec un coup de théâtre final des plus inattendus, y compris pour celle dont le métier est d'écrire...41SF1R4zq0L._SL500_AA240_.jpg
Finalement après un début quelque peu déroutant, on se prend vite au jeu de cette histoire qui regimbe, de ce personnage jeté à la poubelle qui donne parfois son avis et de cette narratrice/auteure qui ne se donne pas le beau rôle:"Enfin , il y a le fait de trottiner à travers ces pages dans la peau de l'agneau qu'on sacrifie: cette pauvre femme, il lui est donc arrivé telle chose horrible, puis telle autre, puis encore celle-ci. Autant donner le numéro de son compte en banque et inciter le lecteur compatissant à faire un don pour venir en aide à l'auteur malmené. Bref, la vie ne vous rend pas la tâche très facile, ni quand il s'agit de la vivre, ni quand il s'agit de la raconter."
Une histoire d'autant plus savoureuse qu'elle se termine par une vengeance que vous tenez entre les mains et dont on se demande si elle sera glissée ou non dans la boîte à lettres d'un certain château...Tous mes voeux, "cher" chevalier!

Tous mes voeux, Anne Weber, Actes Sud, sortie aujourdhui, 143 pages acidulées.

Merci Cuné !

05/01/2010

Le dernier voyage

"Un bateau à quai, c'est une pendule arrêtée, disait-il souvent."

Le dernier voyage , celui de Raymond , marinier veuf et solitaire qui décide de relever le défi d'une livraison importante avec son vieux trente-trois mètres rutilant,  le Gueule d'amour. Steve et son Hollywwod (!) dernier cri vont tenter d 'arriver avant lui en Arles, n'hésitant pas à user de moyens peu ragoûtants pour venir à bout du vieux marinier orgueilleux.519hp3MymML._SL500_AA240_.jpg
Deux générations, deux conceptions totalement différentes d'un même métier ou plutôt d'un métier qui a évolué et semble avoir perdu toute la poésie et la saveur qu'y trouvait Raymond: un art de vivre non exempt de souffrances mais riche d'humanité.
Simultanément à ce duel sur l'eau, qui eût cru que ces péniches en apparence si placides pouvaient se métamorphoser en engins furibonds et dangereux, c'est toute l'existence de Raymond qui défile sous nos yeux au gré d'un gros cahier feuilleté ou de retrouvailles souvent pittoresques ,parfois mélancoliques ou au contraire vivifiantes.
Agrippé au macaron (barre à roue) de sa Gueule d'amour Raymond brave les éléments , son ennemi ,son corps vieillissant et finit petit à petit par ôter les oeillères qui ont causé son malheur et celui des siens...
Un roman apparemment simple mais qui recèle une intensité et une puissance inattendues dans un milieu rarement décrit.

Le dernier voyage, Bruno Poissonnier Editions Métailié 2008 (première édition: Dupont& Savin, 2001), 112 pages épiques.

Merci à Cath et à Ch'ti 31 pour cette jolie surprise !

 

 

30/12/2009

Opale

"J'encaissais la gnôle aussi bien que Fantômette."

Parce qu'il aime photographier la pluie, l'orage, Robin Mésange, va soudain se retrouver à enquêter sur le suicide-ou présumé tel - d'un homme qui vient de se jeter du cap Blanc-Nez  sous ses yeux.41rhYvy7AiL._SL500_AA240_.jpg
Journaliste dans une feuille de chou locale dotée de plus d'ambition que de lecteurs, le jeune homme va s'improviser détective. Un détective qui carbure au Yop et aux pépitos et qui vit dans le même immeuble que sa nourrice, pour élucider une affaire qui va très vite se révéler plus sordide que ne le laissait présumer cette atmosphère bon enfant.
Le récit file à toute allure, plein d'humour et de métaphores-pas toujours de très bon goût- mais il sera beaucoup pardonné-y compris les fautes de français et les approximations animalières-à ce premier roman qui a su décrire avec acuité les ciels changeants du Pas -de -Calais et possède un vrai ton. Des personnages attachants qu'on a déjà envie de retrouver ,des rebondissements en cascade, mais un dénouement qui pêche un peu en crédibilité. D'aucunes ont évoqué le Pennac de Mallaussène, je n'irai pas jusque là mais Opale constitue un excellent moment de détente , y compris pour ceux qui ne sont pas férus de polars.

Opale, Stéphane Lefebvre, Editions Les nouveaux auteurs, 629 pages  qui ont la pêche !

A obtenu le prix VSD du polar en 2009.

Emprunté à la médiathèque.

Sandrine l'a aimé aussi.

 

23/12/2009

Au pays des vermeilles

"On dirait une abeille qui sent que le soleil décline."

De Noëlle Châtelet, j'avais beaucoup aimé tous les ouvrages , essais ou nouvelles traitant de la nourriture. C'est pourquoi, après avoir quelque peu délaissée cette auteure, ai-je décidé de renouer connaissance avec  Au pays des vermeilles, réflexion autobiographique sur le lien qui se construit, étape après étape, entre Noëlle Châtelet et sa première petite-fille, et de manière plus générale sur cette nouvelle étape de je cite "la palette des métamorphoses féminines."41QvK8KMx9L._SL500_AA240_.jpg
Alors, certes l'écriture toujours aussi belle,  l'auteure essayant de se replacer dans sa propre expérience d'enfant et de nouer aussi le lien entre sa propre mère et cette petite fille qui va s'inscrire dans la lignée familiale. Il n'en reste pas moins qu'on frôle parfois le ridicule, tant il est vrai qu'il en est de même des anecdotes des enfants ou petits enfants des autres comme des séances de diapos d'autrefois : il faut savoir les doser avec précision si on ne veut pas lasser.

Au pays des vermeilles, Noëlle Chätelet, Seuil, 172 pages émaillées d'un peu trop d'anecdotes énamourées.

22/12/2009

Bouchère

"J'ai toujours trouvé étrange que les gens se trouvent tout de suite bien quelque part ou en tout cas qu'ils le soient assez pour le paraître."

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La narratrice du roman de Catherine Soullard a réalisé le rêve de beaucoup de gens: elle a changé de vie. Elle devient donc Bouchère."J'aimais ce métier, je n'aurais pas su dire pourquoi. C'était confus, cela l'avait toujours été. Je n'avais jamais cherché à comprendre trop précisément , je craignais d'éclaircir, de tomber sur des désirs énormes, sur des pulsions trop noires, j'évitais d'y penser." Cet amour du métier nous vaut d'ailleurs de superbes descriptions de la viande et de sa découpe, qui paraîtront parfois juste un p'tit peu trop longues à force. La boutique  a du succès, au point que la narratrice qui ne vit que par et pour son métier , se pose elle même des oeillères, s'enfermant dans son monde et ne voyant la réalité qu'à l'aune de sa boucherie.L'apprenti ne suffisant plus à la tâche, une troisième recrue viendra remettre en cause le fragile équilibre de la boutique...
La première partie du roman tourne parfaitement rond, on s'immerge avec bonheur dans cet univers de la viande* mais j'avoue que j'attendais plus de la seconde partie et des tensions exacerbées promises. Une très belle écriture néanmoins. Et une auteure dont je vais poursuivre la découverte !

ps:Surtout ne lisez pas la 4ème de couv' qui en dit bien trop long !

*Ames sensibles , attention à la description de l'abattoir !

Bouchère, Catherine Soullard, Calmann-Lévy, 2006.173 pages à réserver aux carnivores!:)

L'avis de Mango

Celui de Clarabel

Ps: l'instrument de la couv' est ..une feuille !:)

 

18/12/2009

Méfie-toi fillette

"Les prières exaucées sont la pire blague que puisse nous faire le destin."41HQi3s4I-L._SL500_AA240_.jpg

 

Prenez une Miss Catastrophe énamourée, oscillant entre bêtise crasse et intelligence aiguisée. Jetez la dans les pattes de terroristes barbus.Faites la courir dans tout Paris, grimper, descendre , escalader. Donnez-lui une famille bobo -que vous égratignerez gentiment au passage -, un tonton providentiel. N'oubliez pas un méchant borgne. Saupoudrez largement d'humour , ajoutez un trait de sérieux  au passage, vous obtiendrez un cocktail frais, pétillant et tonique qui vous remet la tête à l'endroit et le sourire aux lèvres.
On pense à la délicieuse Patricia des "Tontons flingueurs" ou à la mutine Marlène Jobert de "Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages" et on en redemande !

Méfie-toi, fillette, Sylvie Granotier, Editions La branche, 95 pages qui filent à toute allure. Juin 2009

Emprunté un peu par hasard à la médiathèque.

12/12/2009

Je vais tuer mon mari...

"Vois-tu,la parole me fait autant que je la fais."

 

La résolution initiale, Je vais tuer mon mari , n'est pas le fait d'un coup de sang. Non, elle est le résultat logique d'une réflexion argumentée.Pourtant au fil de cette semaine sainte durant laquelle la narratrice, qui est aussi écrivaine, va dresser le constat d'un couple que tout oppose, cette volonté va peu à peu mollir et se transformer en une force de vie qui balaiera tous les reproches. "Regimber c'est vivre" affime la fugueuse, qui manifeste un féroce appétit de vivre , que ce soit dans les bras de ses amants ou dans son dialogue avec une mère quelque peu intrusive.41q5kqcJo+L._SL500_AA240_.jpg

Alors, il ya quelques longueurs, il faut s'approprier ces paragraphes sans virgules,mais c'est aussi la découverte d'une vraie voix, d'une écriture pleine d'inventivité et d'énergie, en témoignent les (très ) nombreuses pages cornées.

Je vais tuer mon mari..., Claire Fourier ,Omnia 2009,( 10  euros) paru pour la première fois en 1997.186 pages ardentes.

Ps: réaction sentencieuse de mon macho en herbe à la lecture du titre : "Il faut censurer ce livre ." :)

 

 

11/12/2009

cahin-caha

"S'il paraît que le bonheur c'est du chagrin qui se repose, le blues pourrait être son hamac."

Une petite troupe de croches et de bancals, dont le narrateur, La Tremblote, part en stage d'équitation en Armorique.
Drôle d'idée apparemmment pour ces éclopés de la vie qui font face, chacun à leur manière, au mauvais tour que leur a joué la loterie génétique.
L'occasion pour le narrateur de se débarrasser des vieux schémas qui sclérosent sa vie et de découvrir que , même s'il aime se  noyer dans le blues"...on n'est jamais à l'abri d'un joli feu d'artifice."51SmhCze9rL._BO2,204,203,200_PIsitb-sticker-arrow-click,TopRight,35,-76_AA240_SH20_OU08_.jpg
Sur un sujet casse-gueule, des ados atteints de  pathologies lourdes, Anne Lenner a écrit un premier roman alternant émotion et humour, rempli de jolies formules, sans jamais tomber dans le pathos. Elle aborde avec une justesse confondante la manière dont les jeunes mais aussi leur famille vivent avec la maladie, parfois avec cynisme mais jamais avec auto apitoiement. Il faut accepter de se couler dans le langage familier du narrateur et une fois ceci admis, on est bel et bien ferré. Un roman qui ne va pas Cahin-caha mais qui file, pan, droit dans le coeur !

Cahin-caha, Anne Lenner, Pocket 2009, 191 pages  et une larmichette au bout !