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04/02/2010

Hypothermie

"...un décès discret, une mort presque polie."

Maria, une femme fragilisée par le décès de sa mère, se suicide. Suicide confirmé par la police. Rien qui justifierait une enquête et pourtant, alerté par une amie de la défunte, Erlendur va découvrir que Maria avait tenté d'entrer en contact avec sa mère par l'intermédiaire d'un médium. En outre, le mari médecin n'est peut être pas aussi éprouvé qu'il le paraît.41hVrfD+mzL._SL500_AA240_.jpg
En parallèle, en vieux limier obstiné qu'il est, Erlendur , toujours marqué par la disparition de son frère, poursuit ses investigations sur de vieilles enquêtes non résolues , faisnt preuve d'une compassion sans pareille auprès des familles des disparus.
Il doit aussi faire face aux sollicitations de sa fille qui veut à toutes forces lui faire rencontrer son ex-épouse.
Le croisement des diffrentes intrigues fait toute la saveur de cet opus subtil et fertile en rebondissements. L'auteur est ici au meilleur de sa forme. A ne rater sous aucun prétexte.

 

Hypothermie, Arnaldur Indridason, Métaillé noir, 295 pages remplies d'humanité.

Arnaldur Indridason
En présence de son traducteur Eric Boury

5 février 16h

Rencontre à la Librairie de Paris
(7-11 place de Clichy, 75017 Paris)


6 février 11h30

Rencontre à la Librairie L'Arbre à Lettres Mouffetard 
(2 rue Edouard Quenu, 75005 Paris)

l'avisd d'Aifelle.

03/02/2010

Les variations Bradshaw

"Elle admire les gens qui ne se conforment pas à ce qu'on attend d'eux."

Le couple central des Variations Bradshaw vient, depuis peu, d'inverser les rôles. Thomas a troqué un métier lucratif contre le statut de père au foyer. il en profite aussi pour prendre des leçons de piano. Sa femme, Tonie, à l'orée de la quarantaine, vient d'accepter un poste administratif dans l'université où elle enseignait auparavant, faisant ainsi le choix de se "délester du fardeau des émotions."
Autour d'eux le reste de "l'orchestre familial" joue sa partie ,avec ses tensions, ses épisodes comiques -en autres un hilarant départ en vacances- ou dramatiques.41q0dWg7ZPL._SL500_AA240_.jpg
Autant de couples, autant de configurations pour affronter ses désirs, ses émotions, ses ambitions, assumer ses choix, ses regrets.
Tout au long des 32 chapitres (autant que les variations Goldberg) Rachel Cusk se penche avec un humour décapant sur ses personnages de la classe moyenne qu'elle nous peint ,avec ce charme british que nous apprécions tant , dans leur intimité, leur quotidien qui parfois dérape. Une  réussite qui nous fait  largement oublier la déception d'Egypt farm et retrouver tout le plaisir éprouvé  à la lecture d'Arlington park.

 

Les variations Bradshaw, Rachel Cusk, traduit d el'anglais par Céline Leroy, Editions d el'Olivier 2010. 281 pages pétillantes, orchestrées de main de maître.

Arlington park.

Egypt farm

 

31/01/2010

long week-end

"C'est à cela que menait la liberté ? "

Qu'est-ce qu'une famille ? Est-ce cette femme, Adele,  qui ne peut se résoudre qu'à de brèves incursions dans le monde extérieur et qui vit quasiment retranchée en compagnie de son fils de treize ans , Henry ? Fils qui s'efforce sans cesse de lui redonner le sourire . Est-ce cette famille recomposée qui s'efforce de correspondre aux clichés en vogue en s'imposant des rituels qui ne satisfont personne ? Où est-ce plutôt ce trio improbable constitué par ce preneur d'otages et ceux avec qui il s'est enfermé, Adele et Henry, en ce Long week-end du Labor Day ?41DhEr-BtWL._SL500_AA240_.jpg
Rien ne se déroule comme prévu dans ce roman sobre, où le suspense tout autant que l'évolution des personnages se révèlent d'une efficacité redoutable . Toute mère d'un ado de 13 ans se devrait de lire ce très joli portrait d'un homme en devenir.

Long week-end, Joyce Maynard, Editions Philippe Rey. 283 pages apaisantes.

Roman lu dans le cadre du programme Masse critique de  Babelio; merci à Guillaume et aux éditions Philippe Rey, particulièrement rapides !ico_critique.jpg

A noter que ce roman a bien failli ne jamais paraître, l'auteure ayant été mise au ban des maisons d'éditions américaines. Son erreur ? Avoir publié auparavant un roman où transparaissaient des echos de la vie pour le moins étrange qu'ellle avait menée en compagnie du romancier américain, Salinger. Il ne fait pas bon égratigner les mythes ...

 

29/01/2010

Park life

"...il m'a semblé que nous étions intimes , comme si elle avait le double de la clé de ma chambre."

Un jeune employé, seul ou accompagné de son collègue senior, a pour habitude de se ressourcer dans un parc niché au milieu des buildings de Tôkyô. Nous allons l'accompagner au fil de ses rencontres et comme lui frôler les vies des différents personnages plus ou moins pittoresques qu'il y croise.51JUR31vk1L._SL500_AA240_.jpg
Ce très court roman (115 pages) est surprenant à plus d'un titre. D'abord parce que l'intrigue est très ténue mais suscite néanmoins notre intérêt de bout en bout. Il est ici question d'un héros -dont l'anonymat ne sera jamais levé- qui éprouve des difficultés à établir des relations amoureuses dans la réalité mais semble davantage doué pour la vie virtuelle, de couples qui, apparemment ne peuvent vivre ensemble, même s'ils s'aiment , mais tout cela est évoqué en pointillés et non de manière pesante.
Que l'action se déroule au Japon est également intéressant car cela nous permet de percevoir les différences culturelles. Ainsi notre salary man feint -il d'entretenir une conversation intime au téléphone portable à voix haute pour gêner et ainsi déloger le couple qui occupe "son " banc"...
Enfin, même si la traduction est parfois ampoulée (Gérard Siary qui signe aussi la postface semble particulièrement friand de verbe "muser"), elle ne parvient pas à dénaturer la délicatesse du style. Bref, un très joli moment de lecture.

Park life, Yoshida Shuichi, traduit du japonais par Gérard Siary et Mieko Nakajima-Siary, Picquier poche, 2010. 115 pages, une petite bulle de délicatesse.

26/01/2010

Le martyre des Magdalènes

"- Je n'ai pas oublié le café, mais le seul résultat que ça donne, c'est un ivrogne bien réveillé."

Jack Taylor a replongé de plus belle dans l'alcool et les drogues, ce qui ne le rend pas très performant pour mener de front deux enquêtes. L'une sur "l'ange des Magdalènes", une femme qui, contrairement aux Soeurs du couvent du même nom, faisait preuve de compassion pour ces jeunes filles mises au ban de la société, que les religieuses torturaient à loisir. L'autre sur une jeune épouse dont le vieux mari aurait un peu trop précipitamment passé l'arme à gauche.51JXYkrjoYL._SL500_AA240_.jpg
Même s'il met davantage de conviction à se fiche en l'air qu'à enquêter, notre détective amateur de littérature préféré survivra à la destruction de sa bibliothèque et bouclera son boulot de manière brutale et efficace. De la belle ouvrage.
A noter le travail de bénédictin du traducteur, Pierre Bondil, qui, non content de nous fournir les références culturelles ainsi que celles des ouvrages mentionnés tout au long du roman, éclaire aussi notre lanterne sur les allusions littéraires ! Grâces lui soient rendues !

Le martyre des Magdalènes, Ken Bruen, Folio policier, traduit de l'irlandais par Pierre Bondil, 366 pages toniques.

L'avis de Cuné.

25/01/2010

Tirza

"Je suis le théâtre de marionnettes."

Tirza est la fille cadette de Jörgen Hofmeester, un homme vieillissant qui l'a élevé seul car l'aînée était déjà partie vivre en France quand la mère de famille a rejoint son amour de jeunesse. L'occasion rêvée pour ce père ébloui de placer sa préférée sur un piédestal , qu'elles qu'en soient les conséquences.51pXyzqBkML._SS500_.jpg
La fête de l'obtention du bac de Tirza va coïncider avec le retour de la mère prodigue et la présentation de l'amoureux de la jeune fille au père possessif. Ce dernier conduira néanmoins les jeunes gens jusqu'à l'aéroport d'où ils s'envoleront pour la Namibie. Sans nouvelles de sa fille depuis plusieurs semaines, Hofmeester part à son tour pour l'Afrique.
Tout ceci semble bien lisse, bien ordonné mais la lecture de ce roman a été pour moi une expérience quasi traumatisante. En effet, sous des dehors bien proprets cette famille des beaux quartiers d'Amsterdam se comporte de façon profondément déroutante, voire choquante. Le malaise est d'autant plus insidieux que les informations révélant les perversions des uns et des autres  sont instillées quasi incidemment, au détour d'une phrase, comme si de rien n'était. La tension monte progressivement et alors que Jörgen allait presque réussir à nous devenir un peu plus sympathique, tout bascule à nouveau et ce de manière magistrale.
La violence des rapports entre les personnages est plus psychique que physique , mais déstabilise d'autant plus le lecteur. Arnon Grunberg réussit de manière magistrale à nous montrer la torture que s'inflige à lui même cet homme qui veut toujours s'adapter aux situations, souhaite par dessus tout passer inaperçu, recherche le meilleur pour sa fille et finira par  payer le prix fort de toutes ces contraintes. Bourreau ou victime , la question reste posée à la fin de ce roman qu'il m'a fallu lire en plusieurs fois.

Tirza, Arnon Grunberg, traduit du néelandais par Isabelle Rosselin, Actes Sud 2010,431 pages qui nous laissent groggy.

22/01/2010

Les canards en plastique attaquent !

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Les morts peuvent-ils communiquer avec les vivants ? Il semblerait que oui à en croire le médium Gabriel Lafayette qui vient de débarquer à Glasgow.
Nombreux sont ceux qui sont subjugués par les capacités du mage mais pour Jack Parlabane journaliste et sceptique par nature, ceci relève plutôt de la vaste (et lucrative ) fumisterie. Tout cela aurait pu rester bon enfant si les cadavres n'avaient pas tarder à pleuvoir sur le passage de Lafayette...
Et les canards en plastique -insubmersibles- dans tout cela? Ils désignent les "gens qui veulent croire" au surnaturel. A tout prix.
Alors certes il faut donner l'artillerie lourde pour les convaincre ces "canards", mais fallait-il autant de pages argumentatives indigestes? L'action peine à se mettre en route mais, même si j'avais très vite deviné deux ou trois informations importantes, une fois le récit débarrassé de sa gangue argumentaire, les péripéties se révèlent captivantes (l'auteur nous réserve ainsi une surprise dont il a le secret) et Brookmyre retrouve enfin tout son talent et son rythme dans la dernière partie.
Amputé d'une centaine de pages, ce roman aurait été nettement plus convaincant !

Les canards en plastique attaquent, Christopher Brookmyre, Denoël, traduit de l'anglais par Emmanuelle Hardy, 430 pages  dont une centaine de trop.

Ps: à noter que le personnage de Jack Parlabane apparaît dans un autre roman (pas encore traduit en français) et que de nombreuses allusions à son passé font qu'une bonne partie du suspense du-dit roman tombe donc à l'eau...

14/01/2010

Père des mensonges

"L'âme est ductile et va et vient."

Simples rêves perturbants ou fantasmes mis en actes ? le doute n'est bientôt plus permis pour le psychanalyste Alexandre Feshtig : le respectable homme d'Eglise Eldon Fochs, en plus d'être un pédophile , est un assasin. Va alors se mettre en marche la formidable machinerie des autorités religieuses de cette communauté de "sanguistes" pour étouffer à tout prix le scandale.
Père des mensonges est un roman extrêmement troublant qui happe son lecteur et ne le lâche plus.Brian Evenson refuse de jouer bien longtemps sur le suspense mais pour autant son roman ,  une plongée à mains nues dans l'âme pervertie de cet homme raide qui abuse de son autorité morale et religieuse, donne le frisson.51rj8+I3lSL._SL500_AA240_.jpg
La casuistique dont use Fochs  pour justifier et surtout excuser ses actes monstrueux, la manière dont il manipule ses victimes, la façon dont il escamote à la fois l'acte criminel et la souffrance engendrée, tout ceci est rendu avec une hallucinante vérité.
Seule bouffée d'espoir, les lettres du thérapeute qui s'efforce de résister aux pressions de sa direction et de préserver un semblant de probité. Une attitude suffisamment rare pour être soulignée...

Père des mensonges, Brian Evenson, traduit de l'américain par Héloïse Esquié, Le cherche midi, collection Lot 49 ,324 pages éprouvantes et nécessaires.

Lu aussi par Cuné, Amanda, Keisha...

08/01/2010

avis de tempête

"Les balances à crabes orange devant la maison. La rangée de goélands argentés."

Moïra,"Dure comme un galet", "dure, obstinée" tente de tisser un lien avec sa soeur cadette dans le coma suite à une chute inexpliquée.
"Amy,c'est moi qui  te parle,je veux que tu le saches. Ce ne sont pas des mots pris dans  des livres,, ou des magazines. C'est moi qui les dis, moi qui me suis toujours si rarement exprimée par des mots, les mêmes que tout le monde mais par des nombres, par des symboles, des marques sur la peau. [...] Mais ces mots , ils sont aussi  dans ma  tête. c'est la voix de mon esprit, qui ne  se tait jamais, et ce sont mes pensées:  vives, miroitantes comme des écailles de maquereau.  Elles surgissent par éclairs dans mon cerveau  pendant que je marche, ou que je lis. Que je plante des jacinthes,agenouillée dans l'herbe de la  pelouse. Que je ferme les fenêtres de  cette  chambre quand je sens venir la pluie."41vOgXG6DiL._SL500_AA240_.jpg
Moïra remonte le cours du temps, petit à petit les pièces du puzzle s'emboîtent et l'on comprend pourquoi la narratrice ,toute sa vie s'est "tenue à la frontière" de l'amour, de l'amitié, de la vie.
Une voix mesurée, calme et dense qui se fraie un chemin en nous. Un style imagé, dont on pourrait quasiment  extraire des haïkus, charnel et placé sous le signe de l'eau. Une vraie et belle découverte. Un livre magique.

Avis de tempête Susan Fletcher 444 pages.

Sorti en poche !

(Mais comment peut-on faire des couv' aussi moches, bon sang ! )

07/01/2010

Sukkwan island

"Il savait que son père s'infligeait cela tout seul. »

 

Un homme et son fils de 13 ans, seuls sur une île sauvage au Sud de l'Alaska, difficilement accessible. Viennent en tête du lecteur les notions de « pionnier », de "conquête du territoire ", liées à l'histoire des Etats-Unis, mais d'emblée l'auteur instaure une atmosphère lourde de « bourbier ». Il ne s'agit donc pas ici de « robinsonner » en toute sécurité mais , pour le père, à défaut d'arriver à maîtriser sa vie et ses pulsions, de réussir à assurer sa survie et celle de son fils, Roy, ainsi que de restaurer une relation père/fils pour le moins défaillante. Très vite le lecteur se rend compte que le plus mature des deux n'est pas forcément le plus âgé et son coeur bat la chamade en tournant les pages ...jusqu'à la fin de la première partie qui arrive comme un uppercut et le laisse groggy. Magistral.41xmYCt3u3L._SL500_AA240_.jpg
La suite du récit est une plongée hallucinante dans un esprit malade, alternant auto apitoiement et déni de la réalité. On sort de là estomaqué par ce premier roman de David Vann , au style tout en retenue et qui montre une maîtrise totale de la narration . L'année commence fort chez Gallmeister !

 

Sukkwan Island, David Vann, traduit de l'américain par Laura Derakinski, Gallmeister, collection « Nature writing », 192 pages époustouflantes.

Un extrait ici.

L'avis de Brize

De Mango