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29/04/2011

Liliane, fais les valises

"Paf le subjonctif, pensa Liliane."

La fameuse injonction de Georges Marchais à sa femme est le point de départ qui a inspiré Jean-Bernard Pouy pour cette réjouissante satire , non pas du Parti Communiste Français , mais des colloques de Cerisy.jean-bernard pouy
Si la trame du récit est en elle même bien légère , les coups de griffe donnés aux universitaires coupeurs de cheveux en quatre sont bien portés et les annexes font à elles seules le bonheur du lecteur. On y découvrira entre autres le point commun entre le grand Charles et le catch, sans oublier un traducteur bien particulier... Mon annexe chouchou ? Celle étudiant avec un immense sérieux la place du suppositoire dans le roman français, tout un programme !

Une nouvelle d'anticipation sociale (j'avoue avoir un peu zappé le côté anticipation de l'oeuvre : les livres papiers ont disparu de la surface de la terre) faisant partie d'une nouvelle collection ayant comme point de départ, je cite" La phrase  qui s'installe dans la mémoire de chacun, car elle résume à elle seule un état de nos sociétés."Une jolie réussite !

 Liliane , fais les valises, Jean-Bernard Pouy, Collection quelqu'un m'a dit ( !)Les éditions de l'atelier In8 2011, 60 pages grinçantes et cocasses.

Merci Cuné !

23/04/2011

L'annonce ...en poche

Paul , quarante-six ans , paysan en Auvergne. Il vit depuis toujours ou presque en compagnie de sa soeur et de deux grands-oncles en quasi autarcie. Il ne veut pas finir sa vie seul.
Annette, trente -sept ans, a connu une histoire d'amour pleine de cris et d'alcool avec Didier. Sans métier, elle est prête à quitter Bailleul dans le Nord en compagnie de son fils, Eric, pour redonner un sens à sa vie. 51jAwmo7GPL._SL500_AA300_.jpg
Faisant la jonction entre les deux, une petite annonce.
Le roman de Marie-Hélène Lafon commence par un magnifique description de la nuit dans le Cantal et d'emblée le lecteur sait qu'il est captif. Cet homme qui veut "faire maison", cette femme qui sait qu'elle devra faire face à une quasi guerre de tranchées mais qui va petit à petit s'ajuster autant au paysage qu'au corps de cet homme, à sa vie même, nous ne pouvons plus les lâcher des yeux. Ils sont là devant nous et ce récit qui malmène la chronologie sans que pour autant nous perdions le fil, nous mène, tout en délicatesse à ce qui va devenir sans que jamais le mot soit prononcé une histoire d'amour.
Tous les personnages, y compris la gourmande et futée chienne Lola, prennent une densité intense quand l'auteure nous les montre dans leur quotidien. Ah la lecture du journal"La Montagne" par la soeur Nicole, Nicole farouchement décidée à conserver ses prérogatives, fût ce dans les détails les plus anodins...Ah la quasi vénération du magazine Thalassa "auquel les oncles convertis par elle vouaient une sorte de culte confinant à l'idolâtrie, pratique d'autant plus incongrue que Nicole, pas plus que les oncles , n'avait jamais vu la mer et n'en manifestait ni le désir ni le regret." La maison, théâtre de luttes sourdes mais jamais sordides, elle même devient un personnage.
Rien de superflu dans ce texte qui s'élance en amples envolées, supprimant au passage quelques virgule superfétatoires, pour mieux rendre compte de la vie, tenace, qui se donne à voir à l'oeuvre.
C'est l'amour d'un pays et de ses habitants qui donne toute sa saveur à ce roman qui nous prend par la main et ne nous lâche plus.

20/04/2011

Le voyage de Mémé

"Elle essayait de comprendre la France et Paris."

Ce n'est même pas sa grand-mère préférée mais c'est avec beaucoup de tendresse et d'humour que Gil Ben Aych nous relate cette traversée de Paris d'un nouveau genre.
La famille de l'auteure a quitté l'Algérie en 1956 et a eu le temps de s'habituer à un nouveau mode de vie (ce que raconte l'auteur dans L'essuie-mains des pieds). il n'en est pas de même pour Mémé qui vient, en 1962 de débarquer en france et se voit contrainte de déménager de Paris à Champigny. Une vingtaine de kilomètres qui vont devenir une véritable épopée car Mémé "ne pouvait prendre ni voiture, ni taxi, ni bus, ni métro, ni rien. Elle pouvait marcher, c'est tout. "  Le voyage sera d'autant plus mémorable que la dite grand-mère  se "croyait encore à Tlemcen. Elle n'avait pas vraiment compris qu'on était à Paris". Et Mémé de saluer tous les gens dans la rue, de s'offusquer des mini jupes et des femmes qui fument dans la rue...gil ben aych
Mais ce qui fait aussi la saveur de ce récit c'est l'oralité de la langue car Gil ben Aych restitue la manière de parler de sa grand-mère , ponctuée de " t'y as raison", de "mon fils" et mâtiné de mots arabes. On  l'entend cet accent pied-noir ! En chemin, la grand-mère évoque son passé, son mariage de raison devenu mariage d'amour, se repose, savoure le temps qui passe, s'étonne  beaucoup, découvre un univers qui n'a rien à voir avec le pays qu'elle a quitté il y a peu mais qui lui manque déjà cruellement...Une manière de faire comprendre avec délicatesse le déracinement...

Un classique de la littérature jeunesse réédité en 2011 par l'Ecole des Loisirs, Le voyage de Mémé, Gil ben Ayach, 93 pages tendres.

13/04/2011

Petits crimes contre les humanités

"Trop inutiles, trop trop coûteuses, trop paresseuses, trop mal pensantes...", les humanités sont donc devenues "le parent pauvre du savoir moderne, le quasi délinquant  de la grande famille universitaire."Pour preuve le manque de moyens tant au niveau du matériel que des locaux de cette université provinciale où des mails vengeurs vont venir semer la zizanie entre collègues et surtout causer la mort d'un vieux professeur émérite d'histoire de l'art.pierre christin,petit monde de l'université
L'enquête menée par Simon, jeune agrégé employé sur un demi-poste d'assistant temporaire, n'est bien évidemment qu'un prétexte pour brosser un portrait tout à la fois acide et bon enfant de ce monde universitaire français.
Mais à trop vouloir dézinguer à tout va et ratisser les moindres travers du mond euniversitaire, à trop utiliser le comique de répétition (l'estampillage Camif de chaque meuble ) la charge  s'avère un tantinet lourdingue.
Je suis d'autant plus sévère que j'avais beaucoup aimé la suite où là l'auteur semble avoir trouvé sa vitesse de croisière.

05/04/2011

Une jeune fille aux cheveux blancs

"La vie est courte, autant avoir les idées longues."

Malgré ses réticences, Caroline fraîchement retraitée, teste le club de loisirs pour seniors auquel ses filles l'ont inscrite. Elle qui rêvait d'oisiveté, la voici donc en train de prendre des cours d'oenologie et de poterie avec des résultats pour le moins surprenants...fanny chesnel,des vieux ? encore des vieux,toujours des vieux
Epouse, mère, grand-mère , belle-mère , Caroline cumule sans souci toutes ces étiquettes mais n'aurait-elle pas laissé en friche la jeune fille qui est enfouie en elle ? Sensualité, humour, ne sont pas des mots que l'on a remisés par devers soi à soixante ans et Caroline entend bien profiter de la vie quitte à découvrir sur le tard les" joies" de l'épilation "ticket de métro" dans une scène particulièrement hilarante. Beaucoup de tendresse mais aussi quelques coups de griffes sur les stéréotypes dans lesquels on voudrait commodément enfermer les personnes âgées.
Le discours de Caroline à ses filles m' a évoqué celui du personnage de Maria Pacôme dans la crise (et c'est un compliment), dans le même esprit de revendication tranquille. Seul bémol: la fin un peu ratée car trop télescopée et démonstrative à mon goût.Une bien jolie entrée en littérature néanmoins !

Une jeune fille aux cheveux blancs, Fanny Chesnel Albin Michel 2011, 217 pages pour passer un bon moment.

Merci à  Tamara pour le prêt et à Cuné pour avoir enfoncé le clou et joué les passeuses !

Clara a aimé la fin (mais pas que ! )

31/03/2011

Un jardin sur le ventre

"A travers notre bonheur, tu parvenais à ressentir le tien."

Une histoire toute simple: la mort d'une femme, épouse d'un homme infidèle, narcissique , histrion et ne dédaignant pas à l'occasion être violent, tant en paroles qu'en actes. L'histoire d'une mère aussi, vivant à travers ses filles un bonheur par procuration. L'histoire d'une fille enfin, non désirée, non aimée et qui toujours souffrira de ce manque impossible à combler. Trois identités pour une même femme.
Une vie comme en ont vécu, au moins partiellement, beaucoup de celles qui avaient vingt ans dans les années soixante51SCLnRz+bL._SL500_AA300_.jpg.
Un récit à fleur de peau, sensible et émouvant que j'ai beaucoup aimé mais dont je me suis sentie tenue à distance par ce "Tu" répétitif qui klaxonnait à mes oreilles.

Un jardin sur le ventre, Fabienne Berthaud, Jbz & Cie 2011, 286 pages qui se lisent d'une seule traite.

Merci à Clara pour le prêt et à Mirontaine qui a joué les passeuses.

Plein d'autres l'ont lu ! Laissez-moi vos liens, les filles!:)

Moustafette

Sandrine

29/03/2011

G 229

"Ils se demandent ce qu'ils vont faire de moi."

J'ai failli rester à la porte de la salle G 229 quant à la page 41, l'auteur évoque "le petit bois derrière l'école dans laquelle j'habitais quand j'étais enfant." Un prof d'anglais , fils d'instit, pfff , l'impression d'avoir déjà lu ça cent fois. Mais j'ai pioché plus loin avant de revenir page 41 et de boucler en un rien de temps ma lecture.51muky537bL._SL500_AA300_.jpg
Car oui, ce roman, qu'on devine bien évidemment largement autobiographique, n'est pas un énième livre écrit par un prof  visiblement accro à son boulot mais aussi le constat d'un homme qui n'en revient pas de voir filer le temps à toute allure, de voir grandir et partir ses élèves tandis que lui reste depuis 20 ans dans SA salle,celle qui donne son titre au roman.
L'auteur pêche parfois par excès de sensibilité mais on lui pardonnera volontiers ce défaut et on se régalera de ce roman optimiste et sincère.
J'ai entendu un jour Odon Vallet dire que les élèves avaient toujours le même âge tandis que le professeur vieillissait, c'est ici un peu l'autre côté de la pièce.

G 229, Jean-Philippe Blondel, Buchet-Chastel 2011, 240 pages pleines d'humanité.

L'avis de Laure

de Cuné, de Saxaoul qui vous emmènera chez d'autres...

L'avis de Gwenaëlle.

26/03/2011

Sacrée kornebik

"J'aime les cornes, les biques et les cas."

Luce n'aime plus son prénom. Peut être sans se l'avouer ne supporte-t-elle plus surtout ses parents qui font assaut de perfection tant dans leur comportement (pas de disputes) que dans leur alimentation (bien équilibrée, fruits et légumes à volonté !). Bien sûr ils l'aiment mais un peu de folie ne peut nuire et si un jour un grand coup de vent souffle sur le marché où se rendent les parents de Luce, madame Kornebik, qui résout tous les problèmes y est sans doute pour quelque chose...nathalie kuperman

Un livre malicieux,  plein de fraîcheur et d'humour, à lire aussi bien par les enfants qui commencent à lire tout seuls que par leurs parents...

Les illustrations , pleines de poésie, de Dorothée de Monfreid accentuent cette atmosphère magique.

 

Sacrée Kornebik, Nathalie Kuperman, Mouche de l' Ecole des Loisirs 2011

24/03/2011

Une lointaine Arcadie

"Les animaux sont la représentation de mon enfance."

Fi de la ville, de sa librairie ! Matthieu, quitté par sa femme, se réfugie au fin fond de la Creuse. Là, il deviendra une sorte d'ermite, espérant faire l'économie du désir, ne vivant qu'en compagnie des animaux qui l'entoure et en particulier d'une vache.jean-marie chevrier
Mais bien évidemment, l'arrivée d'un couple de randonneurs va tout remettre en question.
Si j'ai beaucoup aimé la description de cette vie quasi monacale et la place faite aux animaux dans la mythologie toute personnelle de l'auteur, les références -jamais pesantes mais parfaitement intégrées- aux textes antiques, la conclusion m'a laissée quelque peu perplexe. Mais je vais la ruminer et remâcher en bonne vache que je suis !

L'avis plus enthousiaste de Dominique.

Sur le thème de la solitude, je vous conseille bien évidemment le roman Julius Winsome mais aussi le document Femmes retirées loin des villes. (pas de billet).

Une lointaine Arcadie, Jean-Marie Chevrier, Albin Michel , 2011 ,218 pages hérissées de marque-pages.

Ps: rencontré au Salon du livre de Paris, l'auteur, très sympa, m'a confié qu'une classe, dérangée par la fin avait participé à un atelier d'écriture pour la modifier !:)

 

17/03/2011

Si loin, si près

"Il existait des liens secrets, des ferveurs en partage."

Adèle a quarante six ans mais "Elle n'avait pas seulement son âge mais tous ses âges empilés coexistant, 20 ans parfois, 35 le plus souvent et même 60, certains jours...Tous étaient présents à des degrés divers, se manifestant par surprise."
Premières phrases du livre et d'emblée Adèle nous devient familière. Nous ne pourrons plus la quitter au fil de cette année 2009 , année de crise qui verra tant de bouleversements dans sa vie, d'incendies ,aux sens propre et figuré.catherine leblanc,femme
A quelle distance se tenir des gens qu'on aime, de ceux que l'on croit être ses amis ? Faut-il profiter de sa solitude ou faire un pari sur l'avenir et sur les autres ?
Confrontée à différents accidents de la vie, qui pourraient nous arriver à tous, Adèle avance en tâtonnant, ploie ,mais toujours se relève et finira par essayer "de se traiter avec beaucoup de douceur et pas trop d'importance."
On retrouve ici avec bonheur la prose lumineuse de Catherine Leblanc, qui scrute avec acuité et bienveillance  aussi bien la ville d'Angers, où se déroule l'action (et la description qu'elle en fait donne tout de suite envie d'aller se plonger dans les lumières de cette ville)  que les aspirations de son héroïne : "un espace libre de tout jugement, surtout du sien." Un roman que je n'ai pu lâcher, sauf pour en corner de multiples pages... 

Si loin, si près , Catherine Leblanc, Editions du Petit Pavé 2011, 202 pages pleines d'émotion, à savourer.