24/12/2007
Lectures hivernales #1
Une
semaine comme je les aime : sans contraintes, sans rendez-vous, avec
plein de temps libre et d'espace où s'étirer , plein de temps libre pour se retrouver, retrouver ses amis...et lire bien sûr !
Alors,
pour rester dans l'esprit du temps, un petit livre sans chichis,
pétillant comme le champagne, acidulé juste ce qu'il faut : Six filles dans le vent où Laura Cunningham brosse le portrait de six amies réunies pour fêter les vingt ans de leur rencontre...
Certaines
ont réussi ,socialement parlant, d'autres moins, mais se retrouvant
bloquées par la tempête de neige,toutes vont devoir affronter une
soirée plus longue que prévu , soirée qui va vite dégénérer, rancoeurs et
révélations s'invitant sans manières...
La fin n'est évidemment pas
aussi caustique qu'elle aurait pu l'être mais ce roman permet de passer
un bon moment.Un cran au dessus de la production de la chick litt.
Bon réveillon à tous !
06:16 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17)
20/12/2007
Le palais de la mémoire
Va et vient entre passé et présent, Les madones de Léningrad
de Debra Dean, aborde à la fois le thème de la mémoire, celle de Marina
qui est en train de se diluer,et celui du passé de nos parents
que nous ne connaîtrons jamais totalement.
Comment
faire coïncider l'image de cette femme âgée,qui se rend au mariage de
celle qu'elle n'identifie même plus comme étant sa petite fille
et celle de la belle jeune fille qui, employée au Musée de
l'Hermitage durant le siège de Léningrad, vit dans les caves d'un musée
dont toutes les salles sont vides mais qu'elle repeuple en exerçant sa
mémoire ?
Marina qui a miraculeusement pu retrouver celui qu'elle
aimait dans une Europe dévastée , maintenant qu'elle vit depuis de
nombreuses années aux Etats-Unis a toujours refusé de
parler du passé. Son mari, lui aussi, s'est abstenu de la
questionner sur la naissance de ce fils dont Marina a toujours
dit que le père était un dieu ...
La beauté de l'art, l'humanité de
gestes simples mais qui prennent toute leur valeur quand on meurt
lentement de froid et de faim, transcendent l'érosion des sentiments
qui apparaît quand la mort est tellement présente qu'on n'y prête
quasiment plus attention...
Opposition
entre la Marina d'hier capable de faire visiter à un groupe de
jeunes militaires un musée vide en leur donnant à imaginer avec talent
les oeuvres mises à l'abri et celles qui , des années plus
tard parle d'elle en ces termes "Je deviens comme le musée.
Tout fuit. C'est horrible" car en effet, "Plus pénible que
la perte des mots, il y a cette façon qu'a le
temps de se contracter, de se fracturer et de la larguer dans des
endroits inattendus."
Opposition
entre tous ces détails de la vie quotidienne, quand pouvoir aller
au sauna devient un petit miracle "C'est comme traverser un nuage et
entrer dans le ciel" et l'espoir suscité par une vie
à venir dans un monde où règne la destruction.
Une
écriture chatoyante pour évoquer les tableaux disparus et célébrer la
beauté d'un monde toujours renouvelée : "Chaque jour le
monde est refait à neuf, sacré , et elle l'absorbe, dans toute
son intensité brute, comme un petit enfant. Elle sent
quelque chose s'épanouir dans sa poitrine-joie ou chagrin, en
définitive, ils sont inséparables. Le monde est d'une si
grande beauté, en dépit de toutes ses horreurs,
qu'elle sera désolée de le quitter".
Emprunté un peu par
hasard à la médiathèque, en dépit de ses descriptions de tableaux
parfois longuettes,un roman attachant et tout en subtilité qui
nous épargne les clichés des hsitoires de familles à l'américaine.
06:16 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14)
14/12/2007
"Lis,apprends, révise, va aux textes.savoir, c'est contrôler"
Toute sa vie, la romancière Joan Didion a ,de son propre aveu,
"développé une technique pour tenir à distance toutes mes
pensées, toutes mes croyances, en les recouvrant d'un vernis de plus en
plus impénétrable". La mort soudaine de son mari va tout
remettre en question et Joan Didion va mettre une année complèteà
remettre en question "toutes les convictions que j'avais
jamais pu avoir sur la mort, sur la maladie,sur la probabilité et
le hasard, sur les bonheurs et les revers du sort, sur le couple,
les enfants, la mémoire, sur la douleur du deuil, sur la façon dont les
gens se font et en se font pas à l'idée que la vie a
une fin, sur la précarité de la santé mentale,sur la vie
même."
L'année de la pensée magique est donc le récit sans
fard de cette recherche sur elle même, de sa manière de refuser la mort
de son mari puis de l'apprivoiser petit à petit grâce à l'écriture et à
la lecture,car elle cherche sans cesse à comprendre dans les plus
petits détails les raisons de cette mort subite.
Elle prend
conscience de la différence entre la douleur et le deuil :
"La douleur était passive. La douleur survenait. Le deuil,
l'acte de faire face à la douleur, demandait de
l'attention."
Elle devient moins dure vis à vis des réactions
des autres face à la mort : "Je me souviens de mon dédain, de ma
sévérité envers sa façon de " s'apitoyer" de "geindre" de "s'appesantir" (...)Le temps est l'école où nous apprenons".
J'ai
beaucoup aimé l'écriture de Joan Didion (je vais évidemment lire
ses romans) et sa ténacité à vouloir faire face, à vouloir mettre des
mots sur ses sentiments et ses croyances les plus irrationnelles.
Un texte magnifique qui vient d'obtenir le prix Médicis essai 2007.
L'avis plus nuancé de Clarabel.
Celui de Cathe
05:09 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (20)
12/12/2007
"Le premier qui dit la vérité ..."
Les réunions de familles, surtout quand i est question
d'héritge ou de cadeaux, peuvent rapidement tourner au règlement de
compte... le petit Ralph en fera la "cruelle" expérience en passant
la journée de Noël enfermé dans sa chambre.
Il est
vrai qu'il n'a pas de chance car il cumule : sa grand-mère a tout
d'une peste, sa grand tante a toujours une fragilité quelconque
l'empêchant, bien malgré elle d'aider Tansy( la mère de Ralph)
qui a fort à faire car c'est sur elle seule que repose
l'organisation de ce Noël familial.
"-La tradition ? pouffa maman.
Les combats entre ours et chiens aussi, c'était la tradition. Et
puis autrefois, la tradition voulait qu'on se moque des fous Et
que les hommes ne mettent jamais les pieds dans la cuisine.
ce qui
la ramena à la réalité. Elle prit oncle Tristan par la manche pour
qu'il vienne décoller le scotch de la porte du four, arroser la
dinde et vérifier que les pommes de terre ne brûlaient pas
".
Vous l'aurez compris, Anne Fine, dans Au secours c'est Noël se livre à un joyeux jeu de massacre des traditions.
Chacun
se plaira à reconnaître quelqu'un de sa connaissance dans cette famille
bigarrée et sympathique : le grand-père bricoleur qui casse plus
qu'il ne répare, les neveux, Attila juniors qui détruisent
tout sur leur passage sous les yeux indifférents de leurs
parents...Alors forcément avec de tels individus , quand quelqu'un a la
"bonen " idée de jouer à l'équivalent du jeu de la vérité, la
mèche est allumée...
Anne Fine vous aura prévenu : "Vous attendez Noël avec impatience? Méfiez-vous !"
a
glisser dans les souliers à partir de 9 ans pour engendrer les sourires
et détendre l'atmosphère :"Chez nous, c'est quand même plus calme ! ".
PS: pour ceux qui manqueraient d'idées, en prim deux listes de cadeaux de Noël sont offertes par Ralph ...
06:06 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (21)
07/12/2007
En noir et blanc
Bizarrement,en lisant la première enquête de Smokey Dalton, La route de tous les dangers, j'ai eu l'impression de replonger dans les films de mon enfance, en noir et blanc.
Kris
Nelscott revient en effet sur l'histoire des Etats-Unis dans les
années 60 , époque pas si lointaine et en mêm temps si étrange .
Une
époque où Noirs et Blancs ne vivaient pas ensemble et quasiment pas les
uns à côté des autres. Et poutant le détective Noir,Smokey Dalton, bon
gré mal gré, va vite se rendre compte que la cliente Blanche qui l'a
engagé, Laure Hathaway ,et lui même, ont des passés qui se
rejoignent...
Curieuse situation que ce détective qui enquête sur un
passé qu'il voulait à jamais enfouir.
En
toile de fond, l'assassinat de Martin Luther King vient donner une
réelle profondeur au roman, le replaçant dans un cintexte historique
qu'on aurait un peu trop tendance à oublier .
L'intrigue avance à
son rythme, sans précipitation, et même si j'avais deviné une partie
des liens qui unissent les deux protagonistes au bout de
cent pages, j'étais pourtant loin du compte...Une histoire d'amour digne d'une tragédie classique éclaire pourtant ce roman.
Ce sont les
personnages,et en particulier celui de Smokey, qui font toute la
richesse du roman et donnent envie de poursuivre l'aventure. La preuve
: je suis déjà en train de lire le deuxième volume, lui aussi
sorti en poche.
Merci à Michel pour cette découverte !
06:16 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15)
30/11/2007
Pour les esprits curieux...
Aller voir cequi se passe dans la tête d'un psy durant une séance
quoi de plus excitant ? hé bien, c'est à cela et à bien d'autres choses
encore que nous invite Mensonges sur le divan.
Irvin D. Yalom
sait de quoi il parle car il est à la fois romancier et
psychiatre. Quand en plus l'action se déroule aux Etats-Unis et
met en scène une avocate ,bien décidée à se venger du psy de son mari,
la situation va devenir détonante !
Patients dissimulateurs,joueurs
compulsifs, rivalités professionnelles, épouse communiquant par Ikebana
interposé, les psys ne sont pas à la fête chez Irvin D. Yalom
mais lelecteur se régale !
Tout le mondement à tout le monde mais le romancier agence sa narration avec maestria et on ne s'ennuie pas une minute.
Les
personnages ne sont pas caricaturaux,mais simplement humains, on sourit
beaucoup car le plus malin n'est pas forcément celui qui croit avoir
toutes les cartes en main...
Le style fait mouche : "Je parie
que tes fantasmes et les siens dansent un menuet moite dans le monde
des fantasmes ", une satire au vitriol de la judiciarisation de
la société américaine où l'on "rappelle" des patients comme des
véhicules potentiellement dangereux, le plaisir est total est en
plus,il vient de sortir en poche !
l'avis enthousiaste de Cuné.
06:11 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (20)
29/11/2007
Trop de lecture peut nuire...
Emprunté un peu par hasard à la médiathèque, Un esprit jaloux s'est révélé être plutôt une bonne surprise.
Renouant
avec la veine des contes horrifiques du XIXème siècle anglais,
dont il maîtrise parfaitement les codes, ce roman se déroule denos
jours et met en scène une jeune américaine venue étudier en
Grande-Bretagne. Férue de Henry James (elle termine sa thèse sur Le tour d'écrou),Sallie
va rapidement se faire embaucher comme gouvernante d'enfants par un
homme séduisant dont elle tombe presque immédiatement amoureusecar sa
voix "évoquait un Mr Rochester ou u Max deWinter. Elle vous
évoquait le danger, degrandes demeures en proie aux flammes, des
cris de passion éternelle portés par lesvents de la nuit". L'ambiance est donc mise en place.
Mais A.N. Wilson se joue des
clichés et très rapidement nous comprenons que Sallie a de sérieux
problèmes psychologiques et la machine va s'emballer mais certainement
pas comme nous nous y attendions.Les nerfs du lecteur sont mis à rude
épreuve et même si une explication logique est donnée à
desphénomènes apparemment inexplicables,l'auteur ne nous rassure que
pour mieux nous précipiter dans l'horreur et nous faire envisager les
faits d'une toute autre manière par une manipulation astucieuse.
La narration est brillante et maline et il n'est pas besoin d'avoir lu James pour apprécier ce joli tour de force.
06:27 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17)
26/11/2007
Fêlures
Trois amies de longue date, Gwen,Beatrijs et Veronica ont pris
l'habitude de se retouver pour les vacances dans la grande ferme
de Timo et Gwen, avec conjoints et enfants.
Mais cette année, la
donne a changé : Gwen est morte, laissant un veuf désemparé et deux petits
garçons, Beatrijs arrive flanquée de son nouveau compagnon et de
sa "belle-fille en location",une gothique pur jus, et Gwen ne s'habitue
pas à n'avoir donné naissance qu'à une seule petite au lieu de jumelles comme précédemment.
Nous
suivrons l'évolution de ces personnages de l'été à l'hiver, dans une
ambiance étrange,distillée à la fois par le malaise qu'engendrent le
comportement des nouvelles" pièces rapportées"et les actions des
enfants qui vont jouer le rôle de révélateurs.
Renate Dorrestein excelle d'habitude à instaurer des ambiances lourdes mais là , bizarrement, Tant qu'il y a de la vie,
par sa volonté de croire à l'espoir à tout prix, n'y parvient pas
totalement. Les personnages sont traqués dans leurs replis les
plus intimes mais la présence de Leander, le nouveau compagnon de
Beatrij ,de par sa profession ,( médium?) ne rend guère
crédible l'histoire. Un autre fait qui demeure inexpliqué, laisse également le lecteur sur sa faim, mais l'auteur ,par sa volonté de montrer que rien n'est stable en ce monde, ceci justifie donc cela.
Il n'en reste pas moins que j'ai passé un bon
moment de lecture dans la campagne néelandaise en compagnie de personnages sympathiques et attachants.
06:15 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (20)
22/11/2007
L'amour au temps du cancer
Dans les années 70, "Love story", film propret, lacrymal et
guimauve, mettait en scène un Roméo et une Juliette à la sauce
américaine que la leucémie de l'héroïne allait promptement
séparer.
Rien de tel dans le roman fortement autobiographique de Ray Kluun,En plein coeur.
Carmen,
Stijn et leur petite Luna forment une famille sympathique
de bobos à qui tout sourit jusqu'à ce que le cancer du sein de Carmen
vienne les frapper de plein fouet.
De nombreux romans traitent du
même thème mais en génral nous avons le point de vue de l'héroïne
( je pense en particulier au très beau crabe sur la banquette arrière).Ici
les événements sont envisagés du point de vue du conjoint car il s'agit
" de notre cancer" et de ses répercussions sur leur couple.
Pas
de bons sentiments faux-culs dans ce roman mais une
approche frontale de la maladie, tant par les soignats que par
le narrateur qui ne se donne pas le beau rôle sa "monophobie
aiguë" (en clair ses aventures extra-conjuguales) lui servant
d'exutoire à ce qu'il vit chez lui. Et pourtant,
comparé à d'autres hommes qui fuient lâchement devant les
épreuves il sera là jusqu'au bout...
Les
souffances tant physiques que morales de Carmen ne nous sont pas
épargnées mais sans aucun voyeurisme et l'organisation de la mort
de carmen (l'euthanasie à la maison étant possible aux Pays-Bas)
est un moment poignant.
Un thème difficile mais un point de vue original et fort.
l'avis de Cuné que je remercie encore .
06:16 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (25)
20/11/2007
l'amour sous les bombes
"Combien de temps allait-on encore laisser cette guerre tout gâcher?
On avait été tellement patient. A vivre dans l'obscurité. A vivre
sans sel, sans parfum. A ne se nourrir que de petites rognures de
joie, comme des croûtes de fromage..."
La guerre, c'est la seconde guerre mondiale , toile de fond de Ronde de nuit
de Sarah Waters.La guerre vécue à Londres, principalement par des
femmes bien décidées à survivre et à profiter de chaque instant, la
proximité de la mort aiguisant leur sensations et leurs sentiments
amoureux.Un monde où les femmes ont pris la place des hommes partis au
front et où elles affrontent la souffrance et la mort.
Trois grandes
parties nous font remonter le temps (1947, 1944, 1941) et
dévoilent progressivement les mystères de chaque personnage. Je dois
dire que j'ai été bluffée par l'art de l'auteure qui fait ainsi
rebondir le récit, détruisant au fur et à mesure les hypothèses
que j'avais échafaudées, sans que cela sonne faux , bien au
contraire,car cela donne une densité encore plus grande au récit.
On
suit dans un Londres parfaitement reconstitué, où les détails de
la vie quotidienne sonnent justes, les pérégrinations et les
amours de Julia, Helen et Kay. On souffre avec Viv, amoureuse d'un père
de famille lâche (et à qui j'aurais volontiers donné une paire de
baffe), Viv qui sait déjà que tout est joué pour elle qui vient
d'un milieu modeste : "On essaie de faire quelque chose de
notre vie ,et la vie nous en empêche, nous
fait des croche-pieds". Viv qui a un frère sensible et plein de
mystères aussi...
Un
très beau portrait de Londres et de ses habitants , secrétaires
acharnées, ambulanciers courageux ou prisonniers hauts en couleurs...Un
monde grouillant de vie malgré les bombes.Une écriture sensible
et délicate, d'une grande puissance évocatrice , un récit plein de
rebondissements, Sarah Waters est vraiment une très grande
romancière.Normal ,elle est anglaise !
06:04 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (33)