29/08/2008
Du mou dans les genoux ?
Harry Bosch a un peu plus de cheveux gris mais il écoute toujours du jazz et possède toujours dans la mémoire de son téléphone le numéro de son ex, l'agent special du FBI, Rachel Walling.ça tombe bien car dans A Genoux, les deux anciens amants/ennemis vont se retrouver côte à côte pour élucider un meurtre qui très vite se révèle lié à la disparition de matières radioactives susceptibles d'intéresser des terroristes (suivez mon regard, roman post 11 septembre).
A partir de là, on retrouve les bonnes vieilles habitudes : Harry se dépatouille (un peu) contre ses supérieurs, beaucoup contre le FBi, trace son propre chemin...
ça roule tout seul, les retrouvailles sont agréables mais sentent un peu le formaté (très rapidement j'avais repéré le véritable mobile...).
Pour les inconditionnels de Connelly.
Merci à Cath et à Ch'ti31 pour le prêt!
L'avis de Cathe.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : harry bosch, a genoux, michael connelly
28/08/2008
Rambo poète?
Il n'a pas l'air commode sur la photo de 4 ème de couverture, Howard Mac Cord. Et le héros de L'homme qui marchait sur la lune non plus.
La" lune" est une "montagne de nulle part. Elle est délaissée par ceux qui y vivent à portée de vue, comme par ceux qui,à différents moments, peuvent être fascinés par son isolement et sa difficulté.(...) ses charmes (...) ne sont pas évidents et ne se dévoilent qu'à de rares marginaux."
Embarqué à la suite du narrateur dans une balade dans cette montagne en plein coeur du Nevada, le lecteur se dit d'abord qu'il va se régaler d'une ode à la nature, lyrisme et petits oiseaux à la clé.Que nenni !Il part surtout à la découverte progressive d'une personnalité hors du commun, au passé plein de violences et qui a une drôle de façon d'engager la conversation avec celui qui, on le découvre progressivement, le poursuit...
Epris de liberté, le narrateur se définit comme bougon, loin des montagnes et "[il ] ne tolère pas facilement la présence d'une barrière entre [lui] et la courbe infinie de l'univers." Nous avons ici un homme qui "maîtrise la monotonie", maîtrise de soi acquise par le tir ,et cette tension se , retrouve également dans la narration car petit à petit c'est dans un récit entremêlé de souvenirs réels ou imaginaires que le narrateur se dévoile et nous ne le lâchons plus, estomaqué par des découvertes que je vous laisse le plaisir de lire. Noces d'une nature âpre et d'un marcheur-escaladeur , "une constante en mouvement, jamais vraiment évident à définir par l'observation."
Le rythme s'accélère à la fin et le roman se termine sur les chapeaux de roues. Vous restez le souffle coupé.
Même si on peut rester dubitatif par rapport à certaines idées exprimées par le personnage, mais qui sont forcément en adéquation avec sa logique particulière, on ne peut qu'être séduit par ce texte qui rudoie le lecteur, le happe et le fascine.
Merci à Cuné pour l'envoi.
07:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : nature, suspense, l'homme qui marchait sur la lune, howward mccord
25/08/2008
"Une coïncidence n'est qu'une explication qui attend son heure."
"Autrefois", un famille d'artistes à laquelle on s'attache immédiatement ,une route de campagne sur laquelle cheminent une mère, ses deux filles, le bébé et un chien, puis un crime horrible et soudain. Une seule survivante.
"Aujourd'hui", à Edimbourg, la jeune Reggie, que la vie n'a pas épargnée, semble être la seule à s'inquiéter de la disparition du docteur Hunter pour laquelle elle travaille en tant que nounou.Sa route, après bien des péripéties, va croiser celle de l'inspecteur en chef Louise Monroe , à qui elle permettra de retrouver ce bon vieux Jackson Brodie , détective à la retraite mais toujours prêt à aider les femmes en détresse, devenu ici une sorte de nouvel Ulysse qui ne parvient pas à retourner chez lui.
Progressivement, le lecteur, un peu désarçonné, établit le lien entre le passé et le présent. Un présent qui va s'avérer riche de personnages malmenés par la vie mais toujours prêts à relever le défi de continuer, quitte à se créer des illusions de bonheur.
Ce livre est une totale réussite. L'intrigue policière, ou plutôt les différentes intrigues qui s'y donnent à voir ne sont qu'une toile de fond qui fournissent à Kate Atkinson, l'occasion d'une réflexion sur le destin ,"Ce n'est pas parce qu'il vous est arrivé quelque chose d'horrible une fois que ça ne peut pas se reproduire."est un leitmotiv du roman, mais les personnages sur lesquels le destin semble s'acharner ne sont pas pitoyables, bien au contraire. Avec un humour ravageur, politesse du désespoir comme chacun le sait, ils combattent avec obstination et même s'ils pourraient se demander A quand les bonnes nouvelles ? , chacun d'entre eux témoigne de sa foi en la vie mais pas nécessairement en l'humanité...
Que ce soit les personnages principaux ou les secondaires, tous sont traités avec une grande pertinence psychologique, on s'enthousiasme à leur suite, on rit, on pleure (pour de vrai, ce qui ne m'était pas arrivé depuis belle lurette avec un livre), on est chahuté par ce roman à la Dickens, riche et foisonnant de vie.
Kate Atkinson nous manipule avec dextérité et on en redemande tant son style est fluide et pétillant.
Presque à chaque page, j'ai glissé un marque-pages, ce livre en est sorti tout hérissé et moi toute chamboulée comme je ne l'avais pas été depuis longtemps. J'ai eu envie de me glisser à l'intérieur de cet univers , même en tant que plante verte, pour en profiter encore plus. Je n'ai qu'une hâte, lire la suite car, on le sent bien, certains personnages ne demandent qu'à revenir !
Les choses s'arrangent mais ça ne va pas mieux, c'est ici!
06:06 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (24)
22/08/2008
Huis-Clos
Drame en trois actes. D'abord la mort du père, cataclysme pour la narratrice car "Je n'existais que par tes yeux. Seule, je n'étais personne,je n'étais pas au monde."
Le père, un monstre de psychorigidité. Un monstre tout court qu'une fois mort la fille peut "retravaill[er] à [son] désir."
Ensuite la mère ,auprès de qui la narratrice vient chercher une parcelle d'attention mais "Dès avant ma naissance, sa vocation de mère s'est bloquée sur le seuil." Simple constat qui n'est pas remis en cause.
Pas de tentative d'explication non plus pour l'attitude de l'amoureux , qui , prenant le relais du père la "démolit sans témoin(...) Tout le samedi, tout le dimanche, je coopère à ma mise à mort, j'appartiens aux banderilles, au poignard, à l'estoc, je suis au centre de l'arène et il n'y a pas de spectateurs."
L'important est de préserver les apparences d'où le titre: Ma robe n'est pas froissée.
On sort du roman de Corinne Hoex le souffle court.Sans pathos, en une centaine de pages denses et âpres, l'auteure nous laisse estomaqué par cette entreprise de démolition systématique d'un être humain.Juste le temps de souffler un peu sur une de ces longues plages de Belgique. Un livre puissant et dérangeant.
Merci à Mous pour cette découverte.
06:21 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (22)
14/08/2008
La haine dans la peau
Revenue dans la ville de son enfance pour mener une enquête journalistique sur des disparitions d’enfants, Camille va devoir renouer avec un lourd passé qui s’inscrit encore sur sa peau…
Plus que l’intrigue elle-même, qui noue le thème des scarifications à un autre que l’on devine très rapidement, j’ai aimé dans ce roman l’atmosphère de violence feutrée que l’auteure arrive à créer. Les adolescentes de cette petite ville donnent le frisson tant leur comportement, apparemment parfaitement toléré par la communauté, est cynique. J’ai parfois pensé à un excellent roman de Joyce Carol Oates Nous étions les Mullvaney qui approfondit l’un des thèmes qui n’est ici qu’effleuré.
L’histoire d’amour est un peu convenue mais j’ai passé un bon moment délicieusement glauque !
Ps :La couv’, plus le résumé et vous avez déjà les trois quarts du roman. Il ne vous reste plus qu’à trouver le nom de l’assassin en lisant l’épilogue et l’affaire est dans le sac : vous avez économisé six euros cinquante !
Trêve de plaisanterie, Sur ma peau deGillian Flyn ne révolutionnera pas l’histoire de la littérature policière mais il méritait mieux qu’un traitement aussi désinvolte.
06:08 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15)
11/08/2008
"Et dix jours avant Noël,je l'ai perdue."
"Et donc, une petite fille de huit ans peut-elle être amoureuse ? C'est une vraie question. Qui peut le dire ? à cet âge-là, l'amour est un petit mot si simple. On l'a sur le bout de la langue. On n'a aucune idée de son pouvoir, de ses aspérités, ou du prix à payer. Il est facile de se moquer d'une petite fille qui déclare être amoureuse- et pourtant je le déclarais." Celle qui parle ainsi c'est Eve. Recueillie par ses grands-parents après la mort soudaine de sa mère, la petite fille rousse doit affronter la méfiance des enfants du village Gallois et tenter de retrouver le fil de ses origines. En parallèle, la disparition d'une fillette vient semer la suspicion et jeter le trouble parmi les villageois. Premier roman de Susan Fletcher , la fille de l'Irlandais, couronné par deux prix littéraires en Grande-Bretagne , alterne la voix d'Eve enfant et d' Eve adulte.Sur une trame assez classique, recherche des origines,affrontement de l'hostilité d'un groupe par un individu isolé mais non sans ressources (plus d'une personne en feront les frais !), la disparition d'un enfant vient jeter une ombre . J'avoue être un peu restée sur ma faim car le superbe style de Susan Fletcher que j'avais admiré dans Avis de tempête ne trouve pas ici sa pleine mesure. Un bon moment de lecture néanmoins.
06:09 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10)
08/08/2008
Abandon...
La nouvelle amie, d'après sa couverture et sa mise en bouche, avait tout pour me séduire : l'irruption dans une bourgade frileuse et figée de Nouvelle-Zélande d'une jeune femme vient tout bouleverser et en particulier les ados. Un soupçon de perversité pour assaisonner le tout et ...rien. Emily Perkins met un temps infini à nous raconter l'ennui de cette ville écrasée par la chaleur. Ses personnages sont mous comme de vieux biscuits oubliés et je n'ai pas résisté plus longtemps que la 100ème page. Soporifique en diable. Clarabel l'a lu aussi (fichu canalblog qui ne donne pas de possibilité de créer des liens...)
06:04 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13)
07/08/2008
Opération Père Nouvelle Version
Enfer et damnation! Les parents de Claire et Joe se séparent ! D'après l'expérience du meilleur ami de Joe, le divorce n'est pas forcément en vue sauf...si un(e) peti(e) ami(e) potentiel(le) pointe le nez. Et il faudrait aussi que leur père , grand fan de Starwars devant l'éternel, se montre un peu moins rêveur et qu'il s'attelle aux tâches ménagères pour reconquérir sa femme.
Pas de problème, les enfants vont prendre les choses en main et retaper leur père à coup de jogging , de ménage et de cours de cuisine "pour les nuls" . Il faut sauver papa ! ça urge car un certain Roger Saumon rôde dangereusement autour de leur charmante maman. Mais"les adultes ne sont effectivement pas faits pour réagir si vite."...
Comme toujours chez Pete Johnson, les relations familiales sont peintes avec beaucoup d'humour et de subtilité. Les enfants par exemple se rendent vite compte qu'ils pourraient facilement exploiter la culpabilité paternelle à leur profit mais se montrent vite raisonnables car ils ne veulent pas devenir comme le dit Claire "cupide et manipulatrice". Ils essaient aussi de maintenir un équilibre des forces entre les deux parents pour préserver un semblant d'harmonie, ce qui est très touchant. L'opération "anniversaire" par contre m'a paru un peu artificielle mais bon, je ne vais pas bouder mon plaisir. Pas de happy end à l'américaine-Johnson est britannique en diable- mais une fin ouverte qu'on espère optimiste.
Les livres de Johnson sont comme les bonbons Lutti: quand on en a lu un, on ressent le besoin impérieux de s'en procurer d'autres. je vous aurais prévenus !
219 PAGES. A PARTIR DE 10 ANS.
Un autre ici.
un autre là.
06:03 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10)
06/08/2008
"Nous devons faire face à ces choses-là avec force d'âme et un doigt de sherry."
Si comme moi vous n'avez pas aimé , malgré le battage médiatique qui avait accompagné sa sortie,Sourires de loup de Zadie Smith, sans doute aimerez vous 26A de Diana Evans.
Ce pourrait être l'histoire d'une famille anglo-nigériane en Angleterre dans les années 80 et de leurs difficultés à s'intégrer mais c'est mieux que ça. Ce pourrait être l'histoire de jumelles et de leurs relations dominante/dominée mais c'est beaucoup plus subtil que ça. C'est l'histoire d'une famille où la mère,exilée volontairement ,converse par l'esprit avec sa propre mère restée au pays. C'est l'histoire d'une communauté de soeurs, d'une communauté de femmes à la fois hypersensibles et courageuses.
Bessi et Georgia se réfugient dans le grenier de la maison familiale, ce fameux 26 A qui n'a pas d'existence légale mais une intensité extrême et où elles acceptent parfois leur soeur aînée, la ravissante Bel ou la cadette Kemy. Nous suivons leur passage de l'enfance au début de l'âge adulte et partageons leurs craintes et leurs émois amoureux. Sans oublier un passage au pays maternel, l'occasion de découvrir qu'au Nigeria il n'y a pas si longtemps "Les jumeaux étaient une malédiction"....
Diana Evans dont c'est ici le premier livre évite avec un art consommé tous les clichés inhérents à ces thèmes et nous peint avec tendresse les hauts et les bas de cette famille haute en couleurs.
Il faut accepter de se laisser perdre au début du texte par les prénoms et les liens de famille pas toujours faciles à établir et par le parti-pris des bribes de poésie qui émaillent le texte et suivre ainsi sur la pointe des pieds le chemin de ces jumelles qui au collège suscitaient "la curiosité générale éveillée par leur cosmopolitisme apparent, leur être-deux et leur bizarrerie." Se laisser saisir par l'émotion et terminer le coeur serré ... Un vrai et grand coup de coeur.
Ps: il vient de sortir chez "Pocket" avec la même couverture.
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15)
05/08/2008
Belles-mères au bord de la crise de nerfs
"Elle avait cherché le mot dans le dictionnaire et avait découvert qu'il datait de 1400, date à laquelle les bonnes vieilles mères clamsaient à tout bout de champ sous l'effet de la consomption ou de l'épuisement et devaient être remplacées par d'autres femmes.Belle ou pas, on était dans une situation où les enfants vous avaient à l'oeil, où vous les aviez à l'oeil, où tout le monde voyait beaucoup trop de choses."
Et ils ne font pas cadeaux les enfants et ados américains dans Je ne suis pas Julia Roberts* ! Laura Ruby nous entraîne dans une folle ronde de familles recomposées, alternant les points de vue, celui de l'ancienne femme, celui de la nouvelle, tout ce petit monde étant détaillé dans un "arbre généalogique" du plus bel effet au début du roman, chaque personnage évoluant en fait dans un tout petit cercle où tout le monde est lié de manière plus ou moins confortable...
Avec le recul, je suis plus à même d'apprécier l'humour de ce livre mais je dois dire que de prime abord je suis restée interloquée par le comportement des ados présents dans ce roman, ados dont le job est, paraît-il d'embêter leurs parents. Certes mais on peut aussi leur rétorquer la même chose...
Un petit clin d'oeil en passant aux fans de Jane Austen, référence indispensable s'il en est : "Je suis toujours à la recherche de M.Darcy et je ne trouve qu'une bande de M. Collins, ajoute-telle Avec Orgueil et préjugés, Jane Austen a ruiné le mariage pour toute femme née après 1800. On aurait dû l'emprisonner pour avoir osé suggérer que les hommes pouvaient avoir une vie intérieure,quelque chose au centre de leur être. Il n'y a guère que du nougat. Ni caramel mou ni caramel dur. (Elle rit de son analogie)Et tu peux oublier les noix."
Quant au titre il fait référence au film Ma meilleure ennemie où comme le souligne une des héroïnes,au grand dam des internautes de son forum de belles-mères, la première femme, incarnée par la sublime Susan Sarandon, a la bonne idée de mourir avant de céder la place à Julia Roberts, la deuxième épouse et belle-mère inexpérimentée.
C'est gentiment subversif, mais à mon avis ça ne fait qu'effleurer les problèmes et la souffrance que peut parfois engendrer ce type de situation. Personne n'a jamais rêvé de devenir la belle-mère des enfants d'une autre, non ?
*Réflexion de l'Homme : "On le sait. T'as pas besoin de l'écrire." Grrr:)
06:04 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16)