25/02/2009
"La violence réprimée s'est transformée en guerre contre les femmes. Une guerre qui ne connaît ni règle ni limite."
Clare Hart, à la fois journaliste et profileuse ,enquête sur le trafic des femmes en Afrique. Parallèlement, elle va collaborer avec la police pour découvrir l'identité d'un tueur en série qui s'en prend à de très jeunes femmes de Cape Town.
Plongée dans le monde de l'industrie du sexe sud-africaine Les captives de l'aube est un roman n même s'il souffre de quelques défauts mineurs. On se demande par exemple comment l'héroïne est devenue profileuse (mais peut être allons-nous l'apprendre dans un prochain volume). En outre la résolution de l'enquête doit autant aux informateurs arrivant fort à propos qu'aux talents conjugués des policiers et de la journaliste.
Abstraction faite de cela, Margie Orford sait habilement tisser les liens entre le passé et le présent, donner de la chair à ses personnages tout en glissant au passage quelques unes de ses convictions concernant la violence faite aux femmes, en bonne journaliste d'investigation qu'elle est, sans pour autant alourdir le récit.
Loin de la profileuse à l'intelligence aiguë et quasi désincarnée que l'on rencontre chez Andrea Japp (et dont j'avoue m' être lassée), Clare Hart se montre beaucoup plus humaine et donc forcément plus touchante. J'attends déjà avec impatience la suite de ses aventures qui savent montrer la violence sans voyeurisme complaisant.
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : les captives de l'aube, margie orford
24/02/2009
Sans doute n'ai-je pas le pied marin...
En 1761, L'Utile, qui transportait une cargaison clandestine d'esclaves, fait naufrage sur une île inhospitalière . La cohabitation s'organise jusqu'à ce qu'un bateau soit construit. Faute de place ,on laisse les esclaves . On ne reviendra les chercher que quinze ans plus tard...
Parce que lire doit être un plaisir , parce que je ne supporte pas d'être freinée, frustrée dans mon élan de lectrice, j'abandonne au tiers la lecture des Naufragés de l'île Tromelin.
N'est pas en cause ici le style d'Irène Frain , tour à tour poétique et précis, même si j'avoue avoir été gênée par la cohabitation de mots désuets et de tournures plus modernes (voire familières) , "dégoisant" voisine ainsi sur la même page avec "un petit coup de pompe". Non ce qui a vraiment cassé mon élan , après une début très lent mais nécessaire pour bien mettre en place le décor de cette île si particulière , marquée par la cruauté et l'acharnement, est cette irruption du réel et des documents historiques auxquels l'auteure se réfère. Que ce texte soit basé sur une enquête minutieuse, je l'ai admis une fois pour toute et je n'ai pas envie qu'on vienne me mettre les preuves sous le nez; le travail de déduction , savoir quels indices mènent à découvrir l'identité de l'auteur anonyme d'un des rares documents concernant ce naufrage, ne m'intéresse pas outre mesure , j'ai plutôt envie de découvrir le récit de cette incroyable aventure, sans cesse différé.
Irène Frain. les naufragés de l'île Tromelin. Michel Lafon.372 pages.
Merci à Suzanne de Chez les filles pour cet envoi.
12:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : irène frain, les naufragés de l'île tromelin
"Elle se fait des coiffures de rien, des chignons de vent..."
"Dans ce bureau, ils sont chez eux, les mots.". Ce bureau ? Celui du psychanalyste. Là où se vivent de drôles de saynètes ,oscillant entre drame et comédie, là où certains mots sont inaugurés, "des nuées de mots nichés dans les tentures et qui disent la tristesse, l'effroi...Qui disent des choses qu'on ne s'imaginait pas capable de penser." des mots resurgis du passé et avec lesquels on se débat, des mots qui griffent ,des mots qui tuent.
Passant avec virtuosité de la comédie, avec des échos de Raymond Devos, au roman noir (on retrouve souvent la "patte" de l'auteur de roman policier qui vous expédie un personnage ad patres sans barguigner ), Françoise Guérin explore avec aisance toutes les facettes de l'âme humaine. On pourrait lui reprocher parfois un peu de facilité dans les thèmes abordés: "Jolis soucis" passé la première surprise de l'interlocuteur de la narratrice s'avère plutôt convenu, mais à côté de cela nous trouvons de véritables moments d'émotion qui tordent le coeur . Ainsi "Ça va bien se passer...", ma nouvelle préférée ,qui ,tant par le style que par la conclusion, réconfortante et chaleureuse, nous emmène au coeur d'un drame trop longtemps étouffé.
L'écrivain donne aussi la parole aux soignants, ces "Garde-fous" harassés qui explosent parfois : "Mes peurs, mes colères, la violence de la maladie et celle d'une société qui nous confie les plus fragiles d'entre les siens sans nous donner les moyens de les soigner.(...) Pourquoi faudrait-il que la santé soit rentable ? Est-ce que la schizophrénie est rentable? Est-ce qu'un tremblement de terre est rentable ? " .Les mots s'avèrent parfois insuffisants et laissent alors la place aux larmes ...
12 nouvelles indépendantes et ,en fil rouge, un personnage, Mireille,qui ,avec verve et sensibilité ,revient entre chaque faire le lien et terminer le recueil sur une pirouette ironique...Un recueil où se donne à voir toute la virtuosité de Françoise Guérin.
Un dimanche au bord de l'autre. Francçoise Guérin. Atelier du gué. 126pages.
l'avis de Cuné.
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : un dimanche au bord de l'autre, françoise guérin, psychanalyse, amour des mots
23/02/2009
Un compagnon de cheminée
"Nous ne pouvons rendre heureux quelqu'un qui ne nous rend pas heureux."Telle est l'une des réflexions que se fait le Dr David Mc Bride lors d'un de ses entretiens avec l'une de ses patientes, admise dans son service après une tentative de suicide,Elizabeth Cruikshank. Cette dernière n'acceptera de lui livrer sa Part obscure qu'après une allusion à un tableau du Caravage. Commence alors une relation, où Elizabeth, jouant le rôle de catalyseur, va totalement bouleverser la vie du Dr Mc Bride.
Le roman de Salley Vickers, professeur de littérature et psychanalyste, est centré sur les entretiens entre le psychiatre et sa patiente, comme un foyer ardent autour duquel gravitent des personnages à la fois drôles et attachants, qu'ils soient patients eux aussi ou collègues. Les entretiens sont passionnants car ils abordent des thématiques qui nous parlent forcément : la difficulté que nous avons à changer de vie , à accepter la vérité de nos rapports avec les autres, la nécessité d'un regard extérieur pour comprendre ce qui nous unit aux autres... Il est plaisant de voir que le Dr Mc Bride, dans son désir de sauver les autres ,n'est pas capable de voir ce qui se passe sous son nez,mais la manière magistrale dont il réagira le fait encore grandir dans notre estime. Il ne se montre jamais borné mais profondément humain, jusque dans ses erreurs,et sait même reconnaître la supériorité d'un petit déjeuner roboratif sur n'importe quel traitement ou utiliser des maximes de la tante d'un de ses patients !
Alternant humour et émotion, La part obscure mène également une réflexion sur les rapports entre l'art et la vie, jamais de manière pédante ,mais toujours passionnante et l'on se prend à envier aussi bien les élèves que les patients de cette auteure.
Mon exemplaire a battu le record de pages cornées et ce depuis les deux ans et demi d'existence de ce blog ! Un livre intelligent et qui résonnera longtemps en moi.
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : salley vickers, la part obscure, le caravage, psychanalyse, art
22/02/2009
Taguée ! Et je deviens verte, blanche...
Parce que je ne prends jamais de photos et que je ne sais pas ce que contiennent mes dossiers , la surprise sera donc totale...Antigone !
Le principe ? aller chercher la sixième photo de notre dossier images sur notre PC, ou la sixième photo du sixième fichier - puis taguer six autres personnes.
Le festival des nuits secrètes 2007 ! Sur scène : Amadou et Mariam ! Si vous les aviez reconnus, vous êtes trop forts !
Allez je tague : Cuné, Bellesahi (dont c'est la fête aujourd'hui !), Laure (qui va avoir plein de belles photos à nous montrer, j'en suis sûre),Val, Marguerite et Ptitlapin !
07:50 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (17)
21/02/2009
Petits miracles littéraires en une semaine
1/Repérer un livre qui vient juste de sortir et ...le trouver dans sa boîte à lettres au retour d'une journée de travail...coïncidence-étincelle...
2/Proposer à un élève qui a terminé son examen "blanc" un magazine , faire d'une pierre deux coups et réussir à prêter "Vigule" consacré au roman et Enfants perdus, d'Arnaud Rykner. Et deux élèves absorbés par leur lecture, deux ! Bon, le lecteur du roman n'a rien compris au texte et me l'a rendu, mais au moins il a réussi l'exploit de lire une dizaine de pages, d'un livre pas facile d'accès, qui fait tout pour tenir le lecteur à distance....ça met du baume sur mon égo tout desséché de prof...
3/ Tirer de son mutisme ma libraire "préférée" en lui demandant un livre (dont je vous parlerai bientôt), dont le titre l'intrigue et du coup je découvre qu'elle est bien un être humain qui sait poser des questions, manifester de l'intérêt et non pas juste débiter quelques formules toutes faites...
4/ Gagner un livre grâce à un questionnaire dont j'avais perdu tout souvenir...Poser le livre dans un endroit stratégique (les toilettes pour être claire), genre" si ça continue,je vais m'y mettre" et attendre que la menace sous-entendue fasse effet...
Jusqu'à présent ça ne fonctionne pas : la salle de bains n'est toujours pas finie, pas plus que...mais la liste serait trop longue ! De toutes façons, on parlait de miracles littéraires pas de miracles tout courts!
Je vais quand même m'acheter un marteau comme conseillé... pour casser les vitres de ma voiture en cas d'accident et de coinçage à l'intérieur...Un peu claustro la fille...Mais comme j'en veux un fleuri, ça va pas être de la tarte! Je sais ça n'a aucun intérêt mais de temps en temps, j'aime bien me lancer dans une quête impossible...
Et vous, avez-vous le souvenir de petits miracles liés aux livres ?
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : enfants perdus, arnaud rykner
20/02/2009
"Une inversion de la vie en plein milieu, comme une conclusion prématurée..."
Récit d'une histoire familiale marquée par une forme précoce de la maladie d'Alzheimer, L'histoire de l'oubli alterne les points de vue d'un grand-père et de son petit-fils qui ignorent tout l'un de l'autre.
N'ayant aucun goût pour les récits allégoriques, j'ai allègrement passé l'histoire d'Isidora, lieu mythique, légende familiale qui va rétablir le lien entre les membres de cette famille que la maladie et les secrets ont fait éclater.
Bardé de commentaires dithyrambiques, ce premier roman est certes un bon roman mais il ne confine pas au génie. J'y ai retrouvé une atmosphère déjà rencontrée dans d'autres romans américains et seul le thème de l'oubli m'a paru original. Le style est agréable et fluide.
Merci à Laure , qui elle a beaucoup aimé et me l'a gentiment prêté, et à Cuné qui me l'a transmis.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : histoire de l'oubli, stefan merrill block
19/02/2009
La curiosité est un charmant défaut...
Pas envie de vous mêler aux bandes de jeun'squi vont voir le film LOL? Si pourtant, comme moi, vous brûlez de curiosité, alors, sous prétexte d'inciter votre (trop)grande fille (qui vous dépasse d'une tête) à la lecture, procurez-vous d'urgence Mon journal Intime.
Lol y relate sa vie, ses amours, sa relation fusionnelle avec sa mère, relation qui se délite un peu, ce qu'elle regrette mais qui, en même temps, lui permet de prendre le large pour commencer sa vie amoureuse...
Sms, Facebook, MSN, comment faisaient les ados pour survivre quand tout ce monde de communication virtuelle n'existait pas ? Pourtant , malgré ces innovations technologiques, les jeux de l'amour sont toujours les mêmes, un peu plus durs parfois. Les sentiments sont toujours de mise, les préservatifs font partie du jeu mais certaines ados ont aussi un comportement moins fleur bleue et une sexualité plus crue et détachée.
Lisa Azuelos nous présente ici un joli portrait d'ado,frais sans être guimauve, qu'on lit le sourire aux lèvres, portrait qui se clôt par une lettre d'excuse très tendre d'une mère à sa fille...
A dévorer avant de l'offrir à qui vous savez !
Mon journal intime . Lisa Azuelos. JC Lattès.142 pages illustrées de graffitis et de photos du film.
06:30 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : mon journal intime, lisa azuelos, lol le film
Une sarabande de questions
La neige, la forêt, mes cailloux, l'école, les murs, la corde, la lucarne, un nuage, à quoi servent-ils ? C'est à ces questions et à bien d'autres que répond poétiquement Vénus Khoury-Gahata, dont le nom est à lui seul déjà un régal.
Ouvrir son recueil c'est entrer dans un monde à la Chagall, un monde de fablesoù l'âne peut avoir des ailes , un monde tout bruissant d'insectes et frémissant d'oiseaux, où le linge claque au vent et où les arbres sont migrateurs.
Un univers douillet, dominé par des figures maternelles et grand-maternelles qui prodiguent de savoureux conseils:
"Ne tournez pas les pages à l'envers criait la mère
Les mots inversés ont le vertige
L'encre tourne comme du mauvais lait"
Une poésie où le quotidien décolle soudain dans la fantaisie la plus folle et la plus tendre où "la cuisson d'une étoile est affaire de jardinier", un univers qui réchauffe le coeur et donne envie de se plonger tout à trac dans l'oeuvre de Vénus Khoury-Ghata.
A quoi sert la neige ? Vénus Khoury-Ghata. Le cherche midi.56 pages à savourer.
06:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : vénus khoury-gahat, à quoi sert la neige
18/02/2009
"Le lieu rappelait un navire qui coule"
Un père violent , qui se donne des allures de fanatique religieux mais qui est surtout un alcoolique invétéré, une mère tout juste décédée, un petit frère, une petite soeur, qu'il faut, tant bien que mal, préserver, on pouvait rêver d'une adolescence plus riante pour Shell.Le tout dans une Irlande très catholique.
Pourtant l'ado arrive à tenir bon, même quand la vie s'acharne sur elle et qu'elle se retrouve au centre d'un fait-divers particulièrement sordide.
Le tout aurait pu être glauque et pathétique ou d'un optimisme forcé mais Siobhan Dowd réussit le pari de rendre cette histoire , inspirée de faits-divers, émouvante mais pas larmoyante.
Une auteure à suivre.
Sans un cri.Siobhan Dowd Editions Scipto.358 pgaes.avril 2007
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : sans un cri, siobhan dowd, irlande, adolescente