03/12/2008
"Mais on ne choisit pas toujours ce qui nous attend au bout du chemin."
Envoyée pour un court séjour en Angleterre chez ses cousins, Elisabeth va se retrouver coincée dans ce pays par une guerre bizarre qui va soudain se déclencher. Ce sera l'occasion pour elle d'expérimenter toute une gamme de sentiments et de connaître une série d'aventures qui vont bouleverser sa vie...
Premier roman de Meg Rosoff Maintenant , c'est ma vie déroute dans un premier temps le lecteur qui se croit d'abord embarqué dans un récit classique de citadine fille unique découvrant la vie rurale au sein d'une famille nombreuse, famille où d'ailleurs les enfants prennent la place des adultes peu présents. Mais très vite le récit plonge brutalement dans une réalité totalement différente et tout est chamboulé. Ces virages à 180 degrés ainsi que les ruptures brusques du récit, les ellipses nous permettant de reconstituer à demi-mots le passé de l'héroïne ,montrent la virtuosité narrative de l'auteure qui conduit de main de maître son roman.
Quelques indices (téléphone portable , emails, d'ailleurs vite obsolètes) nous permettent de situer un peu cette guerre qui présente une intemporalité symbolique. Tout comme le voyage que devra accomplir l'héroïne pour se retrouver. Meg Rosoff puise aux sources des romans classiques de formation mais elle renouvelle le genre avec une maestria époustouflante !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : roman de formation, guerre, amitié, meg rosoff, maintenant c'est ma vie
02/12/2008
"I ken his faither" (je connais son père)
Ah que ça fait du bien de retrouver des personnages aussi plaisants que ceux d'Edimbourg Express ! Nous sommes tout de suite en territoire connu et même si nous les avons quittés depuis plusieurs mois, ils nous redeviennent presque immédiatement familiers.
Alexander McCall Smith a le chic pour se glisser aussi bien dans la tête d'un petit garçon qui pour sa mère est "le projet Bertie" avant d'être un enfant ou dans celle d'un tenancière de bar philosophe à ses heures , un peu comme l'héroïne de Muriel Barbery.
Nous dégustons un verre de Petrus ou assistons à un pique-nique nudiste, ce qui ,en Ecosse relève du stoïcisme il faut bien l'avouer , ou participons aux retrouvailles de pères et de fils...
Les péripéties ne manquent pas, et même si le roman est bon enfant, elles ne sont pas toujours dénuées de violence( un mollet sera mordu et un coup de boule donné) .On attend déjà le sourire aux lèvre la suite des aventures des habitants du 44 Scotland Street . Un roman confortable comme on les aime!
Un grand merci à Florinette pour le prêt !
Alexander McCall Smith. Edimbourgh Express.430 pages. 10/18
L'avis de Clarabel.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : humour, pique-nique nudiste, écosse, mccall smith, edimbourg express
24/11/2008
"Il voulait savoir comment elle fonctionnait."
Envie de vous (re) plonger dans les sixties ? Alors vite précipitez-vous sur La femme comestible de la candienne anglophone Margaret Atwood !"69 année érotique" nous susurrait alors Jane B., mais rien de tel dans ce roman où les femmes portent encore des gaines , même si elles n'ont pas de problèmes de poids, engoncées qu'elles sont dans un moralisme dévastateur ; une époque où la pilule est autorisée mais soupçonnée par certaines de modifer leur personnalité et où des propriétaires d'appartement veillent farouchement sur la bonne moralité de leurs locataires femelles.
Se marier et enchaîner les grossesses ? faire un enfant toute seule ? En tout cas certainement pas devenir une de ces vierges en col blanc avec lesquelles elle travaille ! Irrésolue, Marian a parfois des réactions impulsives qui traduisent son mal-être, mais tout va s'accélérer quand ses fiançailles avec Peter vont devenir officielles. La jeune femme va rejeter la nourriture , non pas parce qu'elle se trouve trop grosse, mais par un rejet beaucoup plus viscéral que cela ,rejet qu'elle ne contrôle d'ailleurs pas.
La première partie du roman , je l'ai d'abord envisagée un peu à la manière d'un document sociologique mais très vite Marian et tous les gens qui gravitent autour d'elle me sont devenus familiers.
La construction du roman, en parfaite adéquation avec l'évolution de la jeune femme , m'a séduite et j'ai particulièrement apprécié l'humour décapant de Margaret Atwood( après cette lecture, vous n'envisagerez plus votre passage chez le coiffeur de la même façon, je vous le garantis ! ).
Un roman que j'ai dévoré le sourire aux lèvres car hommes et femmes y sont croqués sans façons, avec un humour corrosif et efficace.
La femme comestible. Magaret Atwood.521 pages . Editions Robert Laffont, collection Pavillons poche.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : la femmecomestible, margarte atwood, sixties, femmes, humour pétillant, ah que j'ai souri !, quête d'identité
19/11/2008
"Mais je ne peux pas être ton amie. Tu es trop bizarre. Tu me fais peur."
Mêlant à la fois fantastique et réalisme, Mauvais rêves de la romancière Anne Fine met en scène un "rat de bibliothèque" , Mélanie, que ses profs estiment un peu trop solitaire et une nouvelle arrivée, Imogène que tout le monde trouve étrange... Forcée de s'occuper de cette dernière, Mélanie ne va pas tarder à trouver la raison de cette bizarrerie que personne ne s'expliquait vraiment (et qui a rapport avec les livres...). A sa manière directe, voire brutale, l'adolescente prendra-t-elle le risque de sacrifier leur amitié naissante pour sauver Imogène ?
L'amour des livres et de la lecture est très joliment rendu dans ce roman même si j'ai trouvé la dimension fantastique peu convaincante. Ce thème de la différence aurait pu , à mon avis , être exploité sans passer par là .
Anne Fine . Mauvais rêves. Edition Neuf de l'école des loisirs. 195 pages.
Une citation au passage : "Quand quelque chose te tarabuste, , jette-le sur le papier. ça aide toujours."
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : anne fine, mauvais rêves, lecture, amour des livres, amitié, fantastique
07/11/2008
balade islandaise
Un chasseur poursuit une renarde très très futée dans un tourbillon de neige.La scène se déroule en Islande, nous sommes en 1883.
De même que "la renarde consignait son journal de voyage sur l'étendue enneigée, au fur et à mesure qu'il se déroulait", 'l'auteur, nous fait remonter le temps pour nous relater les différents événements, en apparence fort disparates, qui ont abouti à cette traque qui prendra bientôt une dimension fantastique.
Croisant avec habileté les fils de son récit, Sjon* nous entraîne à sa suite dans Le moindre des mondes, conte cruel où se croisent un botaniste humaniste,une handicapée mentale et un révérend furieux qui civilise ses ouailles à grands coups de gifles. Un monde rude mais où l'humanisme saura trouver sa place en faisant appel au merveilleux.
D'abord un peu interloquée par ce récit, je me suis laissée enchanter par ce très court texte où poésie et humour font bon ménage, contrebalançant ainsi une réalité souvent rude. Un conte malicieux plein d'humanisme ,à lire bien au chaud sous la couette.
*romancier, poète et parolier des Sugarcubes (groupe dont est issue Björk).
Le moindre des mondes, Sjon, rivages poche. 123 pages
06:04 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : islande, sjon, conte, le moindre des mondes
06/11/2008
"Je suis un homme seul, un homme ivre, un homme qui marche."
La gunite : mélange de ciment et d'eau qui fait vivre et mourir tout à la fois ces ouvriers du bâtiment dont nous suivons les pérégrinations dans San Francisco et ses environs. Sorte de cow-boys urbains , à la fois flegmatiques, économes de leurs mots et de leurs gestes, ils vivent gunite, ils respirent gunite et anesthésient leur douleur à coup de poings ou de rasades d'alcool.
L'équipe formée par Broadstreet, Rex, Juan et Don Gordo va voir sa vie transformée par l'arrivée d'un contremaître improbable, sorte de prédicateur fou dont la religion serait la gunite : "J'aime la gunite, dit Root. Parce que la gunite, c'est la tâche qui révèle,la propension à l'honneu de cette créature, par ailleurs méprisable, connue sous le nom d'homme. La gunite, c'est l'honneur, et l'honneur, c'est tout." Il est prêt à tout pour la gunite, y compris à faire plier le temps devant sa volonté dictatoriale: "-Il est huit heures , dit le gosse.
-Non, dit Root. Il n'est pas plus de huit heures. c'est un ordre catégorique."
Là où un Zola aurait mis de l'excès, de la flamboyance pour peindre les conditions de vie et de travail de ces hommes qui peuvent en un clin d'oeil être promus et l'instant d'après rétrogradés ou virés, Eric Miles Williamson use d'une sobriété sans pareille. Il éclaire la noirceur de ses propos par de brefs moments de tendresse et de poésie qui sont autant de goulées d'air, tant pour ses personnages que pour ses lecteurs.
Noir béton est un roman rare, une sorte de diamant noir qui brille d'un éclat singulier. Envoûtant .
Noir Béton. Eric Miles Williamson Fayard noir.353 pages intenses.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : béton, gunitage, etats-unis, whaouh, eric miles williamson, noir béton
03/11/2008
"La culpabilité n'est pas une denrée négociable, lieutenant. ça ne se monnaye pas comme les indulgences."
Défiguré et amnésique , seul rescapé d'un attentat en Irak, le jeune lieutenant britannique Charles Acland manifeste un comportement particulièrement agressif envers les femmes. Son retour à la vie civile s'avère délicat car il est en proie à des accès de rage incoercibles et imprévisibles. Dans le même temps sévit un tueur en série qui s'en prend à d'anciens soldats et Charles , simple hasard ou non, se trouve souvent au mauvais endroit au mauvais moment...
Minette Walters dans L'ombre du caméléon s'attache à la découverte du fonctionnement psychologique de ses personnages et c'est ce qui rend son roman passionnant. On y croise des gens qui vivent dans la rue, une médecin atypique, , culturiste à ses heures, et qui ne mâche pas ses mots, des policiers qui essaient tant bien que mal d'endiguer la vaque de violence auxquels ils doivent se confronter chaque jour. La vision de la société qui nous est ici proposée n'est pas racoleuse, les personnages nous révèlent petit à petit toutes leurs facettes et aucun d'eux n'est traité de manière caricaturale. La résolution de l'énigme m'a bluffée mais c'est surtout la capacité de Minette Walters à décortiquer les âmes de ses personnages, quelle que soit leur condition sociale qui m'a séduite.400 pages dévorées d'une traite !
Minette Walters. Editions Robert Laffont. 400 pages
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : culpabilité, retour guerre d'irak, minette walters, l'ombre du caméléon
31/10/2008
"Le savoir et l'innocence ne sauraient faire bon ménage."
"Devant la maison scintille une luxueuse Mercedes-Benz argentée rutilante qui rappelle que nous vivons à l'époque de la croissance et de l'optimisme. Je gare mon tacot juste à côté pour rappeler que toute chose est vouée à disparaître".Ecrites en 2005, ces phrases prennent une résonnance particulière étant donné la situation actuelle de l'Islande...
C'est en effet au pays des fjords que se déroule l'intrigue du Temps de la sorcière. Arni Thorarinsson y met en scène un journaliste, Einar , qui a eu la "bonne idée de devenir abstinent alosr qu'il vient d'être muté dans le Nord du pays. Les ventes de son journal vont monter en flèche quand il va mener l'enquête sur l'assassinat d'un jeune homme charismatique dont la personnalité va se révéler plus complexe qu'il n'y paraît à première vue.
Rien de tel qu'un roman policier pour prendre le pouls d'une société et celle que nous dépeint ici l'auteur est bien loin des clichés que nous pourrions avoir sur l'Islande. Suicide des jeunes, alcool, drogues, influence de la langue et de la culture américaine, tout ceci nous montre que la mondialisation gagne de plus en plus de terrain...
Si les intrigues peinent un peu à se mettre en route, les personnages sont joliment croqués et nous passons un bon moment en leur compagnie.
Ps: la sorcellerie évoquée dans le titre n'a qu'un rôle anecdotique !
Le temps de la sorcière Arni Thorarinsson. Points seuil.426 pages
Sympathique.
L'avis de p'tit lapin.
Celui d'Essel
06:12 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : islande, policier, journaliste, le temps de la sorcière, arni thorarinsson
30/10/2008
"Tire sur le premier intrus qui se présente, l'ami."
Stoney Cahloun travaille pour la somptueuse Kate (et plus car affinités) comme guide de pêche et mène une vie des plus tranquilles et retirée avec son chien, le très craquant et philosophe, Ralph, épagneul breton de son état. Mais son meilleur ami disparaît et Calhoun va se rendre compte que son passé, dont il n'a que de vagues souvenirs, va le rattraper en mettant à jour des capacités que jusque là il ignorait...
William G. Tapply a le chic pour mettre en scène ses personnages en quelques lignes, du plus important jusqu'aux seconds rôles, il les croque et tout de suite ils nous sont familiers. Son héros est un homme comme on en rêve : calme et tendre, patient et délicat avec une virilité de bon aloi accompagné d'un chien à la fois placide et vif, doté d'une réelle personnalité.
L'intrigue mêle savamment l'enquête personnelle de Calhoun et ses découvertes sur ses capacités insoupçonnées. La lumière ne sera d'ailleurs pas entièrement faite sur le passé du héros, ce qui nous donnera bien évidemment envie de découvrir la suite de ses aventures ! Un bain de verdure et de fraîcheur malgré le titre : Dérive sanglante !
Un petit extrait pour le plaisir : "Il laissa la cabane à la garde de Ralph en lui rappelant ses devoirs: mordre au derrière tous les intrus sans exception, faire la vaisselle et couper un peu de bois de chauffage.
-Et pas question d'aller nager dans la rivière, ajoutat-il.
Ralph, vautré sur la terrasse ensoleillée agita son moignon de queue sans rouvrir les yeux."
Merci à Cuné pour ce savoureux envoi !
Patricia ont aimé aussi !
268 pages
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : dérive sanglantes, william g tapply, nature, pêche, épagneul breton, dans mes bras william g. tapply
27/10/2008
"Avez-vous songé à être vous même tout simplement ? "
Albert n'est ni un ringard ni un élève populaire , loin s'en faut et il n'est à l'aise ni à l'école ni dans sa famille où une mère insatisfaite chronique martyrise un époux falot et croit trouver le bonheur dans les arts ménagers.
Aussi, quand l'ado mal dans sa peau fait la connaissance de sa vieille voisine Orphra et qu'il a avec elle des conversations passionnantes sur la llittérature, la vie, le théâtre, se prend- il à croire en ses rêves...
Se déroulant à l'époque du Flower power, qui est évoqué de manière assez sarcastique en arrière plan, ce roman qui fait pétiller les citations de Thoreau ou de Shakespeare, m'a finalement plutôt déçue. L'écriture m'a semblé guindée et je ne suis jamais véritablement entrée dans l'histoire. Albert m'a paru assez insupportable et je ne me suis attachée à aucun personnage( à l'exception du chat Orson qui a bien du mérite d rester dans cette histoire)pas plus qu'au "message "délivré d'ailleurs.
Notre petite vie cernée de rêves.Barbara Wersba. Editions Thierry Magnier.167 pages
Dans la série Cathulu joue les rabat-joie...:)
L'avis de Lou qui vous enverra chez plein de blogueuses qui ont apprécié ce roman.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : notre petite vie cernée de rêves, barbara wersba, amitié transgénérationnelle, mal être adolescent